Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
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né le 8 juin 1892 à Mutzig dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 29 novembre 1914 prêtre le 9 juillet 1922 décédé le 4 janvier 1972 |
1922-1949 missionnaire en Côte d’Ivoire décédé à Saint-Pierre, France, le 4 janvier 1972,
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Le père Alphonse STECK (1892 - 1972)
Alphonse Steck est né le 8 juin 1892 à Mutzig. Il était l’aîné de quatre enfants. Il avait neuf ans quand son oncle, l’Abbé Eugène Steck, qui venait d’être nommé curé de Schwabwiller, l’emmena avec lui au presbytère de cette paroisse. C’est dans le village de Schwabwiller, près de Soultz-sous-Forêts, qu’il acheva ses études primaires. En 1906, il commença ses humanités au Collège des Frères de Matzenheim, mais la classe de 6e achevée, comme il avait manifesté la volonté d’être missionnaire, il fut envoyé par son oncle à l’école apostolique de Keer en Hollande où, jusqu’en 1912, il accomplit tout le cycle des études secondaires. Après une année de noviciat à Chanly, il entra en 1913 au grand séminaire de Lyon et y fit sa philosophie et sa théologie. Admis au Serment le 29 novembre 1914, il fut ordonné prêtre à Lyon par Mgr Bourchany, évêque auxiliaire de Lyon, le 9 juillet 1922.
Ses années de séminaire avaient été interrompues par la guerre. Il avait été mobilisé de 1914 à 1918, non pas en service armé, mais comme infirmier : le 30 novembre 1914, Mgr Fritzen, évêque de Strasbourg, lui avait conféré le sous-diaconat, ce qui le mettait en situation de ne pas être mobilisé comme combattant. C’est donc auprès de blessés et de malades, dans un lazarett installé à Saverne, que furent occupées par le sous-diacre les quatre années de guerre. L’armistice signée, il se trouvait dans son foyer paternel dès le 17 novembre 1918. Mais les Alsaciens eurent quelque difficulté pour reprendre les études. Il fallait un sauf-conduit pour voyager. En janvier 1919, les anciens élèves de Keer n’avaient pas encore pu retourner en Hollande : ceux des classes de 1ère et de 2e furent dirigés sur Nantes, les autres sur Mozac. Quant aux séminaristes de Lyon, ce n’est que le 10 février 1919 qu’ils reprirent le chemin du séminaire.
Ordonné le 9 juillet 1922, le Père Steck reçut, le jour même, sa nomination pour la Côte d’Ivoire. Il partit deux mois plus tard. Pendant un premier séjour, il fut d’abord vicaire, avec le Père Hartz comme supérieur, à Grand-Bassam, qui était alors la ville principale et le seul port du pays. Puis, de 1925 à 1928, il fut supérieur de la mission d’Aboisso, à 50 km de Grand-Bassam ; il succédait au Père Haenggi.
En mai 1928, il rentra pour la première fois en congé en France. Il retourna en Côte d’Ivoire en avril 1929 et fut nommé à Korhogo. La Province d’Alsace-Lorraine, fondée tout récemment en 1927, s’était vu confier la Préfecture Apostolique de Korhogo. Cette mission de Korhogo était installée depuis de longues années : commencée en 1903, la station fut définitivement fondée en 1904. Le territoire fut érigé en Préfecture Apostolique le 17 novembre 1911. Mgr Diss, succédant au Père Kervininen, avait été nommé Préfet Apostolique le 25 juin 1921. Mais l’évangélisation était lente et particulièrement difficile. Les conditions matérielles étaient très dures. L’hostilité des habitants et la malveillance des autorités coloniales gênaient le travail des missionnaires. Pas de conversion en masse dans ce pays. Les féticheurs et les chefs, dont le pouvoir était encore très grand, terrorisaient les pauvres gens et les opprimaient. Les jeunes qui venaient à la mission s’exposaient à être persécutés : on leur rendait la vie dure et, souvent, pour rester fidèles à leur baptême, ils étaient forcés d’abandonner leur village. Cela en vint au point que le Père Steck, pour aider ces jeunes gens, commença à fonder un petit village chrétien sur un terrain de la mission.
La pauvreté était très grande à la mission de Korhogo. Aussi, à l’exemple de saint Paul, le Père Steck, tout en donnant ses soins au ministère spirituel et à l’annonce de l’Évangile, n’hésita pas à travailler de ses mains. Il créa une ferme d’élevage porcin et un jardin. Le produit de ces activités lui permit d’avoir, pour lui et ses collaborateurs, le vivre et le couvert. Il put aussi construire, pour la mission, des écoles spacieuses.
Les épreuves ne lui manquèrent pas à Korhogo. Dès le début, en 1930, son séjour fut assombri par la mort tragique de son vicaire, le Père Louis Saeckinger. Celui-ci avait débarqué à Grand-Bassam le 2 juillet. Il s’arrêta quelques jours à Katiola. Le Père Steck le rencontra à Katiola le 9 juillet et ils montèrent ensemble à Korhogo. Quelques jours plus tard, le Père Saeckinger retourna à Katiola pour y prendre ses bagages. Au retour, il s’arrêta à Sinématiali. Le Père Steck était de passage dans cette mission et ils continuèrent vers Korhogo, profitant pour leur transport, de la camionnette d’une maison de commerce. C’était le 24 juillet. À une vingtaine de km de Sinématiali, des travaux de réparation étaient entrepris à un pont sur lequel passait la route. Cette route faisait un tournant à 50 m environ avant le pont et, comme les travaux n’étaient malheureusement pas signalés, le chauffeur ne s’aperçut qu’au dernier moment que le passage était dangereux. On traversa le pont, mais la voiture se renversa un peu plus loin et le Père Saeckinger se trouva pris sous la voiture et écrasé par elle. Le Père Steck se tira de l’accident sans blessures graves. Mais sa tristesse fut profonde. Son vicaire n’avait été qu’une semaine avec lui. Il l’avait trouvé plein de courage et de bonne volonté et édifiant de piété. Il s’était réjoui d’avoir un bon confrère et un précieux collaborateur. Le Père Saeckinger n’avait juste eu l’occasion de célébrer qu’une seule fois une grand-messe à Korhogo et de bénir le peuple qu’il était venu évangéliser.
Deux ans plus tard, en 1932, la mission subit un grand dommage matériel. Dans la nuit du 23 au 24 octobre, vers 4 h du matin, un incendie détruisit en grande partie la résidence des missionnaires. Le feu prit facilement à la toiture qui était de chaume. On pense que cela vint de la malveillance de quelque fanatique ennemi de la mission. Le Père Steck se réveilla alors que le feu, venant de commencer, brûlait au-dessus de sa tête. Le Père Gutknecht, son vicaire d’alors, eut juste le temps d’échapper aux flammes. En une heure le désastre était accompli. Le Père Steck ne perdit pas courage. Il rebâtit une grande et belle maison, couverte cette fois en tôles.
Le Père Steck séjourna comme supérieur à Korhogo de 1929 à 1938, avec une interruption de mai 1935 à juin 1936, pour un congé pendant lequel il fut quelques mois aumônier à l’Asile de Hœrdt.
En 1938, il passa à la mission de Kouto, à 150 km au nord-est de Korhogo. Le Père Vion, qui avait fondé cette mission, était mort le 29 juin et le Père Steck prit sa succession. Il y passa tout le temps de la guerre et y resta jusqu’en 1946. Ce fut une période également très pénible. Les déplacements étaient difficiles par manque de véhicule. La plupart des missionnaires étaient mobilisés. Aussi le Père Steck fut souvent isolé dans sa lointaine mission. Pendant un an, cependant, il eut comme vicaire le Père Vonwyl. Mais son dernier vicaire, le Père Michalek, tomba malade au bout d’un an de séjour et mourut le 16 août 1944 à Maison-Carrée.
Le Père Steck revint en Alsace en 1946 pour quelques mois et retourna en Côte d’Ivoire le 7 octobre 1947. Il fut nommé pour Ferkéssédougou et devint Procureur de la Préfecture Apostolique. Mais il ne put y travailler longtemps. Sa santé donnait des inquiétudes et les craintes furent confirmées en 1949 : il avait contracté la lèpre. Avec courage il accepta cette épreuve et alla se faire soigner à la léproserie d’Adzopé dans le sud de la Côte d’Ivoire. À son arrivée, les Sœurs soignantes l’attendaient, entourées de leurs malades, et vinrent le saluer avec un bouquet de fleurs et des chants. Lui-même a dit combien il fut ému de cette si cordiale réception. Il resta à Adzopé quatre mois, exerçant pendant ce temps les fonctions d’aumônier. Il gardait la sérénité et, se recommandant aux prières de ses confrères, il disait : Je ne vous demanderai pas tant de prier pour ma guérison que pour m’obtenir la grâce et le courage de me soumettre toujours avec joie à la sainte volonté de Dieu.
Ce qui lui fut le plus pénible, ce fut de devoir quitter l’Afrique. Bien que malade, il aurait voulu rester en mission. Le jour qu’il apprit qu’il devait rentrer en France, il pleura. Cela pourtant était devenu nécessaire. Il fut admis à la Clinique du Saint-Rédempteur à Lyon. Le traitement, heureusement, fut efficace : en décembre 1949, la maladie ne présentait plus aucun caractère contagieux et le Père fut autorisé à quitter la Clinique, sauf à se présenter de temps en temps à ses médecins.
Mais il ne pouvait plus être question de retourner en mission. Le Père fut d’abord au Zinswald, de 1950 à 1955, et il tâcha de s’y rendre utile. Il fut même, pendant une longue absence du Père Muckensturm, désigné pour remplacer celui-ci dans ses fonctions de supérieur de la maison. Puis, de 1955 à 1962, il devint aumônier des Sœurs âgées de la Maison Sainte-Marie à Niederbronn.
En 1962, il dut se retirer à la maison d’accueil de Saint-Pierre. Il y mena une vie presque monastique, dans la prière et les souffrances. Les deux dernières années de sa vie furent particulièrement pénibles : aveugle et partiellement paralysé, il dut rester alité.
Une grande joie lui fut donnée avant de mourir. Le 16 décembre 1971, en effet, vinrent à Saint-Pierre Mgr Yago, archevêque d’Abidjan, et Mgr Nobou, premier évêque nommé du diocèse de Korhogo, érigé tout récemment. Ainsi le Père, qui avait été un des vaillants fondateurs de cette église de Korhogo, recevait la bénédiction de son premier évêque.
Trois semaines plus tard, dans la soirée du 4 janvier 1972, il mourut, entouré de ses confrères et ayant prié avec eux jusqu’à la fin. Les obsèques furent célébrées le jeudi 6 janvier à Saint-Pierre. Mgr Strebler présida la messe concélébrée. Le Père Steck fut enterré au cimetière s.m.a. de Saint-Pierre. Ce fut la première inhumation dans ce cimetière.
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