Société des Missions Africaines - Province de Lyon
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né le 10 juillet 1930 à Nantes dans le diocèse de Nantes, France membre de la SMA le 6 décembre 1954 prêtre le 4 avril 1961 décédé le 20 novembre 1997 |
1961-1965 Tanguiéta (Natitingou), Bénin décédé à Parakou, Bénin, le 20 novembre 1997 |
Le père Michel AUFFRAY (1930 - 1997)
Michel Auffray est né le 10 juillet 1930 à Nantes, en Loire-Atlantique, sur la paroisse Saint-Donatien. Michel aura 4 frères et trois sœurs. Sa famille est profondément chrétienne et son père exerce le métier de maraîcher.
Très tôt, Michel manifeste le désir d’être prêtre et il entre, en 1943, au petit séminaire diocésain de Legé. Puis il continue ses études à la Psalette de Saint-Donatien. En 1947, il entre en troisième au petit séminaire des Missions Africaines de Pont-Rousseau. Après ses études de rhétorique, il sollicite de rejoindre directement le noviciat, ne se sentant pas fait pour les études. Il entre donc à Chanly en 1950 et, deux ans plus tard, il est admis au serment. C’est à ce moment que des ennuis de santé vont venir perturber la suite de sa formation. Il doit rejoindre le sanatorium du clergé de Thorenc. Ce n’est que deux ans plus tard qu’il peut entrer au grand séminaire des Missions Africaines à Lyon, en octobre 1954. Il prononce son premier serment le 6 décembre de cette même année.
En juillet 1957, à la fin de sa troisième année de théologie, ayant été exempté du service militaire, il demande à faire un stage missionnaire en Afrique. Cela lui est accordé et il rejoint la mission de Tanguiéta où il va demeurer 3 ans, en compagnie du père Jean-Baptiste Duffès. Ce seront pour lui des années très importantes. Dans cette région de l’Atakora qu’il vient de découvrir, il comprend qu’il est fait pour la vie missionnaire et, pourtant, il hésite à s’engager, car il a peur de lui, de sa pauvreté, de ses faiblesses. Le rapport du père Duffès parle d’un homme travailleur qu’il faut parfois modérer, car il se donne à fond dans tout ce qu’il fait, d’un confrère généreux, partageant avec les plus pauvres, d’un confrère très communautaire et d’une grande piété et il conclut : Je ne puis que souhaiter le voir revenir le plus vite en mission et je suis sûr que, si mes paroissiens étaient interrogés, ils seraient unanimes à exprimer le même souhait, car il a été très aimé.
De retour à Lyon, il achève sa dernière année de théologie et, le 4 avril 1961, il est ordonné prêtre à Saint-Donatien de Nantes, sa paroisse d’origine. Il reçoit alors sa première nomination : Le Conseil provincial, compte tenu de l’urgent besoin de missionnaires particulièrement dans le Nord-Ouest du Dahomey, a pensé que l’expérience acquise pendant vos années de séjour au Dahomey pouvait tenir lieu de pastorale, au moins dans sa partie pratique, et vous met donc à la disposition du père supérieur régional pour la préfecture de Parakou. Il retrouve donc Tanguiéta en 1961. Il y restera 4 ans comme vicaire, avant d’aller fonder, 30 kilomètres plus loin, en pays berba, la paroisse de Matéri dont il sera le curé pendant 32 ans.
Le père Auffray était un homme d’une grande discrétion, qui n’aimait pas beaucoup parler de lui et c’est pourquoi il a lui-même très peu écrit sur son travail. Sa vie missionnaire nous est connue par le témoignage de celles et ceux qui l’ont connu et qui, au moment de sa mort, ont voulu lui rendre témoignage.
C’est à l’évangélisation du pays berba qu’il a consacré toute sa vie. Quand il arrive à Matéri en 1965, il n’y a pas encore de vraie communauté chrétienne. Seuls quelques élèves ont été baptisés, qui vont vite se disperser. Pour faire face aux besoins qu’il découvre, il s’occupe surtout des malades. Je les évacuais sur Tanguiéta et je les soignais aussi sur place. J’étais infirmier bénévole avec la participation d’une femme africaine ayant une certaine compétence en la matière. Ensemble, pendant trois ans, nous avons traité les malades, tous les jours, de 8 heures du matin à midi ou une heure de l’après-midi. Ce souci des malades et des infirmes, Michel le gardera toute sa vie. Un jour, réfléchissant sur sa paroisse, il écrit : Mon principal collaborateur est un aveugle. Et les communautés sont formées de gens pauvres, de vieilles femmes, de culs-de-jatte, d’aveugles. C’est vraiment l’Evangile : le Christ est venu pour les pauvres.
Ces premières années à Matéri vont permettre à Michel d’apprendre la langue, de s’initier aux coutumes locales et de se faire aimer. Un jour, en 1968, une vieille femme est venue le trouver pour lui dire : Mon père, j’ai eu l’occasion de connaître les pères de Tanguiéta. Je viens pour apprendre la parole de Dieu et je veux devenir chrétienne. C’est ainsi que tout a commencé. Bientôt, elles seront une trentaine, se réunissant chaque semaine à la mission et écoutant Michel leur annonçant la parole de Dieu. Elles seront toutes baptisées en 1971 : c’est le début de la paroisse.
Toute sa vie, Michel gardera le souci de la catéchèse auprès des adultes, des jeunes et des enfants. Le père Mouterde le dit très bien : Je ne pense pas qu’il existe un village du pays berba où Michel ne soit pas allé pour catéchiser. Chaque jour, dans ce but, il visitait deux ou trois villages. Là où il ne pouvait se rendre en voiture, il y allait à moto. Il lui arrivait parfois de chuter et on en voyait les traces sur ses jambes et ses bras. Sœur Encarnacion qui collabora avec Michel, de nombreuses années, ajoute : Il fut un vrai et infatigable missionnaire jusqu’à la fin de ses jours. Il voulait faire comprendre aux gens qu’ils étaient aimés de Dieu et, pour cela, il parcourait les villages de la paroisse sans arrêt. Il profitait de tous les moments pour faire une catéchèse : homélies, sacrements, rencontres… Il aimait les gens, les connaissait par leur nom et il était aimé par eux.
Toute sa vie, Michel fut aussi un constructeur. Les dernières années, il réalisa son grand projet d’édifier une belle église à Matéri. Elle fut inaugurée par monseigneur Assogba le 15 octobre 1995. Mais il voulut aussi créer un internat pour les jeunes, afin de les aider dans leur scolarisation. Le jour de ses funérailles, son évêque, monseigneur N’Koué, a souhaité que cet internat ait pour nom : Foyer père Michel Auffray.
Une question se pose : où trouvait-il son courage et sa foi ? En lui-même bien sûr, car il était volontaire et savait regarder la vie avec humour. Détaché de tout, il n’avait, de toute façon, rien à perdre et cela lui enlevait beaucoup d’inquiétude. Ceux qui le connaissent savent surtout que la célébration quotidienne de l’Eucharistie était au cœur de sa vie ainsi qu’un grand amour de la Vierge Marie. Il avait coutume de dire : Là où il y a le chapelet, quelque chose se passe. Chaque soir de la semaine, devant la grotte de Lourdes qu’il avait édifiée, il se retrouvait avec les religieuses et quelques chrétiens pour prier les vêpres et le chapelet. Et c’était un moment fort pour tout le monde.
Les dernières années de sa vie furent marquées par la maladie. Il souffrait beaucoup à cause de son asthme et de quintes de toux interminables qui l’étouffaient. La dernière l’emporta au cours d’une session sma, au monastère des cisterciennes de Parakou. Transporté à l’hôpital, il s’éteignit le 20 novembre 1997. Ses obsèques furent présidées par monseigneur N’Koué, évêque de Natitingou. Le peuple berba voulut lui faire des funérailles grandioses et des milliers de personnes se réunirent dans la cour de la mission. Il repose maintenant près de l’église de Matéri, comme il le souhaitait.
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