Société des Missions Africaines - Province de Lyon
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né le 5 mars 1923 à Plouguerneau (Finistère) dans le diocèse de Quimper, France membre de la SMA le 5 juillet 1947 prêtre le 6 juillet 1949 décédé le 21 janvier 2003 |
1950 - 1954 Vicaire à Tanguiéta (Natitingou) 1954 - 1960 Vicaire à Kouandé (Natitingou) Décédé à Montferrier-sur-Lez le, France, 21 janvier 2003 |
Le père Yves CALVEZ (1923 - 2003)
Yves Calvez est né le 5 mars 1923, à Plouguerneau, dans la Nord Finistère. Le lendemain, il est baptisé. Il grandit dans une famille profondément chrétienne. Il avait 5 frères et 2 soeurs. Pendant toute sa vie il a été fier d’être catholique et breton, et il l’était vraiment.
Après ses études primaires chez les frères, il entre au petit séminaire des Missions Africaines à Pont-Rousseau, près de Nantes, où il étudie de 1937 à 1943. Sa formation au sacerdoce se fait à Martigné-Ferchaud (Ille-et-Vilaine), à Chanly (Belgique), et au 150, à Lyon. Entre temps, le service militaire le conduit dans un régiment qui, en 1945, pourchasse l’ennemi jusqu’en Allemagne. Il est ordonné prêtre à Lyon, le 6 juillet 1949.
Toute sa vie missionnaire se passera dans les diocèses de Natitingou et de Djougou. Lorsqu’il arrive en 1950, monseigneur Faroud, préfet apostolique de Parakou, dit aux jeunes qui arrivaient : Vous les jeunes, vous devez faire quinze ans comme vicaire en brousse, puis on vous confiera une paroisse. Le père Yves Calvez l’a fait : à Tanguiéta avec le père Chazal, à Kouandé avec le père Bréhier, à Badjoudé avec le père Aguilhon.
Puis vient le moment de se lancer. En 1965, plein de vie et de zèle, il ouvre une paroisse près d’un marché à Chabi-Kouma, où il n’y avait aucune communauté chrétienne. Il y restera jusqu’à son départ en 2001. Il saura se faire accepter des gens de cette région. Deux ans après son arrivée, il écrivait ceci : Je dirige une session d’études à mes catéchistes, car nous voulons, à tout prix, aller toujours de l’avant. Peu à peu, la jeune mission de Chabi-Kouma prend de l’extension et se consolide dans tous les villages environnants. Sans doute, nous ne disposons pas de grands moyens, mais la plupart des habitants sont de bonne foi et, ma foi, veulent suivre le Seigneur. Il y a beaucoup à faire, mais le départ est donné.
Yves Calvez avait ses méthodes à lui pour faire le travail pastoral. Ses confrères se sentaient parfois mal à l’aise devant ses manières de faire. En particulier, son attitude face aux musulmans a pu quelquefois choquer ceux qui ne le connaissaient pas. Mais le résultat de son travail est immense : lorsque, en 2001, il quitte Chabi-Kouma complètement usé, il laisse 20 communautés chrétiennes, la plupart très dynamiques, alors qu’en 1965 il n’y avait rien. Si, après son congé de 2000, il était encore revenu alors qu’il était déjà fatigué, c’est en partie parce que de nouvelles communautés étaient en train de naître dans le secteur Tanéka, secteur où il avait semé en vain pendant des années.
Au niveau social, en particulier par le canal des catéchistes, il a su donner aux jeunes paysans le goût de vivre et de travailler. Il a su organiser une coopérative qui gérait le fonctionnement d’un tracteur. Il voulait ainsi freiner l’exode rural. Il a aussi beaucoup travaillé pour la scolarisation des enfants. Pour lui, l’école était un passage obligé du développement.
Il a eu la joie de voir arriver dans la paroisse une communauté des sœurs de St Joseph de Montréal. Cette arrivée des sœurs, il ne s’en glorifie pas : il met cela sur le compte du Seigneur. A l’occasion de ses 60 ans, il disait ceci : Je me sens obligé d’avouer que le Seigneur m’a récompensé. En effet, durant au moins trois ans, sinon quatre, dans la prière du matin, il y avait toujours ce refrain : tu vois, Seigneur, si j’avais davantage d’argent, tu vois, je réaliserais ceci, cela, tu vois. Dans telle race, il faudrait d’urgence ceci, cela. Toujours à base d’argent, évidemment. Et un beau jour, sans doute fatigué de mes lamentations mais néanmoins satisfait de mon ardeur apostolique, le Seigneur m’apporta, non de l’argent, c’est trop commun, mais de l’or, oui de l’or en la personne des sœurs hospitalières. Comme quoi Jésus ressuscité nous écoute toujours, à condition de vivre sincèrement notre vocation de missionnaire de base. Et même s’il tarde, il y a toujours un grand recours auprès de la Vierge Marie, toujours disponible à voler à notre secours. (19 mai 1983). Elles ouvriront un centre de santé et une maternité qui apporteront beaucoup à la région de Chabi-Kouma
Le souci de la relève était au fond de son cœur et de sa prière. Il a quitté Chabi-Kouma le cœur tranquille : la relève arrivait. En 1997, l’ordination de l’abbé Simon Abalorou a été un des plus beaux jours de sa vie. La cérémonie des premiers vœux d’une religieuse de sa paroisse fut aussi un grand jour. D’autres jeunes étaient en formation au jour de son départ.
Un des secrets de son rayonnement, c’est la vie simple qu’il a menée au milieu de son peuple. Il en était le recteur, c’est vrai, mais il n’était pas au-dessus des gens, il était au milieu d’eux, partageant leurs joies et leurs peines. Son habitation, son PC comme il disait, c’était une case en dur, mais qui ne se différenciait guère de l’habitat de ses gens. Pas de téléphone, pas d’électricité, pas d’eau courante. Il a vécu ainsi pendant plus de 50 ans et en était heureux. Et tout cela il l’a vécu avec la foi solide qu’il avait héritée de sa famille et de sa Bretagne natale.
La mission de Chabi-Kouma avait une particularité : on y trouvait un élevage de lapins à l’air libre. Depuis le début, Yves Calvez a élevé des lapins, non dans une cage, mais dans un enclos. Et il tenait à honorer ses visiteurs en leur offrant du lapin de sa production !
En septembre 2001, il doit "décrocher", la santé ne suit plus. Après une cérémonie d’au-revoir à laquelle participent l’évêque de Natitingou et celui de Djougou, ainsi qu’une foule immense, il rentre en France et rejoint la maison de retraite de Montferrier, dans l’Hérault. Il retrouve un peu la forme, mais le cancer qui le minait déjà, en Afrique, reprend le dessus et Yves Calvez décède le 21 janvier 2003 pour rejoindre Celui qu’il a aimé et servi avec fougue pendant toute sa vie. Il repose au milieu de ses frères sma dans le cimetière de la maison de retraite.
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