Société des Missions Africaines - Province de Lyon
Le Père Eugène DUCASTAING
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né le 27 juin 1937 à Gan dans le diocèse de Bayonne (France) membre de la SMA le 16 juillet 1958 prêtre le 22 décembre 1963 décédé le 30 novembre 2009 |
1964-1966 Baudonne, professeur décédé à Tarbes, le 30 novembre 2009, |
Le père Eugène DUCASTAING(1937 - 2009)
Eugène Ducastaing naît à Gan, dans le diocèse de Bayonne le 27 juin 1937. Il est l'aîné des trois garçons de la famille. Après l'école primaire dans son village, il entre au petit séminaire de Baudonne en 1949 où il obtient le BEPC en 1953. C'est alors qu'il rejoint Pont-Rousseau. En 1955, il échoue à la première partie du baccalauréat et il dit qu'il lui est impossible de redoubler : "Je ne me sens ni le courage, ni la volonté d'affronter de nouveau une première, car il me semble qu'un nouvel échec produirait sur moi un choc pire que le premier." Il ajoute que le docteur lui a déconseillé "le climat humide et malsain de Nantes". Aussi, à titre exceptionnel, il est admis à Chamalières en 1955, où il passe deux années avant d'aller à Chanly pour le noviciat.
A la fin de son service militaire fait en partie à Fréjus, une primo infection retarde un peu son retour au grand séminaire : il doit faire un séjour au sanatorium "Le Mont-Blanc", sur le plateau d'Assy et n'arrive à Lyon que vers la fin de 1961. Peu avant l'appel au sous-diaconat, il est noté ainsi : "confrère aimable, serviable, […] pas très sûr, devra être encadré pendant les premières années de sacerdoce, […] coiffeur dévoué." Il avait appris le métier de coiffeur dans le salon de son papa à Gan. Il faut surtout signaler qu'il était bricoleur dans l'âme et que l'atelier de réparation des vélos au 150, dont il était chargé avec son ami Pierre Looten, restait souvent éclairé fort tard dans la nuit. Son manque d'intérêt pour tout ce qui est rangement, sa difficulté pour tenir des comptes, autres traits marquant de son tempérament, seront largement compensés par son sourire, sa patience, sa façon africaine d'accueillir et un certain détachement des choses matérielles.
Il est ordonné prêtre en décembre 1963 à Tarbes, en l'église Sainte-Thérèse ; dès la fin de ses études, sans faire l'année de pastorale, il est envoyé à Baudonne pour y enseigner l'anglais, libérant ainsi pour l'Afrique un confrère un peu plus âgé. Il y reste deux ans, avant d'être affecté en Côte d'Ivoire, en 1966, dans le vicariat de Bouaké, aujourd'hui les diocèses de Bouaké et de Yamoussoukro. Tiébissou, Bocanda, Ouellé, Béoumi, Bouaké, autant de paroisses où il va se dépenser pendant 24 ans jusqu'à son retour définitif en 1990. Confrère aux relations faciles, il sera partout vicaire, partageant les activités pastorales autant que le lui permet sa santé, car des problèmes vont se manifester rapidement. Déjà lorsqu'il était à Tiébissou, trois ans après son arrivée en Afrique, des plaies infectées aux jambes et longues à guérir inquiétaient le docteur qui craignait une maladie plus sérieuse aux conséquences plus graves et qui conseillait fortement un rapatriement pour voir "s'il n'y avait pas chez lui des incompatibilités physiologiques à la vie et au travail en pays tropical". Les amputations qu'il subira peu avant son décès (un orteil, puis un pied, puis une jambe) sont peut-être les "conséquences graves" que craignait le docteur.
En 1976, au cours de son congé en France, le chancelier de l'évêché de Tarbes, un de ses amis, lui propose de demander l'incardination dans son diocèse. Après accord du Conseil provincial et de l'évêque du lieu, celle-ci lui est accordée. Le chancelier écrit alors au père provincial : "Nous le laissons à votre obédience dans votre société. Tout simplement, il reste des nôtres en mission à l'extérieur, il est un signe de notre coopération à l'évangélisation de l'Afrique." (13/09/76) Après cela, il passe encore une quinzaine d'années en Côte d'Ivoire, dont huit comme vicaire à la cathédrale de Bouaké. Ses problèmes de santé continuent et le supérieur régional doit lui interdire d'aller dans les villages, car il n'a pas le droit de jouer avec sa santé. "Peut-être est-il sage d'envisager ton retour en France immédiatement." Il rentre donc et demande à faire une année sabbatique. Il suit alors des cours à Toulouse et le reste du temps s'insère dans l'équipe pastorale de la cathédrale de Tarbes, où il est très bien accueilli par l'équipe des prêtres.
A la fin de son année pastorale, en octobre 1991, il est nommé responsable de l'animation missionnaire à Baudonne pour quatre ans, nomination qui sera prolongée de deux ans en 1995, car "au Conseil provincial, il nous est apparu que, étant donné ton état de santé, il serait difficile que tu retournes en Côte d'Ivoire. En parlant ensemble, il semble que c'était là ton impression aussi." (18/04/1995) Deux ans plus tard, il écrit à l'évêque de Tarbes pour lui dire sa disponibilité pour le diocèse. Le vicaire général lui répond : "Je me réjouis de savoir que tu viens dans le diocèse après ce temps passé au service des missions à l'extérieur." (15/05/1997) Il est d'abord envoyé à Capvern, puis à Séméac, avant d'être nommé curé de l'ensemble pastoral d'Orleix avec quatre clochers. Il a très vite trouvé sa place dans cette paroisse. Voici ce qui a été dit de lui lors de ses obsèques :
"Au milieu de ces villages, tu as exercé ton ministère de prêtre avec ta personnalité et fort de ton expérience africaine, avec ton côté bricoleur et ton goût pour arranger les sonos de l'église, avec ton ou tes vélos, avec ces soucis de santé grandissant. […] Combien de fois nous nous sommes inquiétés de ta vie au presbytère, mais nous touchions là au mystère de ta personne. Accueillant et généreux, bon et volontaire - certains prendront cela pour de l'entêtement -, avec cette indépendance qui te caractérisait, tu as été ce pasteur partageant les joies et les peines des habitants de ton ensemble paroissial qui reconnaissent aujourd'hui ce que tu leur as apporté. Les enfants du catéchisme gardent un bon souvenir de toi. L'année dernière, tes problèmes de santé se sont aggravés et, ce mois d'août, il t'a fallu arrêter. […] Prêtre jusqu'au bout, telle était ta volonté. Clinique, maison de repos, de nouveau clinique, espoirs d'aller mieux… Tel a été ton sort durant ces quatre derniers mois où tu as connu la souffrance et ce passage si difficile qu'est la dépossession et l'abandon de soi."
Oui, la fin de sa vie a été pénible et difficile pour lui et la maladie ne l'a pas épargné. Il se savait condamné et avec foi il avait accepté de recevoir le sacrement des malades, moment privilégié qu'évoque l'un des prêtres présents : "Nous étions là trois frères prêtres avec toi pour célébrer le sacrement des malades. Rejoignant ta souffrance, au cœur de ton espérance, tu nous as donné, à nous réunis autour de ton lit, de vivre, en cette année sacerdotale, une fraternité dont les mots ne peuvent décrire la richesse." Dans sa dernière lettre on lit ces lignes : "L'avenir est entre les mains du Seigneur et je ne m'en inquiète pas."
Eugène nous a quittés le jour de la fête de Saint André. A l'image du grand apôtre, il a rejoint l'immense cohorte de ceux qui ont tout quitté pour répondre à l'appel de Jésus.
Père Bernard Favier, sma
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