Société des Missions Africaines – Province de Lyon
Le Père Claude TEMPLÉ
né le 23 mai 1943 à la Rouxière
dans le diocèse de Nantes
membre de la SMA le 28 septembre 1968
prêtre le 6 juillet 1969
décédé le 30 juillet 2014
1969-1970 Porto-Novo, Vicaire
1970-1972 Sakété (Porto-Novo), Vicaire
1972-1975 Kétou (Porto-Novo), Vicaire
1975-1981 Banigbé (Porto-Novo), Vicaire économe
1981-1984 Ita-Djébou (Porto-Novo), Responsable
1984-1988 Nantes, animation missionnaire
1988-2014 Cotonou, enfants de la rue et Ecole de la Foi
décédé à Nantes, le 30 juillet 2014,
à l’âge de 71 ans
RENÉ CLAUDE JULIEN JOSEPH TEMPLÉ (1943-2014)
Il est né le 26 mai 1943 à la Rouxière, dans le diocèse de Nantes ; son papa était agriculteur : il était, dit-on, très habile de ses mains et Claude a hérité de ce don… Il est le dernier d'une famille de cinq enfants dont une seule fille qui était l'aînée. Sur les quatre garçons, trois sont devenus prêtres, deux dans le diocèse de Nantes (l'un d'eux est déjà décédé) et Claude aux Missions Africaines. Après ses études primaires, Claude fait toute sa scolarité au petit séminaire des Missions à Pont-Rousseau, de la 7e à la terminale, de 1953 à 1962. Il a son BEPC. Il passe ensuite deux années à Chamalières avant d'entrer à Chanly en 1964. On écrit de lui : "Bon compagnon, bonne humeur ; séminariste sensible au surnaturel qui inspire confiance par l'ensemble de ses vertus ; se débrouille en tout sans aptitude spéciale." (18/05/64) A la fin de son noviciat, on fait remarquer : "Maître de chant, le seul même, qui ait étudié la technique du chant grégorien." (06/05/65) On note déjà au grand séminaire : "Passe beaucoup de temps au bricolage ; [...] Organiste, bon bricoleur radio mécanique." (01/05/69) Il est ordonné prêtre dans l'église de son baptême, à la Rouxière, par Mgr Ernoult, évêque auxiliaire de Nantes, le 6 juillet 1969.
"Sur proposition du père supérieur régional du Dahomey, avec l'accord de Monseigneur Gantin, administrateur du diocèse de Porto-Novo, vous êtes affecté au diocèse de Porto-Novo." (07/07/69) Il passe la première année en ville, une année dite de pastorale, comme vicaire du père Chopard, puis il est nommé à Sakété où il seconde le père Troconiz, curé. En 1972, après un premier congé en famille où il peut reprendre les kilos qu'il a laissés en Afrique, il entreprend le retour au Dahomey en voiture avec le père Jean Vincent avec qui il vivra désormais à Kétou. Il précise : "Notre voyage à travers le désert s'est passé au mieux ; ni les santés, ni la voiture n'en ont souffert : ce n'est vraiment pas difficile à réaliser." Il se met à l'étude du yoruba et va même faire une petite session de langue au Nigeria voisin
En 1975, deux semaines avant la fin de son congé, il reçoit une lettre de son évêque, Mgr Mensah qui lui dit qu'il ne retournera pas à Kétou, qu'il a l'intention de lui confier une responsabilité et qu'il commencera par travailler dans un premier temps avec le père Faly handicapé des yeux. Après avoir répondu qu'il a déjà fait 4 postes depuis qu'il au Dahomey, il ajoute : "J'ai nettement l'impression d'être balloté n'importe comment, déplacé comme un simple pion. Et je dois en conscience vous déclarer que de tels changements si rapprochés sont pour moi épuisants, déprimants, démoralisants et déséquilibrants. Pour mon équilibre personnel, j'ai besoin de faire un travail suivi. [...] Je voudrais que vous receviez cette lettre avec l'esprit dans lequel elle a été écrite, un appel à la compréhension et au dialogue sans lesquels la collaboration restera difficile." (03/09/75) Il revient au Dahomey (qui deviendra Bénin en novembre 1975) par le désert en compagnie d'un prêtre Fidei Donum, originaire du diocèse de Dax et missionnaire en Côte d'Ivoire depuis 10 ans. Il écrit alors un long compte rendu de son voyage en une dizaine de pages. A son arrivée au diocèse de Porto Novo, il est impossible de savoir quelle a été la réponse de Mgr Mensah à la lettre de Claude. Il se retrouve à Banigbé où il va rester 6 années (1975-1981) comme vicaire économe.
En 1981, il reprend la route pour le Bénin avec deux autres prêtres et une religieuse, un long voyage de près de 9000 kilomètres à travers le désert. C'est la troisième fois qu'il entreprend une telle traversée et il est toujours tellement fasciné par la beauté des paysages qu'il traverse qu'il voudrait que le voyage dure plus longtemps… A son arrivée, il est nommé à Ita Djébou, autrefois village de brousse de la paroisse de Sakété. Vingt quatre communautés existent déjà sur la paroisse, 17000 habitants, mais les distances sont longues et les communications parfois bien difficiles. Il doit fonder la paroisse ; une maison y a été construite durant son congé, mais tout le reste est à faire. "Au mois de janvier, je vais visiter tous les villages et rencontrer toutes les communautés séparément. [...] Il nous faut apprendre à nous connaître pour pouvoir partager notre foi et toute notre vie. Ce mois de janvier sera donc un mois bien chargé mais sûrement rempli de beaucoup de joies." (25/12/81) En juillet août 1982, il a la visite de son papa et de son frère Henri prêtre.
"Une de mes préoccupations, c'est de faire que chaque communauté puisse se prendre en charge. C'est vital pour chacune d'elles. [...] Quelques communautés ont un champ collectif où tout le monde est invité à venir donner de son temps. Le produit de ce champ doit servir à subvenir aux besoins matériels de la communauté. Un des soucis particuliers auquel sont sensibles les communautés actuellement est la prise en charge des malades. [...] Je me réjouis que les malades qui sont toujours des pauvres dans leurs situations de malade soient entourés, aidés, réconfortés. N'est-ce pas là un signe du Royaume ? [...] Un temps fort est la réunion, chaque mois, des responsables de communautés avec les catéchistes. Il y a aussi le temps de la prière, et tout particulièrement de l'Eucharistie. Une autre occasion de rassembler les gens, c'est le travail manuel en commun pour un service communautaire ; c'est un signe de paix et de vitalité. Comme travail, il y a eu le creusage d'une citerne auquel les 24 communautés ont participé. Il y a maintenant la construction de la nouvelle église de Ita Djébou qui vient de commencer. [...] Au milieu de toutes ces activités multiples, une chose m'est devenue de plus en plus évidente depuis que je suis en Afrique, c'est qu'il est indispensable, vital même, de prendre chaque jour un temps de prière personnelle assez long." (12/12/82)
Dans sa circulaire de décembre 2013, il raconte comment la construction de l'église vient de reprendre ; puis il explique comment il a été amené à confectionner des bouillies pour les petits enfants, car beaucoup mouraient de malnutrition en bas âge. "Ces petits moyens mis à la portée des gens nous font espérer maintenant sérieusement que beaucoup moins d'enfants mourront victimes de la malnutrition. Un autre signe d'espérance : deux jeunes parlent sérieusement de s'engager dans le sacerdoce ; deux jeunes filles parlent aussi de la vie religieuse. L'une d'elles, qui n'a que 15 ans, m'a bouleversé par son témoignage. Les secrets de Dieu sont impénétrables.(12/12/83) Avant de quitter sa paroisse et de rejoindre Nantes pour quatre années d'animation missionnaire, il voudrait bien arriver à terminer son église : "Les fondations de l'église avancent ; d'ici deux semaines au maximum, elles seront terminées. Nous commencerons les murs. Les gens participent beaucoup : entre 20 et 30 bénévoles chaque jour. Et tout le monde est nourri sur place chaque jour : c'est la multiplication des pains qui continue." (10/01/84)
Le Conseil provincial a besoin de jeunes dynamiques comme lui pour l'animation missionnaire en France. Il accepte volontiers de quitter l'Afrique pour 4 ans. Sa nomination officielle, il la reçoit pendant son congé : "Nous tenons à être présents au milieu de ces jeunes, non pas pour assurer à tout prix la survie de notre Institut, mais parce que nous savons par expérience que notre vocation est originale et qu'elle vaut la peine d'être vécue. Nous savons aussi que, pour longtemps encore, l'Afrique aura besoin de témoins de Jésus-Christ qui l'aident à découvrir l'Evangile et à bâtir des communautés vivant leur foi en Eglise." (29/06/84) En 1988, il retrouve le Bénin, mais cette fois dans l'archidiocèse de Cotonou ; il y restera jusqu'en février 2014, plus de 25 ans ! Sans minimiser, au moins pendant les premières années, le travail sur la paroisse d'Akpakpa on peut dire que deux mots peuvent fort bien résumer son activité durant cette longue période : les enfants de la rue, les écoles de prière.
C'est lui qui a insisté auprès de son évêque pour qu'il intègre dans son ministère pastoral la pastorale des enfants de la rue ou des enfants en détresse. Disons pour commencer que Claude savait tout faire de ses mains : la mécanique, la menuiserie, la soudure, l'électricité ; il connaissait bien l'informatique ; le travail de la terre n'avait pas de secret pour lui. " Mon travail va être au service des jeunes de la rue. Il y a déjà une équipe de laïcs qui y travaille depuis deux ans. Je vais m'insérer dans cette équipe." Il commence par créer un centre d'écoute en ville où les enfants peuvent venir se faire entendre librement ; puis il prend en charge des jeunes que la police lui confie pour éviter qu'ils ne soient internés et mis en contact avec les adultes de la prison. C'est ainsi que petit à petit vont naître les ateliers. "Une centaine de jeunes se retrouvent dans des jardins sur des terrains inutilisés de la ville. Avec les ordures de la ville, ils arrivent à cultiver quelques légumes pour s'en nourrir et en vendre un peu. Samedi dernier, nous avons pris possession d'un nouveau bâtiment, une partie pour accueillir une quinzaine de jeunes mineurs qui devraient aller en prison préventive, et la deuxième partie servira d'atelier pour d'autres jeunes de la rue qui veulent essayer de s'en sortir. Il y aura cinq ateliers, menuiserie, travail du métal y compris la soudure, couture, maroquinerie et montage de petits amplificateurs. [...] Il faut trouver des gens pour nous aider et animer cela." (04/01/91)
Chaque année, dans sa circulaire, il raconte ce qu'il fait et c'est toujours poignant et émouvant. "Officiellement, l'inauguration du centre avait lieu en fin janvier 1992. Cela avait été l'occasion pour nous d'inviter la police à avoir une autre attitude vis-à-vis des jeunes détenus. [...] L'atelier de radio est celui qui semble le mieux fonctionner, puis la menuiserie. Les autres ateliers, électricité et froid, forge et soudure et la couture, marchent plus au ralenti. Il n'est pas toujours facile de trouver des commandes. Les problèmes avec les jeunes ne manquent pas non plus. Il faut souvent désamorcer des situations de violence, écouter beaucoup, agir avec douceur et fermeté. Certains qui étaient auparavant dans un ghetto et dans les rues en quête d'une proie ne savent pas toujours respecter le bien de l'atelier. [...] Mon travail nécessite beaucoup de présence, d'écoute et de patience." (30/1292)
"Notre centre d'accueil est en agrandissement. Nous construisons un étage avec l'aide de nos amis espagnols. Il est vrai que le centre prévu pour 15 jeunes en reçoit parfois plus de 30. Les ateliers reçoivent toujours une trentaine de jeunes en apprentissage. Cette année, plusieurs termineront leur apprentissage. Il faudra les aider à se lancer dans le travail avec la formation qu'ils ont reçue. Il y a presque deux mois, un matin, grande surprise de voir arriver Mgr de Souza, l'archevêque de Cotonou avec l'abbé Pierre qui venait pour une réunion internationale "Emmaüs". L'abbé Pierre, avec beaucoup de simplicité et beaucoup d'intérêt a visité notre centre pendant une heure et demie. Nous avons partagé avec lui ce que nous vivions." (05/01/95)
"J'accueille beaucoup de monde, jeunes et adultes qui portent dans leur cœur beaucoup de souffrances et qui ont besoin d'être écoutés. Je cois que mon travail est surtout cela, accueillir, écouter, aider à découvrir l'amour de Dieu, la miséricorde de Dieu, la paix de Dieu. Et cela me comble de joie." (17/01/99) Chaque année, dans sa circulaire, il continue à expliquer son travail. C'est magnifique et enrichissant… En plus des ateliers, ils ont maintenant une ferme : "A la ferme, nous allons faire de la culture de céréales (maïs en particulier), du manioc, des légumes, et de l'élevage (poules pondeuses, poulets de chair métissés, des moutons, des lapins). Ce sera pour les jeunes un lieu de paix, de ressourcement, de contact avec la nature et tout ce qui est vie. C'est si important pour retrouver son équilibre quand il y a tant de déséquilibre dans la vie de certains." (23/12/08) "Je suis convaincu qu'il faut croire en l'homme, en ses capacités, même si on ne les pas encore vues s'exprimer ou pas découvertes. Croire en l'homme, c'est lui ouvrir des portes, des chemins qu'il ne connaissait peut-être pas encore et qui existent pourtant en lui. Je le crois de tout mon être, rien n'est jamais perdu. Il y a toujours un chemin d'espérance en tout être humain. Il ne faudrait pas oublier de le croire aussi pour nous-mêmes." (02/01/11) Il faudrait reproduire ses circulaires de chaque année pour se faire une idée plus précise de l'immensité de la tâche accomplie. Ce n'est qu'en 2013 qu'il loge en permanence aux ateliers Saint-Joseph. Il convient de préciser que, dans son travail, Claude était secondé par un adulte d'une quarantaine d'années très compétent. Il termine ainsi sa dernière lettre datée du 31 décembre 2013 : "En décembre dernier, nous avons donné le diplôme de fin d'apprentissage à quatre jeunes, l'un en menuiserie, deux en électronique et un en maçonnerie. Nous avons fait une petite fête très simple pour leur remettre leur diplôme. Actuellement, trois formateurs dont des anciens jeunes que nous avions formés il y a quelques années."
Pendant son séjour en France à l'animation missionnaire, Claude avait fait l'expérience des Ecoles de la Foi avec le père Jean Fournier, sj. Au Bénin en 1988, après avoir vécu une Ecole de Foi de quinze jours à Djimè (diocèse d’Abomey, Bénin), les jeunes, lors de l’évaluation, ont demandé à l’aumônerie des jeunes qu’on les initie plus longuement à la prière telle qu’ils l’avaient découverte pendant ce temps de formation. Ils voulaient passer « deux semaines pour Dieu ». Après débats entre l’aumônerie et la Coordination générale des jeunes de Cotonou, il fut décidé de vivre 10 jours pour Dieu. Le père Legendre, aumônier des jeunes et des groupes de prière contacte alors Claude qui a tout de suite accepté et qui va se donner à cette tâche avec enthousiasme et compétence. La première Ecole eut lieu à Wando, Porto-Novo, en août 1989. Elle se fixa définitivement en 1992 à Ouidah, dans les anciens bâtiments en terre de barre qui furent une partie du petit séminaire. Deux Ecoles avec les jeunes en août et septembre, une avec les adultes en février, et cela pendant 26 ans ! Il y a manifesté une entière et prudente disposition à l’Esprit Saint, un solide discernement, une attention respectueuse aux personnes. Dans ces temps forts, c’est une véritable expérience spirituelle que Claude, par ses enseignements, sa personne, les célébrations, permettait de vivre. Il a ainsi contribué à ce que des personnes blessées par la vie, retrouvent la paix. Ainsi, une cruche cassée, fêlée, peut être restaurée et redevenir même plus belle qu’avant. Mais Claude n’en est pas resté là. Demandé au diocèse de Fada N’Gourma, il y est allé pendant plusieurs années. Il a formé sur place des équipes qui continuent ce ministère. Mgr Eugène Houndékon, évêque d’Abomey, l’a invité à lancer les Ecoles de prière pour son diocèse. "Je rends grâce au Seigneur pour les merveilles dont je suis témoin dans le cœur des frères et des sœurs à travers ces écoles de prière." (15/01/04) En 2013, il a même animé une école de prière à Nantes.
En février 2014, il est rapatrié sanitaire : un palu très fort et une fièvre typhoïde accompagnés de dérangements cérébraux. Hospitalisé à la Pitié Salpêtrière, à Paris le samedi 22 mars, on apprend qu'il souffre en fait d'une embolie pulmonaire ainsi que de "quelque chose" au cerveau. Etant soigné pour l'embolie (liquéfaction du sang), le docteur hésite à faire un petit prélèvement de cette "tumeur" pour l'analyser. Au mois d'avril, il est transféré à Nantes, à l'Institut du Bon Pasteur et il va à l'hôpital pour recevoir des soins. En présence de sa famille et de quelques confrères, il reçoit le sacrement des malades au mois de mai. Puis, il décline régulièrement et nous quitte le 30 juillet. Plus de 40 prêtres entouraient la famille pour la messe d'enterrement à la Rouxière, présidée par son frère Henri et très bien préparée par la famille. |
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