Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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né le 26 novembre 1853 à Martigné-Ferchaud dans le diocèse de Rennes, France membre de la SMA le 21 décembre 1883 prêtre le 26 juillet 1886 décédé le 8 janvier 1933 |
1886-1888 Richelieu, professeur 1888-1890 Samos, supérieur décédé à Pont-Rousseau, France, le 8 janvier 1933, |
Le père Victor MOISON (1853 - 1933)
Dans la nuit du 7 au 8 janvier 1933, à Pont-Rousseau, retour à Dieu du père Victor Moison, père nourricier de l'école apostolique Notre-Dame des Missions pendant 40 ans, à l'âge de 79 ans.
Né à Martigné-Ferchaud (Ille-et-Vilaine) le 26 novembre 1853, Victor Moison, mis très tôt aux travaux des champs, ne put fréquenter l'école d'une manière régulière. Adolescent, il désirait devenir prêtre, mais sa famille ne pouvant supporter les frais d'études, il attendit. Au moment de son incorporation au service militaire, il attendait encore. Volontaire en Algérie, bientôt sergent, il profitait de ses moments libres pour continuer à s'instruire. Ses chefs qui appréciaient ses qualités lui proposèrent de faire carrière dans l'armée. Victor qui songeait toujours au sacerdoce, refusa. Démobilisé en 1878, il vint à Nantes où son frère François tenait une petite horlogerie. Il trouva une place de "garçon" chez l'amiral Doucain, à Saint-Sébastien.
Rentré comme novice chez les Frères de la Doctrine Chrétienne, il dut bientôt en sortir parce qu'il voulait étudier le latin et que les Constitutions de l'Institut l'interdisaient. Un abbé Dubois, dont la famille habitait près de l'horlogerie Moison, dirigea Victor vers l'école apostolique de Richelieu après lui avoir donné quelques leçons de latin.
En octobre 1880, à 27 ans, réalisant son désir d'adolescent, il entra au séminaire. Un travail acharné lui permit de tripler les cours, si bien qu'en 1882 il pouvait entrer à Lyon au grand séminaire. Il se donna tout entier aux études et se montra très dévoué pour toutes sortes de travaux manuels, en particulier au jardin. Le père Planque apprécia très vite cet homme de devoir, mais lui reprochait une attitude trop "pieuse": "On ne dirait pas que vous avez été sergent en Afrique". En 1883, il était admis au serment et enfin arriva pour lui le grand jour pour lequel il avait tout sacrifié, le jour du sacerdoce. Ce fut le 26 juillet 1886.
D'abord professeur, puis supérieur à Richelieu, il est nommé supérieur de Samos en 1886. Il se met à l'étude du grec moderne, prit la direction de l'école et se donna tout entier à ses paroissiens. Il bâtit une église en l'honneur de la Sainte Famille ce qui lui valut le titre de chanoine de Chio, et aussi d'être nommé à Pont-Rousseau: le père réussissait bien comme quêteur. Le père Desribes qui venait de fonder Pont-Rousseau (1890), et qui avait besoin d'argent pour lancer cette maison, fit nommer le père Moison aux Naudières.
Le père Moison retrouvait donc le pays nantais. Il avait un extérieur avenant, se fit chaque jour mieux connaître et commença sa vie de quêteur. "Mon désir le plus vif serait d'aller faire un peu de bien aux pauvres Noirs", écrivait-il au père Planque. Il demanda d'aller passer au moins 6 mois au Dahomey. Mais le père Planque et le père Desribes jugèrent que le père Moison était indispensable à Pont-Rousseau. Des missions, il ne connaîtra que l'Egypte où, grâce à un bienfaiteur, il put passer en 1902 en revenant d'un pèlerinage en Terre Sainte.
En 1894, c'est le père Bricet, le supérieur des Naudières, qui partait pour le Dahomey et le père Moison était nommé pour le remplacer. Il se choisit un directeur pour la marche intérieure de la maison et continua ses courses de quêteur et de recruteur à travers la Bretagne et l'Anjou. Il fit agrandir les bâtiments et construire la chapelle. Pendant les récréations et les vacances, les séminaristes travaillaient manuellement. Il y avait aussi les grandes promenades chez les bienfaiteurs, au bord de la mer. Le père Moison faisait beaucoup prier pour les bienfaiteurs.
Bien que souvent absent, le père Moison ne se déchargea jamais complètement de la formation des séminaristes. Quand il était là, il faisait lui-même la méditation et la lecture spirituelle. Il aimait revenir sur deux thèmes essentiels: la prière et la mortification. Il aimait aussi commenter la parole du Christ: "Celui qui met la main à la charrue et qui regarde en arrière n'est pas digne de moi".
Au moment des lois spoliatrices, le père Moison se ménagea une maison à Jersey. Mais l'école apostolique ne fut jamais fermée. Grâce à lui, les Soeurs de la Providence de la Pommeraye vinrent prendre en mains la cuisine et la lingerie. En 1919, le père Moison acheta dans son pays natal l'ancienne maison des pères Camilliens, la Rougeraie. Cette maison servit longtemps à la formation des Frères.
C'est près du Christ Jésus que le père Moison alimentait sa grande activité en des visites prolongées dans les églises qu'il rencontrait ou dans la chapelle de l'école apostolique. Il allait parfois le soir le plus près possible du tabernacle pour faire quelques confidences à Celui qui était sa force et son soutien. Tous les jours, comme le père Planque et Mgr Pellet, il faisait son chemin de Croix.
Avec l'âge, il se déchargea peu à peu sur ses confrères de nombre de ses occupations, mais conserva toujours les gros soucis matériels. A 80 ans il quêtait encore quand ses jambes le lui permettaient. Au retour d'une quête, il dût s'aliter et rendit son âme au Seigneur après 4 jours de maladie.
"A tous, il laisse l'exemple d'une vie où se trouvent unis ensemble l'ardeur au travail et la persévérance, une volonté qui, inlassablement, poursuit son chemin et une étonnante souplesse qui sait s'adapter aux circonstances, une piété forte, démonstrative à l'occasion et un grand zèle pour le salut des âmes." (père L. Jolif)
Le père Victor Moison mériterait une longue biographie qui serait en même temps l'histoire de l'école apostolique Notre-Dame des Missions à Pont-Rousseau.
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