Société des Missions Africaines –Province de Lyon
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né le 25 mai 1921 à La Flocellière dans le diocèse de Luçon, France membre de la SMA le 10 août 1942 prêtre le 28 octobre 1947 décédé le 23 juin 1992 |
1947-1948 Ave, professeur décédé à Montournais, France, le 23 juin 1992, |
Le père Bernard FORTIN (1921 - 1992)
Fils de Georges et d'Augustine Blanchard, Bernard est né à la Flocellière, en Vendée, le 25 mai 1921, dans une famille de cultivateurs. Le lendemain, il est baptisé dans l'église paroissiale Notre-Dame. Il poursuit ses études secondaires au petit séminaire diocésain de Chavagnes jusqu'en 1937, puis rejoint Pont-Rousseau jusqu'en 1940. Comme c'est la guerre, Bernard accomplit son noviciat à Martigné-Ferchaud, en Ille-et-Vilaine, d'octobre 1940 à août 1942. Il devient membre de la SMA, le 10 août 1942. Puis, c’est le grand séminaire à Lyon, jusqu'à la fin de ses études théologiques. Celles-ci seront interrompues par les Chantiers de jeunesse, à Rumilly, d'octobre 1942 au mois d'août 1943, puis à l'hôpital mixte de Carcassonne, jusqu'en mars 1944. L'aumônier militaire écrira à son sujet : Il a donné l’exemple de la piété, et a fait du bien, tant aux européens qu'aux indigènes, auxquels il s'est particulièrement intéressé, comme il est naturel, étant donné sa vocation missionnaire. Il est ordonné prêtre le 28 octobre 1947.
Nommé à l'école apostolique d'Ave, en Belgique, il pense , très vite, que cette mission d'éducateur de jeunes n'est pas faite pour lui. A la suite de ses doléances, le Conseil provincial accède à ses désirs, le 23 juin 1948, en le désignant pour la préfecture de Parakou, placée sous l'autorité de monseigneur Faroud. En 1954, il est rapatrié pour un problème sérieux d'ankylostomiase. A son retour au Dahomey, nous le retrouvons à Natitingou avec le père Chenevier, tous les deux, vicaires du père Matthieu. En 1962, le père, à nouveau fatigué, prépare son congé et parle même de ne plus revenir. Il est découragé par certaines critiques et parle d'aller en Côte-d'Ivoire. Ce serait une grande perte pour Natitingou, écrit un confrère, car il connaît très bien le pays yaabou et parle couramment la langue. En effet, il a étudié celle-ci avec le concours de quelques écoliers. Devenus étudiants, ceux-ci passeront leurs loisirs de vacances à traduire, avec lui, les Évangiles, si bien qu'il pourra, quelques années plus tard, éditer un missel yaabou. Parmi ces étudiants, sur lesquels il exercera une influence profonde, se distinguent Maurice Kouandété et Mathieu Kérékou, élèves officiers en France. En 1972, Mathieu Kérékou s'emparera du pouvoir, et fera du Dahomey une république marxiste-léniniste, mais, néanmoins, veillera à l'éducation chrétienne de ses enfants. Travailleur infatigable, le père Fortin est, à cette époque, un grand bâtisseur. La vaste église de Natitingou, l'actuelle cathédrale, fut construite de ses mains, avec un manœuvre qu'il initiera à la maçonnerie.
Malgré les regrets de monseigneur Chopard-Lallier, préfet apostolique de Parakou, le père est autorisé à partir pour la Côte-d'Ivoire où l'accueille monseigneur Rouanet. Il sert à Issia, puis à Zéo. Quand, en 1966, il sera question de transférer le père Fortin de la paroisse de Zéo (près de Bangolo) à un autre poste, la communauté chrétienne locale fera des pieds et des mains, pour qu'il soit maintenu sur place. Mais, c'est à Guiglo que le père continuera son apostolat, de 1967 à 1969. Il y construit une vaste église, bien aidé matériellement par les forestiers européens, mais il est, à nouveau, très fatigué, surtout après un accident de voiture au moment de Noël. Il était descendu avec le père Isoleri à Tabou, par la route de Taï, exécrable. Le chassis avait été abîmé et, lors d'un voyage à Duékoué, le volant s'était sectionné et lui était resté entre les mains. Abasourdi, il n'a même pas freiné, a heurté la paroi droite de la route et brisé sa voiture.
Il rentre donc en juillet 1969, et le Conseil provincial lui confie alors la charge d'économe à Chaponost. Il accepte celle-ci avec humour : Aucun empêchement pour mon mariage avec la maison de Chaponost et, selon vos recommandations, je ne publie pas les bans. Il sera lyonnais jusqu'en 1971.
Mis à la disposition du diocèse de Natitingou, il se met au travail à Partago, non loin de Djougou, et y construit une petite mission. Les gens ne sont pas riches, les chrétiens peu nombreux, ce qui lui fait dire : Avec des quêtes de 7 à 9 fr. par dimanche, je vais faire l'économie d'un coffre-fort. Le ton est parfois plus amer, quand il regrette ce qu'il désigne comme un partage de ressources non équitable, entre les différentes missions.
C'est la fatigue et la maladie qui l'obligent à rentrer définitivement en France. Il écrit, fin février 1977. Depuis que je suis en Vendée, je me soigne pour l'urémie, et des douleurs dans la région lombaire m'obligent à un repos absolu. Ici, ma présence est un peu utile à mes parents, âgés de 83 ans, et plus tard, je prendrai un petit travail pour vivre. Il permet ainsi à une de ses sœurs, religieuse, de rejoindre sa congrégation. Son autre sœur, Jeanne, a travaillé longtemps, au diocèse de Natitingou ; elle était membre de la famille des Sœurs missionnaires catéchistes de Menton.
Après la mort de ses parents, il préfère rester au pays, à la maison de retraite de la Flocellière. En 1982, le père Fortin est admis au foyer de retraite de Montournais. Il y occupait un logement indépendant de deux pièces, assez vastes pour accumuler tout son bric à-brac de bricoleur, recevoir de nombreuses visites de ses amis, car il était très accueillant, bon vivant. Il aimait, surtout, parler de ses souvenirs d'Afrique, des villages de l'Atacora qui occupaient encore son esprit et son cœur. Un ami dira, encore, à son sujet : Il aimait la société, et masquait sa douleur par la plaisanterie. Il était toujours prêt à rendre service, à mettre ses talents de mécanicien au service de tous…Mais, les dernières années de son séjour à Montournais, il dut renoncer à se hisser péniblement dans sa vieille 2 CV. pour aller prendre son repas au restaurant de la cité des retraités. Il fut réduit à passer d'un fauteuil à un autre, aux quatre coins de sa chambre, à souffrir parfois dans les longues nuits. Dans sa solitude forcée, il s'était fait deux amis : deux petits garçons d'un voisin, qui lui apportaient chaque jour son repas de midi, dont il gardait une partie pour le soir. Peut-être lui rappelaient-ils les petits africains, si simples et si attachants.
Le 23 juin 1992, le Seigneur vint chercher son bon et fidèle serviteur. Son ami, le père Roger Erhel, relèvera dans l'homélie de la messe d'enterrement : Il ne sympathisait pas tellement avec les grands, les riches. Il était plus à l'aise avec les pauvres, les humbles, les petits. Volontairement, il a voulu vivre dans la pauvreté. On a raconté que lors de ses obsèques, à l'église, sur le premier banc, tout près du cercueil du Père, se tenait un petit garçon, immobile, les yeux fixés intensément sur le cercueil, tout le temps de la cérémonie, sans bouger d'un pouce. Que se passait-il dans l'esprit et le cœur de ce petit ? Quel rendez-vous se sont-ils donné dans l'éternité?
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