Société des Missions Africaines – Province de Lyon
![]() |
né le 9 septembre 1903 à Bousbecque dans le diocèse de Lille (France) membre de la SMA le 29 juillet 1932 prêtre le 6 janvier 1936 décédé le 14 juillet 2004 |
1936-1937 Porto-Novo, vicaire décédé à Montferrier-sur-Lez (France), le 14 juillet 2004, |
Le père Joseph DEMEYERE (1903-2004)
Joseph Deméyère est né le 9 septembre 1903 à Bousbecque, au nord de Lille, à deux pas de la Belgique. Il a deux frères et quatre sœurs. Deux de ses sœurs seront missionnaires dans la congrégation des sœurs missionnaires catéchistes du Sacré-Cœur de Menton. Il fait ses études primaires à l’école libre de Bousbecque puis, de 1919 à 1920, il est au pensionnat Saint-Louis de Roubaix. De 1920 à 1928, il est instituteur libre à Halluin, travail interrompu par le service militaire au 43ème régiment d’infanterie à Arras, de 1924 à 1925.
De février 1928 jusqu’en juillet 1930, il est séminariste à l’école apostolique des Jésuites à Florenne, en Belgique. En octobre 1930, il rejoint les Missions Africaines à Chanly, en Belgique. Il devient membre des Missions Africaines, le 29 juillet 1932. Fait assez rare, il fait directement le serment perpétuel, sans passer par les étapes de renouvellement de serment. D’octobre 1932 à juillet 1936, il étudie la théologie à Lyon où il est ordonné prêtre le 6 janvier 1936. Les appréciations des supérieurs vont toujours dans le même sens : pieux, sérieux et régulier ; abord facile, en bons termes avec ses maîtres et aussi, en général, avec ses confrères ; franc, dévoué, accueillant. Tous ceux qui l’ont approché par la suite ne peuvent que reconnaître la vérité de ces appréciations.
Il est désigné pour le vicariat du Dahomey. Il commence comme vicaire à Porto-Novo. L’année suivante, son passé d’instituteur fait qu’il est nommé directeur aux petits clercs à Ouidah ; c’est ainsi que l’on appelait les cours préparatoires au petit séminaire. Il y enseignera pendant 8 ans, jusqu’en 1945. Il porte seul la charge de cette institution : il enseigne du matin au soir lorsqu’il se trouve sans maîtres auxiliaires et il a le souci de la bonne marche matérielle. La guerre ne facilite pas ses liens avec les bienfaiteurs, indispensables pour le financement de cette petite communauté. Plus tard, il aura la joie de voir plusieurs de ses élèves devenir prêtres et même évêques. En 1945, il rentre en congé après un séjour de 9 ans.
A son retour, il est d’abord nommé curé à Zagnanado ; il y reste 5 ans. Il s’en va ensuite à Allada comme curé, et il y demeure 6 ans. Au début de l’année 1959, il rejoint Abomey pour 7 ans. Il apprécie le travail paroissial. Avec le caractère qu’il a, il ne peut qu’avoir de bonnes relations avec toutes les personnes qu’il rencontre. Il n’apprécie pas, par contre, les personnes qui ne font pas leur travail correctement. Ainsi, il aura des difficultés avec un directeur de l’école catholique qui, manifestement, n’en faisait qu’à sa tête, allant jusqu’à faire des cours à l’heure de la messe, le dimanche matin. Le père souffre à cause de la nouvelle organisation de l’école qui l’empêche d’intervenir lorsqu’il voit tel ou tel maître qui ne fait pas bien son travail. Il souffre aussi à cause des finances de la paroisse qui ne suivent pas les besoins de l’évangélisation. A part ces deux difficultés, ça va. Curé de la paroisse Saint-Pierre et Saint-Paul d’Abomey, il a la joie de participer à l’ordination du premier évêque du nouvel évêché d’Abomey en la personne de monseigneur Lucien Monsi Agboka, son ancien élève des petits clercs. En 1965, il est fait chevalier dans l’ordre national du Dahomey. En 1966, il demande à être relevé de la charge de curé. Il écrivait alors au provincial : Vous savez combien ce poste nous occupe par le matériel et les finances. C’est un souci que je ne voudrais plus avoir. Vous savez que c’est depuis 1938, à partir des petits clercs, que j’ai dû endosser ce souci.
Des problèmes de santé, un glaucome, font craindre qu’il ne puisse repartir après son congé de 1966. Finalement, il retourne au Bénin comme vicaire auxiliaire à Dassa-Zoumé. Il apprécie de pouvoir travailler sans le poids des responsabilités.
En 1971, il est nommé vicaire à Savé puis, l’année suivante, vicaire à Zagnanado. En 1975, il écrit : Je me porte très bien à Zagnanado et, avec le père Laborde, mon curé, nous faisons un excellent ménage ou attelage. Seulement, nous vivons en ce moment des moments difficiles. Au Dahomey, la situation politique n’est pas favorable au développement de la foi chrétienne. Il est vrai que le Dahomey (quelques mois après la lettre du père, le Dahomey deviendra Bénin) traverse une crise : le marxisme est devenu l’idéologie du gouvernement et le secteur de Zagnanado est un centre actif dans ce changement. Le père Deméyère vivra, là, 9 années de paix. Il a retrouvé le Zagnanado qu’il avait connu 25 ans plus tôt ; il rend de nombreux services dans la paroisse, et seconde bien son curé qui l’apprécie beaucoup.
Mais le poids des ans est là. Il doit s’arrêter et rentrer en France. En 1980, à 77 ans, il rejoint Montferrier. Ce qu’on peut retenir de son séjour à Montferrier, c’est son 100ème anniversaire. En effet le 9 septembre 2003, le père Demeyère est le premier membre à passer le cap des 100 ans depuis la création de la SMA. Ce fut une belle fête qui a permis de comprendre tout le travail accompli par le père et, surtout, l’esprit de bonté qui l’a accompagné toute sa vie. Il y eut beaucoup de monde à venir lui manifester leur sympathie : le père O’Reilly, supérieur général, monseigneur Jean Bonfils, ancien provincial, monseigneur Victor Agbanou, évêque de Lokossa, l’abbé Alain Ayimihoué du diocèse d’Abomey, le maire de Montferrier et beaucoup d’autres. Le personnel de Montferrier avait tout fait pour que la fête soit belle. Pour expliquer cette longévité vécue dans la sérénité, un participant fit cette remarque : notre confrère est toujours resté un homme bon, discret, calme qui, toute sa vie, a su porter sur les personnes et les événements un regard positif, un regard d’Évangile.
Au moment où la fête battait son plein à Montferrier, Zagnanado, où le père Deméyère avait travaillé longtemps, était aussi en fête. L’évêque d’Abomey célébrait une messe, dans cette paroisse, avec une vingtaine de prêtres du diocèse, des prêtres sma et une foule en joie dont les premiers baptisés du père qui tenaient fièrement dans leurs mains leur livret de catholicité. Cette fête, à des milliers de kilomètres de Montferrier, témoignait de tous les fruits qui ont mûri là-bas, grâce au travail du père Deméyère.
Mais, lorsqu’on a 100 ans, la santé se dégrade vite. Dix mois plus tard, le père s’éteignait au matin du 14 juillet 2004, au terme d’une vie heureuse. Dans beaucoup de ses lettres on sent ce bonheur et il ne manque jamais de remercier ceux à qui il a affaire : ses supérieurs, ses confrères, le personnel de la maison de retraite. Pour conclure, il faut noter son humour que l’on retrouve dans ce mot qu’il écrivait quelques années avant sa mort : Dieu m’a accordé une telle santé que mes funérailles ne sont pas encore proches. Il repose désormais au cimetière de Montferrier.
Recherchez .../ Search...