Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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né le 10 septembre 1904 à Velaine-sous-Amance dans le diocèse de Nancy, France membre de la SMA le 25 juillet 1933 prêtre le 6 janvier 1937 décédé le 20 août 1977 |
1937-1976 missionnaire au Dahomey décédé à Saint-Pierre, France, le 20 août 1977, |
Le père Henri BAROTTIN (1904 - 1977)
Henri Barottin naît le 10 septembre 1904 à Velaine-sous-Amance, en Meurthe-et-Moselle, dans le diocèse de Nancy. Il a deux frères et deux sœurs. Ses parents sont de petits cultivateurs, profondément chrétiens.
Henri fait ses études primaires dans l’école de son village. Puis, il travaille sans doute à la ferme familiale, jusqu’à son départ au service militaire qu’il accomplit à Lunéville en 1924-1925. Il travaille aussi comme chauffeur d’un châtelain. C’est en 1928 qu’il rejoint le séminaire des vocations tardives à Saint-Priest, dans la banlieue lyonnaise. Il rejoint ensuite la maison de Chanly, en Belgique, pour sa philosophie et son noviciat. Le 25 juillet 1933, il devient membre des Missions Africaines. Il rejoint ensuite le grand séminaire de Lyon et est ordonné prêtre le 6 janvier 1937. Il a alors 32 ans. On dit de lui qu’il est un homme bon, de caractère heureux, très sociable et qu’il a un bon esprit. Il est affecté le 28 juillet 1937 à la mission du Dahomey.
Il rejoint d’abord la paroisse Notre-Dame de Cotonou où il va rester 5 ans, avant d’être nommé à Sakété, au nord de Porto-Novo, en remplacement du père Gros, mobilisé. A cause de la guerre, il ne partira en congé qu’en 1945, assez fatigué, après un séjour de 8 ans.
Pendant son séjour à Sakété, il continue l’œuvre du père Gros et achève la mission, l’école et l’église. Pendant son temps de présence, la mission se développe, mais il se plaint d’un manque de personnel pour faire face à toutes les demandes. En 1953, la chance lui sourit. Il achète à des écoliers, pour 200 francs CFA, le dernier billet de tombola qu’ils ont à vendre : il gagne le premier prix, une traction-avant Citroën.
En 1962, il célèbre à Sakété ses 25 ans d’ordination, en présence du père Bothua, supérieur régional, mais aussi de plusieurs évêques, monseigneur Gantin, monseigneur Boucheix et monseigneur Chopard-Lallier. Sakété est devenue une paroisse très vivante. Ce développement est dû, bien sûr, au travail du père, mais aussi de ses collaborateurs, les pères Marcel Mahy et Candido Troconiz, ainsi que l’abbé Badou. Dès 1942, les sœurs de Notre-Dame des Apôtres sont également présentes à Sakété où elles ont installé leur noviciat. A l’occasion du jubilé du père, le journal « La Croix au Dahomey » écrit : Parce qu’un bon et dévoué missionnaire est présent à Sakété depuis 1942, grâce à un dur labeur ininterrompu et des courses innombrables, le règne de Dieu s’est étendu.
Avec sa population à majorité yoruba, Sakété est composée pour moitié de musulmans, d’un bon groupe de chrétiens et d’une importante population animiste. De la part des non-chrétiens, il y a, en général, une forte sympathie pour le catholicisme et toute la population se retrouve à l’occasion de certaines grandes fêtes et pour le mois de Marie. C’est dans ce contexte que le père Barottin va développer les écoles, le catéchuménat, ainsi que divers mouvements d’Action catholique pour les enfants, les jeunes et les adultes. Il s’occupe aussi des villages qu’il visite régulièrement à vélo. Il rencontre aussi des difficultés et note celles qui lui semblent les plus importantes : la polygamie, le manque de ressources financières, le manque de prêtres, les divisons entre les différentes ethnies pour des raisons politiques, le manque de persévérance. Mais cela ne l’empêche pas de continuer son travail. En 1968, à l’occasion de ses 25 ans de présence à Sakété, la revue « Les Echos » écrira : Depuis 25 ans, le père a été "au four et au moulin". Personnification de la simplicité, de la patience et d’une totale abnégation, le père ne se souciait d’aucun confort. Longtemps, pour logement, il se contenta de deux pièces vétustes d’une cabane de fortune.
En 1969, le père Falcon, provincial, visite le père à Sakété. Il le trouve vieilli et fatigué. Sa vue faiblit et il ne peut plus conduire sa voiture pour aller dans les villages. Mais il a réalisé un gros travail, en particulier auprès des jeunes et des familles, puisque l’on compte, chaque année, près de 40 mariages chrétiens. Devant cette situation, le père Bellut lui propose de venir à la maison régionale de Cotonou. Il la rejoint le 19 mars 1970 : peu à peu, il va en devenir l’hôtelier. Il est heureux dans ce service qui lui permet de demeurer en Afrique et d’accueillir les confrères. Quelques années plus tard, le 17 juillet 1974, avec l’accord de monseigneur Adimou, archevêque de Cotonou, il est mis à la disposition du père Vincent Adjanohoun, curé de saint-Michel de Cotonou, comme prêtre habitué. Le père ne restera que deux ans à saint-Michel. Fatigué, il rentre en France en octobre 1976. Il rejoint alors la maison de retraite des Missions Africaines à Saint-Pierre, en Alsace. Quelques mois plus tard, usé, il y rendra le dernier soupir le 20 août 1977.
Le père Jean Vincent qui fut son vicaire rend ce beau témoignage sur le père Barottin. J’ai vécu avec lui d’octobre 1966 au mois d’août 1969 : c’était mon premier séjour en Afrique. La différence d’âge et son tempérament tranquille donnèrent à nos relations un caractère quasi familial, affectueux, sans formalisme. Tout était simple entre nous.
A la mission, il recevait beaucoup de visites ; les gens des villages aimaient venir le saluer à leur passage à Sakété. Il est vrai qu’en 27 ans de présence dans le même secteur, il avait eu le temps de bien connaître les communautés. Catéchistes et maîtres d’école venaient souvent le rencontrer dans son étroit bureau. Bien qu’il comprenait mal le nagot et ne pouvait s’exprimer autrement qu’en français, chacun se sentait accueilli. Avec lui, j’ai compris que parler la langue de celui qui est devant soi n’est pas le seul chemin pour le rencontrer.
Malgré le handicap de la langue, il a édifié une magnifique communauté chrétienne. C’est lui qui a fait démarrer ou a fondé toutes les stations qui existent aujourd’hui dans les trois paroisses de Sakété, Pobé et Banigbé qui, autrefois, n’en faisaient qu’une. Il était fier de ce que beaucoup de ses paroissiens se mariaient à l’église. Cela est dû en partie à son activité pastorale et à la connaissance personnelle de chacun.
C’était un homme ouvert aux nouveautés. Il exprima le désir que je mette en place la nouvelle liturgie après Vatican II, car il se sentait "un peu perdu là-dedans", selon ses propres mots.
Il vivait pauvrement, se satisfaisant de peu. Il arrivait que la caisse soit complètement vide ; cela ne l’affectait pas, car la pauvreté faisait partie de sa vie.
Il se couchait tôt mais, de bonne heure, le matin, il partait à l’église, avec sa lampe tempête, pour sa méditation avant la messe. En fin d’après-midi, il revenait pour son chapelet. Egal, sans hâte, tout était semblable en lui : son pas, sa parole, son ministère. Je ne l’ai jamais vu courir, bien que son temps fût mesuré à la minute près.
Un homme tranquille, au cœur sensible, un missionnaire adonné uniquement à son ministère, un prêtre proche de Dieu et des hommes, tel est le père Barottin que j’ai connu et aimé.
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