Société des Missions Africaines –Province de Lyon
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né le 28 mars 1917 à Castelnau dans le diocèse de Rodez, France membre de la SMA le 29 janvier 1948 prêtre le 29 juin 1944 décédé le 7 février 2004 |
1944-1946 Castelsarrasin (82), vicaire décédé à Lauzerte, France, le 7 février 2004, |
Le père Casimir BADOC (1917 - 2004)
C’est à Castelnau-de-Mandaille dans l’Aveyron et dans le diocèse de Rodez qu’est né Casimir Badoc, le 23 août 1917. Assez vite, toute la nombreuse famille vient s’installer à Lauzerte, dans le Tarn-et-Garonne et le diocèse de Montauban. Désirant devenir prêtre, le jeune Casimir entre au petit séminaire en 1930 et au grand séminaire de Montauban en 1936. Ses études sont interrompues par la guerre : il est envoyé en Syrie. Il reprend ses études et est ordonné prêtre le 29 juin 1944 par Mgr Théas.
Depuis quelque temps déjà, il pense à la mission. Son évêque qui a bien accueilli son projet, lui demande d’abord un service diocésain et il est nommé vicaire à la paroisse Saint-Sauveur à Castelsarrazin. Il y restera deux ans. Responsable des enfants et des jeunes, il organise pour eux différentes activités. C’est à cette époque qu’il fera la rencontre d’un enfant devenu aujourd’hui célèbre, Pierre Perret. Nul doute que les jours passés avec le père Badoc ont inspiré la chanson qui eut son temps de célébrité : Les jolies colonies de vacances ! Merci papa, merci maman ! Tous les jours, je voudrais qu’ça r’commence !
Désireux d’entrer aux Missions Africaines, il rejoint Chamalières en 1946 pour un temps de probation. Il sera professeur, tout en vivant son temps de noviciat. L’année suivante, il est nommé en Côte-d’Ivoire. Il est affecté à la paroisse de Bongouanou (actuel diocèse d’Abengourou) où il va demeurer 5 ans. Un rapport, envoyé pour accompagner sa demande en vue de son serment perpétuel, note ceci : Ce confrère a réalisé un bon travail durant les 5 ans qu’il vient de passer à Bongouanou. Il a réorganisé la mission matériellement et spirituellement. C’est un homme patient, opiniâtre à la tâche, qui a su gagner la confiance des chrétiens et des païens. Il sera capable de porter des responsabilités.
En 1952, il est nommé pour fonder la mission d’Arrah où il restera 19 ans et, en 1971, il devient le fondateur de la mission de Kregbé, où il demeurera 25 ans jusqu’en 1995. Il sera donc resté près de 48 ans dans la même région, à l’Est de la Côte-d’Ivoire et en pays agni.
Quelles ont été les grandes orientations de sa vie apostolique ?
Comme beaucoup d’autres missionnaires, il a été un constructeur. Au moment où il arrive, tout est à faire Il faut se loger, bâtir chapelles et églises. C’est un travail qui le passionne, car il aimait travailler de ses mains. Il sera très fier, en particulier, de l’église d’Arrah. Il se lancera aussi dans la construction d’écoles, de dispensaires, d’une maison pour accueillir les sœurs de Vaylats. Il passera une bonne partie de ses congés à prêcher dans son diocèse pour trouver l’argent nécessaire. Il sait, pourtant, que ce n’est pas là l’essentiel de son travail : Il m’arrive de rencontrer des gens qui me félicitent pour les réalisations matérielles qui me sont attribuées. Je ne pense pas que ce soit de ce côté-là qu’il me faille trouver des motifs de satisfaction. La qualité d’une vie se mesure d’abord à sa capacité de créer du bonheur.
Il a surtout été un pasteur voulant construire l’Eglise de Dieu en faisant naître, partout où il l’a pu, des communautés chrétiennes. Ce travail va l’occuper sans relâche. Il parcourt les villages, soucieux de se rendre proche de ceux et celles qu’il vient rencontrer, partageant leur vie, leur nourriture, leur logement, participant aux fêtes locales. Il insistera beaucoup sur la formation des catéchistes : il sait qu’ils assurent une présence stable, quand il lui faut aller de village en village et qu’ils seront des formateurs adaptés pour la préparation des adultes au baptême. Tout ce qu’il fait, c’est en vue de faire naître et vivre les communautés chrétiennes. Il dira que, s’il construit partout des églises et des chapelles, c’est parce qu’il croit que toute communauté chrétienne a besoin d’un lieu visible de rassemblement, où la vitalité de sa foi pourra s’exprimer selon ses coutumes et ses traditions.
A son époque, l’Eglise prend conscience que le développement est une dimension importante de la Mission. Il va travailler à la promotion féminine, en se faisant aider par les sœurs de Vaylats qui sont de sa région. Proche des paysans, il va également lancer un troupeau de vaches et de moutons, développer son jardin, se lancer dans l’artisanat. Son travail de développement deviendra célèbre dans la région et servira de modèle à des réalisations locales. Il aura droit à la reconnaissance du gouvernement de la Côte-d’Ivoire qui le décorera officiellement.
Très occupé et un peu isolé, il aurait pu facilement rester indifférent à ce qui se passait ailleurs. En réalité, toute sa vie, il aura le souci de se tenir informé de ce qui se vit dans son diocèse d’origine et de l’évolution des idées. Lui, le paysan, le bâtisseur se réservera du temps pour le travail intellectuel, soucieux qu’il était de sa formation permanente. Chaque soir, il s’enfermait pour étudier les livres que ses amis lui envoyaient. C’est en écoutant sa voisine lui faire la lecture d’un ouvrage analysant les événements actuels de Côte-d’Ivoire, qu’il a été victime de l’attaque cérébrale qui l’a emporté, signe que son cœur était bien toujours à Arrah et à Kregbé.
Comme beaucoup de missionnaires de son époque, le père Badoc se levait tôt pour prier, car il savait que la foi est un don de Dieu sans cesse à accueillir. Il sentait le besoin de donner à son travail missionnaire des fondations solides . « Si les motivations de notre vie apostolique ne sont pas surnaturelles, on va nécessairement vers le découragement. »
Il avait aussi ses faiblesses, ses misères, ses petits côtés, son tempérament pas facile dont certains ont eu à souffrir. Pourtant, sous cette enveloppe, se cachait un cœur sensible et bon. Lors de ses obsèques, ses neveux et nièces ont voulu lui rendre ce témoignage. « Nous aurons toujours en mémoire tes récits sur ta vie en Afrique et nous avons toujours compris que tu avais une grande tendresse pour la Côte-d’Ivoire. Tu étais un homme hors du commun, doté d’une culture et d’une intelligence rare, un homme de cœur, toujours prêt à partager ton modeste quotidien avec quiconque te rendait visite. Qui n’a pas goûté tes fameuses merveilles : les œufs de tes poules et les poireaux de ton jardin. Nous nous souviendrons de ton courage : ces dernières années, tu as combattu la maladie sans jamais te plaindre. »
Décédé le 7 février 2004 à la maison de retraite de Lauzerte, le père Casimir Badoc repose désormais au cimetière de Saint-Amans-de-Montessou, tout près de Larché où il s’était retiré à son retour de Côte-d’Ivoire en 1995. Monseigneur Bernard Housset et des prêtres diocésains ont tenu à être présents à ses obsèques, pour témoigner que ses liens avec le diocèse de Montauban étaient toujours restés vivants.
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