Société des Missions Africaines – Province de Lyon
Le père Louis Julien Marie Joseph ROLLAND (1926- 2014)
Né le 19 juin 1926 à Vay (Loire-Atlantique)
-diocèse de Nantes-
Membre de la SMA le 27 octobre 1947
Ordonné prêtre le 11 février 1952
1952-1953 |
Rezé, professeur de 7ème |
1953-1954 |
Chamalières, professeur |
1954-1955 |
Sainte-Foy, professeur |
1955-1957 |
Chaponost, professeur |
1958-1963 |
Sakasso (Bouaké), vicaire |
1963-1965 |
Thorenc (Nice), sanatorium |
1965-1966 |
Toumodi (Yamoussoukro), vicaire |
1966-1970 |
Bouaké, professeur au petit séminaire |
1970-1971 |
Béoumi (Bouaké), vicaire |
1971-1983 |
Raviart (Yamoussoukro), vicaire puis curé |
1983-1984 |
Rezé, repos |
1984-1986 |
Dimbokro (Yamoussoukro), vicaire |
1986-1988 |
Bouaké, vicaire à la cathédrale |
1988-1998 |
Botro (Bouaké), curé |
1998-1999 |
Lyon 150, recyclage |
1999-2000 |
lssia (Daloa), professeur |
2000-2004 |
Rezé |
2004-2014 |
Montferrier, maison de retraite |
Décédé à Montferrier sur Lez
le 24 juin 2014 àl'âge de 88 ans
Il naît à Vay, dans le diocèse de Nantes, le 19 juin 1926. Il connaîtra peu son papa qui décède en 1939, laissant la maman seule pour élever ses quatre enfants : deux garçons et deux filles : au début elle était ménagère, puis elle sera garde-barrière. Sa scolarité est toute simple :
études primaires à l'école Saint-Yves de Vay et études secondaires à Pont-Rousseau de 1938 à
1945, où il obtient la première partie du baccalauréat. On note à son sujet qu'il a toujours obtenu d'excellents résultats à ses examens, et souvent les premières places. Il fait ensuite ses deux années de noviciat à Chanly. Après une année à Lyon au grand séminaire, il part à l'armée en novembre 1948, mais au bout d'un mois il est réformé pour raisons de santé. L'année suivante, il devra arrêter ses études au 150 et aller se reposer pendant 6 mois au Rozay, une propriété de la Province dans la banlieue nord de Lyon. Ordonné le 11 février 1952, il reçoit la nomination suivante : "Vous êtes affecté au petit séminaire de PontRousseau en remplacement d'un de ceux qui soupirent après l'Afrique depuis plusieurs années. " (O 1 /08/52)
Mais sa santé n'est pas parfaite et le docteur de Rezé s'inquiète : en janvier 1953, il "certifie que le père Rolland [ ..] est porteur de séquelles de lésions pulmonaires du sommet droit d'origine bacillaire et qu'il doit encore se soigner et se reposer pendant trois mois." Le mois suivant, il va encore plus loin et écrit : "fl convient de supprimer immédiatement les contacts avec les enfants, ceci pendant un laps de temps de 3 mois, au terme duquel il vous appartiendra de fournir un certificat de non contagiosité. " En conséquence de quoi, il est affecté à Chamalières, où "vous pourrez vous rendre utile, tout en vous reposant". En 1954, le changement de destination de la maison de Chamalières amène aussi un bouleversement du personnel. Louis Rolland est alors nommé professeur à Sainte-Foy, puis, l'année suivante à Chaponost. Au bout de deux ans, le docteur écrit encore : "La vie en pleine brousse lui estdéconseillée, d'autant plus qu'une rechute est toujours possible." En décembre 1957, il est cependant mis à la disposition de Mgr Duirat, évêque de Bouaké, qui le nomme vicaire à Sakassou. Le provincial le présente ainsi : "Confrère qui a toujours eu d'excellentes relations avec tout le monde, confrères et élèves ; très appliqué à son devoir d'état, même avec quelques scrupules ; intelligent, très dévoué, de jugement droit, de caractère très facile, santé
à ménager".
Avec le père Gautret, fondateur de la mission, il fait du très bon travail à Sakassou. Il y fait deux séjours entiers, mais ne sait pas ménager sa peine, surtout pendant un congé du père Gautret. Au retour en mission de ce dernier, il avoue n'avoir pas su prendre un temps de repos. Sa santé l'oblige à rentrer en France pour se soigner : il se résigne mais précise dans une lettre au provincial : "Je viens vous supplier, ce n'est pas défendu, de ne pas m'enlever tout espoir de retour ici. [ ..] J'ai fait une imprudence et je la paye durement, c'est de ne pas m'être reposé à l'arrivée du père Gautret comme j'en avais le désir ... Vous savez que je ferai ce que vous me direz de faire, mais j'ai voulu vous faire savoir dans quels sentiments je quitte l'Afrique." Il doit alors passer plus d'une année au sanatorium de Thorenc, et même lorsqu'il quitte l'établissement en octobre 1964, le docteur lui conseille "de se reposer encore complètement jusqu'à la fin de l'année, c'est-à-dire repos nocturne : 10 heures, repos diurne :
5 à 6 heures. Il ne doit pas envisager son retour en Afrique avant octobre 1965 et dans de bonnes conditions. "Finalement, il peut repartir en octobre 1965.
Après une année à Toumodi, avec le père Gotte, il est nommé professeur au petit séminaire de Bouaké. Ce poste lui permet de ménager un peu sa santé. Il y reste pendant 4 ans, puis, après une année à Béoumi, il va passer 13 ans à Raviart où il se plaira bien. La paroisse comprend
75 villages et seulement 46 baptisés au moment où arrive le père. Il écrit peu et parle rarement de ses activités, sinon dans une circulaire qu'il écrit peu après son arrivée sur place : "Je me vois toujours occupé par de nouvelles occupations : écoles, villages, catéchismes, malades. " Pour s'occuper de tous ces villages, il est secondé par un abbé africain, une communauté de religieuses (au début), un catéchiste formé et deux en formation et des animateurs de communautés. Il est gêné dans son ministère par ceux qu'il appelle "les six mois", ces jeunes qui partent régulièrement chaque année travailler dans les plantations du sud, ce qui rend difficile toute catéchèse, surtout quand des animateurs eux-mêmes font partie de ces "six mois". Il y a aussi les 9 écoles publiques où doit se faire régulièrement la catéchèse.
Et comme s'il bénéficiait de temps libre, en 1981, lorsque le père Gautret est nommé à Dimbokro avec le père Niel, c'est lui qui, en plus de Raviart, doit s'occuper de Didiévi. Il se lamente de devoir courir d'un poste à l'autre, sans faire du vraiment sérieux. "C'est dommage, car des villages, aussi bien sur Raviart que sur Didiévi, s'ouvriraient si on s'en occupait vraiment. Les catéchistes ne sont pas assez formés et ce n'est pas les 3 sessions de trois jours par année qui peuvent leur apprendre grand-chose. Pas de sœurs non plus depuis bientôt 4 ans. Elles seraient bien utiles à Didiévi pour la catéchèse des 800 collégiens. Notre travail n'est plus à l'échelle humaine, alors on fait ce qu'on peut." (02/09/81 )
En 1981, voilà 10 ans qu'il est sur place et il se remet à la disposition de son évêque pour une nouvelle affectation s'il le désire. C'est peu après qu'il découvre qu'il a des problèmes aux yeux : "Le docteur m'a trouvé 28 de tension dans un œil et 20 dans l'autre. Il m'a aussitôt
prescrit des médicaments [ ..] S'il n y a pas d'amélioration, il me faudra envisager une
opération" (24/08/82)
L'année suivante, durant son congé en France, il apprend qu'il a des glaucomes et la cataracte. Il se fait opérer, un œil après l'autre, et il apprend aussi qu'il a des problèmes au cœur et que peut-être il faudrait aussi envisager une opération. Finalement, il n'est pas opéré, mais on lui demande de faire un contrôle cardiologique tous les six mois. Durant ce séjour un peu prolongé en France, il s'est demandé s'il ne pourrait pas en profiter pour faire un recyclage, mais finalement, il repart en 1984. Il va passer encore 14 ans en Côte d'Ivoire. D'abord deux ans à Dif?bokro comme vicaire du père Pasquier : "Rien de bien sensationnel dans notre équipe paroissiale, sinon que notre curé Joseph Pasquier mène toujours les choses tambour battant et que Yves Le Mignon et moi nous essayons de le suivre. Le tout fait que la vie paroissiale à Dimbokro est malgré tout assez active. Comme mon silence vous le laisse sans doute supposer, ma santé est bonne." (04/09/85) Il est nommé ensuite vicaire à la cathédrale de Bouaké (1986-1988). Il accepte volontiers, pendant les vacances de remplacer les pères partis en congé et il est tout heureux de signaler que sa santé "tient le coup".
1988, il entame une nouvelle étape de sa vie missionnaire à Botro où il a comme voisin le Père Joseph Puaut qui a travaillé longtemps à Botro, avec le père Convers, avant de se retirer
à la mission de Bodokro, l'une des stations secondaires de Botro : "Me voici dans cette mission de Botro qui me plaît et où je suis arrivé il y a trois semaines à la suite d'une décision qui a été prise en quelques jours. [ ..] J'ai aussi mon coéquipier apostolique, Joseph Puaut que je vois plusieurs fois par semaine et qui est un homme de bon conseil. Nous nous entendons bien tous les deux." (22111188) Il bénéficie du travail de ses prédécesseurs : "La visite des villages de la région de Bodokro m'a beaucoup intéressé. [ ..] Joseph Puaut a vraiment travaillé et a bien su organiser ses communautés. J'y ai trouvé des chapelles en dur, dont quelques-unes construites par Pierre Bouchet, et une assistance vivante avec chef chrétien, catéchistes, chantres. La région de Botro semble plus dure avec une mentalité fétichiste plus vivace." (28/08/89) Il écrit ces lignes sur Bodokro en l'absence de Joseph Puaut dont il dessert la mission pendant son congé en France.
Dans ses lettres, il parle volontiers de son travail : ''A Botro, notre petite communauté augmente peu à peu et il nous arrive certains dimanches de l'année de voir remplie notre nouvelle et belle église- je n'y suis pour rien- que nous pensions mettre plusieurs mois, même plusieurs années à remplir. Ce sont les villages qui sont plus lents à démarrer." (02/09/91 )
"Rien de vraiment extraordinaire cette année dans notre mission de Botro, si ce n'est ce qui est commun à toutes les missions : catéchèse aux jeunes, aux adultes, visites dans les villages, cours bibliques, préparation aux baptêmes, à la confirmation, aux mariages. Mais c'est l'Eglise qui peu à peu se construit et c'est passionnant." (Noe! 1992)
Dans la même lettre, il avoue qu'il a quelques alertes de santé et qu'il doit ralentir un peu son travail ; il n'a cependant pas l'air de s'en inquiéter. Plus inquiétante est la mort du père Adrien Jeanne dans des conditions vraiment tragiques: "Dans les premières semaines, les gendarmes venaient régulièrement faire des rondes. Actuellement, j'ai un gardien armé. Le temps passe et je dors mieux la nuit." (03/05/93) Durant son congé, en 1993, il doit se faire opérer au cœur ; on lui met une prothèse mitrale. Il reste pratiquement une année en France à se faire soigner, car, en plus, il se fait aussi opérer des varices. Finalement, il peut repartir le 16 décembre 1994.
Dans sa circulaire de janvier 1996, on sent combien il est proche de chacun de ses paroissiens ; il raconte ses peines et ses joies : la construction d'une chapelle, les malades, le manque d'eau dans les villages, la mort de Simone, l'enterrement d'une lépreuse à côté d'une termitière, les baptêmes, Noël, "En procession, nous avons conduit Joseph, Marie et l'enfant Jésus (le catéchiste Barnabé, sa femme Constance et leur bébé de quelques jours) vers la crèche où le petit Emmanuel est resté bien tranquille sur sa paille, entouré par son père et sa mère en admiration devant lui. Même à l'offertoire, les jeunes danseuses ne l'ont pas réveillé."
Le décès du père Puaut, pendant son congé en 1997 en France, l'affecte profondément. Il lui faut maintenant desservir Bodokro. Cela ne fait qu'accroître sa fatigue. Il a grand besoin de se reposer et l'année suivante il est au 150 pour faire un recyclage : ''J'ai donc choisi ce qui se rapporte à l'Ecriture Sainte (introduction à l'intelligence des Ecritures, histoire d'Israël, le monde de Jésus de Nazareth et de ses disciples). Je pense aussi assister à la session Bienvenue de Lisieux. "(07/09/98)
Il n'oublie pas l'Afrique pour autant, et tant qu'il peut servir... Il repart donc en 1999, mais cette fois dans le diocèse de Daloa, au séminaire de propédeutique, à Issia. "Dans les jours suivants, je rejoindrai donc le séminaire d'Issia. J'espère me faire peu à peu à cette vie toute nouvelle pour moi. Je vous dis donc au revoir et merci pour cette année de recyclage." (21/08/99) Professeur et accompagnateur des jeunes, il était tout indiqué pour communiquer son amour et son zèle pour la mission. Hélas pour lui, il doit déjà rentrer en 2000 pour raisons de santé, et cette fois, le Conseil provincial ne le laisse pas repartir. D'abord nommé au 150, il accepte, mais sans gaieté de coeur : "S'il faut aller au 150, j'irai au 150." (24/08/00) Finalement, il est "affecté à la communauté de Rezé. Cela te permettra d'être proche de ta famille et en particulier de ta sœur malade. Tu pourras aussi poursuivre les soins avec l'équipe médicale qui te suit depuis quelque temps. Il (nomination du 5 octobre 2000)
A Rezé, il n'a pas d'affectation précise, mais bien vite, le Conseil provincial trouve à l'occuper: écrire en une ou deux pages la biographie des confrères décédés. Il s'agissait de continuer le travail de Noël Douau qui avait écrit une petite biographie pour les confrères décédés avant 1963 ; mais cela n'avait pas été continué, mis à part le travail de Maurice Grenot dont les textes étaient beaucoup trop longs. Pour cela, Louis Rolland s'initie à l'informatique et il se met au travail et se rend plusieurs fois à la maison provinciale, pour étudier les dossiers des confrères. Lorsqu'il est nommé à Montferrier, en 2004, le provincial lui propose même de venir encore de temps en temps passer quelques jours à Paris pour continuer ce travail.
Il va passer les 10 dernières années de sa vie à la maison de retraite de Montferrier où il se fera remarquer par sa discrétion, son effacement, jusque dans sa manière de quitter le monde, sans déranger personne : on l'a retrouvé, un matin, assis dans son fauteuil, son bréviaire ouvert sur ses genoux ... Ecoutons le témoignage de ses confrères : "La mort du père Louis Rolland est à l'image de sa vie. Il est parti sans faire de bruit. Louis était un homme discret, effacé, humble, timide, timoré, se tenant toujours en retrait. Ne se mettant jamais en avant, il ne désirait aucune promotion, n'avait aucune ambition humaine, récusant toute demande qui, à ses yeux, l'aurait mis sous les feux des projecteurs. [ ..]Son monde à lui, c'était le monde des petites gens, des illettrés, des malheureux qui venaient frapper à sa porte. [ ..] fl ressentait durement toutes les injustices faites aux petits, il en souffrait. Les petites gens sentaient bien qu'il souffrait avec eux, qu'il avait une véritable compassion pour eux, c'est pourquoi ils l'aimaient. Une pauvre veuve de Didiévi, pour en garder la mémoire, a appelé l'un de ses petits-fils "Mon Père Rolland". Bienheureux les cœurs pauvres." (un confrère)
"fl devait y avoir foule à la porte du paradis pour accueillir le Père Louis Rolland. Foule de toutes sortes de mendiants que le Père a soulagés. Et ces paroles du chapitre 25 de Matthieu ont dû retentir à nouveau : venez les bénis de mon Père, venez prendre place au Royaume qui vous a été préparé depuis le commencement du monde. Car j'avais faim et vous m'avez donné
à manger. [ ..]Oui, le père Louis Rolland avait le cœur sur la main." (un confrère)
"Ses prédications saisissaient les cœurs et remuaient les entrailles ; je me souviens encore d'une de ses homélies qui a fait sangloter une jeune fille en pleine messe. Ses qualités d'enseignant marquaient les esprits et m'ont rapproché de lui pour apprendre auprès de lui. [ ..]Je pouvais dire avec un brin de fierté à mes compagnons de classe :je n'ai jamais été au petit séminaire, ni fait d'année propédeutique, mais je ne regrette rien, car je viens de Botro et j'ai tout reçu aux pieds du Père Rolland. " (un confrère des D/F)
A la manière d'une fleur qui pousse sans faire de bruit, dans le silence et la discrétion, il a fait de grandes choses, et les valeurs que nous laisse aujourd'hui notre frère Louis sont Simplicité, Humilité, Amour. (de l'homélie des funérailles)
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