Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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né le 29 avril 1946 à Saint-Erblon (Mayenne) dans le diocèse de Laval (France) membre de la SMA le 2 juillet 1967 prêtre le 25 juin 1972 décédé le 9 octobre 2004 |
1972-1977 Kouandé (Bénin), vicaire décédé le 9 octobre 2004 à Montpellier (France), |
Le père Pierre AUDOUIN (1946 - 2004)
Pierre Audouin est né le 29 avril 1946 à Saint-Erblon, au sud de la Mayenne. Il était le dernier d’une famille de sept enfants, famille très chrétienne. Ses parents étaient agriculteurs. Il gardera, toute sa vie, l’amour de la terre au point d’aller souvent travailler dans les champs avec les paysans baribas. Un jour, un père des Missions Africaines célèbre la messe à Saint-Erblon. A la sacristie, le père demande aux enfants de chœur : Y a-t-il parmi vous quelqu’un qui veut être missionnaire ? Une main se lève : Si, moi ! C’était la voix de Pierre qui, à l’époque, était à l’école primaire à Saint-Erblon. Il restait à convaincre les parents de la possibilité d’un départ si lointain, ce qui ne fut pas chose facile.
Un an après, en 1957, Pierre commençait ses études à Pont-Rousseau. En 1964, il fait sa philosophie à Chamalières ; puis il rejoint Chanly, en Belgique, où il devient membre de la SMA le 2 juillet 1967. Il part alors en Afrique dans le cadre de la coopération militaire et devient professeur de 5ème au petit séminaire de Wando à Porto-Novo. A son retour, en 1969, il entre au consortium missionnaire à Chevilly-Larue, dans une maison des Spiritains, pour sa théologie. En 1970, il avait émis le souhait de continuer sa formation au grand séminaire de Ouidah pour avoir une formation commune avec le clergé diocésain béninois. Cela ne lui fut pas accordé. Tout au long de sa formation, ses responsables notent son ouverture d’esprit, sa franchise, son esprit indépendant, sa serviabilité, son dévouement. Il est ordonné prêtre le 25 juin 1972 chez lui, à Congrier.
Il est alors nommé au Dahomey (qui deviendra Bénin en 1975) au diocèse de Natitingou. Monseigneur Redois l’envoie en secteur bariba où il restera 27 ans. Il arrive d’abord à Kouandé où il commence par apprendre la langue bariba. En 1977, il rejoint la paroisse de Tobré. Dans cette paroisse, il fait communauté avec les sœurs de la Providence de Gap. C’est une véritable équipe missionnaire, où l’on partage la prière, le travail, la réflexion et les repas. A Tobré, il a la joie de voir naître de nombreuses communautés qui demandent à apprendre à prier. Il a le souci de les accompagner, mais aussi de les former et de trouver, en leur sein, des meneurs qu’il enverra en formation au centre de formation de Gogounou.
En 1984, il demande une année sabbatique en France. Il en sent un grand besoin, après plus de dix ans passés sur le terrain. Il suit les cours de l’AFM (année de formation aux ministères) à Paris durant toute l’année 84-85. Puis il retourne à Tobré. Le père Daniel Mellier le rejoint. Il est heureux de ce renfort, mais l’évêque de Natitingou leur confie, en plus de la paroisse de Tobré, celle de Kérou. Pierre se demande si l’on doit appeler leur paroisse une paroisse ou un diocèse !
En 1988, une étape nouvelle commence. Pendant trois ans, il va travailler à Nantes à l’animation missionnaire et à l’aumônerie des étudiants étrangers. Ce sont trois années difficiles pour Pierre ; il est un peu comme un poisson que l’on aurait sorti de son marigot. Cela ne l’empêche pas de se donner à fond dans son travail, comme il a l’habitude de le faire. Il réclame à plusieurs reprises de pouvoir repartir au Bénin. C’est chose faite en 1991. Il est nommé à Kérou avec un prêtre indien, le père Tiburtius. En 1992, il sera nommé curé de Kouandé. En 1995, avec ses deux compagnons, prêtres diocésains, les pères Hubert Kombiéni et Lazare Tchanati, il se voit confier, en plus, les paroisses de Tobré-Kpéhounco et Kérou ! Que de distances à parcourir ! Que de communautés à accompagner ! Ceci durera une année. Il gardera la paroisse de Tobré Kpéhounco encore un an. En 1998, il retourne à Kérou jusqu’à son retour en France.
En 2003, lors de son congé, les docteurs découvrent chez lui une leucémie. Pierre reçoit cette nouvelle avec beaucoup de sérénité et de courage. Il va se mettre à lutter contre la maladie. En avril 2004, on lui fait une greffe de la moelle osseuse. Tout semble bien aller sur le chemin de la guérison. Mais à partir de la fin juillet, les analyses redeviennent inquiétantes. Le 20 septembre, à sa demande, il rejoint la maison de repos de Montferrier. Il doit être hospitalisé à Montpellier, et c’est là qu’il s’éteint le 9 octobre.
La vie de Pierre Audouin est riche. Le jour de ses obsèques, le père Daniel Cardot dira : La vie missionnaire de Pierre a été totalement fondée sur la foi en Jésus-Christ qui, en se faisant homme, a pris l’homme au sérieux et l’a aimé follement ; de là découlait la foi en l’homme dont Pierre faisait preuve. Elle se manifestait dans la conviction que Dieu ne l’avait pas attendu pour être présent chez les personnes qu’il rencontrait et dans la culture bariba.
Son enfouissement dans le peuple bariba a été profond. Il s’identifiera à ce peuple à tel point qu’il disait couramment : Nous les Bariba. Il connaîtra la langue à merveille : le langage ordinaire, le langage religieux traditionnel, les expressions en tous genres. Il fera des recherches sur les tons et les classes de verbes qui aideront à mieux cerner les réalités de cette langue. Mais s’il a pris tant de peine à étudier cette langue, c’est qu’il savait qu’en connaissant la langue, il découvrait le cœur du Bariba à qui il voulait faire connaître le chemin de Jésus et aussi il permettait aux Baribas d’apprécier leur propre langue et leur culture, dans le monde d’aujourd’hui qui nécessite le passage par l’écriture et la lecture. Il aidera de nombreux prêtres et religieuses, africains et européens, à découvrir la langue et la culture.
Il avait le souci de partager sa foi en la disant selon le langage de la culture de ce peuple. Il ne voulait pas imposer une vérité venant de l’extérieur, mais il cherchait à traduire le langage de Jésus en langage venant de la tradition, en l’insérant dans le climat de libération qu’apporte la Bonne Nouvelle. Il était un grand connaisseur de la culture traditionnelle et un missionnaire passionné qui souhaitait partager la joie de croire en Jésus-Christ avec ce peuple qui était devenu le sien.
Pendant les 27 ans qu’il a passés comme missionnaire dans le peuple bariba, il a cherché à toujours travailler avec les communautés de religieuses présentes sur le terrain. Le jour de ses obsèques, l’une d’elles, Sœur Alice Charrière, de la Providence de Gap, témoignera : Tu étais heureux lorsque nous partions avec toi dans les villages. En priorité, tu nous conduisais chez les plus pauvres, les malades. Tout ce que tu nous as aidé à découvrir a été pour nous comme une initiation, une invitation à comprendre, à mieux aimer.
La manière dont il a vécu sa maladie a édifié plus d’un de ses confrères. Un matin, au petit déjeuner à la rue Crillon, il exprime à ses confrères présents son désir de recevoir le sacrement des malades. J’avoue que le sacrement des malades a été pour moi comme une délivrance. Je me suis reconnu malade. J’ai reconnu avoir besoin de l’aide du Seigneur. S’avouer malade, c’est se dire que, peut-être, dans quelques mois, il en sera fini de moi sur cette terre, j’aurai à me découvrir, à me mettre à nu, à me mettre, obligatoirement, en vérité devant notre Dieu et tous ceux et celles que j’ai connus sur cette terre et qui ont fait ce grand passage avant moi. Jusqu’à la fin, même si on percevait chez lui des moments d’angoisse, on a pu voir le calme avec lequel il parlait de sa maladie, du pays bariba qu’il avait laissé, de la suite qui était pleine d’incertitude, sinon celle d’être entre les mains de Dieu.
Ses obsèques eurent lieu le 12 octobre 2004, dans la maison de Montferrier, en présence des confrères et d’une représentation importante de sa famille. Ce fut l’occasion de partager la foi et le zèle missionnaire qui animaient Pierre. Il repose avec ses frères des Missions Africaines.
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