Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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né le 11 juillet 1924 à Lyon dans le diocèse de Lyon membre de la SMA le 2 décembre 1944 prêtre le 4 juillet 1948 décédé le 1er février 2013 |
1946-1947 Ave et Auffe, professeur de math décédé à Montferrier-sur-Lez, le 1er février 2013, |
Le père Michel DURIF VAREMBONT 1924-2013
Un vrai lyonnais, né dans le quartier de la Guillotière, entre Rhône et Saône en juillet 1924. Son papa est menuisier ébéniste et professeur de menuiserie à l'école Boisard, non loin du 150. Il a une sœur et trois frères dont l'un décèdera très jeune ; un autre de ses frères, plus âgé que lui, Jean, sera également prêtre aux Missions Africaines (décédé à Lyon en 2000). Michel passe toute son enfance et fait son école primaire à la Guillotière. Très jeune, à 10 ans, il entre à Chamalières en classe de 7e, sans doute parce que son frère s'y trouvait déjà, puis à Pont-Rousseau en 1938 pour faire sa 3e. En 1940, ne pouvait rejoindre l'ouest de la France à cause de la guerre, il revient à Chamalières pour un année, obtient la première partie du baccalauréat ; il pourra retourner à Rezé pour la seconde partie. Son noviciat se passe pour une année au Rozay et pour un année à Martigné-Ferchaud, et en 1944, sa classe d'âge étant exempté de service militaire, il rejoint le 150. Ses études théologiques sont interrompues pendant une année scolaire (1946-47), car il est envoyé à Ave et Auffe, en Belgique, comme professeur de math. Aussi, après son ordination en 1948, n'est-il pas étonné de recevoir la nomination suivante : "Le Conseil provincial vous a désigné pour Pont-Rousseau, en qualité de professeur de mathématiques." (08/07/48)
Il va y rester 4 ans. Lorsqu'il reçoit sa nomination pour le petit séminaire de Chamalières, en 1953, il ne savait pas qu'il reverrait la maison de Pont-Rousseau, mais cette fois comme supérieur de la maison et chargé de la transformer. Il aurait pu peut-être partir en Afrique cette année-là, mais prudemment, à cause d'un mal à la gorge qu'il avait de la peine à soigner, le Conseil provincial le maintient en France : "Puisque l'état de votre gorge laisse encore à désirer, le Conseil provincial, dans sa réunion du 19 juin vous a affecté à la maison de Chamalières comme directeur et professeur." (24/06/53) Mais l'année suivante, la maison de Chamalières devenant séminaire de philosophie, le petit séminaire s'installe provisoirement à Sainte-Foy, - on parlera d'une année de transition - en attendant que la maison de Chaponost, nouvellement acquise, puisse recevoir les élèves.
En 1955, date de l'ouverture de cette nouvelle maison, et bien des confrères n'en ont rien oublié, il y a encore beaucoup à faire et à transformer pour que les élèves puisse y étudier convenablement, et Michel, nommé supérieur, fait merveille, par son allant et son dynamisme, pour faire de cette bâtisse un petit séminaire digne de ce nom. Transformer en petit séminaire un petit château habité jusque-là par les deux demoiselles Cartier était plus qu'une gageure ! Les débuts furent difficiles : on raconte par exemple que l'eau gelait dans les burettes dans la petite chapelle où la messe était célébrée au début, dans une petite pièce du second étage, située à l'angle gauche de la façade est de la maison. Il était autoritaire ? oui, peut-être ; disons plutôt qu'il savait bien ce qu'il voulait et qu'il savait très bien s'organiser. Aussi, ses supérieurs le gardent sur place : "Le Conseil provincial a décidé de renouveler votre mandat jusqu'à la prochaine Assemblée provinciale, estimant que votre présence est des plus utiles pour continuer le démarrage de cette nouvelle maison si bien lancée." (08/05/57)
Après 12 années d'un très bon service en France, il est enfin nommé en Afrique et envoyé au Bénin, à Cotonou, au collège Aupiais, comme préfet de discipline. C'est là un poste difficile : les jeunes ne sont pas toujours faciles à diriger et il faut bien parfois faire preuve d'autorité. C'était dans le tempérament de Michel. Pourtant, il n'est que peu satisfait de ce premier contact avec l'Afrique. Quand le Conseil lui propose le poste de supérieur à Pont-Rousseau, il écrit : "Ces 3 ans d'Afrique et l'expérience que j'y ai vécue m'ont passablement vidé de mon dynamisme. Si vous jugez vraiment que je puisse faire l'affaire, c'est bien. Pour moi, c'est le trou noir devant moi. […] Si ce projet aboutit, c'est que le Seigneur le voudra pour moi, et c'est parce que je lui fais entière confiance que j'accepterais ce poste s'il m'était confirmé." (17/04/63)
Avec courage, il prend en main la maison de Rezé où des travaux de modernisation sont à faire : dans l'aile nord des bâtiments, il fera aménager les dortoirs des élèves dans les étages et fera moderniser la cuisine dans le bas. A cette époque, déjà, les petits séminaires ont de la peine à se remplir en France ; c'est l'époque aussi des contrats d'enseignement avec l'Etat, et il faut pour cela un nombre suffisant de professeurs licenciés. C'est la raison pour laquelle il est à l'origine du jumelage avec les pères Montfortains de Pont-Château : les professeurs ayant une licence, ainsi que les élèves des deux instituts, étant répartis sur les deux maisons, les petites classes d'un côté, les grandes de l'autre. La collaboration sera étendue même avec les Frères des Ecoles Chrétiennes et certains confrères iront aussi s'établir aux Couëts, le petit séminaire du diocèse de Nantes. Devant la perspective de devoir abandonner la maison des Naudières, c'est lui aussi qui jette les plans de la maison actuelle de Rezé. On comprend la lettre du Conseil qui le nomme au Dahomey : "Nous tenons à vous exprimer toute notre reconnaissance pour les longues années que vous avez accepté de passer en France pour la formation des futurs missionnaires et le lourd travail de réorganisation du séminaire de Pont-Rousseau que vous avez mené à bien." (28/05/69) Il fait alors les trois mois de recyclage à l'Arbresle à la fin de l'année 69, et se réserve encore trois mois pour prendre le temps d'assimiler les matières des cours suivis.
Son évêque, Mgr van den Bronk, le destine à la mission de Segbana, mais il ne peut même pas voir cette mission et n'ira pas plus loin que Kandi. En juillet 69, il s'était écrasé un disque de la colonne vertébrale en déchargeant des sacs de ciment aux Naudières, et il était parti en Afrique "avec un mal aux reins, mais supportable". (25/08/70) Deux semaines après son arrivée, son mal s'aggrave jusqu'à l'immobilisation totale. Il est rapatrié d'urgence sur Lyon, passe deux mois dans le plâtre, puis doit faire de longs mois de rééducation. Il en gardera toujours quelque chose et sera obligé de porter une forte ceinture quand il devra parcourir les pistes du Nord Dahomey ; de plus, "je suis sûr de pouvoir éviter toute rechute grâce à ma gymnastique quotidienne (une ½ h tous les matins de 5 h 45 à 6 h 15) ; en effet, dès que je la saute un jour, je m'en ressens aussitôt dans la journée ; mais ça n'empire pas, Dieu merci !" (27/09/71)
Il est alors nommé à Parakou, supérieur au petit séminaire, où se trouvent les classes de la 6e à la 3e. D'après les lettres qu'il envoie à cette époque, l'un des problèmes auquel il doit faire face est celui de trouver des professeurs pour remplacer ceux qui arrivent au bout de leur contrat ou qui partent malades, comme le père Segurola. Il écrit même à plusieurs organismes en France pour trouver des professeurs d'histoire-géographie, français, anglais, sciences naturelles. Partout c'est le refus. Finalement, pour la rentrée de 1974, la classe de 6e est fermée et c'est l'évêque lui-même qui prendra en charge la classe de 3e. "Ne dites plus à Paris que l'évêque se désintéresse du séminaire ! Il est d'ailleurs excellent professeur (au dire des élèves). Mais bien sûr, il se trouve des pères qui râlent, disant que ce n'est pas le travail d'un évêque…" (10/12/74) Dans cette même lettre, il se dit déjà d'accord, à ce moment-là, pour accepter une nomination en France : "rester trois ans pour assurer la rotation". Le Conseil provincial lui a même déjà parlé du 150, mais sans préciser, car c'est l'époque où le grand séminaire de Lyon va subir de grands changements. Sait-il déjà à ce moment-là qu'une nomination pour la procure de Parakou lui sera proposée dans quelques années ? En tout cas, il écrit dès le début de l'année 75 : "J'aimerais me recycler auparavant dans la nouvelle comptabilité." (03/01/75)
Organiser la nouvelle maison de Chaponost, c'était lui ; moderniser les Naudières et préparer la nouvelle maison, c'était lui ; maintenant, modifier complètement le 150 en supprimant toute la partie séminaire et en ne gardant que le fond de l'ancienne chapelle, c'est encore lui. Pour la première année, il aura à "superviser tous les travaux de déménagement du 150, traiter les affaires avec les entreprises en accord avec l'économe provincial, loger au 150 et cela jusqu'en juin 1976 ; alors une nouvelle nomination sera faite, selon ce qui a été envisagé." (10/12/75) Pour l'instant, c'est encore le père Messner qui est le supérieur de la maison, mais en juin 1976, il est nommé officiellement à la place du père Messner, nomination qui est confirmée par le nouveau Conseil en 1978 et les travaux sont loin d'être terminés. "C'est une tâche très prenante et éprouvante du point de vue nerveux (mon point faible)", écrit-il. Et puis, il affirme lui-même qu'il ne fait pas le poids devant le maître d'œuvre qui commande tout et qui couvre même l'architecte. Tout cela s'ajoute aux problèmes de routine que rencontre un supérieur dans une maison, surtout avec les changements dans les nominations des confrères. Pour finir de tout mettre en place, il avait pensé prolonger son contrat d'une année, mais il est à bout lorsqu'il écrit en 78 : "Mon désir très ferme est de ne pas voir prolonger mon séjour au 150. Je crois avoir rempli mon contrat de trois ans du meilleur de moi-même. Mais à présent, je me sens littéralement à bout psychiquement. Il ne faut pas oublier non plus que mes trois années de responsabilité ont été précédées d'une année de "démolition" où je me suis crevé physiquement. En définitive, cela fait donc 4 ans au 30 août 1979 que je suis rentré du Bénin. Je demande à y retourner, là ou ailleurs en Afrique, dès octobre 1979." (03/12/78) Finalement, en 1979, c'est Joseph Neyme qui devient supérieur au 150 avec Claude Nachon comme économe et Michel peut retrouver le diocèse de Parakou
Il commence par travailler en paroisse, puis il prend en charge la procure. En 1981, il signale au Conseil qu'il est d'accord pour un second séjour à Parakou, pour initier une sœur aux questions de la procure et pour mettre en place une comptabilité correcte sur la demande de Mgr Assogba. Ce dernier lui demande de présider à la construction de la nouvelle procure et d'une "Centrale des Œuvres-Accueil", sur le terrain du séminaire N.D. de Fatima. Signalons qu'en septembre 1983, il doit rentrer pour se faire enlever les amygdales, mais il peut retourner rapidement en Afrique. Il parlera plus tard d'un faux cancer. En 1986, il est victime d'un accident de voiture, sans gravité, en allant à Cotonou. Le jeune chauffeur a été surpris par une crevaison. Il y a de gros dégâts, mais rien aux deux personnes, heureusement ! Apprenant la mort de Michel, un confrère témoigne : "Je ne peux oublier son accueil chaleureux chaque fois que je venais à Parakou, alors qu'il était supérieur du séminaire N. D. de Fatima. Je ne peux oublier non plus les nombreux services rendus alors qu'il était procureur diocésain." Certains rappellent en souriant avec quelle rigueur il tenait les comptes de la procure : chaque soir il faisait les comptes de sa caisse et il fallait que tout tombe juste à un centime près, sans quoi il cherchait où était l'erreur avant d'aller se reposer. En quittant, il écrira : "Ma consolation, c'est de laisser des comptes clairs et à jour. C'est finalement bien peu !" (12/01/88)
Dès 1987, on lui parle de la procure de la rue Crillon. "Je n'ai pas l'intention d'entrer dans tous ces détails. Tu veux mon acceptation, j'accepte, mais tu peux croire que ce n'est vraiment pas avec enthousiasme. Vous me torpillez les quelque malheureuses 2 ou 3 années que je pouvais encore espérer vivre en mission en me rendant utile." (16/10/87) Tout Michel est là : être disponible aux besoins de la Société, et on peut dire que durant sa vie il l'a vraiment bien servie. Il est remplacé à la procure de Parakou par Louis Marie Moreau, et, à Paris, il va remplacer Maurice Collaudin. Sa lettre de nomination est écrite avec beaucoup de poésie : "Tu connais déjà la maison de Crillon, à la fois procure et maison d'accueil pour les confrères de passage et quelques recyclants. Comme dans beaucoup de communautés, on y trouve des cœurs qui chantent l'action de grâce du vieux Siméon et d'autres qui laissent échapper parfois le regret d'une rupture difficile à accepter ou la nostalgie d'horizons apostoliques disparus. En tout cela, il te faudra être l'ami qui accueille, le confident qui réconforte, le berger qui conduit, le père qui sécurise. Animer une communauté, lui donner âme et cœur, c'est être l'oreille qui écoute, l'œil qui remarque, la main qui soutient et aussi l'intelligence qui discerne le mieux, la volonté qui maintient l'unité et le cœur qui édifie l'amitié fraternelle dans l'esprit de l'Evangile." (21/04/88) Tout un programme au service duquel Michel mettra encore toute son énergie et son entrain !
La première chose qu'il remarque dans la maison, ce sont les escaliers, car le handicap de son dos est toujours là. Il écrit dès son arrivée, après avoir visité la maison de fond en comble : "Bonjour les escaliers !!! Grosso modo, j'ai dû approcher les 1000 (je dis bien mille) marches dans la journée." (28/09/88) On comprend dès lors que l'une de ses premières décisions sera la construction d'un ascenseur dans la maison que les nombreux confrères de passage apprécieront ; c'est aussi l'époque où l'aumônier de la prison de Fresnes, puis le responsable de la DCC y trouvent un logement. Si certains se plaisent à faire remarquer qu'il avait parfois des sautes d'humeur, nombreux sont ceux qui ont bénéficié de son sens de l'accueil et de son attention aux autres. C'est lui aussi qui remet en route les journées d'amitié qui permettent de fidéliser de nombreux bienfaiteurs. Après quatre années à Crillon, il accepte de remplacer le père Didelot à la comptabilité provinciale et c'est Régis Peillon qui va le remplacer à la procure de Paris.
La fonction à Lyon est plus calme, c'est un travail de bureau que Michel a déjà connu à Parakou ; il ne s'en plaint pas et il est familier des chiffres : "Merci de vos encouragements à sublimer ma tâche ingrate de manipulateur de chiffres. Tranquillisez-vous, je ne trouve pas cette tâche ingrate et mon écran d'ordinateur est plutôt pour moi une fenêtre ouverte sur les autre et… mais oui !... sur la contemplation." (27/09/93) Il met beaucoup de conscience professionnelle dans son travail : pratiquement chaque soir, dès le repas terminé, il montait à son bureau, au lieu d'aller prendre les nouvelles à la télévision ; ses livres de comptes étaient tenus avec une précision d'horloger : c'était dans sa nature, il fallait que les choses soient bien faites. En 1998, au moment où il doit quitter le 150, il subit une opération au cœur : triple pontage. L'opération est réussie, mais il est long s'en remettre. "Je viens de passer trois semaines chez Melle Philomène Cros. […] Les progrès sont bien lents au regard de mon impatience. […] J'ai des vertiges très fréquents quand je me déplace. Tous les médecins me disent qu'il faut compter un an de récupération, sinon 20 mois, au tarif d'un mois par heure d'anesthésie." (02/10/98)
C'est l'époque où il rejoint la maison de Montferrier où il va passer plus de 14 ans. Il aura quelques problèmes de santé : une petite opération à la main, un cancer à la prostate dont il guérira, les suites de son opération au cœur, des vertiges et des bourdonnement d'oreille, mais surtout des problèmes d'audition. Ce dernier problème ne le fait pas souffrir physiquement, mais l'isole beaucoup de l'entourage et des activités collectives. Il faut lui parler très lentement. Dans un groupe, on peut dire qu'il est seul, mais à deux on peut communiquer, et il aimait évoquer certains souvenirs de son passé : c'était alors un vrai plaisir de voir son regard s'épanouir et un sourire éclairer son visage. Au mois de décembre 2012, il fait un AVC qui le laisse bien diminué : il ne s'en remettra pas. Il doit circuler en fauteuil roulant, il s'alimente difficilement et ne reconnaît pas toujours ceux qui lui parlent : il est absent.
Il nous a quittés le 1er février 2013 et a rejoint nombre de ses frères au cimetière de la maison de Montferrier.
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