Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
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né le 26 novembre 1909 à Bliesbrück dans le diocèse de Metz, France membre de la SMA le 28 juillet 1929 prêtre le 6 janvier 1934 décédé le 23 janvier 1983 |
1934-1976 missionnaire en Côte d’Ivoire Officier de l’Ordre national de Côte d’Ivoire décédé à Erstein, France, le 23 janvier 1983, |
Le père Jean JACOBY (1909 - 1983)
Jean Jacoby est né le 26 novembre 1909, à Bliesbruck, au diocèse de Metz. Il fit ses études classiques à Saint-Pierre et à Bischwiller de 1921 à 1927, son noviciat et la philosophie pendant deux ans à Chanly, et entra dans la Société en prononçant son serment le 28 juillet 1929. Suivirent, au Séminaire de Lyon, quatre années d’études théologiques, lesquelles, interrompues par une année de service militaire à Compiègne, s’achevèrent en 1934. Le Père fut ordonné prêtre à Lyon le 6 janvier 1934 par Mgr Hauger.
Au mois d’octobre de la même année, il s’embarqua pour la Côte d’Ivoire, arriva à Katiola où il passa deux mois pour s’initier à la vie missionnaire et aux méthodes d’apostolat, puis, au mois de janvier 1935, il gagna Tanda, localité de l’Est de la Côte d’Ivoire, pour laquelle il avait reçu sa nomination.
Le Père Jacoby fut en fait le premier missionnaire établi dans la région de Tanda. Cette région, située entre le fleuve Comoé et la frontière du Ghana, n’avait encore jamais été touchée par la prédication de l’évangile. Elle était rattachée à la Préfecture Apostolique de Korhogo et le Préfet Apostolique, Mgr Diss, en recevait, nombreuses et pressantes, des lettres qui le suppliaient d’envoyer des missionnaires. Au mois de mars 1934, il fit un voyage dans ce pays, en compagnie du Père Brédiger, Provincial de Strasbourg, et du Père Étrillard.
Au cours de ce voyage, il fut décidé qu’on enverrait des missionnaires et l’on envisagea de créer la nouvelle station à Tanda, gros village situé sur la route d’Abengourou à Bondoukou. Mgr Diss retourna dans la région vers la fin de l’année. Venant du sud, il arriva à Bondoukou le 11 décembre, s’arrêtant au passage dans tous les villages et plus longuement à Tanda. Partout il fut bien accueilli. Le choix étant définitivement fixé sur Tanda, il redescendit dans cette localité le 16 décembre accompagné du Frère Théodose Kalbermatten. Et sans tarder l’on se mit à l’ouvrage. Le Frère Théodose alla inspecter les arbres le long de la rivière et se mit à préparer du bois pour les futures constructions.
On commença à faire le catéchisme tous les soirs et à soigner chaque jour les nombreux malades. À Noël, Mgr Diss célébra la messe de minuit à Bondoukou et les deux autres messes le matin à Tanda. Le 7 janvier 1935, il retourna à Katiola, laissant le Frère Théodose seul, en attendant l’arrivée du Père Jacoby. Celui-ci arriva le 12 janvier et, le lendemain, qui était un dimanche, il célébra pour la première fois la sainte messe au marché couvert de Tanda. Le Père Georges Fix, venant de Korhogo, nommé supérieur du nouveau poste, le rejoignit le 25 mars.
Sans tarder, les missionnaires commencèrent leur travail apostolique, annonçant l’évangile, ayant à cœur avant tout de créer une communauté de chrétiens unis par une même foi dans l’amour fraternel. Ce but devait être atteint : lorsque, plus tard, Mgr Durrheimer, devenu évêque de Katiola, fera ses visites pastorales, la première communauté chrétienne de Tanda lui rappellera les communautés de la primitive église, où les fidèles n’avaient qu’un cœur et qu’une âme, se montraient assidus aux enseignements des apôtres, aux réunions communes, à la fraction du pain et aux prières.
Cependant les débuts furent assez durs. Les missionnaires étaient mal logés. Ils étaient très pris par les travaux de l’installation de la mission et surtout par les constructions. La pauvreté était grande. Le Père Jacoby eut à souffrir du climat tropical et sa santé s’en ressentit. Pourtant, dès le mois d’août 1935, il surmonte les difficultés d’adaptation et il est très heureux, écrit-il, dans la nouvelle mission de Tanda. Dans la station principale, il a 60 catéchumènes qui assistent régulièrement au catéchisme et quelques-uns sont d’une piété vraiment remarquable et participent presque tous les jours à la sainte messe.
On a commencé à traduire les principales prières chrétiennes dans la langue du pays que le Père lui-même se met à étudier. Un bien immense pourra être fait : partout les gens sont prêts à recevoir la bonne nouvelle et, presque tous les jours, il y a des délégations des villages environnants qui viennent demander au missionnaire d’aller dans ces villages. Le Père en a visité déjà un grand nombre : partout il a été bien reçu et de nombreux catéchumènes se sont fait inscrire.
En décembre 1936, un 3e missionnaire, le Père Hubert Grieneisen, vint rejoindre ses confrères. Mais le Père Fix, après cinq ans de travail intense en Côte d’Ivoire, étant rentré en France pour prendre quelque repos, le 25 mai 1937, le Père Jacoby eut dès lors, en tant que supérieur, la responsabilité première de la mission de Tanda. Avec courage et fermeté, il continua l’œuvre commencée, la développant constamment dans les directions culturelles, sociales et religieuses. En 1939, il y a quatre missionnaires à Tanda et ils se partagent le travail : le Père Jacoby s’occupe de Tanda et des alentours, le Père Grieneisen de la partie sud du district où se trouve notamment Tankessé, le Père Pfister est chargé spécialement du nord avec Bondoukou et le Père Jules Meyer de l’est avec Transua.
Ces trois stations secondaires seront les premières à être érigées en missions indépendantes : Bondoukou et Transua en 1940, Tankessé en 1945. Mais déjà en 1939 le Père Jacoby, faisant le point, constate qu’un grand chemin a été parcouru depuis son arrivée où il n’y avait rien encore. Les premiers baptêmes avaient été célébrés à Noël 1936. Maintenant il y a déjà un certain nombre de chrétiens. Une petite école fonctionne, la première de toute la région, et l’on peut espérer que, parmi les élèves, quelques-uns seront plus tard de bons catéchistes.
L’œuvre fut un moment contrariée par les mobilisations des missionnaires en 1939-1940. Le Père Jacoby le fut quelque temps à Bamako. Mais les progrès continuèrent. Les installations matérielles de la mission s’amélioraient aussi peu à peu, bien que Tanda ait dû se contenter longtemps de la première église provisoire en terre : ce n’est qu’en 1963 que sera bénite l’église définitive, dédiée à sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Plus tard le Père Jacoby y ajouta un élégant clocher de 22 mètres de haut.
En 1966, le Père Jacoby, déjà un peu vieillissant et fatigué par 30 ans de labeur, laissa la station principale à une équipe plus jeune et vint résider dans un village plus petit, Guiendé, situé à quelques kilomètres de Tanda. Il y œuvra dix ans, au milieu d’une bonne chrétienté qui tenait beaucoup à lui, tandis qu’il s’occupait encore de 12 villages environnants.
En 1975 il y eut à Tanda et à Guiendé, de grandes festivités pour les 40 ans d’existence de la paroisse de Tanda. Le Père Jacoby, superbement vêtu comme un chef traditionnel, fut fêté comme un roi du pays, ce qui représente un témoignage insigne de reconnaissance de la part de la population. À cette occasion, le représentant du Président de la République Ivoirienne remit au Père Jacoby les insignes d’Officier de l’Ordre National de la Côte d’Ivoire. Plus tard, en 1977, à Bliesbruck, le Père recevra par l’intermédiaire de M. l’Ambassadeur de la Côte d’Ivoire en France, les insignes de Commandeur de l’Ordre National.
Aux journées de fête de 1975, Mgr Kwaku, l’un des premiers élèves du Père Jacoby et qui était devenu le premier évêque de la région Nord-Est de Côte d’Ivoire, érigée en évêché en 1963, retraça, lors de la messe concélébrée, la vie du pionnier qui, pendant 40 ans, s’était mis fidèlement au service de Dieu et de la Côte d’Ivoire. Et l’Évêque ajouta en s’adressant aux chrétiens de Tanda : Et vous, chers chrétiens de la mission de Tanda, sachez que nous sommes maintenant adultes. Nous avons 40 ans d’existence. Nous devons prendre en main la destinée de nos communautés chrétiennes.
Ainsi, le Père Jacoby et ses collaborateurs avaient amené à sa maturité, à son âge adulte, la chrétienté de Tanda. Lorsque, en 1976, le Père sera contraint par la maladie de quitter un pays devenu pour lui une seconde patrie, lorsqu’il devra se séparer d’un peuple dont il connaissait bien la langue et qu’il aimait profondément, il pourra remercier le Seigneur d’avoir béni son action missionnaire.
Le Père arriva en France le 15 juillet 1976. Ses dernières années furent surtout peines et souffrances. Malade, atteint de diabète, et toujours sous traitement médical, il entra à la maison de retraite de Saint-Pierre au mois de septembre. En 1980, le mal ayant beaucoup empiré, il dut être hospitalisé à l’hôpital d’Erstein. Il y resta jusqu’à sa mort, survenue le 23 janvier 1983. Ses confrères ont gardé comme dernier souvenir celui de l’extrême gentillesse avec laquelle il les accueillait lorsqu’ils lui rendaient visite à l’établissement hospitalier.
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