Société des Missions Africaines –Province de Lyon
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é le 8 décembre 1934 à la Chapelle-sur-Erdre dans le diocèse de Nantes, France membre de la SMA le 17 octobre 1953 décédé le 8 février 1972 |
1953-1959 imprimerie du 150 à Lyon 1955-1957 service militaire décédé à Lyon, France, le 8 février 1972, |
Le frère Jean POTIRON (1934 - 1972)
Jean Potiron est né le 8 décembre 1934 à la Chapelle-sur-Erdre, à 6 km au nord de Nantes. Ses parents sont cultivateurs. Il suit l'école primaire paroissiale de sa commune, mais n'obtient pas le certificat d'études. Il jouit d'une bonne santé et travaille à la maison.
Jean entend l'appel de Dieu pour les Missions Africaines et il entre au postulat des frères, le 3 avril 1951. Il n'a pas encore 17 ans. Il prononce son serment le 17 octobre 1953, et devient ainsi membre des Missions Africaines.
Frère Jean est nommé à l'imprimerie du 150. Il y travaille consciencieusement, sans faire de bruit, durant deux ans. En octobre 1955, il commence son service militaire à la base aérienne de Bricy-Orléans. Il est versé à l'infirmerie. Après 26 mois de service, il retrouve ses occupations à l'imprimerie du 150. Peu après, le 3 mars 1958, il commence un stage de menuiserie et de mécanique dans l'école de l'abbé Boisard (non loin du 150) pour se préparer à son prochain départ en Afrique.
En effet, le 4 juillet 1959, le Conseil provincial affecte frère Jean au diocèse de Parakou, au Nord-Dahomey. Il s'embarque le 19 novembre. Il passe d'abord deux ans à Wénu, avant d'être nommé à Kandi avec le père Lagoutte. Il va y rester 10 ans, rentrant en congé en 1964 et en 1968.
Frère Jean s'occupe du matériel. Il fait un travail de menuiserie, en fabriquant des tables-bancs et des portes pour les petites écoles de village. Mais il fait aussi le catéchisme aux enfants dans les cours-moyens de l'école de la mission et dans les écoles publiques. Il devient vite responsable des Cœurs vaillants et des Ames vaillantes avec qui il réussit très bien. Il organisait, par exemple, des jeux de piste, à travers la brousse, que les enfants appréciaient beaucoup.
C’est lui qui a commencé l’évangélisation dans une bonne dizaine de villages bariba, dans la région de Kandi, selon les instructions de monseigneur van den Bronk revenant du Concile en 1964. Il se déplace avec sa petite mobylette BBCT. Chaque semaine, frère Jean passe plusieurs jours dans les villages, mangeant et dormant chez les habitants. Le soir, il invite les gens à des réunions : Les vieux venaient peu : ils préféraient recevoir ma visite dans leur cour. Mais les jeunes, les 15-20 ans, étaient nombreux, surtout au début. Avec le temps, seuls les plus accrochés ont tenu. Les garçons ont montré plus de persévérance que les filles.
Quels sujets aborder lors de ces réunions ? Frère Jean nous dit dans une lettre datée de 1971 : Au début, nous partions d'un récit évangélique ou d'un point de catéchèse. Et nous tentions de rejoindre leur vie. Mais ce procédé était peu adapté. Alors nous sommes partis de leur vie, de ce qu'ils nous racontaient, pour leur présenter des réactions chrétiennes et les passages évangéliques qui les inspiraient. Ainsi, nous avons traité la bonne entente au village, entre hommes et femmes, entre vieux et jeunes. Et aussi leur travail : les moyens de le rendre moins pénible et plus rentable. Nous les avons fortement encouragés à recourir aux services d'un organisme de développement rural. Car notre travail propre, c'est l'animation chrétienne.
Le père Jullia, qui l’a bien connu, a écrit ceci : Beaucoup de jeunes qu’il réunissait sont restés fidèles et constituent aujourd’hui, en 2004, les anciens de nos communautés dans les secteurs de Sansoro et de Gansosso. Ils évoquent encore le souvenir de « Fourê Zan » avec un beau sourire qui traduit bien leur reconnaissance pour l’apôtre qu’il fut au milieu d’eux. Beaucoup le considèrent comme le fondateur de leur communauté. C’est souvent à l’emplacement de la case ronde qu’il construisait dans les villages pour y passer la nuit qu’on a édifié aujourd’hui la chapelle du village.
Début 1971, frère Jean souffre au bas des reins. Il descend à Cotonou. Le régional, le père Bellut l'emmène chez le docteur qui l'envoie au chirurgien. Le docteur Charpin l'examine et découvre une tumeur à l'anus. Le frère rentre aussitôt en France pour se faire opérer. Il est admis à l’Hôtel-Dieu de Lyon et il est opéré le 16 mars : c'est une opération plus sérieuse que prévu. Très vite, il part poursuivre sa convalescence en famille, près de Nantes, puis il revient en août à Lyon. Le frère est, de nouveau, hospitalisé pour traitement à 1’Hôtel-Dieu. Le cancer se généralise ; après les intestins, ce sont les poumons qui sont atteints.
Frère Jean est très conscient de son état. Il regrette cependant une chose et le dit à une religieuse : Qu'il est dur de penser que je ne retournerai plus là-bas ! Il se trouve encore à l’Hôtel-Dieu, à Lyon, lorsque Dieu le rappelle à lui, au matin du 8 février 1972. Il a 37 ans.
Les funérailles se déroulent dans la chapelle du 150. Le père Peillon préside et commence son homélie, mais l'émotion est telle, devant la disparition prématurée d'un si bon frère, qu'elle lui coupe la parole : il ne peut achever et préfère retourner s'asseoir. Tout le monde est profondément affecté par ce départ.
Les parents du frère Jean sont très éprouvés: ils ont déjà perdu une de leurs filles, mère de neuf enfants, atteinte également de cancer, et un de leurs fils attend une greffe de rein. Le père Grenot rend visite à la famille à La Chapelle-sur-Erdre. La maman lui dit alors cette parole admirable : Ne croyez vous pas que Jean fait plus de travail où il est ?
Frère Jean est passé en faisant le bien : ce qu'il a fait a parlé encore plus fort que ce qu'il a dit. Sa présence et son action ont permis à de nombreux Dahoméens de la région de Kandi de découvrir que Dieu les aimait.
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