Société des Missions Africaines – Province de Lyon
Le père Albert André
Né le 18 février 1926 à Derval , diocèse de Nantes
Ordonné prêtre le 30 juin 1952
1953-1954 : professeur à Pont-Rousseau
1954-1956 : professeur à Baudonne
1956-1957 : vicaire à Dabou (Abidjan)
1957-1961 : vicaire à Notre Dame de Treicheville (Abidjan)
1961-1970 : vicaire à Agboville (Yopougon)
1970-1973 : responsable à Azaguié (Yopougon)
1973-1980 : vicaire à Saint Michel d’Adjamé (Abidjan)
1980-1982 : curé à saint Charles à Adjamé
1982-1986 : économe à Montferrier
1986-200 : vicaire à sainte Anne de Port Boué (Grand Bassam)
2000-2002 : économe aux Hidalgo
2003-2004 : à Rezé
2005-2021 : à Montferrier
Décédé le 3 décembre 2021 à Montferrier
à l’âge de 95 ans
Ses funérailles ont été célébrées
le mardi 7 décembre à 10 h 15,
en la chapelle de la maison sma de Montferrier
Homélie pour le Père Albert André
7 décembre 2021 à Montferrier
L’évangile de ce jour est une parabole sur la bonté extraordinaire de Dieu. La parabole de la brebis perdue. Elle est racontée aussi dans l’Evangile de Saint Luc mais différemment.
Dans Saint Luc, la brebis, égarée dans le désert, représente le pécheur qui s’est écarté du Seigneur comme le fils prodigue s’est enfui de la maison de son père. Le Seigneur dans sa bonté et sa miséricorde part à sa recherche et dès qu’il la retrouve, il la met joyeusement sur son épaule, il rentre chez lui, appelle ses amis et voisins en leur disant : « Réjouissez avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis perdue. Je vous le dis, il y aura plus de joie au paradis pour un pécheur converti que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion. »
Dans l’évangile de Saint Matthieu, la brebis n’est pas perdue dans l’aridité du désert mais dans les pentes verdoyantes de la montagne. La brebis perdue ne représente pas le pécheur mais l’un de ces petits que le Père ne veut pas perdre, ces mêmes petits dont parle Matthieu au début du chapitre 18. Jésus parle des petits parce que les Apôtres lui avaient demandé : « Qui donc est le plus grand dans le Royaume des cieux?»
Et vous vous souvenez du long développement de Jésus sur celui qui est petit en plaçant un enfant au milieu des disciples et il concluait : « Faites attention à ne mé-priser aucun de ces petits. » et c’est ensuite qu’il illustre tout ce qu’il vient de dire aux disciples par cette parabole d’aujourd’hui.
La brebis perdue dans St Matthieu, n’est pas partie d’elle-même, c’est les autres moutons qui n’en veulent plus, ils l’ont écarté.
Si j’insiste sur cette interprétation exégétique c’est parce qu’il me semble que notre frère Albert, issu lui-même du monde des petits, avait le visage attendri du berger de la parabole pendant sa longue vie missionnaire de 55 ans : 30 ans en Côte d’Ivoire et 25 ans en France.
Le prophète Isaïe a défini la mission du berger dans l’extrait que nous avons lu en première lecture : « Le berger fait paître son troupeau, son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son coeur, il mène les brebis qui allaitent… » Isaïe ici parlant du Berger parle évidement de Dieu et de son envoyé que nous allons bientôt ac-cueillir à Noël. Et ce fut aussi la mission d’Albert.
Sa première mission sera celle d’être auprès des enfants, des petits, dans les sémi-naires de Pont-Rousseau et de Baudonne. Il aurait aimé partir directement en Afrique mais il acceptait cette mission sachant que ces enfants avaient besoin d’être aidés pour faire murir leur vocation missionnaire comme on l’avait fait pour lui-même.
Il s’est donné de tout son cœur à cette tâche « en attendant l’heureux jour où quel-qu’un viendrait le remplacer et où il pourrait s’envoler vers la terre africaine de ces rêves » comme lui écrivait le Provincial de l’époque.
L’heureux jour est arrivé pour le mettre à la disposition de Mgr Boivin pour l’Archidiocèse d’Abidjan. Et c’est là, pendant 26 ans, sans discontinuité, qu’il sera mis-sionnaire dans l’humilité du serviteur qui ne se fait pas remarquer, en préférant la place du publicain au temple à celle du pharisien des premières places.
Vicaire, il le restera pendant de nombreuses années, non par faute de compétence pour être curé puisqu’il le sera aussi mais par volonté pour être plus proche des petits et des humbles, loin des mécanismes organisationnels paroissiaux surtout qu’à l’époque les communautés grandissaient à un rythme accéléré avec la venue des Burkinabés voulant faire fortune dans l’eldorado ivoirien.
Cette humilité qui était sa marque de fabrique avait déjà était remarquée par ses responsables à la veille de son diaconat, ils écrivaient: « Très sociable, simple, ne se fait pas remarquer, ne manque pas l’occasion de rendre service. » Humble certes, mais il savait exprimer ses opinions et ses regards sur les situations avec fermeté mais toujours avec respect à en croire la vivacité de la teneur de ses correspon-dances avec les autorités diocésaines de ses lieux de mission.
Les petits, il les retrouvera plus tard, lorsqu’on lui demandera d’être économe à Baillarguet. A ces yeux, ces anciens qui avaient bourlingué sur les pistes africaines avaient besoin d’attention, d’écoute et de présence continuelle comme les petits enfants en recherche des bienfaits d’une présence rassurante. Comme le berger qui fait paître chacune de ses brebis dans les verts pâturages, Albert les nourrissait de mieux qu’il pouvait.
Un conseiller provincial faisant son rapport après une visite à Baillarguet écrivait à propos d’Albert : « Sur 38 confrères, 37 sont émerveillés par sa bonté, 1 seul le cri-tique parce que les légumes ne sont pas assez variés aux repas ». Ce confrère devait se tromper d’époque, il n’y avait pas comme aujourd’hui des légumes en toute sai-son. Même la brebis rebelle avait son attention, comme le Seigneur l’avait ; il la portait sur son coeur.
Demain, 8 décembre, de Notre Dame de Lourdes à Notre Dame de Trécheville en passant par Notre Dame de Fourvière nous chanterons le Seigneur avec Marie : « Le Seigneur élève les humbles, il renverse les puissants de leur trône… ». Nous remercierons Albert de tout notre coeur pour avoir été l’humble serviteur, le berger qui connaissait ses brebis, chacune par son nom et qui les a gardées au nom de Celui qui l’accueille aujourd’hui auprès de Lui, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.
Michel Cartatéguy
Conseiller provincial
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