Société des Missions Africaines – Province de Lyon
Le Père Bernard FAVIER, SMA
Né le 15 février 1934 à Lyon (Rhône)
Serment perpétuel le 5 janvier 1960
Ordination presbytérale le 30 juin 1960
1960-1961, Rome - étudiant en théologie
1961-1963, Chamalières - étudiant en histoire et géographie
1963-1968, Pont-Rousseau - étudiant puis professeur d’histoire et géographie
1968-1969, Rezé - professeur d’histoire et géographie au séminaire diocésain
En avril 1969, un accident de voiture l’arrête pendant trois ans
1969-04/1972, Nantes et Lyon - soins à la suite de l’accident de voiture
1972-1973, Daloa - vicaire
09/1973-11/1977, Zuénoula, (Daloa) - vicaire puis curé
11/1977-05/1978, Guilongou (Burkina) - étudiant en more
1978-1980, Mankono (Daloa) - curé
1980-1983, Daloa - curé de la paroisse Saint-Joseph
1983-1989, Rome - secrétaire général
1990-1997, Rome - archiviste général, postulateur à partir de 1992
1997-2000, Lyon, 150 - travaux sur Brésillac, archives de la province
06/2000-2016, Paris, Hidalgo - secrétaire et archiviste provincial
2016-2019, Lyon, 150 – relecture et correction
2019-2020, Montferrier
Décédé le 10 septembre 2020 à Nantes
Ses funérailles ont été célébrées
le mercredi 16 septembre à 15 h
en l'église St-Vincent de Paul de Rezé
Né le 15 février 1934 à Lyon dans une famille profondément chrétienne ; second de 7 enfants, dont une sœur décédée en 1946 à l'âge de 3 ans. Son papa était statuaire. Après des études primaires à l'école libre et des études secondaires au collège des Minimes, collège tenu par des prêtres du diocèse (deux bacs en série philo), il rentre à Chanly en 1952 et fait son premier serment au bout de deux ans. Son grand séminaire est coupé par 27 mois de service militaire, dont 20 mois en Tunisie et Algérie où, jeune sous-lieutenant, il eut à commander 3 compagnies, environ 120 hommes, à l'est d'Alger, au pied de la Kabylie.
Bernard est ordonné prêtre le 30 juin 1960…
Il part ensuite un an à Rome à l’Angélicum, en licence de théologie. Il en profite pour apprendre l’Italien, ce qui, plus tard, fera prendre à sa vie une orientation particulière. De 1961 à 1963, il est étudiant en histoire et géographie, puis prof de 63 à 68 à Pont-Rousseau, tout en continuant sa licence. Il aurait préféré faire une licence de lettres, mais il fallait un remplaçant au père Masson. A cause de sa licence, et parce qu'il faut un certain nombre de licenciés dans les établissements secondaires, il donne des cours d'histoire et de géographie à Blain, chez les frères des Ecoles Chrétiennes, au Longeron chez les sœurs de Torfou, à Haute Goulaine chez les frères de Saint Gabriel. En 1968-1969, il enseigne à Rezé, puis, en avril 1969, puis aux Couëts, séminaire diocésain où étudient les élèves des Missions Africaines.
Un accident de voiture l’arrête pendant trois ans. De multiples fractures, une longue immobilisation et rééducation, mais la chance de s'en être sorti. Il a pensé plus tard que Mgr de Brésillac veillait, car il comptait sur lui pour mettre à la disposition de tous les confrères la totalité de ses écrits.
Sa nomination pour Daloa date du 27 mai 1969 et le père Falcon la lui porte à l'hôpital…
En 1972, il part comme vicaire à Daloa, puis de 73 à 77, vicaire puis curé à Zuénoula (Daloa). En arrivant, le curé était Jean-Paul Benoist, secondé par Paul Gachet et Roger Véricel. A partir de 1973, le père Gachet, fondateur de la mission, vit dans une petite maison à côté de la mission. En 1975, Jean-Paul est rappelé en France pour être le supérieur de la communauté de l'avenue Reille et c'est Jean Meynier, vicaire général, en poste à Bouaflé, qui demande à Bernard Favier de prendre la responsabilité de la mission au départ de Jean-Paul (pourtant, Roger Véricel est là depuis 1968 !), Mgr Rouanet étant parti en août 1974 et Mgr Coty n'ayant été ordonné qu'en janvier 1976. Au retour de Jean-Paul en Côte d'Ivoire en octobre 1976, Mgr Coty le renomme à Zuénoula. Situation très inconfortable pour Bernard, car Jean-Paul connaît très bien la langue, il connaît tout le monde, il est resté à Zuénoula pendant 15 ans. Malgré plusieurs demandes, Mgr Coty laisse Bernard responsable. Finalement, pour ne pas avoir à le nommer vicaire (ce qui aurait été normal), il l'envoie en Haute-Volta pour y apprendre le more, dans le but de servir les nombreuses communautés voltaïques du diocèse.
De novembre 1977 à mai 1978, il étudie le more à Guilongou au Burkina. Ils sont 8 étudiants : 2 prêtres, 1 frère et 5 religieuses. Les cours sont donnés par un père blanc, le père Ranzini, qui connaît plus que parfaitement la langue. A la fin du stage, Bernard Favier est nommé à Mankono où, durant les deux années de son séjour dans cette mission, il rencontrera une seule fois un Mossi ! Rien de mieux pour oublier tout l'acquis.
En 1978-1980, Bernard est curé à Mankono (Daloa). Une mission au nord du diocèse, fondée par le père Joyeau, en plein milieu musulman : un vrai lieu de première évangélisation. Il a fallu deux visites de Mgr Coty pour décider Bernard à rejoindre la paroisse Saint-Joseph à Daloa. C'était la seconde paroisse ouverte depuis quelques années où se trouvaient jusqu'à présent Charles Tranvouez et Elie Cocho. De 1980 à 1983, il est donc curé à Saint Joseph.
Durant ces trois années, il vit une excellente collaboration avec Jean-Paul Guillard, curé de la cathédrale du Christ-Roi et avec Jean Chauvineau, un père blanc, chargé des communautés voltaïques du diocèse : beaucoup de travail en brousse (communautés bétés et mossis) ; début de communautés de base en ville ; catéchisme régulier dans toutes les écoles de la mission ; bonne collaboration avec les sœurs de l'Assomption ; une communauté chrétienne en ville bien structurée et bien organisée ; quelques aménagements dans les bâtiments… jusqu'au jour où tout a basculé.
Michel Bertonneau, de retour de l'Assemblée générale de 1983, lui apporte une lettre du supérieur général le nommant au secrétariat de Rome. Une demande expresse de l'évêque n'a pas pu changer cette décision, et le voilà dans les papiers (au secrétariat du généralat, puis de la maison provinciale) depuis 1983…
A la fin de l'Assemblée générale de 1989, il est nommé au nord Bénin, à Djougou, pour faire équipe avec Yves Bergeron. La lettre de notification à Mgr Okioh est dans la poche de Michel Loiret, le régional du Bénin, qui doit la mettre à la poste en France. En quittant Rome en voiture à la fin de l'Assemblée générale, Michel Loiret s'arrête un jour à la maison de Gênes (la lettre toujours en poche). Ce même jour, Bruno Semplicio en poste aux archives de Rome depuis une année, démissionne. Paddy Harington demande alors à Bernard Favier de prendre la place. Ce dernier est déjà nommé au Bénin, mais il a la maladresse de dire au supérieur général que la nomination n'est pas encore envoyée à l'évêque du lieu et qu'elle est dans une poche à Gênes ! Un coup de téléphone à Gênes et la lettre est déchirée. Voilà comment se font les nominations !
Après un arrêt de trois mois aux USA pour laisser à Pierre Bergot le temps de prendre en main son nouveau travail de secrétaire sans la présence de l'ancien, voilà Bernard Favier en place aux archives de la maison générale. Aux dires de tous les visiteurs étrangers qui sont venus visiter les archives de la maison générale à Rome, elles sont parmi les mieux organisées et les plus parfaites de la Ville éternelle, et cela grâce aux travaux des pères Adrien Schoonen d'abord, puis de Noël Douau. Ils ont fait un travail magnifique dont bénéficient aujourd'hui tous ceux et celles qui ont recours à ces archives. Continuer le travail de ces deux confrères n'a pas posé de grosses difficultés.
Un petit intermède les trois premiers mois de 1992 : le père Bernard est envoyé en Inde, à la jeune maison sma de formation de Mangadu, pour qu'y soit assurée une présence d'un membre de la SMA : obligation de parler toujours en anglais, cours de français, cours sur les missions, un peu de latin, et surtout une présence, une très bonne expérience !
En décembre 1992, le père Bernard a été nommé postulateur de la cause du fondateur. La décision d'ouvrir la cause avait été prise au Conseil plénier de 1992. Jean Bonfils nommé comme premier postulateur, mais devenu évêque de Viviers en décembre de la même année, il a dû être remplacé. Il fallait quelqu'un sur place, connaissant le français, l'italien, l'anglais et… le fondateur. Alors…
Il se trouvait de plus que, depuis le temps où il était secrétaire, Bernard, étonné de voir tous les manuscrits du fondateur laissés dans l'oubli sur un rayon des archives, s'était mis en tête de les mettre sur ordinateur pour qu'elles soient à la disposition de tous. En 1989, en acceptant de prendre la responsabilité des archives, il avait demandé de n'y travailler que les matinées, se gardant les après-midis pour transcrire les manuscrits de Mgr de Brésillac (les lettres envoyées, les lettres reçues, les sermons, les souvenirs, les journaux, etc.). Un travail de plus de 10 ans ! Plus de 17 volumes dactylographiés !
À signaler aussi, durant cette période aux archives de Rome, la traduction du livre en français du père Gantly "For this cause", sous le titre "la voix qui t'appelle".
À la fin de son séjour à Rome en 1997, Bernard arrive aux Hidalgo comme Secrétaire Provincial. Au printemps 1998, il sort un premier CD sur tous les écrits du fondateur, simple compilation de tout ce qu'il a pu trouver soit à Rome, soit à Paris ou dans diverses archives en France, ou en Inde… Même si on découvre maintenant de nouveaux manuscrits, la numérotation qu'il a donnée à tous ces écrits est actuellement définitive. Puis, Bernard réalise un autre CD très complet sur le fondateur et sur la SMA sorti à l'occasion des 150 ans de la Société, CD qui a demandé 4 ans de travail continu et qui a nécessité la collaboration de nombreux confrères dans la Société pour réunir documents et photos, CD interactif dont l'utilisation est à la portée de tous avec un simple logiciel "Word". Bernard continuera à Lyon à relire, corriger. Avant de rejoindre Montferrier en 2009.
Il nous a quittés à Nantes le 10 septembre 2020.
Témoignage du Père Joseph Hardy :
Dans la tradition africaine, il appartient à l’ancêtre de conclure les rites familiaux. J’ai le privilège, en votre nom, de dire le dernier A-Dieu à notre frère Bernard. Le rite de l’absoute n’est pas un rite de rupture. C’est un au-revoir, c’est un rendez-vous puisqu’au bout du chemin la vie n’est pas enlevée, mais transformée. C’est un moment de communion et de paix. Nous sa famille, ses amis, ses frères SMA, nous allons continuer de vivre dans le souvenir de ce que nous avons vécu avec lui, avec son sourire, avec ses moments de bonheur et ses mouvements d’humeur, avec sa personnalité ouverte et déterminée.
J’ai connu Bernard comme étudiant au 150, rigoureux et discipliné, solide et sportif. Je l’ai même rencontré en 1956 à Cherchell pendant son service en Algérie : le jeune officier semblait déjà très à l’aise dans son rôle d’instructeur. Si je devais évoquer un souvenir de ce temps de vie commune à Lyon, ce serait son attachement à sa famille, et tout particulièrement à sa maman, l’autre passion de sa vie. C’était très fort !
Toute sa vie il gardera le souci du service de la formation pour répondre à des besoins concrets. Ici aux Naudières comme professeur d’histoire-géo, auprès de ses catéchistes en Côte d’Ivoire, et puis dans notre Province de Lyon. Grâce à son initiative et à sa patience, et j’en ai été moi-même de bénéficiaire, beaucoup de confrères qui avaient largement dépassé l’âge canonique ont pu utiliser ou bricoler avec les outils informatiques.
A nous ses frères SMA, il laisse surtout un héritage fondamental : son grand attachement à la doctrine missionnaire de notre Fondateur, Mgr de Brésillac. Bernard l’homme de foi y a trouvé une source et un modèle, Bernard le missionnaire une passion renouvelée pour sa vocation et son engagement. Dans le sillage de Noël DOUAU et avec ses compétences d’historien, il a redonné vie et lumière à des textes et à une histoire trop longtemps enfouis dans des archives endormies. Au moment où la SMA s’ouvrait à une véritable internationalité, son travail professionnel d’éditeur et de chercheur a donné du grain à moudre aux jeunes générations venues d’Afrique, de l’Inde, des Philippines… En Côte d’Ivoire, quand on veut dire que quelqu’un est irremplaçable, incomparable, on dit : « Y’a pas son deux ! »
Il n’était que justice qu’il soit l’un des premiers postulateurs de la cause de béatification de celui qui avait donné naissance à notre famille missionnaire. Le maître et le disciple n’ont certainement pas manqué leur rendez-vous dans la joie de la mission accomplie. Ils vont continuer de nous accompagner.
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