Société des Missions Africaines - Province de Lyon
Le père Marcel Marie Jules Robert RANCHIN (1926-2014)
Né le 12 février 1926 à Annonay
- diocèse de Viviers
Membre de la SMA le 24 avril 1949
Ordonné prêtre le 11 février 1952
Bocanda (Yamoussoukro), vicaire Tiébissou (Yamoussoukro),
curé Bocanda (Yamoussoukro), curé Lyon 150, recyclage
Bouaké, intérim direction enseignement
Béoumi (Bouaké), curé
La Croix- Valmer, supérieur
Chamalières, supérieur
Bouaké, paroisse St Paul et Ste Marie
Lyon 150, économe
Odienné, économe diocésain Pommiers, aumônier des soeurs NDA Lyon 150, accueil
Montferrier, maison de retraite
Décédé le 16 juin 2014 à Montferrier-sur-Lez
à l'âge de 88 ans
Il naît à Annonay le 12 février 1926 dans une famille où la SMA n'est pas inconnue: l'un des frères de son grand père, le père Edouard Ranchin, missionnaire en Egypte et en Côte d'Ivoire, a été pendant 9 ans vicaire général de la Société, et son papa, chef de gare à Labégude (Ardèche), a été élève à Pont-Rousseau jusqu'en classe de seconde ; il fut très heureux de voir que l'un de ses fils se destinait à être missionnaire. Marcel était l'aîné de cinq enfants : trois garçons et deux filles qui sont toutes les deux décédées très jeunes.
En 1942, il est en seconde au petit séminaire d'Aubenas, et le père Antonin Gautier, recruteur à Chamalières, vient y faire une conférence sur les missions. Depuis longtemps, écrit-il au provincial, je désirais devenir missionnaire, mais je ne savais pas dans quel ordre entrer. J'ai un oncle franciscain, mais cela ne me plaisait pas. Cette conférence du père Gautier fut pour moi le coup de la grâce. Je brûle depuis du désir d'aller évangéliser l'Afrique. J'offre chaque jour de petits sacrifices pour la conversion des petits nègres. " (12/11 /44) Lorsqu'il écrit cette lettre, il est au grand séminaire de son diocèse, à Viviers où il fait deux ans de philosophie, tout en travaillant pour son compte personnel pour préparer le bac de philo. Il réussira la seconde partie de son bac en 1949 devant la Faculté des Lettres de Lyon.
Il fait son service militaire en Allemagne de novembre 1946 à février 1948 et en sort sergent. Le séminaire de Viviers l'aurait volontiers gardé: "Vous faites, en acceptant ce jeune homme, une excellente acquisition. C'est un séminariste pieux, intelligent, aimable et bien équilibré. Nous le regrettons, c'est tout vous dire." (06/03/48) Au mois d'avril, il est admis au noviciat, à Chamalières, où le père Laqueyrie se charge de lui jusqu'au mois d'octobre, date à laquelle il va à Lyon pour terminer son noviciat, puis faire les 4 années de théologie. Il est ordonné prêtre le 11 février 1952.
Voici quelques appréciations de ses professeurs lors de son admission aux ordres : "1ntelligence au-dessus de la moyenne, peut faire des études supérieures, très travailleur , très dévoué, grande franchise , heureux caractère, désigné par ses confrères pour être chef de cours, habile et prudent dans les affaires matérielles." Et le père Boucheix, provincial, écrit : "Ce jeune corifrère sortant du séminaire est un sujet de valeur tant au point de vue intellectuel que pratique. Il a des moyens au-dessus de la moyenne qui s'affirmeront avec un peu de maturité. Tempérament robuste et plein de dynamisme, doit devenir un bon organisateur dans tous les domaines. Nous pensons qu'il peut s'adapter à toutes les tâches et doit être capable de faire face plus tard à des responsabilités de premier plan. Sérieux, équilibré, plein de bon sens, méthodique et très surnaturel, s'attachera à son travail avec persévérance et sera volontiers exigeant dans ses efforts. "
Il est mis à la disposition de Mgr Duirat, préfet apostolique de Bouaké. Il est successivement
vicaire à Bocanda, responsable à Tiébissou puis il retrouve Bocanda comme responsable. Ces deux missions sont aujourd'hui dans le diocèse de Yamoussoukro. Est-il très occupé ? Sans doute ; répugne-t-il à donner des nouvelles ? Peut-être. Toujours est-il qu'entre 1952 et 1969, date à laquelle il vient à Lyon pour une année sabbatique, on n'a aucun moyen d'avoir des précisions sur son travail. En 1969-1970, pendant cette année de recyclage aux Facultés catholiques de Lyon, il est aussi nommé "responsable pour un an du groupe de séminaristes et de jeunes pères qui suivent à Lyon le cycle universitaire et directeur spirituel de la communauté sma au consortium d'études missionnaires 1er cycle." (15/06/69) Quand il retourne en Côte d'Ivoire, avant de se retrouver à Béoumi, il passe trois mois à Abidjan où il prend en charge la préparation du stage pastoral des confrères qui arrivent pour la première fois en mission.
A Béoumi, il va rester 7 ans : les circulaires qu'il envoie à la fin de chaque année témoignent des difficultés qu'il rencontre dans son ministère, de la foi et de l'ardeur qu'il met dans son travail et aussi de joies profondes qu'il partage volontiers. Il écrit par exemple : "La nuit de Noël a été fotée dans trois centres. Pour la première fois, les chrétiens ont accepté de renoncer à leur petite chapelle pour se réunir en un lieu commun afin de fêter dignement Noël et d'apporter un témoignage aux animistes. Certains ont fait à pied 36 kilomètres aller et retour pour fêter Noël en union avec les autres." (Noël 72) "Le pays Kodé est toujours aussi peu ouvert à l'évangile. Après 31 ans de présence missionnaire, les chrétiens ne se comptent encore que par unités. [...} Il faut semer dans la Foi ! Aussi, avons-nous décidé d'essayer de donner le témoignage évangélique des premières communautés chrétiennes : "s'appliquer à écouter fidèlement l'enseignement des apôtres, à vivre dans la communion fraternelle, à prendre part à la fraction du pain et à participer aux prières. Actuellement, nous préparons spirituellement et matériellement l'ordination de notre premier prêtre kodé, l'abbé Théodore Kouadio." (Noël 74)"L'année écoulée, nous avons porté nos efforts sur la prière, la formation biblique des laïcs, la presse et l'entraide. Les résultats ne sont pas spectaculaires. Cependant, nous remarquons chez les chrétiens une meilleure prise de conscience du rôle de levain qu'ils ont à jouer dans leur village (ici on parle plus volontiers du piment qui imprègne toute la sauce. " (Noël 76)
Dès qu'il est pressenti pour aller à la Croix comme supérieur en remplacement du père Boiron, il accepte avec beaucoup d'esprit de foi et de service, puis il se rétracte disant que son travail pastoral en Afrique lui apparaissait comme une priorité. Devant l'insistance du Conseil provincial, il répond "Tu peux compter sur moi, c'est un oui définitif Il n'y reste qu'une année : en effet, c'est en 1979 que nos anciens inaugurent la maison de Montferrier. Il n'en sera pas le premier responsable, car en octobre 1979, il devient supérieur de la maison de Chamalières. Il écrit alors : "L'eau frappée par la roche rugueuse semble éclater dans sa chute, mais elle se change au bas en une onde d'azur calme et apaisée ! ! ! Puisse-t-il en être ainsi des hommes que le Conseil bouscule ! ! ! [...} J’étais pleinement dans ma peau, heureux à La Croix. Priez pour que cet équilibre ne soit pas rompu et que je puisse m'épanouir en terre d'Auvergne. Une fois encore, Je pars dans l'inconnu." (18/09179) A la maison de Chamalières, l'entente est bonne, mais il précise cependant : "Le moral est bon, il serait meilleur si le feu vert apparaissait." (20/12/81) Quand, en 1983, il apprend que le père Pottier va le remplacer, il écrit : "Enfin, Je vois le bout du tunnel."
En septembre 1983, on lui propose sur Bouaké de travailler en équipe avec l'abbé Maurice curé d'Ahougnanssou, en étant responsable des deux quartiers de Gonfreville et de La Zone et de s'occuper aussi des Mass Média, spécialement la presse écrite. Il accepte. On lui propose également l'animation spirituelle des maîtres. Il répond qu'il verra sur place. Peu après son arrivée, il écrit : "Je suis très heureux à Bouaké. J'ai du champ pour manœuvrer. Certes, (je m'en doutais) tout n'est pas plat et les volontaires pour prendre ce poste à créer n'existaient pas. Màis comme le cœur est resté jeune, la foi vive et la santé bonne, on ne va pas se plaindre." (31 /12/83) Deux ans plus tard, une promotion ? "Hier matin, pères, frères et sœurs réunis m'ont élu président du secteur urbain de Bouaké. En vérité, Je ne m'attendais pas du tout à cela. Une tuile qui me tombe soudain sur la tête. fls ont mis l'accent sur le service à rendre à l'ensemble. C'est dans cet esprit que j'accepte." ( 17/ t0/85) Il s'occupe de deux groupes de cours biblique, l'un le dimanche matin après la messe et l'autre le mardi soir pour les adultes et les cadres ; il a du monde et ça marche (étude de l'évangile de Saint Jean, puis des Actes des Apôtres.
Essayons d'imaginer l'énergie, le courage, la foi dont il a fait preuve, et la santé qui était la sienne, quand après six ans de présence, là où il n'y avait qu'une petite chapelle à son arrivée et où maintenant une mission est fondée et construite, il peut écrire à ses bienfaiteurs pour les remercier: "La grande nouvelle, cette année, c'est une œuvre à laquelle vous avez participé concrètement, la construction de notre nouvelle église Saint-Paul. [ ..]Nous nous préparons à y célébrer la première eucharistie pour la nuit de Noël." (Noet 1992) Cette église est sur Gonfreville. Une autre église, l'église Sainte-Marie, construite à Sainte-Marie la zone est inaugurée en novembre 91 et sera bénite l'année suivante par 1'évêque de Bouaké. En 1993, la paroisse Saint-Paul sera confiée au père René Hoc. A partir de cette date il y a deux paroisses. Saint Paul de Gonfreville et Sainte Marie de la Zone.
Des événements marquent cette période: l'un est cocasse: un taureau fonce sur la 4L du vaillant missionnaire qui ne doit son salut qu'à la providence ; l'autre est tragique, c'est l'assassinat du père Adrien Jeanne en 1993; le dernier est glorieux: le 15 mai 1991, Jacques Pelletier, ministre de la Coopération, lui fait savoir qu'il est "nommé au grade de chevalier dans l'Ordre National du Mérite de la République Française, pour services distingués rendus à la France et à la cause de l'amitié franco-ivoirienne."
Nommé économe au 150 en septembre 1995, il hésite bien à accepter ce poste. Il quitte Bouaké le cœur serré. Il vient de terminer le presbytère Sainte-Marie de la zone à Bouaké, et il écrit avant de partir : "Voici le nid terminé ! Mais il est presque vide. J'ai un peu honte de l'occuper tout seul! [ ..] Mes craintes sont aussi et surtout pour la communauté qui a tant besoin de pasteurs!" Le 12 janvier 1995, il avait écrit à la Province en parlant des foyers chrétiens de sa paroisse : "fls sont très motivés et ils ne vous porteront pas dans leur coeur le jour où ils apprendront que vous leur arrachez leur père!" Normalement, il est nommé pour quatre ans. C'est en tout cas ce que porte sa nomination. Avec l'arrivée de la Sodexho en 1997 pour s'occuper des repas au 150, il est libéré et mis à la disposition du Régional de Côte d'Ivoire pour le diocèse d'Odienné (gestion des finances diocésaines et accompagnement des familles chrétiennes). Il y retrouve son grand ami, l'abbé Maurice Konan Kouassi devenuévêque de ce diocèse. Quand il avait été nommé à Lyon, il avait ironisé en écrivant : "Les voies de Dieu ne sont pas les nôtres 1 Le prêtre diocésain est envoyé par Rome comme missionnaire en territoire de première évangélisation et le missionnaire rappelé en France pour un service d'intendance ! C'est l'humour de Dieu !" ( 10/12/95)
A Odienné, si la coopération avec l'évêque est excellente, elle durera moins de deux ans. D'abord Odienné, c'est le bout du monde : impossible de faire les analyses médicales sur place. En mai 1998, quand il a une bonne crise de palu doublée d'une typhoïde (il doit rentrer en France pour se refaire !), il commence à se poser des questions. Et puis, si sa gestion des affaires est très réaliste, celle de son évêque l'est beaucoup moins. En 1999 (il a 73 ans) il demande au provincial de faire savoir à son évêque que son contrat ne sera pas renouvelé ''pour raisons de santé et de service sma à Lyon". A ce moment, il envisage une activité au 150, une insertion en paroisse à la demande, une aide à Chaponost pour la permanence. Mais le provincial lui propose de remplace le père Mittaine à Pommiers. Il accepte volontiers en disant qu'il aimerait bien avoir un jour libre par semaine précisant qu'il est moins casanier que son prédécesseur. Avant de quitter la Côte d'Ivoire, il a la joie de voir se terminer sur Odienné deux réalisations qui lui tenaient à cœur: la construction d'un dispensaire privé catholique, appelé "dispensaire Pietro Bonilli", du nom d'un prêtre italien (1841-1935), béatifié en 1988, fondateur des Sœurs de la Sainte Famille de Spoleto, dont une communauté travaille sur Odienné, et aussi la construction de l'église de Minignan, dédiée à saint André où il célèbrera la messe le jour de Noël 1998 : "Quel honneur et quelle joie pour notre petite communauté catholique." ( 17112/98)
Pommiers est une petite localité située à une vingtaine de kilomètres au nord de Lyon. C'est là que les sœurs nda avaient l'une de leurs maisons de retraite et c'est généralement un confrère de la Société qui était leur aumônier. Dès son arrivée à Pommiers, le père Ranchin s'engage dans le coin. Il répond à l'appel de père Pigeaud, le curé de Lissieu, pour une aide ponctuelle à Liergues, Pouilly-le-Monial et Charnay. Cela lui permet de rester un peu dans la pastorale de base. Discret et efficace dans son travail d'aumônier, le père sera très apprécié par les sœurs ; il le sera aussi par les membres des communautés chrétiennes des villages des environs, comme en témoigne une longue lettre de remerciement du maire de Pouilly-le-Monial : "Vous allez nous manquer. Je sais, beaucoup de gens vous l'ont déjà dit, mais vous allez nous manquer en tant qu'homme tout simplement, un homme à l'écoute des autres, un homme qui savait partager et qui ne faisait pas de différence et qui savait réconforter les personnes en difficulté. "
En 2009, lorsque les sœurs doivent quitter leur maison de Pommiers, le père est nommé au 150, à Lyon. Il y sera le confrère toujours disponible qu'il a toujours été, disponible pour des services pastoraux à l'extérieur de la maison, disponible pour faire, avec d'autres, la permanence à l'accueil. Il trouve ce travail astreignant à cause des horaires, mais intéressant à cause des rencontres. Quand on lui parle de Montferrier, il dit que chaque fois qu'il va chez le docteur, celui-ci lui dit que sa santé s'améliore et facilement il argumente : il est encore utile pour finir d'initier Claude Vincent à l’accueil. Quand il y a défection d'une bénévole, il la remplace ... il est utile au Média Center : il scanne des diapos : il en reste encore beaucoup, et puis ce qui lui fait peur, à Montferrier, c'est de n’avoir plus de contacts avec l’extérieur. Mais si on lui dit d’aller, il ira.
Il y va en 2013 et y restera à peine une année. Dès son arrivée, il a rejoint le petit club des joueurs de pétanque. Il aimait jouer, mais se montrait très pointilleux sur l'observation des règles. Surtout, ce qu'on gardera de lui, c'est sa disponibilité, toujours prêt à rendre service. Dès qu'on lui demandait un petit service, il ne faisait aucune objection et acceptait de suite.
Rendre service était une de ses préoccupations. Il est décédé le 16 juin 2014, durant la nuit, brusquement, à la grande surprise de tous. Comme il l'avait demandé sur son testament, il a été inhumé au cimetière de la Guillotière à Lyon dans le caveau des Missions Africaines.
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