Société des Missions Africaines - Province de Lyon
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né le 3 mai 1923 à Saint-Nazaire dans le diocèse de Nantes, France membre de la SMA le 2 décembre 1944 prêtre le 17 février 1948 décédé le 8 août 1998 |
1948-1949 Rome, études décédé à Saint-Nazaire, France le 8 août 1998 |
Le père Noël DOUAU (1923 - 1998)
Né à Saint-Nazaire le 3 mai 1923 dans une famille bien modeste, mais profondément chrétienne, Noël Douau entre au petit séminaire de Pont-Rousseau dès l’âge de 12 ans, en 1935 ; il y fera toute sa scolarité. En 1942, il est admis au noviciat à Martigné-Ferchaud et, deux ans plus tard, dès son arrivée au grand séminaire de Lyon, il fait son premier serment.
Il est ordonné prêtre en 1948, le 17 février, jour de la fête de la fuite de la Sainte Famille en Egypte. Notre fondateur ayant placé la Société sous le patronage spécial de la Sainte Famille, Noël restera toujours très attaché à cette fête. Dans son effort inlassable pour recueillir tous les documents touchant de près ou de loin la vie de notre fondateur et l’histoire des premières années de la Société, n’a-t-il pas collectionné toutes les images, peintures, photographies, timbres, miniatures ou même tableaux représentant la fuite en Egypte ! Il en a fait un dossier où l’on ne compte pas moins de 254 modèles différents. Un tel chiffre suffit à dépeindre l’homme dont ses supérieurs disaient qu’il avait beaucoup de méthode et d’ordre pour un travail d’érudition et d’histoire.
Doué de bonnes qualités intellectuelles, sa première nomination l’envoie à Rome préparer un doctorat en théologie. Pour des raisons que l’on ignore, il n’y restera qu’une année, passera sa licence en théologie et, dès 1949, il est nommé au vicariat de Ouidah au Bénin, professeur au grand séminaire. Il va y passer quatre ans, sa santé ne lui permettant pas de durer davantage, mais il y garda de profondes attaches et y noua de solides amitiés. Il parlait volontiers de ses sorties du dimanche matin où, en compagnie du jeune abbé Bernardin Gantin, il partait célébrer la messe en brousse. Cette amitié, faite de respect et d’estime réciproques, ne faiblit nullement au cours des années, et les nombreuses lettres qu’ils échangèrent en est le meilleur témoignage.
Quand il rentre en France pour son premier congé en 1953, il ignore que c’est de façon définitive : des ennuis intestinaux l’empêcheront de repartir. Pendant deux années, il enseigne la théologie à Lyon, puis il est nommé à Chanly comme directeur spirituel. Il y restera neuf ans, dans des conditions matérielles parfois difficiles, et dans des situations de tension entre quelques membres de la communauté : les conséquences en seront néfastes pour son équilibre nerveux un peu fragile, et pour sa santé qu’il doit surveiller. Mais si l’ambiance de Chanly lui pèse parfois, il aime son travail auprès des novices et il passe déjà beaucoup de temps à rassembler des documents sur l’histoire de la Société et à écrire la biographie des confrères défunts. En 1963, peu de temps avant de quitter Chanly, il avait déjà écrit une courte biographie sur tous les confrères décédés depuis les débuts de la Société, toutes provinces confondues. Encore aujourd’hui, pour bien des confrères, c’est la seule source d’informations que nous ayons.
En 1964, il est nommé à Lyon pour s’occuper des archives de la Province, mais rapidement il va s’investir à Vénissieux et devenir l’aumônier des sœurs nda où il restera quatre ans. Pendant ces années, son travail méticuleux va faire de lui le spécialiste du père Planque. Ses recherches, ses articles, ses conférences, ses causeries, son livre "Fidèle et vrai" aideront grandement à faire mieux connaître celui sur qui reposait l’héritage du fondateur lors de son départ pour Freetown. Grande également sera plus tard sa contribution pour les livres écrits par sœur Claude-Marie Echallier sur le fondateur des sœurs nda.
En 1968, à l’issue de l’assemblée générale, le père Mondé qui vient d’être reconduit comme supérieur général décide de mettre sur pied un important secrétariat regroupant divers services avec des confrères de plusieurs Provinces. Noël Douau accepte volontiers de faire partie de ce secrétariat qui répond bien à ses capacités. Mais, bien vite, ce secrétariat va se dissoudre et chacun des membres qui le composaient va se retrouver autonome dans un poste précis, Noël se retrouvant en charge des archives à la place du père Eerden. Il trouve là une "maison" bien organisée. Il faut dire que tout le mérite en revient au père Adriaan Schoonen, membre de la Province de Hollande qui a organisé les archives de la maison généralice de telle façon qu’elles faisaient l’admiration de bien des personnes. Mais Noël Douau, qui va rester 19 ans à ce poste, mérite amplement le même éloge. Il faut avoir vu la façon dont étaient tenus les dossiers, l’ordre dans tous les classements, le nombre de fiches remplies (l’informatique n’existait pas encore), il faut avoir expérimenté la facilité pour retrouver un document, le nombre et la précision des listes tapées à la machine, il faut avoir entendu les éloges des visiteurs et les réflexions pleines d’envie d’archivistes d’autres congrégations, il faut tout simplement avoir eu le privilège de visiter les archives sous sa conduite, en écoutant son commentaire vivant et passionné, pour pouvoir dire qu’il était vraiment à sa place dans ce service et qu’il a rempli sa tâche avec une compétence évidente et une passion qui ne s’est jamais démentie.
Le travail de l’archiviste est un travail humble et discret. Combien de lettres n’a-t-il pas écrites, combien de démarches n’a-t-il pas faites pour amasser une foule de détails sur la vie de monseigneur de Brésillac ! Les archives de la Propagande n’avaient plus de secret pour lui. Les archivistes des autres congrégations ont souvent eu sa visite. Pour de nombreux étudiants qui venaient consulter les archives, il savait trouver les meilleures publications en fonction du sujet choisi et, souvent, ses conseils aidaient à mieux définir et à mieux préciser le sujet.
A la fin des années 70, il passera des heures, de concert avec sœur Elise, ancienne supérieure générale des sœurs nda, à déchiffrer et à dactylographier toutes les lettres du père Planque. Il faudra toute la patience, la ténacité et la volonté conjuguées du père Douau et de sœur Elise, pour mener à bien ce travail. Ces lettres représentent aujourd’hui 21 volumes reliés. Un immense travail ! Après l’assemblée de 1983, avec les pères Jean Bonfils et Maurice Grenot, il va préparer la publication de nombreux écrits du fondateur et écrire de nombreuses notes pour en favoriser la lecture : les documents de mission et de fondation, les Souvenirs de douze ans de mission, le journal d’un missionnaire, le journal de 1856-1859, la retraite aux missionnaires, la retraite aux séminaristes de Carumattampatty. Il a même financé personnellement plusieurs de ces publications. En effet, les champs dont ses parents étaient propriétaires ayant pris de la valeur à partir du jour où ils étaient devenus "terrains constructibles", Noël s'était retrouvé à la tête d'une petite fortune dont il a fait profiter la SMA en aidant à l’agrandissement de la maison de Montferrier.
A la suite d'un malentendu, il quitte Rome en 1987 et est nommé aumônier des sœurs à Menton. Il passera dans ce poste deux années, trop courtes à son sens, mais le calme des personnes et des lieux, le climat, le travail assez léger lui laisseront le temps de continuer de compiler des informations sur la vie du fondateur et des documents sur la Société. On pourra venir y puiser, car mon désir est de ramasser le plus possible de documents pour aider ceux qui viendront, un jour, se pencher sur notre passé.
Quand il se retrouve à Montferrier en 1989, il continue avec le même acharnement le travail qui fut toujours le sien. Sans savoir prendre le temps de se détendre, il restera toujours orienté vers une découverte plus profonde de notre fondateur pour le faire mieux connaître et aimer. Car il aimait le fondateur, il aimait le père Planque, il aimait la Société, il aimait l'Afrique. Déjà, lorsqu'il était élève à Pont-Rousseau, il connaissait par cœur les pays et les missions où travaillaient les pères, il connaissait les noms et les postes de tous les évêques des missions et il s'étonnait de ce que les autres élèves ne trouvent pas dans ces connaissances le même intérêt que lui. La documentation qu'il laisse sur monseigneur de Brésillac est immense ; près de 10 mètres de dossiers classés, répertoriés, analysés : des écrits, des lettres reçues, des réflexions, des articles, avec un fichier complet pour toutes les personnes et tous les lieux cités dans les dossiers. De plus, sur six gros cahiers, il a reconstitué la vie, au jour le jour, de monseigneur de Brésillac, avec, pour chaque jour, la liste des documents en notre possession et leur référence dans ses propres archives. Nul ne saura jamais le nombre d’heures passées à rassembler tous ces détails qui sont notre richesse aujourd’hui.
Il est mort à Saint-Nazaire, le 8 août 1998, pendant son congé. Sa cousine chez qui il logeait l’a découvert mort, au pied de son lit, alors qu’ils avaient ensemble passé l’après-midi chez des amis. Le pape a dit : ‘Il est un devoir à accomplir, celui d’évoquer le souvenir de ceux qui, en Afrique, ont prêché l’Évangile. Cette histoire est un drame de charité.’ Le père Douau aura consacré presque toute sa vie à nous faire connaître cette histoire. Son but n’était certainement pas de nous tourner vers le passé pour nous en satisfaire. Son but était plutôt de nous projeter vers l’avenir et de nous permettre de répondre aux défis d’aujourd’hui (Père André Moriceau, le jour des funérailles).
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