Société des Missions Africaines
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né le 16 juin 1850 à Cessieu dans le diocèse de Grenoble, France membre de la SMA le 21 novembre 1879 prêtre le 28 août 1881 décédé le 16 février 1918 |
1881-1901 missionnaire au Nigeria décédé à Ouidah, Dahomey, le 16 février 1918, |
Le père Camille BEL (1850 - 1918)
Le 16 février 1918, à Ouidah (Dahomey), retour à Dieu du père Camille Bel, que l'on a appelé "le saint du Dahomey", à l'âge de 67 ans.
Né le 16 juin 1850 à Cessieu, dans le diocèse de Grenoble, Camille Bel fit la guerre de 1870 comme sergent, souffrant du froid et de la faim, et surtout de la honte de la défaite. Entré aux Missions Africaines en 1878, il faisait le serment le 21 novembre 1879 et était ordonné prêtre le 28 août 1881. En novembre suivant, il s'embarquait à Marseille pour le vicariat de la Côte du Bénin. Il fut d'abord affecté à Tocpo, puis alla pour quelques mois à Agoué. C'était l'époque où le père Ménager bâtissait la jolie tour de l'église. Que de fois le père Bel monta sur les échafaudages pour surveiller colonnettes et rosaces!
En 1883, au moment de l'érection de la préfecture du Dahomey, dont le centre était Agoué, le père Bel était de retour à Tocpo où il aida le père Landais à la plantation. "En cultivant cocotiers et cacaoyers, je faisait mon devoir", écrira-t-il. La plantation et la ferme de Tocpo sont relevées car tout est dirigé selon un plan. Les deux pères rivalisent d'ardeur pour dompter soleil et humidité. Grâce à leur tempérament exceptionnel, ils réussirent là où d'autres avaient échoués.
Fin 1888, le père Bel rentre en congé et, en avril 1889, il accompagne les pères Chausse et Terrien à Rome. Peu après, le père Bel regagnait sa mission. En 1897, Mgr Pellet envoyait le père Bel fonder Kétou et, en mars 1901, fonder Adjarra. Ces deux stations, Kétou et Adjarra, faisaient partir du vicariat du Bénin. A l'érection du vicariat du Dahomey, le 15 mai 1901, le père Bel passa à ce nouveau vicariat et fut bientôt comme à Zagnanado. Le père Bel fonda alors la station secondaire de Cové, centre tout proche de Zagnanado, mais très populeux. Il y bâtit une grande chapelle que l'abbé Kity a refaite en 1938.
A Cové, afin de construire cette chapelle, le père Bel, qui avait déjà plus de 50 ans, pétrissait lui-même de ses pieds nus la terre de barre. L'administrateur, M. Mariac, passa par là: "Mon père, lui dit-il, je vous défends de continuer ainsi, c'est à vos ouvriers à pétrir cette terre; vous êtes âgé, vous ne pouvez faire ce travail; cessez, je vous en prie!" "C'est bien, mon commandant, l'évangile dit: «rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu», j'obéis."
De Zagnanado, il écrivait en 1910 à Mgr Pellet: "Arrivé en mission, ce n'est pas suffisant de pérorer. En effet, «on instruit les âmes par la parole» dit le bienheureux père Chevrier, votre premier supérieur, «mais on les sauve par la souffrance»" et, en homme d'expérience, il dit encore: "Le Maître est bon mais juste, il faut payer les grâces qu'il donne, et pour obtenir de grandes grâces, il faut les acheter."
Le père regrettait le temps qu'il avait perdu et pourtant il y aurait dans sa vie de quoi remplir plusieurs existences. "Je ne suis qu'un soldat de carton, rempli d'amour-propre", écrivait-il encore.
Le père Pélofy nous présente le père Bel comme un homme de haute taille, de bonne force physique, le sourire au coin des lèvres et une pointe de fine malice dans ses réponses. C'était un austère et saint missionnaire. Il ne dormait jamais dans un lit et sous une moustiquaire. Toute la nuit, à Zagnanado, où les moustiques sont "féroces", il se promenait dans sa chambre en priant Dieu. La fatigue était-elle trop forte, il s'allongeait sur une chaise longue, priait encore, sommeillait une heure et reprenait sa promenade priante. Seul, il se contentait d'une nourriture pauvre; recevait-il quelqu'un, la table était généreuse.
A plus de 60 ans, il ne craignait pas d'aller en vélo jusqu'à Abomey, distant de 70 km, pour visiter le père Vacheret. "Vous vous tuez, père Bel" lui disait-on. "Vie dure fait vieillir" répondait-il en souriant.
Il passa les derniers temps de sa vie à Ouidah. C'était alors la guerre 14-18, il ne lisait pas les journaux qui fatiguaient sa vue et son esprit. "J'ai fait, disait-il, l'autre guerre quand j'étais jeune; je suis trop vieux pour suivre celle-ci, qui est trop longue; je prie Dieu pour la France et je fais avec le diable une guerre qui ne finira qu'à ma mort."
Il mourut complètement usé, ne se reposant jamais de travailler, de prier et de souffrir.
La note dominante de sa vie fut une constance fidélité à tous ses exercices de règle, et cela dans une vie essentiellement active.
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