Société des Missions Africaines – Province de Strasbourg
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né le 29 décembre 1938 à Hessenheim (France) dans le diocèse de Strasbourg membre de la SMA le 19 mars 1956 décédé le 9 août 2006 |
1956-1958 apprenti menuisier à Matzenheim décédé à Colmar (France), le 9 août 2006 |
Le Frère Jean-Paul BAUMANN (1938 - 2006)
La liturgie d'adieu au Frère Jean-Paul a été célébrée en la chapelle des Missions Africaines à Saint-Pierre. Elle était présidée par Mgr Ignace Bessi Dogbo, évêque de Katiola, diocèse dans lequel Jean-Paul a travaillé pendant une vingtaine d'années. Un bon nombre de confrères avaient tenu à y participer. La famille du défunt était largement représentée ; son frère Florent, frère spiritain jardinier à Chevilly- Larue qui n'était pas revenu en Alsace depuis 18 ans était là. Madame Bonnet, originaire de la région de Katiola, a donné un témoignage vibrant sur la présence et l'activité de Jean-Paul en Côte d'Ivoire.
Né en 1938 à Hessenheim, Jean-Paul rejoint le petit séminaire de Saint-Pierre en 1951. Il va ensuite à Haguenau et, en 1954, il entre au noviciat des frères à Vigneulles. Il prononce son premier serment le 19 mars 1956, résolu, dit-il, d' "aller partout où il plaira aux supérieurs de m'envoyer pour apprendre un métier et de la sorte me perfectionner et me rendre utile à la Société". Cela l'amène à s'initier au métier de menuisier, chez les frères de Matzenheim.
Pour plus de la moitié, il a accompli son service de la mission en Afrique, d'abord en Côte d'Ivoire, où il part pour la première fois en 1962, puis au Togo pour une dizaine d'années. La deuxième moitié se passe en Alsace, principalement à Saint-Pierre, où il est retenu parfois pour des travaux en menuiserie, ou pour les foires avec le Père Henri Schneider, et finalement pour un séjour plus long.
Jean-Paul était un frère constructeur, il savait s'asseoir, réfléchir, préparer ses plans avant de se mettre à l'ouvrage. Sa vie de missionnaire en Côte d'Ivoire, pendant vingt ans, a été celle d'un bâtisseur, d'un menuisier. Pendant plusieurs années, il s'occupa de la menuiserie de la mission de Katiola et la dirigea avec compétence. Avec son équipe d'ouvriers, il conduisait les travaux que l'évêque lui demandait de faire : confection de mobilier, réfection de bâtiments, toiture de chapelles, d'écoles. Il était très proche de ses ouvriers et les visitait souvent. Plus tard, il a participé à des chantiers plus importants, en équipe avec Frère Léon, maître maçon et entrepreneur. Leurs grands chantiers ont été principalement le presbytère de la cathédrale de Korhogo, la grande et belle église de Sinématiali et celle de Ouangolodougou en nord Côte d'Ivoire. Jean-Paul, par sa nature et son comportement, savait engendrer le calme dans les chantiers.
Il revient de Côte d'Ivoire en 1981. Après quelques années, il est question pour lui d'y repartir rejoindre le P. Claude Schneider à Ouangolodougou. En vue de pouvoir s'adonner quelque peu à la catéchèse en même temps qu'aux travaux de menuiserie, il effectue plusieurs mois de formation à l'institut "Lumen Vitae" de Bruxelles. Il a aimé ce séjour et dans une des rares pages qu'il a écrites (il écrivait encore moins qu'il ne parlait), il en fait un petit compte-rendu : il avait apprécié l'internationalité du groupe, les sessions sur l'histoire contemporaine, les pays en voie de développement, les cours sur la catéchèse des adultes, les communautés de bases, l'inculturation. Pour lui, un bon nombre de ces matières n'étaient qu'un rafraîchissement ou un renouvellement, car il avait toujours su se cultiver, s'adonnant énormément à la lecture, notamment dans les domaines des sciences naturelles et de l'histoire. Il n'a pourtant pu rester longtemps à Ouangolodougou car le P. Claude Schneider a dû revenir en France pour raisons de santé.
Le séjour de Jean-Paul au Togo fut un peu plus difficile et plus mouvementé, il eut plus de difficultés à trouver sa place. Il se livrait moins aux travaux de menuiserie, fatiguant et ralentissant davantage à cause de soucis de santé. Mais il gardait toujours le même calme, essayant de "ne pas contrister le Saint Esprit de Dieu, de faire disparaître de sa vie tout ce qui est amertume, emportement, colère, éclats de voix ou insultes". La patience et le calme, il savait aussi les cultiver en soignant sa collection de timbres ou en jouant à la belote, distraction qu'il appréciait beaucoup. Il n'arrivait même pas à se fâcher quand la malchance lui faisait perdre toutes les parties, et il restait toujours aussi calme lorsqu'il gagnait. Sa vie, il l'a conduite dans la discrétion, "sans aucune espèce de méchanceté" redit encore la première lecture choisie pour ses funérailles. Le mal qui l'a emporté, personne ne peut dire combien de temps et comment il l'a enduré. "Il en a été délivré en vue du jour du Seigneur".
Jean-Paul venait de célébrer son jubilé de 50 ans d'appartenance à la Société des Missions Africaines. C'était le 6 juillet dernier, en la chapelle de St-Pierre. Peu de temps auparavant, il avait été admis à l'hôpital, où il est retourné le soir même de la célébration pour ne plus revenir. La maladie l'a très vite emporté. "Cinquante ans au service de l'Afrique, ce n'est pas petit", disait ce jour-là un de nos confrères africains.
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