Société des Missions Africaines
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né le 8 mars 1922 à Fresco dans le diocèse de Gagnoa, Côte-d'Ivoire membre honoraire le 11 février 1992 prêtre le 9 janvier 1949 évêque nommé le 11 mars 1971 décédé le 9 août 2001 |
1971 ordonné évêque de Gagnoa le 30 mai décédé à Lourdes, France, le 9 août 2001, |
Monseigneur Noël KOKORA TÉKRY (1922 - 2001)
Noël Kokora-Tékry naît le 8 mars 1922 à Fresco, dans une famille très chrétienne : son père, Edouard, est le premier catéchiste de ce village. Après sa formation primaire, Noël entre au petit séminaire de Bingerville où il obtient le brevet, à l’époque le diplôme le plus élevé en Côte d’Ivoire. Il rejoint le grand séminaire de Koumi, en Haute-Volta. Il est ordonné prêtre le 9 janvier 1949 à Daloa, par monseigneur Kirmann, vicaire apostolique de Sassandra. Il est l’un des premiers prêtres de Côte d’Ivoire : avant lui, deux Ivoiriens seulement ont été ordonnés prêtres. C’est ce qui explique que son ministère sacerdotal va se dérouler au milieu d’une majorité de missionnaires sma. Il se sent à l’aise au côté de ses aînés. On le verra, plus tard, demander avec insistance à être admis comme membre honoraire de la SMA.
Aussitôt ordonné, il est affecté comme vicaire à Lakota. Mais il ne séjourne à Lakota que quelques mois, car on a besoin d’un directeur diplômé pour l’école primaire catholique de Soubré, et le nouveau prêtre, titulaire du brevet, a le titre nécessaire pour occuper ce poste. D’octobre 1949 à 1956, il est donc vicaire et directeur de l’école primaire catholique à Soubré, avec le père Claude Dauvergne pour curé.
Le 25 juin 1956, centenaire de la mort de monseigneur de Brésillac, le diocèse de Gagnoa est créé et Monseigneur Etrillard en est le premier évêque. En octobre de la même année, le petit séminaire Saint-Dominique Savio est ouvert à Gagnoa. Le père Roger Duquesne en est le supérieur. Monseigneur Etrillard a adjoint au père Duquesne un prêtre indigène, l’abbé Noël Tékry, naguère directeur d’école à Soubré, lit-on dans l’Echo des Missions Africaines (mars-avril 1957). Ce séminaire se développe rapidement : 21 élèves en octobre 1956, 150 en octobre 1960. Les six professeurs, dont l’abbé Noël, sont tous prêtres. En octobre 1961, son évêque l’envoie, pour un an, aux études au Canada, à l’Université Laval de Québec. Noël en revient, en 1962, muni d’une maîtrise en philosophie. Il reprend son poste d’enseignant au petit séminaire de Gagnoa. Mais, en octobre 1963, un moyen séminaire ouvre à Yopougon, commun à tous les diocèses du pays. Le diocèse de Gagnoa fournit un professeur, en la personne de l’abbé Noël, qui y enseigne pendant l’année 1963-1964.
En 1964, l’abbé Noël est nommé curé de Grand-Lahou. Grâce au « coutumier » qu’il tient fort régulièrement, à la suite de ses prédécesseurs, on peut reconstituer les grands et petits événements de la paroisse : les visites qu’il reçoit, les récollections auxquelles il participe, les accès de paludisme des uns et des autres, la visite de monseigneur Etrillard et la procession au son de la fanfare…
En septembre 1966, il devient supérieur du petit séminaire de Gagnoa, s’adonnant sans réserve à la formation de ces jeunes qui deviendront soit prêtres, soit cadres du pays, comme le président Laurent Gbagbo.
Le 11 mars 1971, Paul VI le nomme évêque du diocèse de Gagnoa : il est le quatrième évêque ivoirien et succède à monseigneur Etrillard. Il est ordonné évêque le 30 mai 1971. Son diocèse est déjà bien équipé : 48 prêtres y travaillent (6 Ivoiriens et 42 Européens), 17 frères (canadiens et français, surtout enseignants), 45 sœurs (4 Ivoiriennes et 41 Européennes), ainsi que 326 catéchistes (Echo des Missions Africaines, juillet-août 1971).
Mgr Tekry construit un nouvel évêché, un centre de retraite Emmaüs et entreprend plusieurs activités dans le but d’assurer l’autonomie financière du diocèse, avec des résultats bien au dessous de ses attentes…
Pendant trente ans, il va diriger son diocèse en recherchant l’harmonie du presbyterium formé, en grande partie, de clergé expatrié et en favorisant la présence d’instituts religieux, masculins et féminins. Il reçoit les prêtres et les laïcs qui viennent le consulter, visite les paroisses, administre la confirmation dans les villages et s’adonne, tout particulièrement, à la formation des cadres chrétiens.
En 1981, vu le développement des collèges catholiques Saint-Jean (pour les garçons) et Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus (pour les filles), il ouvre à Gagnoa le collège catholique second cycle Roger Duquesne, dans les locaux de ce qui était, jusqu’alors, le petit séminaire. Son prédécesseur a mis l’accent sur la formation des catéchistes : un centre de formation de catéchistes a été construit près de la ville de Gagnoa, où les catéchistes suivent des sessions d’une ou plusieurs semaines. Monseigneur Tékry ne manque pas de leur rendre visite. Un frère rassemble les handicapés physiques et organise pour eux un camp pendant les vacances : l’évêque va les rencontrer. Ce même frère a lancé un cours biblique par correspondance et organise à Pâques un camp pour que ces biblistes puissent approfondir leurs connaissances : monseigneur Tékry est fidèle à venir les encourager. A Guibéroua, le père Allibe a lancé un centre de formation rurale et artisanale ; à Lakota, les Soeurs d’Evron ont ouvert un centre technique rural pour la formation des jeunes filles : monseigneur Tékry aime participer aux cérémonies d’ouverture et de clôture des années de travail, pour faire sentir aux jeunes et aux enseignants sa sollicitude.
Depuis toujours, il se réclame fils des Missions Africaines ; il souhaite que le premier SMA ivoirien vienne de son diocèse et demande à être reçu comme membre honoraire. Le père Fénéon et son conseil le lui accordent le 11 février 1992, en la fête de Notre-Dame de Lourdes.
En 1989, devant l’augmentation du nombre des prêtres ivoiriens et celui des paroisses, monseigneur Tékry obtient que le sud-ouest de son diocèse soit séparé, afin de donner naissance au diocèse de San Pedro qui est érigé le 23 octobre. Plus tard, une nouvelle organisation administrative va permettre de créer quatre provinces ecclésiastiques dont l’une a pour centre Gagnoa, et monseigneur Tékry devient le premier archevêque de Gagnoa, le 19 décembre 1994. Il décide alors de créer le grand séminaire régional Notre-Dame de Gagnoa aux portes de la ville.
Ayant atteint ses 75 ans, monseigneur Tékry présente au Pape sa démission, comme doivent le faire tous les évêques. Un successeur lui est donné le 15 mai 2001, en la personne de monseigneur Jean-Pierre Kutwan. Monseigneur Tékry ne cache pas son projet de se retirer dans son village natal de Fresco, où il a construit sa maison.
Il entreprend une tournée d’au revoir et d’adieu à ses amis d’Europe. Plusieurs années de suite, il a accompagné à Lourdes un groupe de Français rapatriés d’Algérie. C’est au cours d’un tel pèlerinage qu’il meurt le 9 août 2001, à l’hôpital de Lourdes où il a été admis dans la nuit à la suite d’un malaise cardiaque. Ses funérailles solennelles sont célébrées le 23 août à Abidjan, et le vendredi 24 à Gagnoa. Monseigneur Tékry repose dans la Cathédrale Sainte-Anne.
Il laisse le souvenir d’un homme jovial, au contact facile. On appréciait son goût pour les fêtes et les cérémonies solennelles où on pouvait apprécier sa belle voix. Lorsque monseigneur Tékry célèbre une messe, vous avez envie qu’elle dure toute la journée, à cause de sa voix, dira, à l’occasion de sa mort, un de ses anciens élèves de Gagnoa. Il aimait aussi, dès que ses activités pastorales le lui permettaient, retourner dans son milieu d’origine à Fresco, pratiquer la pêche en pirogue sur la lagune. On peut simplement regretter qu’il n’ait pas assez soutenu les efforts des missionnaires dans le domaine de l’inculturation (connaissance de la langue et des coutumes), et qu’il n’ait pas assez pris en considération l’avis de ses collaborateurs, dans les domaines administratif et financier. Mais, sous son impulsion, le diocèse de Gagnoa s’est beaucoup développé.
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