Société des Missions Africaines
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né le 19 juillet 1830 à Ronco Scrivia dans le diocèse de Genova, Italie membre de la SMA le 25 juillet 1859 prêtre le 27 décembre 1854 à Subiaco décédé le 16 octobre 1892 |
1861-1865 missionnaire au vicariat apostolique du Dahomey décédé à Ronco Scrivia, Italie, le 16 octobre 1892, |
Le père Francesco BORGHERO (1830 - 1892)
A Ronco-Scrivia (Italie), le 16 octobre 1892, retour à Dieu du père Francesco Borghero, à l'âge de 62 ans.
François Borghero naquit à Ronco-Scrivia en 1830. Il fit ses études à Voghera (Piémont) et au grand séminaire de Gênes. En 1852, il devenait professeur de rhétorique au couvent de Subiaco, près de Rome. Il y fut ordonné prêtre en 1854. En juin 1857, le professeur rencontrait à Rome Mgr de Brésillac qui, sur sa demande, l'admit et le ramena à Lyon. Le 25 juillet 1859, le père Borghero faisait sa résolution solennelle et un décret du 2 décembre 1860 le nommait supérieur "ad interim" du vicariat apostolique du Dahomey, érigé le 28 août précédent.
Le 5 janvier 1861, le père Borghero s'embarque à Toulon avec les pères Fernandez et Edde. Ce dernier meurt lors de l'escale à Freetown. Les deux survivants débarquent à Ouidah le 18 avril 1861 et s'installent au fort portugais, vide depuis 40 ans.
Le père Borghero fut un fondateur: fondateur de la mission du Dahomey d'où la christianisme rayonnera en Nigeria, Togo, Ghana, Haute-Volta, Niger; fondateur des stations de Ouidah et Porto-Novo; fondateur des premières écoles, des premiers dispensaires et orphelinats.
Il fut un voyageur actif: voyage à la cour du roi Gléglé; voyage dans le pays Popo: Agoué, Petit-Popo, Grand-Popo et jusqu'à Keta. Il y fait des baptêmes chez les Brésiliens, et surtout il fait cesser les hostilités et les guerres entre villages; voyages dans les royaumes de Porto-Novo et du Bénin: Lagos et même Abeokuta; voyage à Ferdando-Po et sur la côte jusqu'à Conakry. Le père Borghero se rend ainsi compte de la situation en ces différentes régions et étudie les lieux, où l'on pourrait "avec des ressources et des missionnaires" établir des stations.
Il eut beaucoup à souffrir. "Je souffre beaucoup, disait le père Le Gallen, mais ce n'est rien en comparaison de ce qu'a souffert moralement et physiquement le père Borghero. Il mériterait d'être mieux connu." Souffrances physiques venant du climat, fièvre presque continuelle, syncopes au cours de ses voyages lorsqu'il était porté en hamac. Il fit même de la prison, et dut payer une forte amende aux féticheurs parce que le tonnerre était tombé sur la maison.
Souffrances morales surtout: tracasseries des féticheurs et des Portugais; difficultés avec des confrères qui, à peine arrivés, voulaient déjà repartir. Divergences de vues avec le père Planque au sujet de l'application des constitutions, sur des points d'ailleurs peu clairs. Le père Borghero était prêt à l'obéissance, mais certains confrères le dominaient. Ce n'était pas un chef et il en souffrait. Le père Borghero était vraiment un saint prêtre, plein de zèle et d'esprit de sacrifice, d'humilité et d'oubli de soi-même, un admirable et très grand missionnaire, mais il n'était pas de taille à porter seul ses lourdes responsabilités. Trop bon, trop affable pour ses confrères, il se laissa très vite dominer par eux, si bien que la Propagande dut rappeler l'un d'eux en Europe. Sa condescendance, son affabilité, sa délicatesse extrême qui l'honoraient comme homme, devenaient de la faiblesse dans le supérieur.
Le père Planque résolut de faire revenir le père, pour sa santé, pour donner une impulsion à la Société et à la Mission, et pour régler ensemble toutes les questions pendantes. Le père Borghero quitta sa mission en janvier 1865 accompagné de 12 jeunes Noirs qui allaient rejoindre 12 de leurs camarades à Puerto-Real, en Espagne, depuis deux ans. Entre temps, le père Planque avait demandé à la Propagande de faire du père Borghero le premier vicaire apostolique du Dahomey, en lui conférant l'épiscopat. Mais, lors de son arrivée à Lyon, en mais 1865, le père Borghero était un homme aigri et pessimiste. Il avait tant souffert au cours de ses 4 ans de séjour: il avait vu mourir 4 confrères, de plus il venait d'apprendre que le fort portugais, qu'il avait aménagé au prix de tant d'argent et de tant de sacrifices et du sueur, venait d'être repris par les autorités portugaises, après expulsion des confrères qu'il avait laissés à Ouidah. Pour lui, désormais, la question du Dahomey est réglée: on ne peut plus rien en faire, en raison des païens et des Portugais et surtout du climat qui " est le plus meurtrier du monde".
Le père Planque pense que ce c'est qu'une crise et qu'avec le temps le père Borghero aura un autre langage. Mais le temps passe et le père Borghero continue. Les conséquences de ces paroles, surtout dans des conférences publiques, commencent à se faire sentir au point de vue du recrutement et des aumônes. Puisque le supérieur lui-même assure que sa mission du Dahomey n'est pas viable, bienfaiteurs et aspirants se découragent et se retirent. De plus, le père Borghero envoie à Rome sa démission du supérieur du Dahomey. Le père Planque, qui espère toujours que le père reviendra sur ses idées, écrit à Rome de ne pas l'accepter. Mais Rome consulte le cardinal de Bonald, archevêque de Lyon, lequel a vu et entendu le père Borghero, et il prie Rome d'accepter la démission.
Pendant ce temps, "la Société, écrit le père Planque, traverse la plus dangereuse épreuve éprouvée depuis sa naissance". Il en écrit au père Borghero: "Le principe destructeur de notre Société et de notre mission est dans le langage que vous tenez partout. [...] Je n'accuse pas votre intention, j'apprécie seulement les faits et leurs conséquences."
A Rome, l'opinion du cardinal de Lyon a prévalu sur celle du père Planque. D'autre part, Rome veut pour le bien de la Société qu'il n'y ait qu'un seul responsable comme chef de la Société et comme chef de la mission. Le 8 avril 1867, la démission du père Borghero est acceptée et le père Planque est nommé provicaire du Dahomey, la question de l'épiscopat étant remise à plus tard.
A Lyon, le père Borghero voudrait bien repartir comme simple missionnaire. Mais il continue le même langage. En somme, le père Planque se demande comment faire. "J'estime M. Borghero, écrit-il, et je vénère sa vertu, mais je ne sais que faire à son égard. [...] Je déplore ses idées décourageantes et je crains leur influence désastreuse. J'aime M. Borghero, j'apprécie sa capacité."
Fin 1867, le père Planque se rend à Rome et "trouve des dispositions toute faites chez le cardinal Barnabò sur la question qui regarde le père Borghero". Le cardinal voulait que le père quitte la Société. "Son Eminence m'a dit de le mander à Rome et de me présenter à Elle en sa compagnie".
"A sa grande stupéfaction et à sa profonde douleur, que je partageais, M. Borghero s'est entendu dire qu'il fallait songer à utiliser son zèle ailleurs qu'avec nous. Aucune protestation, aucun raisonnement, aucune promesse de changement ne purent modifier le jugement du cardinal qui m'avait dit d'avance la nécessité de cette mesure pour le développement de la Société et de la Mission." (Père Planque)
Le père restera profondément attaché à la Société, il aura une correspondance suivie avec le père Planque, qui le considère comme un membre des Missions Africaines. Le père se retire chez lui en Italie. Tout en rendant des services à la Propagande, il devient précepteur du Duc Antonino Salviati et du Prince Giuseppe Borghese et termine sa vie comme Directeur spirituel dans l’un des deux Grands Séminaires de Gênes.
Il mourut d'un cancer à l'estomac.
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