Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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né le 26 avril 1924 à Sainte-Radegonde dans le diocèse d'Auch (France) membre de la SMA le 5 janvier 1946 prêtre le 11 février 1949 décédé le 19 octobre 2006 |
1949-1965 missionnaire au Dahomey décédé à Montferrier-sur-Lez (France), le 19 octobre 2006 |
Le père Pierre TRICHET sr (1924 - 2006)
La famille de Pierre Trichet était originaire de Vendée. Au début du 20e siècle, ses parents, cultivateurs, émigrèrent dans le sud de la France à la recherche de bonnes terres. C'est pourquoi Pierre naquit à sainte Radegonde, dans le Gers, le 26 avril 1924. Il eut un frère et quatre sœurs. Plus tard, la famille s'installa dans les Landes à Heugas.
Voulant devenir missionnaire, en 1935, Pierre rejoint le petit séminaire de Baudonne, dirigé alors par le père Francis Aupiais. En 1937, il continue ses études à Chamalières, avant d'entrer à Pont-Rousseau en 1939. Ses études secondaires couronnées par l'obtention des deux parties du baccalauréat, il est admis à Martigné-Ferchaud (Ille-et-Vilaine) pour sa philosophie et son noviciat. Il rejoint ensuite le grand séminaire de Lyon. C'est là qu'il prononce son premier serment missionnaire le 5 janvier 1946. Il y est ordonné prêtre le 11 février 1949.
Dès le 26 juin 1949, il reçoit sa première affectation. Il est envoyé au Dahomey et mis à la disposition du vicariat apostolique de Ouidah, dirigé par monseigneur Parisot. Commence alors pour lui un travail d'enseignant d'abord au petit séminaire de Ouidah de 1949 à 1954, puis au cours normal de Bohicon de 1954 à 1956. Il en deviendra le directeur en 1955, avant de laisser sa place aux Frères des Ecoles Chrétiennes. Il rejoint, de nouveau, le petit séminaire de Ouidah. Il a déjà gagné la confiance de son archevêque qui le désignera comme médiateur lorsque des difficultés surgiront au séminaire. En 1957, monseigneur Gantin, nouvel évêque de Cotonou, qui a bien connu le père Trichet à Ouidah, lui demande de venir travailler à l'évêché, et le nomme chancelier et procureur du diocèse. Durant toutes ces années, il rend aussi des services pastoraux dans les stations qui entourent Ouidah, ainsi que dans les paroisses de Cotonou. Mais, en 1965, de très graves ennuis de santé vont l'obliger à rentrer en France.
Après une année de repos à Baudonne, où il assure, cependant, quelques cours de mathématiques, il peut retrouver le Dahomey en 1966. Il devient d'abord vicaire du père Gaillard à Ouidah puis, après quelques mois à Abomey-Calavi, il est nommé, en 1967, curé de la paroisse du Sacré-Cœur d'Akpakpa, paroisse confiée en ce temps là aux Missions Africaines. La tâche est sans doute trop lourde pour sa santé. On lui confie alors un service d'aumônerie à la paroisse du Bon Pasteur de Cotonou. Une nouvelle fois, en 1969, il doit rentrer en France pour un temps de repos qu'il va passer à La Croix-Valmer.
En 1970, les portes du Dahomey s'ouvrent de nouveau pour lui. Il rejoint d'abord Tanguiéta dans le diocèse de Natitingou. Ses supérieurs espèrent que le climat du nord lui conviendra mieux, et la proximité de l'hôpital, récemment ouvert par les Frères de Saint-Jean-de-Dieu, le rassure. Il va se trouver heureux dans son travail de vicaire. Il se lance avec audace sur les pistes difficiles qui vont vers Taïacou et Cobly. En 1972, il assure quelques mois d'intérim à Kérou. Devant ce qu'il voit, il écrit : Si les pères marchent parfois selon leur boussole, Dieu fait son travail en profondeur.
En 1972, monseigneur Redois l'appelle auprès de lui à l'évêché. Voilà comment il décrit son travail : Me voici de nouveau dans une maison de papiers et d'administration. Officiellement, je suis procureur, secrétaire et chancelier du diocèse. Mon principal travail consiste à faire le ravitaillement en gros pour les 100 pères et sœurs du diocèse : nourriture, matériel d'entretien, de construction, et à m'occuper de leurs paperasses. Je suis heureux. On peut venir frapper à sa porte à tout instant : il est disponible pour tout service. Il travaille à sa manière avec beaucoup de rigueur. Ses confrères l'apprécient. Ils savent que, s'ils lui demandent un service, celui-ci sera rendu. Il est heureux de se trouver dans un diocèse où il y a tout à faire, et où l'ambiance est bonne. Il écrit dans une de ses circulaires : Nous affrontons les événements avec beaucoup de confiance et de sérénité. Notre optimisme a sa source dans l'ambiance que nous vivons : c'est comme un printemps perpétuel, car c'est le temps des semailles et des fondations. Sans être directement sur le terrain de la mission, il se réjouit de toutes les efforts déployés pour bâtir une catéchèse et une liturgie enracinées dans les traditions locales. Lui-même visite fréquemment le village de Toukountouna.
En 1980, nouveau pépin de santé, très grave celui-là car c'est le cœur qui pose problème. De retour en France, il écrit qu'il se voit partir vers la gloire éternelle. Mais l'opération va très bien réussir. Le voilà désormais avec une valve mitrale faite pour durer 400 ans. Pierre ne cessera plus désormais de remercier le corps médical pour ses compétences, et de partager son bonheur à tous ceux qu'ils rencontrent.
C'est à Baudonne qu'il s'installe pour quelques mois de repos. Pour se refaire une santé, il exerce son endurance en nettoyant le parc et en maniant la pelle, la houe et la brouette. En 1981, il est nommé à Chaponost pour s'occuper de la comptabilité. Mais, voici qu'en 1983, le père Loiret, le nouveau Régional du Bénin, cherche un compagnon pour venir le seconder à la maison régionale de Cotonou. Le père Trichet souhaite repartir, et le conseil provincial accepte qu'il fasse un essai d'un an. Pierre restera 17 ans à la maison régionale avec le rôle de comptable et d'hôtelier. Durant toutes ces années, il va se faire estimer de tous les confrères, et des visiteurs de la maison. Prévenant, attentif aux personnes, disponible, débrouillard, il va rendre de très grands services à toutes les missions. Comme il se sait fragile, il adopte un rythme de vie qui lui permet d'être très actif tout en se ménageant, mais il continue son service avec l'optimisme des enfants et la patience des agriculteurs.
Il étonne tous ceux qui viennent à la maison régionale par sa connaissance de l'histoire de l'Eglise du Bénin. Sa grande mémoire lui rend un énorme service. On vient le consulter pour préciser une date, retrouver un nom, se faire raconter un événement. Il se souvient de tout parce qu'il aime profondément le peuple qui l'accueille depuis si longtemps, et qu'il a su créer, durant toutes ces années, de vrais liens d'amitié. Cette attitude se manifeste très clairement dans sa circulaire de Noël 1983. Revenu au Bénin après mon opération, je rêvais d'aller sans retard rendre visite aux missionnaires de Natitingou. L'occasion m'a été offerte dans la première semaine de décembre, une semaine mémorable, car c'est le 8 décembre que fut annoncé officiellement le nom du successeur de monseigneur Redois. C'est monseigneur Nicolas Okioh, un fils du pays. L'événement est important car, au bout de 20 ans à peine, une Eglise devient majeure. Comme je fus témoin, en 1957, de l'accession à l'épiscopat du premier prêtre béninois, celui qui est devenu le cardinal Gantin, de même, en 1983, je reste un témoin émerveillé : désormais, tout l'épiscopat du Bénin est béninois.
En l'an 2000, le moment est venu de rentrer en France. Le père Trichet rejoint la communauté du 150 à Lyon. Il va rejoindre le service du SIP et s'occuper désormais des relations avec les bienfaiteurs, tout en consacrant aussi du temps à la philatélie. En 2004, il rejoint la maison de retraite de Montferrier. C'est là qu'il nous a quittés, le jeudi 19 novembre, brusquement, au cours de la célébration de la messe. La veille, il se sentait encore bien, mais il avait pourtant reçu le sacrement des malades à la fin de la retraite annuelle prêchée par un de ses amis, le père Bertrand, moine de Belloc.
Le père Pierre Trichet n'a ni fondé de mission, ni construit de belles églises, ni dirigé de paroisse, comme beaucoup de confrères de sa génération. Pendant le demi-siècle qu'il a passé au Bénin, il a eu la vie toute ordinaire d'un serviteur qui se met au service des autres pour leur faciliter leur travail. Ce fut sa manière d'être missionnaire. Dans l'humble service quotidien qui fut souvent le sien, l'homme de foi et de prière qu'il était a trouvé beaucoup de joie. Apprenant sa mort, un jeune confrère a écrit ces quelques mots : C'est un baobab missionnaire qui vient de tomber. J'ai beaucoup apprécié cet homme humble et serviable qui avait le sens de l'accueil et du travail bien fait. Pour nous, sma béninois, il reste un père parce qu'il croyait fermement à l'avenir du DFA, et qu'il avait un grand désir de notre réussite missionnaire.
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