Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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né le 22 novembre 1915 à Virac (Tarn) dans le diocèse d'Albi membre de la SMA le 24 juillet 1936 prêtre le 6 janvier 1946 décédé le 17 juillet 2007 |
1940-1945 mobilisé et prisonnier décédé à Cadalen (Albi), le 17 juillet 2007 |
Père Georges YÈCHE (1915 - 2007)
Georges Yèche est né le 22 novembre 1915 à Virac (Tarn) dans une famille d’agriculteurs. Il fera toutes ses études secondaires à l'Institution Saint-Etienne-de-Valence d'Albi. En 1934, à l'issue de sa dernière année d'études, il est reçu au baccalauréat et, dans l'Institution Saint- Etienne, il obtient ce palmarès : prix de bonne conduite, 2° prix d'honneur, 1er prix d'anglais, 2° prix de sciences naturelles et de physique, 1er accessit en philosophie, en histoire, et en mathématiques.
Toute sa vie, il sera fidèle à l'anglais qu'il enseignera au Dahomey. Après la rencontre d'un prêtre des Missions Africaines, le Père Antonin Gautier, il fait le choix d'être prêtre missionnaire et, à la fin de ses études secondaires, il rentre au noviciat des Missions Africaines, à Chanly, en Belgique. Après ses deux années de noviciat, en 1936, il part au service militaire pour deux ans, et fait l'école des officiers de réserve : il accèdera plus tard au grade de capitaine.
Après une année au grand séminaire des Missions Africaines à Lyon, en 1939, c'est la guerre, et il est rappelé sous les drapeaux : il est fait prisonnier et ne sera libéré qu’en 1945. Il fera son grand séminaire en captivité. En août 1945, l'abbé Gaud, du grand séminaire de Lille, qui était chargé de suivre les séminaristes prisonniers, écrit aux responsables des Missions Africaines : L’abbé Georges Yèche a fait partie de notre séminaire depuis son arrivée au camp en septembre 1942. Il nous a paru avoir un grand amour de sa vocation missionnaire et posséder les solides qualités pour y répondre. Sa piété est profonde, sa charité inlassable, son rayonnement dans le milieu du séminaire et dans sa baraque a été bienfaisant. Il possède un très solide bon sens. Il a suivi honorablement les cours du séminaire."
Il est ordonné prêtre le 6 janvier 1946. Cette même année, il obtient une licence en Droit Canonique aux Facultés catholiques de Lyon. En septembre 1946, il part pour le Dahomey : il sera d’abord professeur d'anglais au petit séminaire de Ouidah et professeur de Droit Canonique au grand séminaire. Après 6 années, il est rappelé en France pour être supérieur du petit séminaire des Missions Africaines de Chamalières. Deux ans plus tard, il retourne au Dahomey pour être à nouveau professeur au séminaire de Ouidah. Il y passe 5 ans et est rappelé pour être professeur et Directeur Spirituel au grand séminaire des Missions Africaines à Lyon. En 1962, après trois ans de bons services au séminaire, il écrit au Conseil provincial des Missions Africaines : Je suis obligé de constater, en toute sincérité, que mes aptitudes et mon tempérament nerveux et impulsif, exaspéré par cinq années de captivité, ne me permettent plus de faire tout le bien que l'on attend d'un directeur spirituel de grand séminaire… Je prie respectueusement le Conseil provincial de vouloir bien me retirer de cette maison. Il est alors nommé aumônier de la prison de Montluc, toute proche du 150 : il y servira cinq ans. Il restera très marqué par une exécution capitale à laquelle sa charge l'a obligé d'assister, et deviendra ensuite un vrai militant contre la peine de mort.
Mais il pense toujours à sa chère Afrique et, en 1966, il demande de nouveau à repartir au Dahomey. En 1968, il est nommé responsable de la Mission de Grand Popo. Mais en 1971, alors qu'il est en congé dans sa famille, il écrit au Conseil Provincial : Confidentiellement, je vous annonce que je vais contacter l'archevêque d'Albi. En effet, j'entre dans ma 57ème année. Je sens ma résistance à la fatigue et à l'énervement diminuer, or vous savez que le calme et la patience sont encore plus nécessaires aujourd'hui qu'autrefois pour le missionnaire… Je pense qu'en toute lucidité et avec réalisme il faut envisager un ministère en pays tempéré." De retour au Dahomey, il renouvelle sa demande quelques mois plus tard : "Tout en gardant la flamme missionnaire, je crois qu'on peut envisager un service à l'arrière."
De retour en France, il est finalement nommé à Cordes, à 8 km de son village natal, en septembre 1972 : il y servira neuf ans. Il demande alors à aller à la Maison de retraite des Missions Africaines, à Montferrier-sur-Lez, mais, après trois mois, il rejoint la bonne maison Saint François de Cadalen, car, dit-il, il avait le mal du pays ! Il y est resté comme aumônier jusqu'en 2005, date où il doit laisser cette charge, sa santé se dégradant. Il aura ainsi passé 25 ans dans cette maison de retraite, et c’est là qu’il s’est éteint le 17 juillet 2007, à l’âge de 91 ans.
Pour montrer son ouverture d'esprit, il est bon de citer une partie de la lettre qu'il avait demandé au Conseil provincial de transmettre au Cardinal Lustiger, en 1995 : Je viens de lire votre dernier livre… A la page 159, vous écrivez : Le Créateur confie à l'homme la mission d'être prêtre de la création. Dans le mot "homme", faut-il inclure le couple humain, et donc la femme ? Ce qui pourrait poser la question du sacerdoce féminin. Excusez, Monseigneur, mon audace !! Et il signe : Georges Yèche, prêtre âgé de 80 ans, ancien élève du cardinal (capitaine) Garrone, au séminaire de captivité oflag W V II A et ancien professeur (Droit Canon) du Cardinal Gantin à Ouidah (Bénin).
Le père Georges Yèche aura été un homme chaleureux, accueillant, cherchant toujours à rendre service. Son expérience de prisonnier l’aura rendu sensible aux besoins des hommes. Il aura essayé de faire tout ce qu’il pouvait pour aider jusqu’au bout, distribuant tout ce qu’il avait avec beaucoup de générosité. Conscient des besoins des malades qui attendent une greffe, il avait noté dans son testament qu’il voulait que son corps soit donné à la science. Sa volonté a été respectée. Sachant que cela poserait des problèmes, il s’en est excusé auprès de sa famille, leur demandant de le comprendre et leur disant vouloir rendre service, même après sa mort.
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