Société des Missions Africaines – Province de Lyon
Le père Bernard GUICHARD
Né le 19 mars 1926 à Montbrison (Loire)
Ordonné prêtre le 30 juin 1952
1953-1957 : vicaire à Lakota (Gagnoa)
De juin à décembre 1957 : avec les Petits Frères de Foucauld
1958 : dispensé de son serment et incardiné à Gagnoa
1958-1962 : curé à Diégonéfla
1962-1965 : curé à Lahou
1965-1977 : curé à Olirédou Zikisso
1977-1980 : curé à Grand-Lahou
1980 : réintégré aux Missions Africaines et recyclage
1981-1984 : vicaire à Bondiali (Korhogo)
1984-1995 : curé à Koni (Korhogo)
1996-2001 : curé à Gand-Lahou (Gagnoa)
2001-2014 : aumônier des Sœurs à Menton
2014-2021 : à Montferrier
décédé le 28 juin 2021 à Montferrier
à l’âge de 95 ans
Ses funérailles ont été célébrées
le jeudi 1er juillet à 10 h 15,
en la chapelle de la maison SMA de Montferrier
1° juillet : Funérailles du père Bernard Guichard
Le Père Emile Hégron commence par citer quelques béatitudes (Mt 5,1-12) nous invitant ainsi à porter, avec lui un regard fraternel, merveilleux, évangélique sur Bernard. "Heureux les pauvres, le Royaume des Cieux est à eux. Heureux les doux, ils auront en héritage la terre promise. Heureux les coeurs purs, ils verront Dieu. Heureux les pacifiques, ils seront appelés Fils de Dieu."
C’est en 1946 que j’ai connu Bernard Guichard, au séminaire de Martigné. On était là, 24 jeunes types, vraiment comme des frères. Parmi nous se trouvaient S. Vinet qui avait passé 5 années en Silésie, en captivité assez rude. Il y avait G. R. et Moïse Mingot qui avaient passé 2 années en Indochine. Nous les petits blancs-becs nous étions pendus à leurs lèvres quand ils nous racontaient, avec force détails, les vacheries qu’ils avaient subies de la part des Viet et les vacheries qu’ils avaient fait subir aux ennemis qui étaient tombés entre leurs mains. Et nous on rigolait, on applaudis-sait, on trouvait que ces tortures étaient bien trouvées. Mais voilà que Bernard se fâche : « Vous êtes fous ! Il faudrait en pleurer ! Allons, voyons, est-ce-que Jésus aurait fait ça ? » Et on se regarde tout pantois.
Au sport, on aimait bâtir des pyramides. 4 gaillards à la base, 3 au-dessus (Jean Jehan et Emile Hégron au troisième rang. Au sommet Bernard Guichard qui grimpait sur nos épaules avec l’agilité d’un écureuil. Arrivé en haut, il se tenait bien droit, les bras croisés et chantait la prière scoute puis sautait en bas comme un chat. A la fin de l’année scolaire (1947), alors qu’il commençait à faire chaud, Bernard me dit : « Si on allait se baigner au lac cette nuit ? – Oh excellente idée. » On y est resté plusieurs heures, heureux comme des poissons dans l’eau. Le lendemain matin, Bernard me dit : « Ça c’est un séminaire formidable. »
En mission, on n’a pas eu l’occasion de se rencontrer, on s’est perdu de vue. Je savais qu’il était admirateur de François d’Assise et de Charles de Foucault. Quand j’ai appris que Bernard avait fait un essai chez les petits frères de Jésus, je n’ai pas été surpris du tout.
Le cours du dollar, le cours du franc CFA, ça ne le tourmentait pas. Qu’allons-nous manger ? Comment allons-nous nous habiller ? Ce n’était pas son problème. Le fric, lui brûlait les doigts. Le Père Régional de Côte d’Ivoire me disait : « Quand il vient ici, j’ai pitié de lui. A son départ, je lui donne bien un peu d’argent, mais ça ne sert à rien. Il va les donner au premier mendiant qu’il va rencontrer. Et comme il y en a beaucoup, il va arriver à la maison les poches vides.
Et puis, Emile Hégron est arrivé en 2013 à la maison de Montferrier. Quelques temps après, arrive Bernard Guichard. Quelle joie de nous retrouver et d’évoquer des souvenirs du séminaire de Martigné.
Aussitôt arrivé ici, Bernard est au boulot, au nettoyage des allées. Armé d’un balai, d’un râteau et d’une brouette, toujours accompagné d’un petit oiseau à la recherche de quelques vermisseaux cachés sous les feuilles. Increvable, il oubliait l’heure des repas, il fallait aller à sa recherche. Ces derniers temps il était un peu perdu. Plusieurs fois il m’a demandé : « Mais enfin, quel jour Jésus va venir prendre le pouvoir et nous aider à nous débarrasser de tout ça ! » Etonnant de la bouche de Bernard Guichard, lui, le petit agneau de Dieu. Il me répétait tout le temps : « Je ne comprends rien… je ne sais pas où je vais. »
- « Mais si Bernard, tu vas au paradis, tu sais bien. » - « Hem, hem, tu crois ça ? » Il était sur le chemin de Job, le chemin du Golgotha. Le chemin par lequel on entre dans la vie nouvelle et éternelle. Heureux les pauvres, le Royaume des Cieux est à eux. Heureux les doux, ils auront en héritage la terre promise. Heureux les coeurs purs ils verront Dieu. Heureux les pacifiques ils seront appelés fils de Dieu. Attends-moi un peu Bernard. Quelle joie quand on se rencontrera dans le coeur de notre Dieu. On bâtira encore des pyramides, des plus hautes, toujours plus hautes.
Emile Hégron
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