Société des Missions Africaines - Province de Lyon
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né le 25 mai 1939 à Saint-Mars de Coutais dans le diocèse de Nantes, France membre de la SMA le 2 juillet 1967 prêtre le 5 avril 1970 décédé le 29 juin 2001 |
1970 - 1976 Vicaire à Sinfra (Daloa) décédé à Rochefort, France, le 29 juin 2001 |
Le père Jean-Luc GUILBAUD (1939 - 2001)
Jean-Luc Guilbaud est né le 25 mai 1939, à Saint-Mars-de-Coutais, en Loire-Atlantique, dans le diocèse de Nantes. Ses parents, profondément chrétiens, sont cultivateurs et Jean-Luc est l’aîné de 5 enfants. Après ses études primaires dans son village natal, il entre au petit séminaire des Missions Africaines à Pont-Rousseau en 1952. Rapidement, il rencontre des difficultés dans ses études. Très doué dans les activités manuelles, on lui propose de rejoindre Chanly, en Belgique, pour se préparer à devenir frère. Il va y demeurer de 1955 à 1957. Le désir d’être prêtre missionnaire l’habite toujours. A sa demande, il revient donc à Pont-Rousseau pour y reprendre ses études secondaires ; il les achèvera à Saint-Ilan, séminaire inter-instituts où sont regroupées les « vocations tardives ».
Quand il quitte Saint-Ilan en 1964, Jean-Luc a déjà eu l’occasion de connaître l’Afrique, puisqu’il a séjourné comme militaire en République centrafricaine de 1960 à 1962. Il continue ses études de philosophie à Chamalières, retrouve la maison de Chanly pour son temps de noviciat. C’est là qu’il devient membre des Missions Africaines, le 2 juillet 1967. Il lui reste à faire ses études de théologie. Il rejoint d’abord le grand séminaire de Lyon, puis le consortium missionnaire de Chevilly-Larue qui rassemble les grands séminaristes de divers instituts missionnaires. Il est ordonné prêtre, le 5 avril 1970, par monseigneur Vial, évêque de Nantes, dans sa paroisse natale de Saint-Mars-de-Coutais. Ainsi s’achève pour lui un long et difficile parcours de formation, qui lui a donné l’occasion de manifester déjà de grandes qualités humaines et spirituelles : humilité, serviabilité, persévérance dans l’effort, foi à toute épreuve.
Dès son ordination, il est mis à la disposition du supérieur régional de Côte d’Ivoire et envoyé au diocèse de Daloa. C’est là qu’il va passer toute sa vie missionnaire. Durant toute cette période, il donnera peu de nouvelles et, un jour, il s’en excusera : Il ne faut pas trop m’en vouloir, mais vous savez que je ne suis pas des plus violents pour les écritures ! Il est d’abord nommé vicaire à Sinfra de 1970 à 1976, avec, comme curé, le père Jean-Paul Guillard. Puis il rejoint la mission de Gonaté pour remplacer le père Alloatti, décédé subitement. Il va se sentir à l’aise dans cette paroisse à sa mesure. Il se consacre au travail manuel, pour améliorer la mission et la rendre plus habitable. Il veut qu’elle soit un lieu agréable où l’on se sente bien et où les visiteurs aimeront s’arrêter. Il va surtout sillonner les villages, aller à la rencontre des gens, vivre avec eux et s’intéresser à leur quotidien. Il a des idées précises sur sa présence missionnaire : Pour moi, vouloir le bien des gens, ce n’est pas tout leur fournir, mais les aider à acquérir, par eux-mêmes, ce dont ils ont besoin, car ce sont des adultes. En 1982, tout en continuant à être curé de Gonaté, il s’installe à Daloa où on lui a confié aussi la direction du CAD, centre d’accueil de Daloa. En 1986, il revient résider dans sa paroisse.
En 1990, une chute de mobylette va bouleverser sa vie. La cheville fracturée, il reste plusieurs jours dans un village de Gonaté, espérant que la médecine traditionnelle viendra à bout de sa fracture. Mais, rapidement, le mal empire et il doit être rapatrié d’urgence pour subir une opération. Il ne reverra plus la Côte d’Ivoire. Son tempérament de lutteur vient de lui jouer un mauvais tour.
Désormais, c’est en France qu’il lui faudra travailler, tout en continuant de se soigner. Il rejoint d’abord le père Athanase Le Berre à Lorrez-le-Bocage, dans le diocèse de Meaux. Mais il se sent mal à l’aise à cause de la proximité de Paris. La Seine-et-Marne est et sera de plus en plus banlieue de la capitale, avec de nouvelles villes qui se construisent. Venant de la campagne et ayant toujours été en brousse, j’ai un peu peur de ces grands ensembles. Je préfère aller vers une région où je pourrai mieux m’adapter. Il prend alors contact avec monseigneur David, évêque de La Rochelle, et lui propose ses services. Il est nommé, pour un an, dans une équipe de prêtres chargée des paroisses Saint-Louis et Notre-Dame de Rochefort. Il est plus spécialement chargé des retraités et du service des malades isolés ou en maison de retraite. Très vite, il va se sentir à l’aise : Je me sens adopté par les gens. Après une année de présence, monseigneur David écrit au Conseil provincial : le père Jean-Luc Guilbaud est devenu rapidement l’âme de la maison paroissiale. Le climat d’amitié et convivialité qu’il sait mettre a été apprécié de tous. Il est aimé, reconnu dans ce qu’il fait, et manifeste une grande attention aux petites gens.
Bien enraciné dans le terroir charentais et ayant la confiance de ses confrères, il est nommé, en 1995, accompagnateur de la Fraternité chrétienne des malades et handicapés. C’est alors qu’il découvre brutalement qu’il est atteint d’un cancer. Le choc est terrible : C’est une gifle qui vous laisse KO debout. Arrivé à la maison, d’un seul coup, tout s’écroule ; l’agenda n’a plus de sens. On se sent écrasé. On ne sait plus que croire, on ne sait plus rien, on ne fait pas le poids… vide et vidé. Je suis en état de révolte intérieure. Très vite, il va se ressaisir et se battre contre le mal qui continue, chaque jour, son travail de sape. Il va alors se sentir de plus en plus proche des malades et handicapés dont il a la charge pastorale. Quand il les rencontre, il sait ce qu’ils vivent, ce qu’ils éprouvent. Il sait trouver les mots qui réconfortent et qui redonnent espoir.
Un jour, son curé, le père Bigot, lui propose de recevoir le sacrement des malades. Après un moment d’hésitation, il accepte. Ce sera, pour lui, un grand moment. A plusieurs reprises, j’ai eu l’occasion de donner le sacrement des malades, tant en Afrique qu’à Rochefort, mais jamais je ne l’avais reçu. A chaque fois, j’avais remarqué un mieux-être chez les malades qui recevaient ce sacrement. Pour moi, ce mieu- être n’a pas été dans la maladie elle-même, mais dans la manière de l’appréhender. Elle est devenue une compagne qu’il me faut apprivoiser. Je n’ai plus cette révolte au fond de moi, mais une certaine sérénité face à la maladie et à son évolution irréversible. Ce sacrement nous remet à notre place d’enfant de Dieu et nous permet d’accepter cette dépendance totale, en toute confiance, pour goûter à plein le moment présent et vivre, sans se révolter, avec cette quasi impossibilité d’établir des projets de plus ou moins longue durée…Le fait d’avoir reçu ce sacrement en communauté a établi avec les autres malades une fraternité réelle : nous sommes devenus complices et solidaires. Au fond de nous-mêmes, nous savons que c’est une lutte sans répit. Mais une lutte franche contre une maladie sournoise où nous pouvons gagner.
La maladie a poursuivi son œuvre et le père Jean-Luc Guilbaud est décédé le 29 juin 2001. Selon son désir, il repose au cimetière de Rochefort, dans le caveau réservé aux prêtres diocésains. A tous ceux qui l’ont connu, selon les mots de son curé, il laisse une trace forte de foi et d’humanité.
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