Société des Missions Africaines –Province de Lyon
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né le 19 juillet 1900 à St Sulpice des Landes dans le diocèse de Nantes, France membre de la SMA le 31 octobre 1919 prêtre le 28 juin 1924 évêque le 7 avril 1959 décédé le 21 juillet 1980 |
1924-1980 missionnaire en Egypte Assistant au trône pontifical décédé à Paris, France, le 21 juillet 1980, |
Monseigneur Amand HUBERT (1900 - 1990)
Amand Hubert est né le 19 juillet 1900, à Saint-Sulpice-des-Landes (Loire-Atlantique), à 25 kilomètres au nord d'Ancenis, dans une famille de cultivateurs. Sa vocation est, sans doute, influencée par l'exemple d'un oncle maternel, le père Jean-Marie Renou (1874-1953) prêtre des Missions Africaines, et l'exemple de deux tantes religieuses chez les sœurs de Notre-Dame des Apôtres : l'une, morte durant son noviciat et l'autre, sœur Andrée, décédée en 1891 à Porto-Novo, au Dahomey.
Amand fait ses études primaires à l'école communale de son village (1906-1912), puis secondaires à Pont-Rousseau de 1912 à 1917. En octobre 1917, il entre au grand séminaire des Missions Africaines à Lyon. De 1920 à 1922, il accomplit son service militaire au 25e R.I. à Cherbourg. Il reprend ses études. Il est ordonné prêtre, à Lyon, le 28 juin 1924 et nommé en Egypte pour le vicariat du delta du Nil, où il se rend dès la fin du mois d'août.
Jeune prêtre, il est affecté au collège Saint-Louis de Tanta où il remplit, durant 7 ans, les fonctions de surveillant, d'économe et de professeur, tout en apprenant l'arabe qu'il finit par parler couramment. En 1931, il est nommé à Zagazig, supérieur de la paroisse et directeur de l'école. Au cours des années qui suivent, il fait l'expérience que la vie communautaire avec les confrères n'est pas facile !
En juin 1938, le père Hubert est nommé "visiteur" du delta du Nil : avec dévouement et bonté, il s'occupe de ses confrères, en rendant compte fidèlement au provincial de ses activités, de ses soucis, de ses difficultés, tout en étant, bientôt, curé de Tanta, pendant sept ans.
La guerre de 1939-1945 provoque la mobilisation de beaucoup de confrères, envoyés surtout en Syrie (sous mandat français à l'époque). Le père Aupiais, provincial, arrive à obtenir que certains confrères mobilisés puissent reprendre leurs activités en Egypte. Ainsi, le Père Hubert ne fait que trois mois en Syrie, de septembre à décembre 1939. Après l'armistice du 25 juin 1940, chaque confrère regagne son lieu d'apostolat. Peu à peu, la vie reprend son cours normal, mais les liaisons postales entre l'Egypte et la France sont difficiles jusqu'à la victoire de 1945. Après un congé en France, en 1946, le père Hubert retourne en Egypte, toujours "visiteur" auprès de ses confrères, mais il s'installe à Héliopolis avec, en même temps, la charge de curé de la paroisse.
En 1946, on apprend, avec surprise, que le père van den Bronk, missionnaire au Ghana, est nommé coadjuteur de monseigneur Girard, vicaire apostolique du delta du Nil. Il n'a jamais vécu en Egypte et l'ordination épiscopale prévue en Egypte a lieu au Ghana ! Monseigneur van den Bronk est nommé pour relancer l'œuvre copte et pour s'en occuper d'une façon spéciale. Sa nomination surprend beaucoup en Egypte, car ce coadjuteur n'est pas choisi parmi les missionnaires travaillant dans le pays !
Pourquoi cette nomination ? Le cardinal Tisserand, chargé des Églises orientales voudrait donner à l'œuvre copte des missionnaires mieux préparés et totalement dévoués pour vivre au service des Coptes. D'où le devoir pour chaque missionnaire en Orient d'apprendre à parler et à écrire en arabe. C'est un devoir de donner plus d'importance aux Coptes (vrais chrétiens autochtones) qu'aux Latins qui, de plus en plus, quittent l'Egypte. Les missionnaires doivent, de tous leurs efforts, aider à la création du véritable clergé du pays. Jusqu'ici, l'œuvre auprès des Coptes n'a pas donné de grands résultats : les missionnaires étaient peu nombreux et mal préparés. Avec l'arrivée de monseigneur van den Bronk, Rome voudrait que des efforts soient repris sur des bases nouvelles.
Qu'en pense le Père Hubert ? Voici le condensé d'un de ses rapports : A mon avis, nos confrères ne remplaceront jamais le clergé copte. Connaissant la langue arabe, habillés en prêtres coptes, ayant adopté le rite copte, nos confrères resteront
• Pour les Egyptiens, des étrangers et des intrus,
• Pour les prêtres orthodoxes, des gêneurs et des concurrents,
• Pour les prêtres coptes catholiques, des aides momentanés et souvent mal adaptés,
des envoyés de Rome pour préparer l'installation future d'un clergé copte.
Alors, de quoi s'agit-il pour nous ? Il ne faut chercher ni les conversions individuelles, ni les conversions de groupes. Il ne s'agit pas d'établir l'Eglise catholique dans un territoire où il n'y a rien. Il ne s'agit pas de prendre, au plus vite, la place d'un clergé catholique inexistant. Mais il s'agit d'être les auxiliaires actuels du clergé copte. Pour cela, il s'agit de former une équipe peu nombreuse, mais très unie sous la direction du chef de mission. Il s'agit de nous mêler, par tous les moyens, à la vie et à l'activité du clergé copte, tant catholique qu'orthodoxe (en tous domaines permis), de chercher à connaître sa mentalité, ses réactions et ses besoins divers, et d'y adapter sans cesse notre service. Travailler et conjuguer nos efforts à élever insensiblement le niveau, tant du clergé que du peuple, au milieu duquel nous sommes envoyés.
Voilà des phrases claires où le père Hubert explicite sa pensée : on voit se dessiner la "politique" qu'il entend mener maintenant et plus tard. Le 23 mai 1950 survient le décès de monseigneur Girard, après 62 ans passés en Egypte. Monseigneur van den Bronk lui succède, mais seulement comme administrateur. En 4 ans, monseigneur van den Bronk n’a pas pu faire aboutir tous ses projets. Il y a des tensions. Il y a aussi la tension économique et politique. Aussi, le moral du père Hubert en prend-il un coup ! Pendant son congé en France, que d'événements en Egypte. Le général Néguib prend le pouvoir en juin 1952 : il proclame la République en 1953, mais il est éliminé par Nasser, en 1954.
A son retour de congé, le père Hubert est nommé directeur de l'œuvre copte dans le vicariat apostolique d'Héliopolis, après le départ de monseigneur Van den Bronk pour Kumasi au Ghana. Lors de sa visite en Egypte, le père Harrington, supérieur général, précise les buts de l'œuvre copte :
• retraite et récollections sacerdotales aux prêtres coptes ou à des laïcs orientaux,
• formation religieuse et liturgique des grands élèves coptes dans les institutions
d'enseignement,
• conférences ou causeries sur ce qui touche aux Coptes, à l'islam, au pays.
Le 31 mars 1953 arrive la nouvelle : le père Noël Boucheix est nommé évêque d'Héliopolis. C'est un soulagement et une joie pour le père Hubert, car des rumeurs avaient fait courir son nom. Mais Rome le reconduit dans sa charge de "visiteur" auprès de ses confrères.
Le 10 juin 1953, monseigneur Noël Boucheix reçoit l'ordination épiscopale au sanctuaire de Fourvière, à Lyon. Il embarque le 21 août pour l'Egypte. La question de l'œuvre copte continue de poser des problèmes, presque insolubles, car il faut préparer soigneusement les spécialistes, les volontaires et les nouveaux arrivés, si peu nombreux !
En 1956, à la suite de l'affaire du canal de Suez, les chrétiens continuent à quitter l'Egypte. Par contre, les élèves, spécifiquement égyptiens, affluent dans les écoles catholiques, et les inspecteurs rendent témoignage de la bonne marche de celles-ci. Fin 1958, le père Hubert est relevé de sa charge de "visiteur", après 20 ans d'exercice. Il est remplacé par le père Rémiro, tout en restant son adjoint.
Le 6 juillet 1958, monseigneur Noël Boucheix est nommé évêque du nouveau diocèse de Porto-Novo, au Dahomey. Le 23 mars 1959, le père Hubert devient vicaire apostolique d'Héliopolis. Son ordination épiscopale a lieu le 24 mai, en la cathédrale Saint-Marc de Choubra. Une foule immense ainsi que d'éminentes personnalités assistent à la cérémonie. La totalité de la hiérarchie catholique est là, ainsi que l'épiscopat et le clergé de nos frères orthodoxes. La dignité épiscopale ne le grise pas pour autant. Il accomplit sa nouvelle charge avec les mêmes qualités qu'avant, dans tous les problèmes qu'il connaît bien. Pour lui, la mission au service des coptes est la plus importante. Il s'agit d'encourager, d'entraîner et de soutenir particulièrement le clergé oriental et son apostolat. 80 d'entre eux demandent que l'on s'occupe davantage de leur vie sacerdotale, de leur ministère et apostolat, et qu'en vue d'une meilleure unité d'action, nous leur donnions des directives d'ensemble pour la pastorale, la catéchèse, l'œcuménisme, les relations avec les non-chrétiens, et l'apostolat des laïcs, jeunes et adultes.
C'est pourquoi, monseigneur Hubert ne veut plus de nouveaux prêtres ne parlant que le français. Il veut que les jeunes confrères se mettent à la langue arabe et s'exercent à parler l'arabe égyptien, pour faire le catéchisme en arabe dans les paroisses. Il faut continuer le travail pastoral dans les localités déjà occupées, avec une église transformée en rite copte jusqu'à ce que, normalement, le clergé copte puisse nous remplacer dans nos églises et résidences.
Il y a aussi un travail œcuménique d'approche dans le sens du concile, avec des difficultés et des déceptions. pour préparer l'union de l'Eglise copte. Monseigneur Hubert est très préoccupé par tout ce qui ressort sur l'unité entre chrétiens, et sur divers sujets : il donne des conférences très documentées. Il participe aux différentes sessions du concile Vatican II.
Le 31 mai 1964, monseigneur procède à la consécration solennelle de la basilique Notre-Dame d'Héliopolis devenue, depuis 1956, lieu du siège apostolique. Le clergé copte catholique se développe progressivement, ce qui permet au patriarche catholique de prendre en charge plusieurs paroisses et écoles du delta. C'est pourquoi, les confrères sma de langue arabe et de rite copte sont bien plus utiles dans les quartiers du Caire, où il faut pousser la catéchisation et la formation chrétienne par les mouvements des jeunes et la Légion de Marie.
Par ailleurs, que faire devant l'islamisation ? Il faut de plus en plus adapter les écoles et la vie chrétienne à une présentation arabe du christianisme. Il faut présenter à l'école un enseignement sur les 10 commandements de Dieu, enseignement qui puisse être assimilé par les musulmans. Il faut profiter de toutes les occasions pour prêcher la tolérance, le respect des convictions et la fraternité ; il faut collaborer avec les musulmans dans les œuvres sociales. Une telle présence chrétienne, discrète mais courageuse, peut faire tomber beaucoup de préjugés.
En 1974, Mgr Hubert célèbre ses 50 ans de vie sacerdotale et d'apostolat en la basilique d'Héliopolis. A cette occasion, il reçoit le titre honorifique d'assistant au trône pontifical. En mars 1976, les deux vicaires apostoliques latins, monseigneur Hubert et monseigneur Cayer présentent à Rome leur démission, que Paul VI accepte en mai 1977.
C'est en mai 1978 que l'annonce est faite du nouveau vicaire apostolique : monseigneur Egidio Sampieri devient successeur de monseigneur Hubert et de monseigneur Cayer. C'est un Italien franciscain, âgé de 50 ans, né en Egypte et parlant parfaitement l'arabe. Il est ordonné évêque le 30 juin 1978, en la cathédrale Sainte-Catherine. Monseigneur Hubert se retire alors près du carmel de Mataria, pour y être aumônier de quatre communautés religieuses, proches les unes des autres. Mais, souvent le dimanche, il retrouve ses confrères sma à Héliopolis.
Fin mai 1980, il décide de s'absenter trois mois, pour faire un voyage chez ses amis égyptiens du Canada, par Beyrouth (3 jours) et Londres (8 jours). Il pense revenir en France fin juillet mais, au Canada, il doit être hospitalisé d'urgence. Le 7 juillet, il arrive à Roissy dans un mauvais état : respiration difficile et cœur faible. Il est de nouveau hospitalisé à Paris, à l'hôpital Saint-Antoine, en service de réanimation.
Le 18 juillet, il dit : Ne dérangez pas les confrères demain, (c'était son anniversaire) qu'ils prient pour moi. Dans trois jours, ça ira mieux ! Trois jours après, le 21 juillet, il était chez le Seigneur.
Il est aussitôt transporté dans son village natal, à Saint-Sulpice-des-Landes, où ses funérailles ont lieu le surlendemain, avec une homélie donnée par le père Joseph Hardy, supérieur général. Un service funèbre est célébré, le 22 août, en la basilique d'Héliopolis, sous la présidence de monseigneur Egidio Sampieri, vicaire apostolique d'Alexandrie et de Port-Saïd. Toute la hiérarchie catholique était là pour célébrer sa mémoire et prier pour lui
Terminons en rappelant sa devise épiscopale : Que jamais, je ne me glorifie, si ce n'est dans la croix du Christ (Ga. 6, 14). Elle fut tout le programme de sa vie dans le dévouement et le service, jusque dans l'humiliation et l'anéantissement qui l'achemina vers la victoire sur la mort et à la résurrection (Père Gérard Viaud, sma).
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