Société des Missions Africaines –Province de Lyon
Le Père Roger DUQUESNE
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né le 31 août 1916 à Tourcoing dans le diocèse de Lille, France membre de la SMA le 25 juillet 1939 prêtre le 24 juin 1943 décédé le 30 novembre 1977 |
1944-1948 Ave, Belgique, professeur Chevalier de l’Ordre du Mérité français décédé à Aix-en-Provence, France, le 30 novembre 1977, |
Le Père Roger DUQUESNE (1916 - 1977)
Roger Duquesne naît le 31 août 1916, à Tourcoing, dans une famille profondément chrétienne, comptant quatre garçons et deux filles: il en est l'aîné. L’un de ses frères, Maurice, deviendra lui aussi prêtre des Missions Africaines, missionnaire en Côte-d'Ivoire, comme lui.
Elève brillant au collège du Sacré-Cœur de Tourcoing, alors qu'il vient d'obtenir la 1ère partie du baccalauréat, il doit interrompre ses études à cause de violents maux de tête. Il s'engage dans l'armée et, à la fin de son engagement, il retrouve assez de santé pour demander à entrer au noviciat des Missions Africaines à Chanly, en octobre 1937.
Les deux années de noviciat ont enrichi ses qualités naturelles et approfondi sa vocation missionnaire. Par le serment, il devient membre des Missions Africaines, le 25 juillet 1939. Mais la guerre vient arrêter son cheminement et il se retrouve, de nouveau, à l'armée, mobilisé dans le Nord, toujours dans le Génie. Fait prisonnier, il sera libéré au bout de six mois de captivité pour raison de santé. Il peut alors rejoindre le séminaire des Missions Africaines à Lyon et sera ordonné prêtre, le 24 juin 1943.
Sans doute, le temps qu'il a passé à l'armée a renforcé son tempérament de chef, son sens de la rigueur et des exigences qui marqueront toute sa vie, dans le quotidien de ses activités et dans ses relations avec ceux qui l'entourent. C'est peut être cela qui détermina les responsables de la Province quand ils le nommèrent directeur et préfet des études du petit séminaire missionnaire d’Ave, en Belgique. Son prédécesseur, le père Prosper Malo, devait l'initier pendant une année, mais le Conseil provincial, cette année achevée, nommait le père Roger Duquesne supérieur du petit séminaire Sainte-Thérèse d'Ave en remplacement du père Raingeard qui repartait en mission en Côte-d'Ivoire.
Insistant, chaque fois qu'il le pouvait, pour obtenir des responsables un corps professoral de valeur, le père Roger Duquesne, pendant les quatre années qu'il passa en Belgique, contribua beaucoup à faire connaître les Missions Africaines et à développer la réputation de son séminaire.
En 1948, il peut enfin partir en mission et, tout naturellement, en raison de son expérience, c'est au petit séminaire de Bingerville qu'il est envoyé. Il est vite apprécié des élèves, non seulement comme professeur, mais aussi pour son don d'écoute, car sous un aspect austère et un peu froid, il est très bon, sait accueillir et se mettre à l'écoute de tous. A l'occasion, il soutient, dans la mesure de ses moyens, ceux qui sont en difficulté matérielle.
Mais, voici que, durant un voyage dans la région d'Abengourou, il contracte une étrange fièvre, une perte de l'appétit et surtout du sommeil. Rapatrié sur Marseille, par avion le 20 décembre 1951, on découvre à l'hôpital qu'il est atteint au deuxième degré de la trypanosomiase, cette terrible "maladie du sommeil", transmise par la mouche tsé-tsé.
Guéri, il peut revenir le 28 septembre 1952 et reprend son poste de professeur à Bingerville. Mais, c'est une guerre sans répit qui commence pour lui contre cette maladie et ses conséquences, un combat aussi sans trêve pour convaincre ses supérieurs qu'il peut continuer à travailler, malgré son état.
Pour échapper au climat trop humide et chaud de la basse côte, on le met à la disposition de monseigneur Etrillard, l'évêque de Gagnoa, où le père Joyeau a commencé la construction d'un petit séminaire. On le nomme supérieur du séminaire avec la mission de poursuivre la construction d'un nouveau bâtiment qui accueillera tant de jeunes et d'où est sortie une partie de l'élite du pays. C'est ainsi que, pendant quatorze années, il se consacrera à la formation des futurs prêtres du diocèse de Gagnoa, en même temps qu'il pourvoit avec compétence à son organisation matérielle et aux constructions. Il a une très grande autorité sur les professeurs et les élèves dont il est très estimé.
Le père Lombardet, supérieur régional, soucieux de sa santé, souhaite qu'on lui confie des charges moins écrasantes. Ce sera l'aumônerie de la léproserie d'Adzopé où il remplacera le père Miet qui fut le fondateur de ce qui devint le plus important centre de soins et de recherche sur la lèpre en Afrique occidentale. Le père Roger Duquesne, avec beaucoup de peine, quitte Gagnoa en février 1966. Comme on s'en doute, il arrive à ce nouveau poste avec plein de projets en tête et dans le coeur. Il veut pour les lépreux, qu'il aimera sans limites, une réhabilitation totale, un retour à la vie au milieu de leurs frères et il luttera avec toute sa fougue et l'amour qu'il leur porte jusqu'à l'épuisement total de ses forces.
Adzopé est plus qu'un hôpital pour lépreux, c'est aussi une fondation de l'Association Raoul Follereau : c’est un peu la vitrine de cette puissante O.N.G. Les religieuses, médecins, infirmières y jouent le rôle essentiel. Un contrat, signé entre les Missions Africaines et les Soeurs de Notre-Dame des Apôtres, encadre le statut de l'aumônier. Il est sans doute trop étroit pour le père Duquesne, toujours débordant d'initiatives. Cette fois encore, sa santé se dégrade. Epuisé, il doit rentrer en France au début de janvier 1970. Il voudrait un autre cadre pour réaliser ses projets auprès des lépreux.
A son retour, le 18 mars 1971, monseigneur Yago lui propose de résider à Bingerville avec la charge de la léproserie proche du séminaire. Mais, c'est à Adzopé qu'il demande à revenir, non pas à la léproserie, mais au village post-cure qui se trouve à 1,5 km. Il s'y ferait construire, à ses frais, une maison et une chapelle, un dispensaire, une maternité.
De Bingerville où il réside, il entretient toute une correspondance avec les responsables et ses amis bienfaiteurs pour réaliser son projet d'Adzopé. Ses relations avec le docteur Séri, directeur de la santé à Abidjan, vont beaucoup l’aider. La réorganisation des léproseries lui permet de s'établir au milieu des 500 lépreux en voie de guérison dans le village post-cure, aux cases toute nouvelles. C'est là que le père Domas, assistant de la Province de Lyon, le trouve, en novembre 1974, heureux de vivre enfin ce qu'il a tant souhaité, car ce village est un village témoin ; 6 autres seront créés en Côte-d'ivoire. Il a trouvé les fonds pour édifier l'église, sa maison, l'école, tout cela au milieu d'incompréhensions, de difficultés morales de tout ordre, et d'obstacles que, seuls, sa foi et son courage ont pu surmonter. Au prix aussi de sa santé toujours précaire car, lui qui a lutté toute sa vie pour guérir les autres, porte dans sa chair la maladie qui le ronge depuis tant d'années.
En 1976, épuisé, il rentre en France. Le 30 novembre 1977, en la fête de Saint-André, il s'éteint doucement à l'hôpital d'Aix-en-Provence. Pour manifester leur reconnaissance, les lépreux du village post-cure où le père Duquesne s’était beaucoup investi et les autorités locales ont voulu que leur village porte, désormais, le nom officiel de Duquesne-Crémone, en souvenir du père et de la ville d’Italie qui l’avait beaucoup aidé.
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