Société des Missions Africaines –Province de Lyon
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né le 22 avril 1926 à Pont-Salomon dans le diocèse du Puy, France membre de la SMA le 27 octobre 1947 prêtre le 11 février 1952 décédé le 18 juillet 1963 |
1952-1961 missionnaire au Dahomey décédé à Cotonou, Dahomey, le 18 juillet 1963, |
Le père Jean-Marie FAVIER (1926 - 1963)
J’ai déjà quelques idées sur la Société des Missions Africaines et sur tout le bien qu’elle a fait. J’ai aussi le bonheur de connaître quelques-uns de ces vaillants missionnaires dont j’espère, si Dieu le veut, aller continuer l’œuvre aux missions. J’ai également la joie d’avoir un cousin dans la Société, le père Jean-Marie Favier (Jean-Marie Favier 1906-1981).
J’espère être un de vos élèves en octobre 1945.
J’ai passé tout mon petit séminaire à Yssingeaux, dans cette maison qui a fourni tant de missionnaires à la France et au monde. L’an dernier, j’ai obtenu ma première partie de baccalauréat et, cette année, j’ai suivi la philosophie.
C’est dans cette maison que j’ai entendu l’appel de l’Afrique. A l’appel de Dieu, mes bons parents, simples ouvriers aux ressources très modestes, n’ont pas essayé, le moins du monde, de me détourner de ma vocation.
C’est en ces termes que le jeune Jean-Marie, âgé de 19 ans, demandait de rentrer aux Missions Africaines.
Originaire des montagnes de la Haute-Loire, il est né à Pont-Salomon, le 22 avril 1926. Jean-Marie suit toutes ses études secondaires au petit séminaire, à Yssingeaux. C’est de là qu’il demande son admission aux Missions Africaines, de là aussi qu’il écrit encore, le 24 mai 1945 : Je pense qu’il me sera possible d’être admis, car ce serait une très grosse peine de ne pouvoir entrer aux Missions Africaines. Je sens vraiment en moi l’appel de Dieu. Et le 10 juin suivant : Je pourrai rejoindre un ancien camarade et d’autres condisciples que je ne connais pas sans doute, mais que j’aime déjà, car ils seront des compagnons de labeur pour Jésus-Christ . En attendant de partir moi-même à la tâche, je prierai, tous les jours, pour la prospérité des Missions Africaines et pour que le maître de la moisson suscite de nombreuses vocations.
En mai 1945, le supérieur d’Yssingeaux le présente comme un jeune homme en tous points excellent. Pieux, posé, sans bruit, il travaille consciencieusement. Durant les années de petit séminaire, sa santé n’a pas été excellente.
La réponse du Conseil provincial est favorable. Cette lettre me remplit de joie, répond-il, le 10 juillet 1945.
Muni de ses deux baccalauréats, il entre au noviciat à Chanly, où il accomplit deux années. Les matinées sont consacrées à la formation spirituelle et quelques petits travaux manuels, les après-midi à l’étude de la philosophie. Il a bien profité de son noviciat, disent ses notes. Il le quittera avec peine. On est très satisfait de lui et on signale une certaine timidité, vite réprimée, si on le met à l’aise.
Puis, c’est l’année du service militaire (novembre 1948 à novembre 1949). Là, c’est moins drôle : Notre instruction, écrit-il d’Auch, est poussée à un rythme accéléré, si bien que le soir on est "pompé"…Il existe, dans notre peloton, un esprit de camaraderie que je ne croyais pas retrouver à la caserne, et c’est heureux. Après un stage à Saint-Maixent, il devient élève officier de réserve. à l’école de cavalerie de Saumur. Ici, nous sommes considérés comme des êtres intelligents, et non plus comme des numéros. Il participe à des manœuvres de chars aux environs de la ville. Et pourtant, écrit-il, tout ce travail n’est pas du bon travail, car son but c’est la guerre. Pauvre humanité ! si elle se tournait vers le Christ ! Aussi, soyez certains que j’y mets moins d’entrain que pour la théologie. Et le voici aspirant au 8ème dragons de Poitiers, Commandant bien souvent à des hommes et sous-officiers qui ont bien plus de service que moi, j’essaie de faire tout le bien que je peux, pour montrer que le chef n’est pas un tyran, mais l’ami qui conseille.
Son service militaire achévé, il entre au 150, à Lyon, pour les études de théologie. C’est un excellent séminariste au tempérament calme qui le fait paraître, parfois, un peu sévère. Il est ordonné prêtre le 11 février 1952.
Le 1er août suivant, il est mis à la disposition de monseigneur Parisot, vicaire apostolique à Ouidah, au Dahomey. Il embarque le 13 septembre sur le « Hoggar ». Il est nommé professeur de seconde au collège Aupiais à Cotonou. Il y reste jusqu’en juin 1961.
Il reçoit alors une lettre qui ne l’emballe pas du tout : Le Conseil provincial a décidé de vous retenir en France après votre congé ; Pont-Rousseau gagnera ce que perd le collège Aupiais. De nouveau, le voilà professeur de seconde, mais en France, malgré ses arguments pour repartir. Le moral tombe au plus bas : Me voilà donc rendu dans la prison qu’on m’a assignée. J’ai obéi, mais je demande à sortir de là le plus tôt possible (27 septembre 1961). Il menace même de quitter la Société, si l’Afrique lui demeure fermée. Heureusement, en juin 1962, le Conseil lui redonne le feu vert pour Cotonou. Il repart le 30 septembre et devient vicaire à Saint-Michel, où il s’applique principalement à la catéchèse, au milieu de nombreuses activités qu’il doit assumer dans cette grande paroisse très vivante.
Mais arrive le grand rendez-vous qui surprend tout le monde. La maladie est courte : elle va durer du 7 au 18 juillet 1963. Le père est soigné à l’hôpital de Cotonou ; une hépatite infectieuse le conduit à deux doigts de la mort. Un mieux se produit et on le croit sauvé. Le 14 juillet, il semble reprendre goût à la vie, mais l’urée augmente dans le sang à un tel point que tout espoir est perdu. Lucide jusqu’au bout, il s’en va près du Seigneur, le 18 juillet 1963.
Monseigneur Gantin, archevêque de Cotonou, entouré de monseigneur Boucheix et de monseigneur Malbois, déclare lors des funérailles : Nous avons souhaité, le Seigneur a décidé. Le père s’est offert à l’Afrique. Comme professeur, il venait déjà rendre service à la paroisse mais, depuis son retour de France, en neuf mois, il se fit vraiment l’un de Saint- Michel. Il était un Africain parmi les Africains ; il les aimait avec respect et délicatesse… On gardera le souvenir de ce visage ouvert et bon, de ce confrère amical et enjoué, accessible à tous, de ce conseiller sûr et précis, de cet ami simple et cordial pour les enfants, de ce prêtre qui fit une mort pieuse et édifiante, tandis que l’Eglise honorait saint Camille, patron des agonisants. Jusqu’au bout, il a prié avec simplicité, en fils abandonné.
Avant de quitter définitivement son vieux papa en septembre 1962, le père Favier avait écrit à son évêque sa joie d’être nommé à Saint-Michel : Je fais confiance à la providence selon la volonté de Dieu. Il avait 37 ans !
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