Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
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né le 22 août 1896 à Hésingue dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 20 juillet 1924 prêtre le 8 juillet 1928 décédé le 23 juin 1978 |
1928-1939 Haguenau, professeur, puis supérieur décédé à Saint-Pierre, France, le 23 juin 1978, |
Le père Eugène Sébastien WICKY (1896 - 1978)
Eugène Sébastien Wicky est né le 22 août 1896, à Hésingue, village de l’extrême sud alsacien, à proximité de Bâle. De 6 à 14 ans, il fréquenta l’école communale. Les études primaires terminées, il s’employa, à partir de 1911, en qualité de vendeur, à seconder ses parents dans le commerce. Appelé au service militaire le 21 septembre 1914, il fut dès lors engagé dans les tristesses, les peines et les calamités de la Première Guerre mondiale. C’est en Russie qu’il passa notamment ces quatre années de misères. Il put revenir dans ses foyers le 24 novembre 1918.
Mais une conviction profonde s’imposa à lui, en laquelle il vit une invitation de Dieu : il devait réserver sa vie à faire connaître la bonne nouvelle de Jésus-Christ. Il décida donc de quitter sa famille et, peu de mois après son retour de Russie, il vint, aux environs de Pâques 1919, à l’école apostolique de Pont-Rousseau et commença, à l’âge de 23 ans, des études classiques, qu’il poursuivit à Saint-Priest jusqu’en 1922. Il entra au noviciat de Chanly à l’automne de 1922, fit le serment le 30 juillet 1924 et, après quatre années de théologie à Lyon de 1924 à 1928, il fut ordonné prêtre par Mgr Cuaz, le 8 juillet 1928.
Le 15 juillet, il célébra sa première messe solennelle dans son village natal. La journée fut fêtée d’une façon grandiose. La chrétienté de Hésingue se montra d’autant plus enthousiaste que, depuis 40 ans, le Père était le premier des enfants de la paroisse à monter à l’autel. Il fut assisté par le Père Brédiger, Provincial de la Province d’Alsace-Lorraine, fondée récemment, et par le futur Père Riedlin, séminariste de la paroisse voisine de Hégenheim, ainsi que par un prêtre diocésain qui avait été son compagnon au temps de la guerre. Un ancien curé de Hésingue, qui avait aidé le jeune prêtre dans ses études, fit le sermon de circonstance.
Le Père Wicky pensait bien partir ensuite pour les missions. Mais la maison de Haguenau, ouverte en 1927, avait besoin de professeurs. Le Père fut retenu pour enseigner et cette affectation initiale devait être décisive pour toute son activité. Car la maison de Haguenau joua un grand rôle dans sa vie. Il y passa 22 ans : de 1928 à 1939, de 1941 à 1946, de 1959 à 1965. Il y fut supérieur de 1937 à 1939, de 1941 à 1946, de 1959 à 1965. Et il fut remarquable aussi bien comme supérieur que comme professeur. Avec un entier dévouement, il exerça les tâches qui lui étaient confiées et qui étaient difficiles. Il fut inlassable pour susciter chez les élèves le goût du travail intellectuel et l’effort persévérant dans les études. Il les aida efficacement à approfondir peu à peu leurs convictions chrétiennes, leur vie de prière. Il sut aussi créer et entretenir une ambiance fraternelle à l’intérieur de la communauté des professeurs et il mit tout son cœur pour assurer la bonne marche de la maison.
En 1939, ce fut la guerre. La rentrée scolaire ne pouvait avoir lieu, ni à la maison de Haguenau, qui était occupée par l’armée, ni à la maison de Saint-Pierre, qui était devenue hôpital de Saint-Pierre et qui hébergeait déjà de nombreux malades de l’hôpital des Invalides des Assurances sociales de Strasbourg. D’ailleurs le Préfet du Bas-Rhin avait fait savoir qu’il ne pouvait autoriser l’ouverture d’internats dans le département. Le Père Wicky passa le mois de septembre et le mois d’octobre à Saint-Pierre, comme réfugié de Haguenau. Puis, vers la fin d’octobre, une solution se présenta pour nos écoles. La Province de Lyon voulut bien recevoir nos élèves dans ses maisons, à Chamalières et à Nantes. Les plus jeunes furent dirigés sur la maison des Roches à Chamalières et c’est le Père Wicky qui les y rejoignit.
Là-bas, les choses n’allèrent pas sans quelque difficulté. Le bon Père Laurent, qui dirigeait la maison des Roches, voulait que nos enfants soient et se sentent vraiment chez eux et il s’y dévoua avec une gentillesse vraiment admirable. Mais il se rendait bien compte que, l’étroitesse des lieux et les moyens de fortune avec lesquels il accueillait nos élèves, un certain bien-être manquerait. C’est que l’école comptait 22 élèves seulement et nous lui en amenions 53 qui s’y ajoutaient. Au début, le manque de place et de matériel fit problème. Mais tout finit par s’arranger. Le Père Wicky se dépensa lui aussi de toute son âme pour offrir à cette jeunesse les conditions les meilleures de formation, dans une ambiance véritablement familiale. Pour la fête de Noël, avec bien des difficultés cependant, il trouva un beau sapin qui devint le plus bel arbre de Noël. Les enfants chantèrent avec enthousiasme les cantiques de Noël et même le Stille Nacht, que le Père Riedlin, qui était aussi à Clermont, avait exercé avec eux. Et encore sous la direction du Père Riedlin, le chant fut exécuté à la messe de minuit. Enfin le Père Wicky, grâce à la générosité de quelques personnes auxquelles il avait écrit, put donner à chaque élève une tablette de chocolat et une orange. Et l’hiver se passa sans accroc. Il y eut encore une belle journée au début de mai 1940, lorsqu’on célébra la fête de la Communion solennelle. Le Père Hagenbach, vice-provincial, vint présider les cérémonies et prononça deux allocutions.
Mais quelque temps après cette fête, une situation militaire nouvelle survint dans la guerre et troubla la fin de l’année scolaire. Les alertes aériennes devinrent fréquentes à Clermont. On s’attendait à ce que les enfants soient éloignés de la ville et dispersés dans les villages. Le Provincial était à Chamalières au début de juin et, dans le courant du même mois, les élèves partirent, pour rentrer dans leurs familles. Certains n’arrivèrent en Alsace que vers la fin de juin ; ils avaient dû s’arrêter huit jours à Lure.
Le Père Wicky rentra également en Alsace. Il se rendit dans sa famille à Hésingue et y séjourna en attendant des jours meilleurs. En mai 1941, il put retourner à Haguenau. Notre établissement était transformé en hôpital militaire allemand. La Chapelle restait ouverte au culte et le Père Wicky fut nommé Hilfspfarrer par l’autorité diocésaine. Il garda cette fonction jusqu’à la fin de la guerre, se dévouant pour la population environnante, comme aussi auprès des soldats malades et blessés. Une petite communauté de Pères l’entourait. Le Père Wicky veillait à assurer le pain quotidien et il y contribuait en travaillant tous les jours du matin au soir dans le vaste jardin. Un grand malheur survint en 1944 : le 14 août, à midi, les avions alliés lancèrent des bombes sur la maison. Tout brûlait, depuis le bâtiment principal, le réfectoire des élèves, la cuisine, la salle de théâtre, la ferme. La Chapelle fut sauvée grâce à l’intervention immédiate des militaires.
Les dégâts de ce bombardement furent considérables et les travaux de réparations ne se firent que lentement. Cependant, dès l’automne 1945, la guerre finie, quelques élèves reprirent leurs études et le Père Wicky redevint supérieur de l’école.
En 1946, il fut nommé directeur et professeur à Saint-Pierre. Spécialement chargé des classes de l’enseignement primaire, il lui revenait la direction de ces classes et le soin de préparer les élèves au Certificat d’Etudes Primaires. En automne 1959, le grand séminaire fut ouvert de nouveau à Saint-Pierre. L’année 1958-1959 fut donc la dernière année scolaire de l’école apostolique. Le Père Wicky y fut chargé du supériorat pendant cette dernière année, puis il exerça la même fonction à Haguenau jusqu’en 1965.
À cette date, l’Évêque de Strasbourg nous ayant demandé un aumônier pour le couvent des Bénédictines d’Ottmarsheim, le Père Wicky fut proposé pour ce ministère. Il quitta donc l’école de Haguenau. Âgé de près de 70 ans, il avait consacré presque toutes ses années de sacerdoce à la jeunesse, il avait dépensé une immense somme de dévouement à la formation de futurs missionnaires. Il faut noter aussi que, en même temps, il manifesta toujours un grand amour pour le service pastoral dans les paroisses. Avec joie, il annonçait la bonne nouvelle dans les villages d’Alsace et il avait pour cela un art de prédicateur remarquable. Il fut vicaire à Beinheim en 1928-1930, à Bischwiller en 1930-1937, à Stotzheim en 1947-1953 et, pendant quelques mois, de mars à juillet 1954, il administra la paroisse de Saint-Pierre.
Le Père Wicky resta aumônier à Ottmarsheim jusqu’en juillet 1966. Il fut ensuite, jusqu’en 1977, aumônier de la communauté des Sœurs de Sainte-Ursule, qui tenaient à Riedisheim un collège de près de 700 jeunes filles. Le Père y assurait la messe de communauté et, de temps en temps, une messe pour les élèves.
Malade en 1977, il fut hospitalisé à la Clinique de la rue du Bourg, à Mulhouse, puis il se retira dans sa famille jusqu’au 31 octobre 1977, date à laquelle il entra à la maison de retraite de Saint-Pierre. Il y mourut l’année suivante, le 23 juin 1978.
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