Société des Missions Africaines – Province de Lyon
![]() |
né le 19 mars 1938 à Prinquiau dans le diocèse de Nantes membre de la SMA le 11 juillet 1961 prêtre le 29 juin 1966 décédé le 18 janvier 2013 |
1966-1969 Akpakpa (Cotonou) vicaire, puis curé 1969-1971 Rezé, repos, animation missionnaire décédé à Prinquiau, le 18 janvier 2013, |
Le père Guy Gaston Joseph OLLIVAUD 1938-2013
Il a surpris tout le monde par son départ inopiné : le 17 janvier au soir, absolument rien ne laissait prévoir un tel choc. Il logeai seul à Prinquiau dans sa maison familiale, rendant encore quelques services ponctuels à la paroisse de Savenay. Le matin du 18 janvier, ses deux cousines, habitant une maison voisine, inquiètes de voir les volets encore fermés et se rendant compte que la chambre était éclairée, avertissent la sœurs de Guy demeurant à un kilomètre de là. Pratiquement ensemble, elles entrent dans la maison et découvrent le corps de Guy sans vie, assis sur son fauteuil, en robe de chambre. Sur la table, une boite d'Efferalgan et un verre vide. Sans doute, se sentant mal, il s'était levé au milieu de la nuit pour prendre un médicament. Il avait 74 ans.
Il est né à Prinquiau (Loire-Atlantique) le jour de la saint Joseph. Son papa est contremaître à la raffinerie de Donges et il a une sœur. Il commence ses études secondaires au collège Saint-Louis de Saint-Nazaire, puis rentre au petit séminaire des Couëts, près de Nantes, où il doit d'abord redoubler sa classe de troisième. Il obtient le BEPC et c'est en 1957 qu'il se manifeste pour la première fois aux Missions Africaines : il termine la classe de première et son directeur spirituel lui conseille de rentrer à Chamalières avant de faire sa terminale. Mais son évêque lui demande alors de faire une année de "purgatoire". En 1957, il est donc surveillant au petit séminaire de Guérande et fait en plus la gymnastique aux élèves et anime la prière et les messes.
Il reste deux ans à Chamalières, puis fait une année de noviciat à Chanly (1960-1961), aux termes de laquelle il fait son premier serment. Il est noté ainsi au noviciat : "un peu sec quand il commande ; […] on peut compter sur lui quand il a une responsabilité, […] généreux dans le don de lui-même, […] sait demander conseil." (21/05/61) Après un an et demi de service militaire (09/61 à 02/63), la moitié à Toulon et la moitié à Nîmes, où il est très bien noté par les aumôniers, il rejoint le 150 pour la théologie. C'est l'époque de Vatican II et Guy sera très marqué par le renouveau conciliaire, en particulier l'importance de la Parole de Dieu, accessible à tous - dès qu'il est sous-diacre, en 1965, il fait la demande de dire son bréviaire en français - , et par sa vision de l'Eglise "peuple de Dieu. Ayant des convictions bien tranchées, il s'enflammera souvent contre les lenteurs de l'Eglise à vivre les orientations du concile.
Ordonné prêtre en juin 1966, il est envoyé tout de suite en Afrique : "Le Conseil provincial vous affecte, non pas directement dans un diocèse, mais à la paroisse des Missions Africaines de Akpakpa, où le supérieur, vice régional et le père Flouret, déjà presque un ancien, veilleront à faire de vous un parfait missionnaire." (05/04/66) C'est là, dans cette grande paroisse urbaine qu'il découvre l'importance des communautés de base dans les quartiers, pour assurer une présence de l'Eglise auprès des populations. Il doit rentrer en 1969, un peu plus tôt que prévu pour des ennuis de santé : "J'ai vu un docteur qui me soumet à un régime sévère pour décongestionner le foie. Rien de bien grave d'après lui. Ensuite, il me faudra un temps de repos." (28/03/69) Alors, pour lui permettre de bien se reposer, il est nommé à l'animation missionnaire dans l'Ouest de la France. Il lui est précisé que ce n'est pas pour plus de deux ans. Il fait une cure à Vichy au printemps 1970 et à la fin de l'année, il rappelle au Conseil provincial que les deux ans sont bien écoulés et qu'il est prêt à retourner au Dahomey, mais peut-être plus au nord du pays où le climat est plus sec.
De retour au Dahomey, il passe la première année avec le "bon père Gaillard" à Houegbo. Apparemment, d'après une lettre de son dossier, il passe quelque temps à Segbohoué au début du mois de janvier 1972, mais impossible de savoir combien de temps il y reste. A cette date, il dit que sa santé tient bien le coup. Mais plus tard, il doit avoir de nouveau des problèmes de santé, car voici ce qu'il écrit en mars 1974 : "Je vois que l'équipe provinciale a l'ouïe fine et la mémoire longue. Alors que je passais une mauvaise période (santé) l'an dernier, j'avais émis le désir de rentrer en France. J'ai été pris au mot. Quand tout va bien, et c'est le cas actuellement, on peut toujours trouver de bonnes raisons pour se défiler. Ce n'est pas dans mon genre. J'assume l'humeur du moment et j'essaierai de servir de mon mieux dans ma nouvelle (ancienne) fonction." (11/03/74)
Dans la lettre qui prépare la re-nomination de Guy à l'animation missionnaire, le Conseil provincial dit déjà que la maison de Rezé devient un peu une maison de pères âgés et qu'il cherche une solution. Guy estime qu'une petite communauté capable d'accueillir des jeunes qui voudraient même vivre un moment avec elle devient indispensable. "Elle devrait être composée de trois personnes, un responsable du matériel, quelqu'un d'apte à réfléchir sur les problèmes théologiques de la mission, du développement et de la libération ainsi que des ministères, et un spirituel apte à faire prier et à conduire des vocations éventuelles." Il voyait bien clair, car c'est ce qui se fera plus tard. C'est un gros travailleur, généreux dans ses activités et ne ménageant pas sa peine. Il fait le recyclage de l'Arbresle à l'automne 1977.
Il fait partie de la première équipe sma à partir pour l'Empire Centrafricain. "Vous ne partez pas en isolé, mais en communauté. […] Témoins de l'évangile, vous le serez d'abord par ce que vous vivrez, car, plus que jamais, le témoignage de la vie est devenu une condition essentielle de l'efficacité profonde de la prédication de la Bonne Nouvelle" écrit le Conseil provincial en citant Evangelii Nuntiandi. (31/08/77) Il part le 5 janvier 1978 à Bria, dans le diocèse de Bambari. Une première lettre enthousiaste en janvier pour dire qu'il passe beaucoup de temps à apprendre le sango et qu'il voit déjà des résultats encourageants. Son stage de langue, il le passe surtout à M'Baiki. Cette paroisse comprend un grand secteur rural autour de la ville. Guy aura comme objectif principal de faire naître des communautés chrétiennes dans les villages et ne ménagera pas sa peine pour les visiter régulièrement, malgré le mauvais état des pistes.
En juillet 1978, il prêche déjà sans papier dans la langue. Il fonde le secours catholique pour venir en aide aux malades et aux plus démunis, et, dès 1983, il pourra se féliciter de ce qu'il trouve son financement uniquement sur place. A la mission, il faut savoir tout faire : "En ce qui me concerne, je me suis recyclé en mécanique. Je trafique les véhicules pour les maintenir en état de marche. Pour me moment, ça réussit." (15/05/79) C'est Guy qui écrit de longues lettres et les autres de l'équipe se contentent de rajouter quelques lignes en seconde ou troisième page. Dans l'équipe sma, l'entente est bonne entre les trois pères et le travail est bien réparti ainsi que les activités. Il appréciait beaucoup cette vie en équipe. D'ailleurs, étant l'un des promoteurs du projet de la Société en RCA, il avait insisté sur la nécessité de travailler en équipe. Cela se manifestait par un échange continuel entre les pères sur les activités pastorales, les communautés, les rencontres. En particulier, il tenait beaucoup à l'heure sainte de chaque lundi soir avec les sœurs ; derrière des allures parfois désinvoltes, il cachait une profonde vie spirituelle et un grand zèle apostolique, réfléchissant à tout et organisant ses activités avec beaucoup de sérieux et de compétence. Il se plaisait vraiment à Bria. C'est pourquoi il aura beaucoup de peine quand les responsables sma décideront le départ de l'équipe de Bria par manque de personnel.
Guy en profite pour demander une année de recyclage afin de se ressourcer. Il la fera à Paris, à l'AFM (année de formation aux ministères). Plus que les cours théoriques, il appréciera beaucoup les échanges avec des missionnaires venus de tous les pays du monde. Cependant, il aurait aimé y trouver une place plus grande donnée au travail de recherche au niveau du ministère, ainsi qu'une plus grande participation des agents pastoraux.
En 1986, il est renommé en République Centrafricaine, (l'Empire Centrafricain n'ayant vécu que trois ans de 1976 à 1979) cette fois à Bangui, à la paroisse Saint-Jean Galabaja. "Nous sommes sûrs que tu sauras apporter avec toi ce sens de la relation humaine et fraternelle qui permet à chacun de vivre et de travailler en paix." (18/03/86, sa lettre de nomination) Saint-Jean est une paroisse de la banlieue de Bangui. Il est chargé en outre de voir s'il serait possible, dans un avenir proche de créer une nouvelle paroisse. Sur le secteur, il y a deux écoles primaires avec des milliers d'élèves qui se changent entre le matin et l'après-midi et il estime à 20 000 le nombre d'habitants sur la paroisse. Il est content de pouvoir visiter tous ses paroissiens à pied, et "je ne m'en prive pas". Trois sœurs africaines très bien insérées dans le milieu et bien vues par tous, travaillent sur la paroisse. Comme il l'avait fait à Bria, il instaure rapidement des communautés de base, car, dit-il, "tout passe par là". C'était là un gros travail pastoral, surtout pour la formation des responsables et des conseillers, hommes et femmes ; mais Guy était aussi un bon éducateur, même si parfois il se laissait emporter par la vivacité de son caractère.
Il lui faut aussi construire une nouvelle église. Dans ce but, il fait venir un ancien prêtre ouvrier, le père Joseph Michaud, un nantais, qui va se charger de la construction de cet imposant édifice, et Guy se démène fort pour en assurer le financement (circulaire de décembre 86). Il écrit que "les chrétiens ont été formidables". Quelle fierté le jour de l'inauguration de l'église avec ses trois cloches payées par sa maman et dont l'une d'elles porte son nom ! D'autres constructions aussi verront le jour : notamment chez les petites sœurs du Cœur de Jésus, une jeune communauté de religieuses centrafricaines. Il faut signaler également un centre pour handicapés moteur, ainsi qu'un centre de 6 pièces où il peut loger des personnes abandonnées.
En 1990, le Conseil général le nomme supérieur national de la Fondation Afrique en RCA, pour trois ans, puis supérieur de la zone RCA. Il lui faut alors penser à construire un foyer sma, et d'abord, il faut payer le terrain qui appartenait à la commune, sans oublier d'indemniser tous les paysans qui y cultivaient sans aucun droit de propriété. C'est ça l'Afrique : "On compte les arbres fruitiers, les pieds de manioc, les pieds d'ananas, etc. J'en ai eu pour 1,4 million CFA." Puis la construction d'un centre pour les futurs candidats se fait, toujours avec l'aide du père Michaud. "Nous avons travaillé la main dans la main et 3 bâtiments sur 4 sont maintenant terminés. J'ai plus de temps pour rencontrer les gens et assurer des retraites et des récollections" (19/12/90). Il ajoute dans cette même circulaire : "Depuis deux ans, j'assure deux heures de cours au grand séminaire : initier les séminaristes à l'islam, un job que je cultive malgré mon ignorance de l'arabe. […] C'est parfois fatigant d'avoir sa porte ouverte pour accueillir à toute heure. C'est sans doute cela aussi vivre l'évangile." C'est peut être pour cela qu'il fait un petit séjour en Egypte en 1993.
Quand la SMA s'ouvre aux Africains, c'est lui qui est chargé d'accompagner les futurs candidats sma venant du pays et plus tard, il recevra des stagiaires dans sa paroisse. Le premier candidat à se présenter, Barthélémy Namdeganamna, s'est vu remettre une truelle et inviter pendant les vacances à venir travailler sur le chantier de construction de l'église pour éprouver sa vocation : "C'est au pied du mur qu'on juge de la qualité de l'homme." Telle était sa pédagogie. C'est lui qui a envoyé Dennis Agbenyadzi à Belemboké, chez les Pygmées ; il est maintenant leur évêque en quelque sorte, puisqu'il vient de prendre en charge tout le diocèse de Berbérati. Une dure épreuve pour Guy : en novembre 1994, il eut à faire face à la mort violente de notre jeune confrère polonais, Robert Gucwa, tué froidement de deux coups de pistolet par des voleurs, au nouveau Centre Saint-Pierre Claver qui accueillaient les grands séminaristes sma.
Un confrère témoigne sur cette période de Centrafrique : "Il aimait se cultiver, en histoire notamment. Il était un bon connaisseur de la seconde guerre mondiale. Il s'intéressait également à l'islam : il allait même faire des cours aux grands séminaristes de Bangui sur ce sujet. Quand il était à Bria, il avait crée de très bonne relations avec les musulmans, notamment les grands collecteurs de diamant, Djalle, Al Hadji Baba, qui venaient du Nigeria ou du Soudan : ils avaient une grande culture, et Guy n'avait pas manqué de remarquer que leur mosquée n'était pas la même que celle des musulmans Banda, ethnie du secteur. Un autre souvenir qui me revient, toujours à Bria : l'un de ses grands succès fut d'avoir été appelé par le pasteur de la Mid-Mission, américain, pour venir réparer son groupe électrogène. Ce qui nous a valu par la suite d'avoir des relations un peu plus chaleureuses avec lui et les pasteurs africains de cette Eglise. Guy était à l'aise avec tout le monde, mais il était aussi exigeant avec les catéchistes, les responsables de communauté, les grands séminaristes en vacances, sachant mettre tout le monde dans le coup pour la pastorale. A l'occasion des baptêmes, des confirmations, des grandes fêtes, il aimait faire des célébrations fastueuses, comme il y en a en Afrique. […] Bref, c'était une personnalité attachante, accueillante, joyeuse, à qui on pouvait faire confiance, abrupt quelquefois, disant ce qu'il pense sans crier gare, toujours le geste généreux, un serviteur de l'Evangile et de l'Eglise dont la fidélité n'a jamais été pise en défaut. Je le pleure, mais il est entré dans la joie du Royaume."
En décembre 94, pour des raisons de santé, il demande à quitter la RCA à la fin de l'année pastorale en cours. Il avertit longtemps l'avance pour ne pas prendre de court les membres du Conseil. Pour son retour, il prévoit un stage en informatique, un voyage en Pologne, mais il est demandé pour être responsable de la maison générale à Rome pour trois ans. La transition est rude et il n'y restera même pas une année. Il est alors nommé secrétaire provincial à la maison de la rue Hidalgo et aussi économe de la maison et chargé de l'accueil. Il remplira ces deux tâches avec beaucoup de compétence et saura être accueillant pour les confrères de passage à la maison provinciale. Lors de la vente de la maison de Lille, il sera très actif et très efficace pour déménager tout le matériel, le mobilier et les papiers devenus inutiles : on ne peut pas imaginer le tas de paperasses que l'on accumule au cours des années dans une procure ! Au bout de trois ans à Paris, il est mis à la disposition du supérieur de la zone Niger
Dès son arrivée, à la fin de l'année 2000, il annonce la couleur : il n'apprend la langue : "Il ne faut pas compter sur moi pour un engagement diocésain. Je n'ai plus envie de brasser les affaires. […] En ce qui me concerne la semi retraite se passe bien et je prends bien du plaisir à cultiver mon jardin (paroisse et maison qui n'est pas sma)". (mail du 02/12/00) Par contre il lance un journal paroissial mensuel de quatre pages, donne des conférences à ses paroissiens et lance un mouvement de femmes "genre action catholique made in RCA amélioré" dit-il.
En octobre 2002, il rentre 15 jours à cause de la santé de sa maman. Avant de repartir, il demande à rentrer dans un an, car il trouve qu'il est temps de se désengager de l'Afrique, s'il veut encore se rendre utile en France. Et puis, il ne veut pas être un frein pour les jeunes. En 2003, il sollicite pour l'an prochain un poste à la communauté d'animation sur Nantes en dehors de Rezé (les confrères lui avaient fait des propositions), mais il ne voulait pas être trop loin de sa maman pour à l'occasion épauler sa sœur. Il est alors nommé à la communauté de la rue Crépeau, avec une insertion à mi-temps en paroisse à la Chapelle-sur-Erdre. Sa nomination de trois ans sera prolongée jusqu'en 2012. Ce n'est qu'en septembre 2012 qu'il quitte la rue Crépeau pour loger dans sa maison familiale de Prinquiau, et qu'il est nommé prêtre auxiliaire sur la paroisse de Saint-Martin du Sillon (en fait 8 paroisses, dont celles de Savenay et de Prinquiau). Il était toujours très sollicité et il aimait ce contact personnel avec les personnes. C'est dans cette maison familiale qu'il nous a quittés.
L'un des confrères de Guy, concélébrant le jour de l'enterrement, témoigne : "A la messe des funérailles, il y avait plus de 20 prêtres et beaucoup d'amis des communautés du diocèse servies par Guy. Ce fut une belle "fête de l'espérance"... et de la solidarité (la collecte était pour l'église du Niger). […] Merci à tous ceux qui ont collaboré à la qualité de cette célébration et de notre prière. Merci à tous ceux qui ont partagé notre peine et notre chagrin. Bienheureux et en marche... dans le souvenir de celui qui a marqué notre vie. "
Recherchez .../ Search...