Société des Missions Africaines - Province de Lyon
![]() |
né le 20 novembre 1900 à Besain dans le diocèse de Saint-Claude, France membre de la SMA le 29 octobre 1927 prêtre le 27 novembre 1927 décédé le 24 juin 1983 |
1928 Lomé, Togo décédé à Paris, France, le 24 juin 1983 |
Le père Raymond COTTEZ (1900 - 1983)
Raymond Cottez est né le 24 novembre 1900 à Besain, petit village des contreforts du Jura, dans le diocèse de Saint-Claude. Sa famille est profondément chrétienne. Il fréquente l’école primaire de Besain, puis poursuit ses études secondaires au petit séminaire de Vaux-sur-Poligny. Il entre au grand séminaire de Montciel à Lons-le-Saunier pour étudier la philosophie.
De 1920 à 1922, il accomplit son service militaire dans les chasseurs alpins en Silésie, à la frontière polonaise. C’est là qu’il apprend la langue allemande, ce qui lui rendra plus tard de grands services. Il retourne ensuite au grand séminaire diocésain pour étudier la théologie, alors que mûrit en lui le désir de devenir missionnaire dans la SMA.
En septembre 1925, il écrit au père provincial : S’il m’est permis de répondre à ma vocation, j’étudierai dans votre société pour y consacrer ma vie à l’évangélisation des noirs de l’Afrique. Avec l’aide de son curé, Raymond adresse une demande à son évêque, monseigneur Maillet, qui la rejette. Raymond achève sa 4ème année de théologie quand son évêque meurt. Son successeur, monseigneur Faure, un ami de la SMA, non seulement donne l’autorisation, mais l’encourage à se rendre au 150, à Lyon, pour y faire une année de probation dès le 1er octobre 1926. Il termine ses études théologiques entrecoupées de stages de médecine. Raymond devient membre de la SMA le 29 octobre 1927, et il est ordonné prêtre un mois plus tard, le 27 novembre.
Affecté au Togo, il embarque à Marseille et arrive à Lomé le 10 mars 1928. Là, il est chargé de s’occuper des écoles. A cause de nombreux départs de confrères en Europe pour des raisons de santé, le père Cottez doit faire des remplacements, successivement à la cathédrale de Lomé et à Kpalimé de 1928 à 1931. Puis c’est à Adéta, à Noépé et à Agou, au cours des années 1931 et 1932. Ensuite c’est à Tsévié et à Agadji de 1932 à 1936. En tout, sept postes en huit ans, mais il en profite pour apprendre la langue de la région et s’initier aux coutumes et à la pastorale missionnaire.
En 1936, monseigneur Jean-Marie Cessou le nomme pour ouvrir la station de Tomegbé. Il va y rester 47 ans, avec plusieurs vicaires dont le père Robert Simon qui, pendant 25 ans, sera son fidèle compagnon. Il travaille avec lui, sans l’ombre d’une mésentente.
Tomegbé se situe à 100 km au nord de Kpalimé. C’est la région de l’Akposso-Ouest, comprenant la vallée fertile du Limité et une région montagneuse (altitude 900 m), difficile d’accès. La route s’arrêtait à 50 km et, pour construire, il fallait porter à tête d’homme tout le matériel. Il n’y avait ni maison, ni église, ni école, tout était à faire. Aidé du père Robert Simon et de quelques chrétiens, le père Cottez transforme la région : 20 ans plus tard, il y avait 5 000 baptisés.
En même temps que leur maison, les pères Cottez et Simon construisent une église provisoire en terre de barre. Tout près de la mission passe un torrent, le père Cottez très ingénieux a su le capter pour installer une petite turbine et avoir de l’électricité à peu de frais.
Dans la région, il n’y avait rien et il fallait vivre des produits du pays. En 1933, le père rentre en congé, affaibli et malade. Il prolonge son repos en famille en rendant des services dans sa paroisse. Un an plus tard, ayant bien récupéré, il revient au Togo en octobre 1934. A chaque congé, il en sera plus ou moins ainsi.
En 1937, le père ouvre une école à Tomegbé, une école qui deviendra célèbre par ses succès aux examens officiels. Pour avoir des ressources et initier les garçons, il ouvre une plantation de café et de cacao qu’il dirige lui-même, sans se décourager.
En 1942, trois sœurs du Sacré-Cœur de Menton viennent pour s’occuper du dispensaire qu’il vient de construire ; lui-même soignait les malades autant qu’il le pouvait. Il demande aussi aux sœurs d’initier les jeunes filles à la couture, aux soins du ménage et à l’art de soigner les malades. En 1946, il construira une maternité, à côté du dispensaire.
Le père Cottez est bientôt complètement épuisé parce que surmené et sous-alimenté. En 1944, il veut rentrer en France ; il doit s’arrêter à Rabat chez les Franciscains. En septembre, il est à l’hôpital de Fez comme aumônier des religieuses Franciscaines de Marie. Bien soigné, il peut regagner la France, en mai 1945, sur un avion militaire américain. Il achève de se reposer en famille, avant de retrouver sa mission de Tomegbé.
Le père Cottez faisait toutes ses tournées à moto. De constitution faible (il ne pesait que 50 kg), il avait une grande endurance. En 1940, la route arrivait à Badou. Quelques années après, elle atteindra Tomegbé. Il achète alors une vieille Peugeot 201. Elle lui a servi jusqu’en 1952 pour les tournées pastorales, pour faire le ravitaillement et le transport des malades. Puis il se procure une vielle Malford qu’il répare et dont il se sert pour transporter tous les matériaux de la grande église qu’il construisait avec charpente métallique.
En 1952, le père Cottez rentre en France. Il peut revoir sa maman qui meurt quelques jours avant son retour au Togo, fin janvier 1953. En cette même année, à l’occasion du 14 juillet, le gouvernement français le fait Chevalier de la Légion d’Honneur pour le travail accompli en faveur du développement.
Mais les plus beaux succès du père Cottez sont d’un autre ordre. Il a envoyé 12 séminaristes au séminaire Saint-Gall à Ouidah et un au séminaire Saint-Urbain à Rome. L’un d’eux deviendra évêque d’Atakpamé, monseigneur Philippe Kpodzro, aujourd’hui archevêque de Lomé. Par ailleurs, deux jeunes filles de la région deviennent religieuses. Tous les instituteurs de ses écoles seront originaires de la région, des instituteurs qu’il a formés lui-même.
En 1960, il ouvre un collège catholique avec le père Materne Hussher. En 1966, il est décoré de l’Etoile Noire du Bénin et promu Officier de l’Ordre du Mono, pour le récompenser d’avoir contribué à la formation de nombreuses élites : des médecins, des infirmiers, des sages-femmes, des magistrats et administrateurs, des professeurs et instituteurs, et même un ambassadeur à l’O.N.U.
Le 27 septembre 1977, le père Cottez fête ses 50 ans de sacerdoce. Il reste toujours à Tomegbé comme prêtre habitué, alors que, depuis deux ans, son vicaire, l’abbé Jean-Baptiste Bédiaku est devenu le curé de la paroisse.
Tous les cinq ans, le père Cottez part en congé au pays natal pour refaire ses forces. Ses supérieurs l’invitent à quitter le Togo pour entrer à la maison de retraite de Montferrier. Quoique affaibli et un peu dépassé, il veut poursuivre son travail missionnaire jusqu’au moment où ses forces l’abandonnent.
Avant le fête de Pâques 1983, il peut assurer, une dernière fois, les confessions pascales dans les différents villages de Tomegbé et de Badou. Mais, le 13 avril, le père fait une chute dans la fosse du garage de la mission et se fracture le haut du bras. Hospitalisé à Lomé, il y reste un mois. Il est rapatrié sanitaire et est opéré à Paris dans les services de l’hôpital Saint- Joseph. Peu après, il est frappé d’hémiplégie ; conduit à l’hôpital de Tenou, il meurt le 24 juin.
Le jour même, il est transporté dans son village natal où il est accueilli par son grand frère Maurice, ses neveux et nièces et toute la population.
Dès qu’elles apprennent la mort du père, les autorités civiles et religieuses du Togo demandent avec insistance que son corps soit rapatrié. La famille accepte. L’enterrement grandiose eut lieu alors à Tomegbé, le 16 juillet, en présence d’une foule immense.
Le père Raymond Cottez, surnommé Fadaga n’a jamais eu d’autre ambition que d’être prêtre et missionnaire selon le cœur de Dieu. D’une grande fidélité à sa vie spirituelle, il n’a jamais eu d’autre souci que de faire connaître et aimer le Christ qui l’avait saisi. Ses qualités humaines et spirituelles, sacerdotales et apostoliques, il les a pleinement mises au service de la mission. Fadaga repose maintenant dans l’église de Tomegbé, au milieu de ce peuple qu’il a tant aimé et servi pendant 55 ans, et qui le lui a bien rendu.
Recherchez .../ Search...