Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
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né le 8 octobre 1910 à Krautergersheim dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 27 juillet 1930 prêtre le 7 juillet 1935 décédé le 23 septembre 1990 |
1935-1940 missionnaire en Côte d’Ivoire, Korhogo décédé à Obernai, France, le 23 septembre 1990, |
Le père Nicolas WEBER (1910 - 1990)
Nicolas Weber est né à Krautergersheim, au diocèse de Strasbourg, le 8 octobre 1910. Dès l’âge de 11 ans, le 28 septembre 1921, il vient à l’école apostolique de Saint-Pierre. Il y commence les études secondaires, qu’il poursuit à Bischwiller et qu’il achève, en 1927-1928, à l’école apostolique de Haguenau.
À l’automne de 1928, il entre au séminaire de Chanly pour le noviciat, qui prend fin le 27 juillet 1930 par le serment s.m.a. De 1930 à 1935, il est à Lyon pour le temps de grand séminaire, sauf une année en 1931-1932, pendant laquelle il accomplit son service militaire au 26e R.I. à Nancy. Il est ordonné prêtre à Lyon par Mgr Cessou, le 7 juillet 1935.
Nommé pour la Préfecture Apostolique de Korhogo, il prend part à la cérémonie du départ des missionnaires, le 29 septembre 1935 à Haguenau et il s’embarque ensuite à Marseille. Arrivé en Côte d’Ivoire, il est affecté à la mission de Katiola. Quelques semaines plus tard, il donne ses premières impressions : il est content, le voyage a été bon, il aime bien la vie de la mission, le Père Haeussler l’a déjà emmené en brousse, il supporte bien le climat de l’Afrique. Bref, écrit-il, Je me plais très bien à Katiola. Et effectivement, au dire des confrères, il témoigne de beaucoup de gaieté et d’entrain. C’était un heureux commencement. Au bout de deux ans, il sera choisi pour une nouvelle fondation missionnaire.
Mgr Diss, le Préfet Apostolique, résidait depuis 1934 à Katiola, la mission la plus belle assurément de la Préfecture, la plus florissante. La localité est située sur la grande artère qui traverse du sud au nord la Côte d’Ivoire. Or pour une distance de 195 km, de Katiola à Ferkéssédougou, sur cette route le long de laquelle se répartissaient de nombreux villages, il ne se trouvait aucune station missionnaire intermédiaire. Mgr Diss décida la fondation d’une mission. Les confrères, dit-il, choisirent, parmi tous les sites possibles, le village de Niakaramandougou. Deux jeunes Pères furent désignés pour entreprendre cette fondation, le Père Nicolas Weber et le Père Albert Rœsch.
Niakaramandougou est à 70 km de Katiola. C’était une station secondaire de la mission de Katiola. En 1937, on y comptait 34 catholiques et 36 catéchumènes. Une petite chapelle y avait été construite deux ou trois ans auparavant. Le Père Weber monta à Niakaramandougou un soir au coucher du soleil. Quelques chrétiens étaient là pour le recevoir. C’était le 1er juillet 1937, date émouvante qui marquait le commencement d’une nouvelle chrétienté, avec la présence permanente des missionnaires de la Bonne Nouvelle. Le Père Rœsch rejoignit son confrère le 20 octobre suivant.
Les débuts furent placés sous le signe d’une grande pauvreté. Les Pères étaient logés pauvrement et petitement dans deux cases. On préparait les repas devant la case, sur trois pierres. Pas de table ni de chaises. Le Père Weber, à vrai dire, se souciait peu du mobilier, mais il avait voulu tout de même un peu de beauté pour la liturgie et le service du Seigneur. C’est pourquoi il avait demandé au Provincial quelques objets de culte, un petit calice et un petit ciboire, des chandeliers et, ajoutait-il, si vous aviez un missel pas trop vieux..., j’en ai trouvé un, mais qui date de 1889.
Les deux fondateurs ne perdirent ni courage, ni confiance. On se mit à des travaux pour une habitation plus solide. Des chrétiens préparaient poutres et planches, d’autres amenaient du sable. Et, en 1938, une nouvelle habitation s’élevait sur le terrain de la mission. C’était encore une simple case, construite en matériaux du pays, terre et paille, mais de forme triangulaire et un peu plus grande que celles du village.
Les jeunes missionnaires organisèrent immédiatement leur mission au point de vue spirituel et ils se donnaient à leur tâche avec ardeur. Pour commencer ils visitèrent surtout les villages pour instaurer efficacement le catéchisme et réunir quelques chrétiens. Le Père Weber avouait que tout n’est pas rose quand on commence une station. Mais il ajoutait : Je me plais toujours ici, malgré la pauvreté. Et sa santé restait bonne, comme celle du Père Rœsch aussi. Et le moral également restait bon. Autant que le permettaient les faibles moyens de l’époque, on tâchait de divers côtés d’aider la nouvelle mission. Ainsi le Père Fix et le Père Vonwil, momentanément en congé en Europe, circulaient dans les paroisses avec un film missionnaire, afin d’intéresser les gens aux missions et de recueillir quelque argent pour Niakaramandougou. La mission elle-même donnait de bonnes espérances. Si l’on se réfère aux statistiques de 1940, il y avait, outre la station principale, 10 stations secondaires, avec 106 catholiques et 137 catéchumènes.
Mais la guerre était intervenue en Europe. Le Père Weber fut mobilisé en Côte d’Ivoire en janvier 1940 et, en avril il vint en France avec les troupes. Il tomba malade et fut hospitalisé pendant 15 jours à Marseille. À la suite de quoi, il reçut un mois de congé, avec la consigne de se présenter, le 1er juin, au dépôt colonial de Toul et de reprendre son service à l’armée.
La défaite française en juin 1940 et les événements qui suivirent, en disposèrent autrement. L’Alsace fut annexée de fait par les Allemands, et il devint très périlleux de quitter le pays. Il fallait donc envisager un nouveau mode de vie. Le Père Weber resta quelque temps d’abord à Krautergersheim. Puis, l’attente se prolongeant de façon imprévisible, il songea à se mettre à la disposition de l’évêché de Metz. Le département de la Moselle, qui formait le territoire du diocèse de Metz, avait été également annexé, plusieurs prêtres des paroisses avaient été expulsés, en même temps d’ailleurs que beaucoup de leurs paroissiens. L’Ordinariat de Metz accueillait donc volontiers l’aide extérieure. C’est ainsi que le Père Weber fut vicaire à Dieuze d’août à novembre 1941 et curé de Vergaville de novembre 1941 à juin 1945. Il revint ensuite dans sa famille, attendant avec impatience la possibilité de retourner en Côte d’Ivoire.
Durant cette longue absence du Père Weber, la mission de Niakaramandougou allait continuer de vivre malgré les joies et les épreuves. Au début de 1940 donc, première épreuve, les deux Pères Weber et Rœsch sont mobilisés et doivent quitter la Côte d’Ivoire pour se rendre en France. Quelque temps plus tard, mourut le catéchiste de la mission, Albert Ndri. Ce catéchiste était un saint. Le Père Weber en parlant de lui, Quel esprit de foi, disait-il, quelle obéissance, quel zèle ! Quand, mobilisé, j’ai dû quitter la mission naissante, il s’est accroché désespérément au camion qui m’emportait. En septembre 1940, le Père Mockers fut détaché de Boniérédougou pour prendre en charge Niakaramandougou. Deux mois plus tard, un matin, il constata que la porte d’entrée de la chapelle avait été forcée et le tabernacle fracturé. On construisit une nouvelle chapelle, plus vaste, au début de 1941, et le Père ouvrit une petite école dans l’ancienne chapelle devenue libre. Mais en juin, la maladie le contraignit à rentrer en France.
Pour le remplacer, fut nommé, en mars 1942, le Père Jean-Paul Vogel, qui était arrivé en Côte d’Ivoire au début de 1940. Il était jeune et plein de zèle. Mais le 10 août 1942, il tomba malade d’une bilieuse hématurique et il mourut deux jours plus tard. La mission était de nouveau orpheline. En février 1943, le Père Alphonse Guérin vint prendre la relève. Il resta deux ans, après lesquels il reçut une nouvelle affectation. Et quittant, il témoigna sa joie que, en dépit des difficultés nombreuses, la mission n’avait cessé de prospérer. Depuis 1940, écrivait-il au mois d’août 1945, le nombre des chrétiens a doublé, 250 baptêmes ont été faits, 350 catéchumènes sont régulièrement inscrits. Le nombre des ménages chrétiens est passé de 5 à 30. C’est l’avenir. L’année 1944 a vu construire une belle école qui compte aujourd’hui 60 élèves. Dans la brousse, trois petites écoles viennent aussi de s’ouvrir groupant une quarantaine d’élèves. Évidemment, il reste encore beaucoup à faire. Ainsi, sur trente villages que compte le territoire de la mission et qui s’échelonnent sur une longueur de 70 km, 15 n’ont encore jamais vu le Père. Il était donc urgent que vienne un successeur au Père Guérin, afin que ne soit pas délaissée la mission, sans missionnaire encore une fois.
La guerre finie, le Père Rœsch put regagner la Côte d’Ivoire, en janvier 1946. Il partagea ses services tour à tour entre la mission de Katiola et celle de Niakaramandougou, voyageant de l’une à l’autre. Le Père Weber se trouvait encore retenu en Alsace, rencontrant des difficultés à se faire accorder un ordre de départ vers l’Afrique. Les démarches à faire étaient assez compliquées et longues. Enfin il put repartir le 3 avril 1946. Il retourna à Niakaramandougou, où pendant des années, il allait continuer l’évangélisation à travers joies et peines et dans des alternances de bonne santé et d’extrême fatigue.
À partir de 1948 et jusqu’en 1961, il fut secondé par le Père Philippe Nuss. Le travail des deux Pères, effectué dans une entente excellente, fut grandement profitable au développement de la chrétienté de Niakaramandougou. Le Père Kuenemann, le jour des obsèques du Père Weber, le notait avec juste raison : On peut dire que ces deux apôtres ont fait lever une belle moisson de communautés vivantes dans ce secteur.
Quelques faits mémorables vinrent marquer leur vie quotidienne, avec des conséquences variées, heureuses ou désolantes. Ainsi, à Noël 1949, peu de temps avant la messe de minuit, leur maison d’habitation devint la proie des flammes. L’incendie ne dura que 10 minutes. Après quoi, les Pères décidèrent de fêter quand même la solennité de Noël et de célébrer la messe de minuit, comme si rien ne s’était passé. Cette tranquille détermination impressionna beaucoup la population. On avait pu, grâce au courage des gens du village, sauver une bonne partie des quelques meubles. Mais ce qui restait de la maison était devenu inhabitable. Les Pères occupèrent deux petites cases rondes, en attendant d’avoir de nouveau un logement plus spacieux. La reconstruction se trouva retardée, à cause du manque de ciment. Enfin, en avril 1951, le Père Fix vint commencer les travaux. Il était grand temps, écrivait-il, de faire cette maison, pour remplacer les cases rondes devenues minables, toutes rongées par les termites. Le nouveau bâtiment fut inauguré en décembre 1951.
L’année suivante, en décembre 1952, une nouvelle épreuve, la maladie survint. Le Père Weber fut hospitalisé à Dakar. On craignait pour les poumons. Ce fut une triste période pour le missionnaire. J’espère, écrivait-il, que la mission de Niakaramandougou en profitera en grâces. J’offre ces misères au Bon Dieu dans cette intention. Tout se passa bien finalement et le Père put regagner sa chère mission.
Divers événements se produisirent quelques années plus tard, qui furent l’occasion de grandes joies, bien que le Père Weber ait dû les préparer au prix d’intenses fatigues et avec des périodes de fortes fièvres. Dans les tout derniers jours de l’année 1955, des religieuses, Petites Servantes du Sacré-Cœur, vinrent résider à Niakaramandougou. Une maison spacieuse avait été construite pour elles. Une belle fête locale fut organisée pour l’arrivée des Sœurs, qui furent enchantées de l’accueil enthousiaste de la population.
Quelques mois plus tard, ce fut l’inauguration d’une église à Niakaramandougou. Depuis longtemps, il était question de construire une église et, dès 1952, on avait envisagé sérieusement de faire avancer le chantier, car la chapelle de la station menaçait de s’écrouler. L’œuvre était réalisée en 1956. Le 19 mars, Mgr l’Archevêque d’Abidjan vint bénir solennellement le nouveau sanctuaire, qui fut placé sous le patronage de Saint Joseph. C’était une vaste église, de 38 m de long sur 14 m de large. Et quelques mois plus tard, il y eut encore une joyeuse fête pour la bénédiction des choses de l’église. Elles sont belles, disait le Père Weber, et s’harmonisent bien.
La mission de Niakaramandougou était donc bien équipée. Le nombre de chrétiens augmentait aussi. En 1957, 15 stations secondaires dépendaient de la station principale, avec chacune sa chapelle. On comptait 905 catholiques et 753 catéchumènes. Un point cependant tourmentait le Père Weber : il ne pouvait suffire à la tâche. Il l’avouait un jour en 1957, alors que son infatigable confrère, le Père Nuss, était en congé en Europe : Je suis donc seul, disait-il, il y a un peu trop de travail pour un seul Père dans cette mission.
Il poursuivit son action missionnaire jusqu’en 1965. Il y avait alors 16 stations secondaires et la chrétienté comprenait 2 630 catholiques et 1 590 catéchumènes.
Le Père rentra en France le 25 juin 1965. Très affaibli, il ne voulut cependant pas cesser toute activité pastorale. Dès le mois de novembre 1965, il devint curé de Tieffenbach, avec les annexes de Frohmuhl et de Weisslingen, dans le diocèse de Strasbourg. Il conserva cette charge jusqu’en 1984. Puis, dans sa 74e année, le 6 février 1984, il entra à la maison de retraite de Saint-Pierre. Il mourut six ans plus tard, à l’hôpital d’Obernai, le 23 septembre 1990. Ses funérailles furent célébrées le 27 septembre dans l’église de son baptême, à Krautergersheim. L’Eucharistie fut présidée par le Père Lucien Derr, Provincial. Le Père Henri Kuenemann, successeur du Père Weber à Niakaramandougou, prononça l’homélie.
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