Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
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né le 25 avril à Laufen dans le diocèse de Bâle, Suisse membre de la SMA le 10 juin 1935 décédé le 21 août 1989 |
1935-1937 Haguenau, menuiserie décédé à Barr, France, le 21 août 1989, |
Le frère Jean MAURER (1909 - 1989)
Jean Maurer est né le 25 avril 1909 à Laufen, en Suisse, au diocèse de Bâle. Il apprit dans sa jeunesse le métier de menuisier, dans lequel, il acquit une grande habileté. Puis, à l’âge de 24 ans, en 1933, désirant servir Dieu comme Frère missionnaire, il entra au noviciat des Frères que les Missions Africaines avaient ouvert en 1922 au petit hameau de Vigneulles, près de Metz.
Le jeune aspirant aima la vie du noviciat. Il en observait les règlements et les coutumes avec ponctualité. Animé d’une piété solide, il employait avec esprit de foi les temps de prière et les temps de travail qui remplissaient l’horaire de chaque journée. Il resta bien attaché à la belle vocation de Frère missionnaire et, au bout de deux ans, c’est avec joie qu’il s’engagea dans la Société des Missions Africaines.
Le Petit Écho des Missions Africaines, revue éditée à Vigneulles depuis l’année précédente, a mentionné la cérémonie de réception, le 10 juin 1935. C’était un lundi de Pentecôte. Il faisait un temps splendide. Dans la petite Chapelle du cher noviciat, qui respire l’intimité, la paix, le bonheur, M. le Curé de Hagondange, dans une fervente allocution, montra la nécessité du don de piété et tout ce que comporte sa pratique dans la vie journalière. Ensuite, le Supérieur, qui était le Père Joseph Fischer, reçut l’aspirant Jean Maurer dans la pieuse Société des Missions Africaines.
Après cela, le Frère Jean fut autorisé à prendre quelques semaines de vacances en Suisse. Il les passa dans sa famille et en profita pour se perfectionner dans son métier. Son père, qui avait un important atelier de fabrication de meubles, lui donna aussi quelques leçons techniques sur la profession, en particulier en ce qui concerne le mobilier d’église.
Le Frère avait été nommé pour la maison de Haguenau. Il y arriva le 19 juillet 1935. Il y avait alors à Haguenau une nombreuse communauté de Frères occupés à divers ateliers. L’atelier de menuiserie était l’un des plus actifs. Le Frère Jean eut de quoi exercer son savoir pratique, et tout d’abord pour des objets qu’il n’avait pas encore fabriqués, à savoir les ruches d’abeilles, les ruches Jung, dont la vente pouvait procurer quelque bénéfice et aider ainsi aux finances de la Province. Mais bientôt, en 1936, une nouvelle activité vint s’ajouter à la fabrication des ruches, parce que, pour meubler les chambres du grand séminaire qui était en construction à Saint-Pierre, il fallait des armoires, des tables, des bibliothèques, des bureaux. Ce fut là le travail du Frère Jean et de ses collaborateurs à Haguenau. Et ce fut sans doute une rude affaire pour les Frères menuisiers, mais ils accomplirent l’ouvrage avec grand soin, veillant à ne rien laisser d’inachevé.
Après deux ans de labeur à Haguenau, le Frère Jean fut affecté à Lomé. Il y eut une cérémonie de départ à Haguenau le dimanche 17 octobre 1937 pour 7 confrères dont le Frère Jean. Cérémonie très solennelle alors. La Chapelle ne pouvait recevoir que la moitié des assistants, et le Doyen Fischer, curé de la paroisse Saint-Georges, fit le sermon de circonstance. On chanta le chant pour le départ des Missionnaires des Missions Africaines : Partez, hérauts de la bonne nouvelle. Les confrères présents venaient baiser les pieds des partants et leur donner l’accolade. Et tous avec ferveur invoquaient Marie, l’Étoile de la mer : Stella maris, ora pro nobis !
Arrivé à Lomé en décembre 1937, le Frère Jean se rendit à l’École Professionnelle, à laquelle il était destiné. Cette École, fondée en 1905 par les Pères du Verbe Divin, était dédiée à Saint Joseph. C’était une œuvre importante de la Mission catholique. Elle formait de jeunes apprentis africains à divers métiers : imprimerie, reliure, menuiserie, forge, mécanique, ébénisterie. Le Frère Jean entra naturellement à l’atelier de menuiserie. Il eut donc des apprentis menuisiers, auxquels il devait apprendre l’art de fabriquer des meubles et à qui il tâchait d’inculquer l’amour du travail bien fait. Pour commencer il seconda le Frère directeur de l’atelier, et bientôt il devint lui-même le chef de l’atelier. On craignit un moment qu’il n’eut pas une santé suffisante pour durer, mais finalement tout alla bien. Vers la fin de 1941, arriva un nouveau Frère menuisier, le Frère Martin Bato ; malheureusement, il fut mobilisé dès le mois de mai 1943 et envoyé en garnison à Cotonou, où il resta jusqu’en 1945. Démobilisé en juillet 1945, il revint à l’atelier de Lomé. Ce retour fut bien utile, car, à cette époque, le Frère Jean était à bout de forces. Après huit ans de séjour ininterrompu au Togo, il devait prendre un temps de congé en Europe.
Il quitta Lomé le 19 septembre 1945 et, débarquant à Marseille le 13 octobre, il se rendit dans sa famille à Grellingen. Son congé devait durer un certain temps, son état de santé demandant un repos prolongé. D’autre part, pour repartir il lui fallait trouver une occasion favorable d’embarquer, ce qui n’était pas sans poser problème. Après la guerre, les autorisations d’embarquement avaient été très difficiles à obtenir, malgré les démarches faites à Paris. Les bateaux étaient rares. Le Frère Jean passa donc un premier hiver dans son pays. Il séjourna ensuite quelques mois à Saint-Pierre, à Vigneulles, à Haguenau, rendant partout les services que son métier de menuisier lui permettait de donner.
Il repartit de Marseille par bateau le 27 juin 1947 et il reprit ses fonctions de directeur de la menuiserie à l’École Professionnelle de Lomé. Il n’avait pas été inquiet durant son absence, sachant que le Frère Martin le remplaçait dans l’atelier. Ensemble ils continuèrent leur travail à la menuiserie pendant dix-huit ans encore, jusqu’au 17 octobre 1965, date du retour en Europe du Frère Jean.
Les deux Frères devaient se retrouver ensemble à Haguenau après le retour du Frère Martin en 1966. Leur présence dans notre École fut grandement appréciée. Leur régularité était exemplaire et ils rendaient beaucoup de services en menuiserie. On leur demanda en particulier d’améliorer les dortoirs du collège, en aménageant pour chaque élève un mobilier pratique et bien personnalisé. Comme à l’École Professionnelle de Lomé, ils travaillaient avec application et grande attention. Un meuble devait être achevé en tout point de vue.
Le Frère Jean et le Frère Martin quittèrent Haguenau pour entrer à la maison de retraite de Saint-Pierre en 1985. Après avoir tant travaillé, le temps du repos était venu pour eux. C’était un temps aussi de grand recueillement et de prière. Parlant du Frère Jean Maurer au moment des obsèques, le Père Lucien Derr, Provincial, disait : Il avait parcouru une longue route et maintenant les années étaient des années de préparation pour aller à la rencontre du Seigneur. Avec le Frère Martin, son fidèle compagnon, le Frère Jean passait tous les jours de longues heures à la Chapelle.
Le Frère Jean mourut à l’hôpital de Barr le 21 août 1989, âgé de plus de 80 ans. Par sa vie modeste, par son amour du travail parfait, travail accompli dans un esprit surnaturel, il est un modèle pour tous les confrères des Missions Africaines. En citant encore les paroles du Provincial, on ajoutera : Le Frère Jean nous rappelle combien il est important de faire chaque chose de la manière la plus belle, avec foi et amour. Par l’exemple de sa vie simple, il nous redit le message de la Vierge Marie et de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : Soyez fidèles dans les petites choses.
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