Société des Missions Africaines - Province de Lyon
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né le 15 juillet 1918 à Paulinet dans le diocèse d'Albi, France membre de la SMA le 5 janvier 1943 prêtre le 24 juin 1943 décédé le 29 septembre 1997 |
1943-1945 Martigné-Ferchaud, professeur décédé à Montferrier-sur-Lez, France, le 29 septembre 1997 |
Le père Louis PANIS (1918 - 1997)
Louis Panis naquit le 15 juillet 1918, à Paulinet, petit village du département du Tarn, dans le canton d'Alban, et dans le diocèse d'Albi. Toute sa vie, il gardera l'accent du terroir et, selon sa propre expression, parlait le languedocien mieux que le français. Ses parents, agriculteurs, profondément chrétiens, donneront naissance à neuf enfants ; trois de leurs filles deviendront religieuses.
Il fait de bonnes études secondaires, et obtient le baccalauréat au collège de Valence-d’Agen. Après son service militaire dans l'aviation, il entre au séminaire d'Albi, en septembre 1938. Le 2 mai 1941, il écrit au supérieur des Missions Africaines : Depuis longtemps, je n'ai qu'un désir, celui de me consacrer aux Missions. J'ai prié le Divin Missionnaire de m'éclairer sur ma vocation, et il m'a semblé, de plus en plus, que c'était en Afrique que Dieu me voulait. Je dois recevoir, à la fin de l'année, les seconds ordres mineurs, et il me reste simplement deux années de théologie. Je vous serais très reconnaissant, monsieur le supérieur, si vous vouliez me dire si je puis compter être admis chez vous. Dans sa lettre, il fait allusion à l'abbé Rossignol et à l'abbé Yèche qu'il connaît bien, et qui lui ont fait connaître la SMA.
Dans une lettre du 13 mai 1941, le directeur du séminaire d'Albi le présente ainsi : Je tiens à vous dire, monsieur le supérieur, qu'autant que j'en puisse juger, il a toutes les conditions nécessaires pour son admission. Il montre une inclination très marquée pour la vie de missionnaire, et de missionnaire en Afrique, en dépit de l'insalubrité des pays que vous avez le zèle d'évangéliser. Très ami du travail et nullement dépourvu de moyens, sans être une intelligence très brillante, il a eu cependant la meilleure note de tous, au dernier examen. Avec cela, bon caractère, foncièrement pieux, forte santé.
De son côté, le 23 juin 1941, Louis peut écrire au provincial, le père Laqueyrie : Actuellement, je sais que mon évêque me permet de m'échapper. Dieu soit loué ! Il ne me reste plus qu'à être admis chez vous. Je dois vous avouer, pourtant, que j'ai de la peine à quitter ce cher séminaire d'Albi, mes amis, mes directeurs. Dans quelques jours, je vais éga-lement partir en vacances et j'apprendrai la nouvelle à mes parents. Je sais qu'ils seront un peu peinés de mon départ, mais ils ont trop d'esprit surnaturel pour s'y opposer. Nous som-mes en septembre 1941. Louis Panis est au séminaire des Missions Africaines, à Lyon. Curieusement, on ne lui demande pas de faire une année de noviciat, sans doute à cause de la guerre. Vraisemblablement, la première année scolaire, passée au "150", lui a tenu lieu de noviciat. Il prononce son serment le 5 janvier 1943, et est ordonné prêtre le 24 juin 1943.
La première nomination qu’il reçoit lui apporte une grande désillusion : il est nommé professeur de philosophie au noviciat de Martigné-Ferchaud. Il écrit le 24 août 1943 : Avant de rentrer dans la Société des Missions Africaines, j'avais été enthousiasmé par l'obéissance "perinde ac cadaver" exigée de ses membres. Une telle obéissance avait été une de mes consignes, lors de ma rentrée à Lyon, mais votre lettre m'a tellement surpris que le cadavre en a tremblé. Autant dans mon intérêt que dans celui de vos futurs missionnaires, je vous demanderais, si possible, de revenir sur votre décision avant qu'elle ne soit officielle. Il enseignera deux ans à Martigné-Ferchaud ; insistant plusieurs fois, auprès du père provincial, pour partir en Afrique. Une réponse positive lui viendra du père Noël Boucheix, vice-provincial, en septembre 1945 : il est nommé pour le vicariat apostolique de Sassandra.
Le vicariat de Sassandra comprend alors toute la partie ouest de la Côte-d'Ivoire. Le père Panis commence par être vicaire à Gagnoa, en même temps que directeur de l'enseignement dans le vicariat. Trois ans plus tard, monseigneur Kirmann lui demande de fonder le collège moderne catholique de Daloa, et d’en être le directeur : ce sera le premier collège catholique du pays. Monseigneur Kirmann l’avait voulu dans un triple but : former des instituteurs ivoiriens destinés aux écoles catholiques, préparer une élite intellectuelle pour l’Ouest de la Côte-d’Ivoire, région négligée par l’administration coloniale, et éveiller des vocations sacerdotales. Le Père Panis mettra toute son énergie et son savoir-faire, au service de ce projet visionnaire.
De 1949 à 1957, il va diriger le collège de main de maître, galvanisant les professeurs - prêtres sma et laïcs missionnaires - et les élèves qui conserveront, longtemps, la nostalgie de l’esprit familial qui animait l’établissement. Bien vite, les élèves lui donnent le surnom de père colosse, qui lui restera attaché. Aimant la chasse et les grands espaces, il allait volontiers chasser les singes pour améliorer l’ordinaire des élèves, ainsi que les porcs errant aux abords du collège. Près de la moitié des élèves étaient des élèves-maîtres : de milieu modeste, ils étaient reçus, gratuitement, comme internes, moyennant le contrat de passer dix ans dans l’enseignement catholique. L’excellent travail du père Panis, dans le collège, lui valut d’être promu commandeur du mérite de l’Education nationale de Côte-d’Ivoire, le 27 mars 1972.
Après le décès de monseigneur Kirmann en 1955, le père Panis est sur la terna, présentée par le Conseil provincial, pour être le nouveau vicaire apostolique de Sassandra. Sur cette liste de 3 noms, il est en 3ème position. Voici ce qui est écrit à son sujet : Se préoccupe de recrutement de séminaristes parmi les élèves ; très zélé pour l’apostolat auprès des chrétiens comme auprès des païens ; très bon pour les petits et les pauvres ; bien attaché à la Société, s’est toujours bien acquitté de ses fonctions ; s’est occupé des œuvres de la jeunesse étudiante ; bon administrateur dans l’organisation et la marche de son collège ; exerce dignement les fonctions sacerdotales ; semble s’être montré très prudent dans l’administration de son collège ; homme de volonté ; rien à lui reprocher sur la conduite.
En réalité, c’est monseigneur Etrillard qui sera nommé. Quant au père Panis, de 1957 à 1962, déchargé du collège, il sera directeur diocésain des écoles catholiques. Dans cette responsabilité, il sillonne, sans relâche, les villes et les villages de l’immense diocèse de Daloa, pour veiller à la bonne marche des écoles et encourager les maîtres. Il ouvre, partout où il le peut, de nouvelles écoles. Combien de fois n’a-t-il pas fait des réunions dans les villages pour convaincre les parents d’ouvrir une école ! Cette cause des écoles mobilisait toute son énergie. Elles étaient, pour lui, le moyen privilégié de sortir les populations de la misère. Elles étaient aussi le moyen de répandre l’évangile comme une traînée de poudre, chaque instituteur étant, en même temps, catéchiste au village. A la suite de monseigneur Kirmann, il aimait répéter : Qui a la jeunesse a l’avenir. Pour réaliser ce projet, il apportait un grand soin à la formation professionnelle et chrétienne des instituteurs.
En 1962, il est nommé en paroisse, à Man, à l'ouest du diocèse, où il restera curé pendant six ans. En 1968, Man devenant le siège d'un nouvel évêché, le nouvel évêque, monseigneur Agré, le nomme curé de Biankouma, vaste secteur qu’il aimait et desservait déjà depuis Man. Il va y rester jusqu'en 1972, année où, à la surprise générale, il quitte la Côte- d’Ivoire, psychologiquement brisé. Quel événement abattit soudainement le père colosse ? Sur la paroisse de Biankouma, il avait créé treize écoles officielles, avec un total de 4000 élèves et 78 maîtres, et plus de 40 petites écoles, à classes élémentaires. Malgré ce réseau colossal, son grand projet missionnaire n’arrivait pas à se concrétiser. Ses écoles avaient un pourcentage éblouissant de réussite aux examens, mais elles n’arrivaient pas à engendrer les communautés chrétiennes villageoises espérées. Les faits démentaient son postulat. A cela se sont ajoutés un grand surmenage, des désaccords avec l’autorité et quelques confrères, interprétés comme des désaveux. Il ne se remettra jamais de ce coup terrible.
Après un moment de repos à Chaponost, il obtient l’autorisation de travailler sur Albi, son diocèse d’origine où il avait conservé de solides amitiés. Il est nommé à la paroisse d’Alban, et fait équipe avec deux autres prêtres, tout près de chez lui. Il est accueilli à bras ouverts, et se trouve heureux dans cette pastorale auprès des siens ; mais il connaît aussi des moments de dépression, qui pousseront le conseil provincial à lui refuser de repartir pour la Côte-d’Ivoire. Il restera là jusqu’en juin 1979 : au début de l’année, des tensions avec le responsable pastoral du secteur font qu’il retombe malade et doit se reposer. Il revient à Chaponost pour se reposer, et se rétablit rapidement. Dès le 1er septembre 1979, il peut écrire au père provincial : J'ai, depuis fort longtemps, retrouvé le tonus, et j'espère, en 1980, reprendre, avec votre permission et l'agrément de monseigneur Agré, le chemin de la Côte-d'Ivoire. Très sagement, le conseil provincial lui propose de rester à Chaponost pour aider à la procure, et rendre, à l'occasion, des services en paroisse. En novembre 1980, les confrères de la communauté de Chaponost lui expriment leur confiance, en le choisissant comme vice-supérieur. Les premiers temps, sa santé a toujours des hauts et des bas, mais il retrouve assez vite un bon équilibre à la satisfaction de tous.
Pourtant, au retour des vacances de 1984, il est très agité. Il ramène de chez lui une centaine de volailles qui envahissent les abords de la maison. Il se met dans l’idée de créer un grand jardin : il s’acharne à la tâche, allant jusqu’à se relever la nuit, et profiter du clair de lune, pour travailler au motoculteur. Des décisions sont prises : on lui retire sa charge de vice-supérieur de la maison ; il doit cesser ses activités agricoles, ranger son fusil, car des personnes se sont senties menacées par ses tirs contre les lapins du parc. En janvier 1985, il retrouve un équilibre fragile d’abord, et qui s’affermit peu à peu. De nouveau, il se trouve heureux de pouvoir se rendre utile à la Procure
Les cinq dernières années de sa vie, de 1992 jusqu'à 1997, le père Panis va les passer à la maison de retraite de Montferrier. Le 29 septembre 1997, c’est à la salle à manger, au cours du repas de midi, qu’il meurt en quelques minutes. Il a alors 79 ans. Le 1er octobre, c'est monseigneur Rouanet, son ancien évêque de Daloa, qui prononcera l'homélie, à la messe de sépulture.
Dans le testament du père Panis, on trouvera ces quelques mots : Je déclare mourir dans l'amour du Seigneur, et dans la fidélité à la Sainte Église Catholique. A tous ceux à qui j'aurais pu faire de la peine, je demande humblement pardon et à tous, parents, amis, confrères, fidèles, je dis au revoir au Ciel. C'est précis, c'est net, c'est concis. C’est bien là, le reflet de l'un des traits majeurs de son tempérament : aller droit à l'essentiel, sans s'embarrasser de détails.
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