Société des Missions Africaines –Province de Lyon
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né le 5 octobre 1917 à Vire (Calvados) dans le diocèse de Bayeux, France membre de la SMA le 30 octobre 1934 prêtre le 17 mars 1946 décédé le 17 août 1991 |
1946-1949 Pont-Rousseau, professeur décédé à Montferrier, France, le 17 août 1991, |
Le père Jacques CLARISSE (1917 - 1991)
Jacques Clarisse est né le 5 octobre 1917 à Vire, dans le Calvados et le diocèse de Bayeux. Il est baptisé le surlendemain. Il aura un frère et une sœur. Très vite ses parents déménagent à Avion, dans le Pas-de-Calais, où Jacques va à l'école primaire, et fait sa première communion, en 1928. Il suit ses études secondaires à l'institution Saint-Vaast de Béthune, et les termine en passant brillamment le bac mathématiques.
C'est à ce moment qu'il écrit une lettre aux supérieurs des Missions Africaines à Lyon : Je connais le père Paichoux ; il est venu en effet, bien des fois, nous parler du Dahomey. C'est pourquoi je lui ai fait part de mon désir de me consacrer aux Missions Africaines de Lyon. C'était durant l'été 1935. Le 25 septembre de cette même année, il fait son entrée au noviciat de Chanly, en Belgique. Le 30 octobre 1937, il prononce son serment qui le fait membre de la SMA.
Après une année d'étude à Lyon, il fait son service militaire de 1938 à 1940. Puis, il est prisonnier en Allemagne, du 22 juin 1940 au 18 août 1943. Un ami du même stalag témoignera ainsi : Il a joui, auprès de tous, d'une excellente réputation de séminariste pieux et zélé. Il aimait beaucoup parler de cette période de sa vie, où il a su rendre service à ses cama-rades d'infortune. Il racontait, avec d'humour, les tours qu'ils jouaient à l'ennemi commun.A sa libération, il retourne au "150", à Lyon, pour continuer sa formation, et il est ordonné prêtre le 17 mars 1946.
Il est alors nommé professeur de sciences au petit séminaire de Pont-Rousseau, dans la banlieue de Nantes. Comme tout jeune missionnaire, une chose lui manque : l'Afrique. En juin 1949, il reçoit la bonne nouvelle : Le Conseil provincial vous a désigné pour le vicariat apostolique de Ouidah, au Dahomey.
A son arrivée, il est nommé au petit séminaire de Ouidah, comme professeur de sciences naturelles. Mais très vite, il s’intéresse aussi à la léproserie installée sur le vaste terrain du séminaire ; il va s’y investir, la réorganiser, puis la diriger avec beaucoup de fermeté et d'amour : il la baptisera "léproserie des Saints Anges".
En 1954, il reçoit une lettre du Conseil provincial qui le nomme professeur à Pont-Rousseau. Que va devenir la léproserie ? Le gouverneur Bonfils s'en émeut et écrit au Conseil provincial qui, en réponse, affirme que ce n'est que pour un an. En effet, le père Clarisse retrouve le petit séminaire de Ouidah et la léproserie dès 1955.
Il va alors se donner totalement au service des malades. Il développe ses connaissances d'infirmier qu'il avait acquises durant son service militaire. Il fait des recherches sur la maladie de la lèpre, au point d'être reconnu par les grands spécialistes de cette maladie. Lors de ses congés en France, il est invité à faire des conférences sur la nature de la maladie, et sur la meilleure manière de la soigner.
Son travail est reconnu et honoré par différentes distinctions :
- il reçoit la médaille d'argent de l'Académie de médecine de Paris,
- il est promu chevalier de la légion d'honneur pour ses services auprès des lépreux,
- il reçoit le prix "André You", prix décerné par l'Académie des sciences d'Outre-mer aux personnes qui s'intéressent spécialement au progrès social, ou à la condition morale des populations d'Outre-mer,
- l'Académie française lui décerne le prix "Raoul Follereau" accompagné de la citation suivante : A consacré toute sa vie aux lépreux. Pour les soigner plus efficacement, il a poursuivi, tout seul, les études de médecine qui le font considérer, aujourd'hui, comme un des praticiens les plus expérimentés en léprologie de toute l'Afrique d'expression française.
Ces louanges correspondent à la réalité. Mais le travail important qu'il a fourni auprès des malades a eu raison de sa santé. Il a passé 20 ans à leur service. Il doit quitter la léproserie. Des sœurs dahoméennes, les Petites Sœurs des Pauvres de Calavi, prennent le relais. Quant à lui, une nouvelle expérience commence : il est nommé vicaire à la paroisse du Sacré-Cœur à Akpakpa-Cotonou avec, comme curé, le père Dujarier. Le changement est important, mais il s'habitue bien à cette nouvelle situation. Durant son séjour à Akpakpa, il célèbre son jubilé d'argent. A Ouidah et à la léproserie des Saints Anges, comme à la paroisse du Sacré-Cœur, ce sont de grandes fêtes : les gens lui disent merci avec tout leur cœur et le père est surpris et heureux de l'honneur qui lui est fait.
Pendant tout son séjour à la paroisse, il reste proche des petits, comme il l'a toujours été. Une de ses joies est d'avoir pu, en collaboration avec les prêtres de la paroisse, les sœurs et des laïcs bénévoles, mettre en route trois centres sociaux dans ces quartiers en plein développement.
La santé continue à lui jouer de mauvais tours. Il doit rejoindre un poste plus tranquille. De 1975 à 1978, il est hôtelier à la maison régionale sma, proche de la paroisse. Pendant trois ans il assure ce service avec beaucoup de simplicité. Les pères de passage apprécient, chaque fois, son accueil fraternel.
En 1978, c'est le grand retour. Il a besoin de beaucoup de repos et passe un temps en famille. Puis, en accord avec le Conseil provincial, il cherche à servir dans une paroisse en France. Il retourne dans le diocèse d'Arras, dans le Pas-de-Calais. En septembre 1980, il est nommé prêtre auxiliaire à Douvrin. Il se plaît beaucoup dans ce nouveau travail, mais la santé encore l'oblige à s'arrêter. C'est ainsi qu'en 1983 il rejoint la maison de retraite sma de Montferrier, dans l'Hérault.
C'est la dernière étape qu'il vit sereinement. Ses lettres sont brèves, mais riches. En 1985, il écrit : la vraie joie est de découvrir Dieu et son amour. Il garde toujours son humour ; il remerciait ainsi les membres du Conseil provincial : Merci pour la bonne lettre reçue à l'occasion de la Saint-Jacques, le mineur ; c'est normal, vu ma taille. Et je suis allé d'un pays noir (région minière du Pas-de-Calais) à un autre pays noir (région de Ouidah) pour la couleur de la peau. Quelques mois avant sa mort, il écrivait au Conseil provincial : Je sens que ma vie terrestre va vers sa fin. Il y a lieu de s'en réjouir, car la vie éternelle avec papa le Bon Dieu doit être plus que ce que nous espérons.
Il s'est éteint le 17 août 1991 à Montferrier. Il n'avait que 74 ans, mais la captivité puis le travail intense réalisé à la léproserie de Ouidah l'avaient usé avant l'heure. En apprenant sa mort, sœur Pascale, une des religieuses qu'il avait aidée à s'installer dans leur maison de Sourou-Léré, un nouveau quartier de Cotonou, le décrivait ainsi : Gai, actif, blagueur, entreprenant et tenace dans la simplicité du quotidien, il avait su accompagner discrètement et joyeusement notre fondation. En riant, on lui donnait l'absolution pour ses cigarettes qui se succédaient autant que les clins d'œil amicaux et complices.
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