Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
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né le 30 mars 1909 à Salmbach dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 29 juillet 1928 prêtre le 8 janvier 1933 décédé le 14 août 1986 |
1933-1975 missionnaire au Togo décédé à Colmar, France, le 14 août 1986, |
Le père Jacques KNAEBEL (1909 - 1986)
Jacques Knaebel est né le 30 mars 1909 à Salmbach, dans l’Alsace du Nord. À l’âge de six ans, il commença ses études primaires à l’école communale. Un jour, en 1921, le Père Joseph Vogel, du village voisin de Scheibenhard, étant passé dans les classes pour parler des missions aux enfants, le jeune Jacques se présenta comme candidat missionnaire. Dès lors, il se met à prendre des leçons de latin auprès du curé de la paroisse et, au mois d’octobre 1921, désirant devenir missionnaire, il gagne l’école apostolique de Bischwiller. Au terme de ses études secondaires, il entre en 1926 au noviciat et séminaire de philosophie de Chanly, fait le serment le 29 juillet 1928 et, de 1928 à 1933, avec une interruption d’une année de service militaire à Nancy, il accomplit le cycle des études théologiques au séminaire des Missions Africaines à Lyon. Il y est ordonné prêtre le 8 janvier 1933.
Au sortir du séminaire, il est envoyé à la Mission du Togo, s’embarque à Marseille le 3 octobre 1933 et arrive à Lomé, où il reçoit pour première affectation la mission d’Atakpamé. Le Père Joseph Legrand en était en ce temps le supérieur, aidé par le Père Bardol. Celui-ci rentre en congé en France en 1934 et, en février 1936, le Père Legrand rentre également en France. Le Père Jacques devient supérieur de la mission d’Atakpamé. Il a alors pour collaborateur le Père Robert Simon, puis, à partir de novembre 1936, le Père Jean Noël et, un peu plus tard, le Père Wœlffel.
Le jeune supérieur, qui avait deux ans et demi de séjour seulement, accepta courageusement sa charge. La tâche n’était pas facile. Sans doute, la ville d’Atakpamé avait reçu déjà en 1886 ses premiers missionnaires, les Pères Moran et Bauquis. En 1900, la mission avait été rouverte par les Pères allemands du Verbe divin. Ceux-ci durent partir par suite des circonstances issues de la Première Guerre mondiale. La mission, quelque temps abandonnée, avait été ouverte de nouveau, au début de 1922, par le Père Hebting et le Père Kennis, et, le 15 avril 1928, la mission d’Atakpamé avait célébré par des fêtes grandioses le 25e anniversaire de la bénédiction de son église. Malgré tout cela, lorsque le Père Jacques Knaebel arriva, l’évangélisation était encore assez peu avancée.
Le territoire était immense : 200 km de long sur 50 km de large. Les missionnaires étaient très peu nombreux. À cause des distances et du manque de personnel missionnaire, bien des stations n’avaient pu être visitées qu’une fois tous les 4 à 5 mois. Les déplacements d’ailleurs étaient difficiles. C’est bien souvent à pied et le plus fréquemment à bicyclette, que le Père devait suivre les sentiers et les pistes de la brousse. En outre, les ressources matérielles étaient maigres, et cela aussi retardait l’évangélisation. C’est ainsi que le Père avait ouvert une station à Tado, dont il voulait faire un avant-poste, mais il dut la fermer ensuite, parce qu’il n’avait plus d’argent pour payer le salaire d’un catéchiste. Pour la même raison, il dut encore fermer d’autres stations. On venait le voir pour le supplier qu’il donne un catéchiste à un village, mais il était obligé de refuser, parce qu’il n’avait pas le moyen de rémunérer un catéchiste et que les gens du pays ne le pouvaient pas non plus, la région étant très pauvre. Cela me fait chaque fois mal au cœur, écrit le Père, de voir ces gens de bonne volonté, qui viennent de loin demander la lumière de la foi et qui repartent tristes de n’avoir pu obtenir ce catéchiste qui la leur porterait. Il a de même des difficultés pour ouvrir des écoles et payer les maîtres.
En 1939, étant rentré en congé, il est surpris par la guerre. Il est mobilisé à Épinal, puis au mois de décembre autorisé à retourner au Togo, en vertu des dispositions d’une circulaire ministérielle. Il passe les fêtes de Noël chez ses parents, évacués aux Grands Chézeaux, en Haute-Vienne. Il les quitte après les fêtes, sans se douter qu’il ne les reverra plus sur la terre : l’un et l’autre moururent avant son congé suivant, la mère en 1943, le père au début de 1947. Pour le moment, heureux et content, il repart en Afrique et s’embarque à Marseille le 28 décembre. Arrivé à Lomé, il est de nouveau mobilisé, d’abord à Ouidah, puis à Cotonou, jusqu’au 2 août 1940. Libéré à cette date, Mgr Cessou l’envoie à Atakpamé, où se trouve le Père Szmania. Celui-ci étant devenu, au début de 1944, aumônier du Camp de réfugiés polonais à Lusaka, en Rhodésie du Nord, le Père Jacques est alors seul missionnaire pour les districts d’Atakpamé et d’Agadji. En 1945, le Père Wœlffel vient l’aider, remplacé en février 1946, par le Père Georges Erhard.
En 1947, le Père Jacques rentre en congé en France. Mgr Strebler lui demande de fonder une nouvelle mission. Il s’agit de créer, par division du district d’Atakpamé, un nouveau district dont la station principale sera Anié. Dès le mois de juin 1948, retourné au Togo, le Père se met à visiter le nouveau district, qu’il connaissait d’ailleurs depuis 1934 et, le 1er octobre 1948, il s’installe définitivement à Anié. D’abord il habite au campement, puis, peu à peu, tout en prenant le temps de visiter les nombreuses stations secondaires, il organise la résidence missionnaire d’Anié et se met à construire une maison d’habitation. D’autres réalisations suivront. Faisant le point en 1951, il constate qu’il y a 2 290 chrétiens. Il a fait 298 baptêmes d’adultes et 50 mariages. Dans la station principale, il est obligé de biner le dimanche : la chapelle, pourtant agrandie et qui mesure 25 m de long sur 7 de large, est trop petite pour accueillir en une seule fois les assistants à la messe. Il faudra construire une église et aussi des écoles. Il y a dans le district 20 stations secondaires et on pourrait en ouvrir d’autres, mais les catéchistes manquent. De nouvelles et grandes chapelles ont été construites par les gens eux-mêmes. À Blitta, une belle chapelle a été construite, de 15 m sur 7.
La situation était donc encourageante en 1951. Huit ans plus tard, en 1959, on pouvait apprécier combien le travail missionnaire avait été fructueux. Mgr Strebler note que, à cette date, le Père a systématiquement occupé tous les villages les plus importants de tout le secteur de l’Est-Mono et ceux de la route intercoloniale et de la ligne de chemin de fer et qu’il y a alors 45 stations secondaires et plus de 6 000 baptisés. Aussi a-t-il décidé de diviser en deux districts le district d’Anié. Pour cela, le 1er janvier 1960, est établi le nouveau district de Pagala-Gare, détaché de celui d’Anié et confié au Père Georges Knaebel, frère du Père Jacques. Le Père Georges se mit à l’œuvre et pénétra le premier dans une immense région encore à peu près inexplorée par les missionnaires jusqu’alors. Son frère continua à donner tous ses soins à la mission d’Anié.
Malheureusement, dès 1970, sa santé faiblissait. Il dut rentrer en France. Après une année de repos, il put toutefois retourner en missions, mais, en 1975, il quitta définitivement le Togo et regagna le pays natal. Le travail missionnaire, depuis 1933, avait miné ses forces.
Ce travail, il l’avait assumé avec courage et énergie, avec décision et réalisme, sans jamais se décourager. Il fut avant tout un homme de devoir. D’un extérieur un peu sévère, sa profonde sensibilité affleurait cependant parfois dans la douceur d’un sourire, d’un regard, d’une parole. Notons aussi un trait qui révèle toute la bonté de son âme et dont le Père Jean Perrin, dans l’homélie du jour des obsèques à Saint-Pierre, a porté témoignage en affirmant ceci : Je ne l’ai jamais entendu critiquer personne, ni les Africains, ni les Confrères, ni son Évêque, dont il était le conseiller toujours écouté. Jamais aucune plainte non plus. Avec tout cela, homme d’esprit surnaturel et de prière, le Père Jacques Knaebel a été en Afrique un véritable apôtre.
Rentré en Alsace, le Père se mit comme aumônier au service de la maison de Béthanie des Sœurs de Niederbronn, à Guebwiller. Particularité intéressante : c’est, en général, à la maison de Béthanie qu’avaient lieu, deux fois par an, les réunions s.m.a. du secteur Haut-Rhin et le Père était heureux d’accueillir ses confrères dans cette maison hospitalière.
Le Père Jacques Knaebel resta plus de dix ans à Guebwiller. Mais au printemps de 1986, il fallut aussi quitter Béthanie. Des troubles cardiaques et urologiques avaient nécessité des hospitalisations. Le Père se retira à la maison de retraite de Saint-Pierre. Dès le mois d’août, il fut hospitalisé une nouvelle fois et reçut au Diaconat de Colmar les soins médicaux. Mais ces soins ne pouvaient plus le guérir. Le 14 août, aux premières vêpres de l’Assomption de Marie, il s’endormit dans le Seigneur.
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