Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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né le 20 mai 1922 à Wavre dans le diocèse de Malines Bruxelles (Belgique) membre de la SMA le 20 juillet 1943 prêtre le 7 avril 1947 décédé le 8 octobre 2003 |
1947-1953 vicaire à Béoumi, Anyama puis Abidjan, RCI décédé à Terwagne (Belgique), le 8 octobre 2003, |
Le père Willy LEJEUNE (1922 - 2003)
Willy Lejeune est né à Wavres en Belgique le 20 mai 1922 dans le diocèse de Malines-Bruxelles et dans une famille profondément chrétienne, puisque 4 enfants de la famille Lejeune consacreront leur vie au Seigneur. Willy suit ses études secondaires au petit séminaire d’Ave-et-Auffe, puis son noviciat à Chanly où il prononce son serment, le 20 juillet 1943. Il rejoint ensuite le grand séminaire de Lyon pour ses études de théologie. Il est ordonné prêtre le 7 avril 1947, le même jour que ses frères Jean et Georges, tous deux sma. Sa famille était donc profondément missionnaire, si l’on ajoute aussi que, Madeleine, sa sœur, devint carmélite, et rejoignit, pendant quelques années, un monastère au Congo.
L’année même de son ordination, Willy fut envoyé en Côte d’Ivoire, dans le diocèse d’Abidjan où il se dépensa pendant 6 ans à Béoumi, Anyama et Abidjan. Puis, il rejoignit le Congo en 1953 : il y restera 28 ans, spécialement dans le diocèse de Kikwit, à Kahemba, Kandale et Kimbongo et dans le diocèse de Popokabaka à Kambangu.
Les lettres qu’il adressa à ses supérieurs permettent de mettre en valeur sa personnalité humaine et spirituelle, ainsi que les grands axes de son travail missionnaire.
Sa vie ne fut pas toujours facile. En épousant l’Afrique, il en accepta tous les soubresauts. A une époque difficile, celle des indépendances, il écrit du Congo le 14 mai 1960 : La situation est inquiétante. On ne sait vraiment pas où l’on va. Par moment, c’est l’anarchie la plus complète, avec tout ce que cela suppose de vengeance, de laisser-aller. Que d’intrigues et d’ambitions personnelles. Prions le bon Dieu de susciter des hommes capables pour l’avenir du Congo.
Mais la situation qu’il rencontre ne le décourage pas. Il comprend que son travail doit être un travail de formateur, pour que grandissent des chrétiens responsables. Stimulés par le Concile, nous sommes sensibilisés à l’idée de former des chrétiens adultes, pleinement responsables. Il nous faut travailler à l’approfondissement de la foi et, pour cela, il me semble que c’est par la création de petits groupes bien formés que l’on y arrivera : le levain dans la pâte. Dans son travail, il développera partout de petites communautés chrétiennes de base.
Dans toutes les missions où il passe, le père Willy Lejeune s’attache aux gens qui sont confiés à son ministère et il les aimera avec tendresse, à la manière de saint Paul. Quelquefois, il lui faudra changer de poste. Cela lui sera difficile, mais il acceptera avec beaucoup de foi, sûr que cela peut être bénéfique pour tous. Il écrit à son Provincial en 1971 : Vous connaissez la nouvelle : je quitte Kahemba pour Kimbongo, après y être resté bien des années. Notre Seigneur est venu nous apprendre que le chemin tracé par lui pour sauver le monde passe par la Croix. Le serviteur n’est pas au-dessus de son maître. Si le départ est dur, j’ai cependant réussi à faire la paix en moi. Tout est grâce pour celui qui garde le regard de la foi. Rester trop longtemps dans un poste peut être dangereux : on risque de s’encroûter, de ne plus voir les vrais problèmes. Partir, c’est retrouver un nouveau souffle, une nouvelle jeunesse : n’est-ce pas providentiel que cela arrive au moment où je célébrerai mon jubilé sacerdotal ? Je retrouverai, à Kimbongo, des confrères bien sympathiques, des jeunes qui m’obligeront à rester jeune comme eux. Je tâcherai d’être au milieu, comme le frère aîné qui les aide à penser avant d’agir, à prier avant de travailler, à songer à l’essentiel avant de passer à l’accessoire… Il faut qu’en nous voyant, nos frères devinent que le message que nous leur apportons est vraiment nouveau, parce qu’il apporte la paix, la vraie joie de vivre en enfants de Dieu.
En lisant de telles paroles, on comprend que la vie missionnaire du père Willy Lejeune avait de profondes racines humaines et chrétiennes. Ses confrères ne s’y trompèrent pas qui, en 1965, le choisirent comme leur supérieur régional, sûrs de trouver en lui un homme fraternel, attentif, capable de les aider et, en même temps, plein d’humour. Toutes les lettres de cette époque révèlent un homme respectueux de tous ses confrères et sachant leur faire confiance. Découvrant la pauvreté de ses paroissiens, il encourage ceux qui, parmi eux, sont occupés à des tâches de développement, en particulier au lancement d’une coopérative et d’une ferme modèle. Il comprend que ce travail de promotion humaine fait partie de la tâche du missionnaire. Nous avons compris, après Vatican II, que nous ne pouvions plus nous occuper uniquement du salut de l’âme, alors que c’est l’homme, tout l’homme qu’il faut sauver.
Des ennuis de santé l’obligent à rentrer en Belgique en 1975. Tout en se soignant, il prend des responsabilités dans la paroisse de Visé. En 1976, il écrit : Je suis bien ici. La paroisse est sympathique et elle m’a adopté, mais je garde la nostalgie de l’Afrique qui pousse un missionnaire à faire fi de toute situation sécurisante pour se donner à l’aventure du risque, mieux, du don total de soi-même que l’on a fait au Christ, une fois pour toutes, en entrant dans la Société des Missions Africaines et en acceptant, par avance, les situations les plus inconfortables. » Il reprend donc le chemin du Congo.
De nouveaux ennuis de santé l’obligent à quitter définitivement l’Afrique et à rentrer au pays. Nous sommes en 1984. On lui confie la responsabilité de la paroisse de Terwagne, dans le diocèse de Liège. Essayant de faire le bilan de sa vie, quelques années plus tard, il écrit : Le Seigneur nous a fait cette immense faveur de nous choisir à son service. Je suis toujours aussi heureux qu’au premier jour et, si c’était à recommencer, c’est toujours cette voie que je prendrai.
Le père Willy Lejeune s’en est allé vers le Seigneur dans la nuit du 8 octobre 2003 après 19 ans de présence à Terwagne. Son frère jumeau, le père Georges, qui l’avait rejoint depuis 1994 à Terwagne, était à ses côtés. Son départ ne fut pas une surprise car, depuis plusieurs années, ceux qui le fréquentaient voyaient ses forces s’en aller doucement.
Le 10 octobre, l’église paroissiale était trop petite pour accueillir la famille du père Willy, ses amis et les paroissiens du secteur. Plusieurs témoignages lus le jour de ses obsèques montrent qu’il laisse un très grand souvenir dans cette paroisse où il a achevé sa vie missionnaire.
Lorsque le père Willy a pris en charge notre paroisse, ce sont mes yeux d’enfant qui l’ont d’abord découvert. Et si les enfants sont allés vers lui, c’est parce qu’ils les accueillait si bien. Je garde précieusement en mémoire le souvenir d’un prêtre qui se voulait proche des petits, en leur donnant importance et responsabilité. Pour lui, l’avenir de l’Eglise passait par la jeunesse, à qui il n’avait cesse d’ouvrir la porte de son cœur et de sa maison. C’est là que nous nous retrouvions parfois, après l’école, et, dans son bureau, il n’avait pas son pareil pour s’entretenir avec nous. Auprès du père Willy, chaque enfant se sentait reconnu et grandi à l’écoute de sa parole… Son sourire, son rire faisait de lui un personnage proche et ouvert, goûtant aux plaisirs simples de la vie. Par sa présence discrète, il a su rendre ses paroissiens, jeunes et moins jeunes, acteurs d’un même projet évangélique. (Un jeune, devenu président de la fabrique d’église)
L’année 1984, ce fut l’année de votre arrivée dans notre petite paroisse, ô combien tranquille. Et ce mot tranquille, je tiens à le mettre en évidence car, dès votre installation, il a pratiquement cessé d’exister. Le paroissien posé que j’étais à l’époque a été profondément remué par la force de persuasion que vous dégagiez en permanence.
Compagnon des premières heures, je vous ai longuement écouté me parler de votre vision de l’Eglise, laquelle m’a interpellé, en me faisant froid dans le dos, j’ose l’avouer. Selon vous, votre projet était simple, mais très complexe pour les laïcs traditionalistes que nous étions et auxquels vous demandiez de se responsabiliser, d’arrêter de suivre, pour enfin apprendre à précéder. Et de reprendre vos propres mots : N’est-on pas capable de faire sur le vieux continent ce que font, au quotidien, les Africains ?
Très tôt après votre arrivée, le chantier à commencé, les fondations se sont creusées et les premiers murs se sont élevés avec les maçons de l’équipe d’animation paroissiale.
Vous nous laissez un bel héritage. Là-haut, vous resterez notre guide et nous vous demandons candidement votre soutien, pour nous aider à rester attelés au projet qui vous tenait tant à cœur. (Un paroissien)
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