Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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né le 3 septembre 1923 à Pleyben dans le diocèse de Quimper (France) membre de la SMA le 27 octobre 1947 prêtre le 6 juillet 1950 décédé le 20 février 2009 |
951-1953 Paris Crillon 1953-1954 Bouaké, vicaire à la cathédrale décédé à Montferrier-sur-Lez, le 20 février 2009, |
Le père Yves LE MIGNON(1923 - 2009)
Yves Le Mignon est né en 1923 à Pleyben, dans le Finistère, mais jusqu'en 1947 tous ses papiers, y compris son certificat de baptême, le nomment simplement Yves Mignon. Il appartient à une famille modeste. Son papa décède alors qu'il est encore bien jeune et sa maman doit faire des ménages pour élever Yves, son frère qui décèdera à l'âge de 19 ans et ses deux sœurs.
Après ses études primaires dans son village natal, où il obtient le certificat d'études, il entre à Pont-Rousseau en 1936 et en 1943 il rejoint le petit séminaire des vocations tardives à Martigné-Ferchaud où il passe quelques mois. Le supérieur, le père Louis Jolif, notera que le jeune Yves est un jeune homme consciencieux, travailleur, qui ne craint pas sa peine. Son temps de noviciat à Chanly est coupé par 15 mois de service militaire, et c'est seulement au mois d'octobre 1947, à Lyon, qu'il fait son premier serment. Pour l'anecdote, on peut signaler l'humour de son curé qui, dans un certificat de vacances, affirme qu'il a eu une inconduite sans reproche et qui, une autre année, précise, à propos du port du costume ecclésiastique que le jeune séminariste y a été fidèle sauf pendant le travail à la campagne, au moment de l'arrachage des pommes de terre.
A cause de son âge, il est ordonné prêtre à la fin de sa troisième année de théologie en 1950. Mais sa santé n'est pas des meilleures ; aussi, lorsqu'il termine sa formation à Lyon, les docteurs déconseillent pour lui un départ en Afrique : Obéissant aux prescriptions des docteurs, le Conseil provincial n'a pas cru devoir vous envoyer de suite en mission. Vous êtes mis à la disposition du père Duhil, notre procureur de Paris pour l'aider dans sa tâche si importante pour nous. (21 juin 1951) Les médecins avaient en effet certaines craintes du côté du cœur, mais après l'examen d'un spécialiste, il s'est avéré qu'il s'agissait surtout d'une déficience nerveuse à laquelle une médication appropriée a porté remède. Au moment de son premier départ en Afrique, le Provincial écrira de lui : Confrère très sérieux, homme de devoir, énergique et dévoué. A sa place marquée dans le ministère où il sera un missionnaire prudent, avisé, docile et plein de ressources pratiques. Inspire confiance par un caractère bien équilibré, serviable, franc et méthodique. Bonnes qualités morales et surnaturelles qui en feront un confrère apprécié et inspirant le respect. (17 août 1952)
En 1952, il est affecté dans la préfecture de Bouaké créée en 1951. Le docteur ayant prolongé son traitement, il ne peut partir que l'année suivante, en 1953, où il commence par travailler deux années comme vicaire à la cathédrale de Bouaké, puis, sa vie missionnaire va se partager entre les missions de M'Batto et Bongouanou, ces deux stations faisant à l'époque partie du diocèse de Bouaké. Le père n'écrit pas ou très peu, et nous n'avons pratiquement aucun détail sur ses activités missionnaires. Cependant, lors de son congé en 1962, son état de santé ne lui permet pas de rejoindre la Côte d'Ivoire. Ses supérieurs alors, car il n'est pas homme à rester inoccupé, le nomment comme délégué à la Propagation de la Foi, en remplacement du père Chirol. Il reste à ce poste pendant trois ans, et en 1965 il est remis à la disposition du supérieur régional de la Côte d'Ivoire pour le diocèse de Bouaké et se retrouve à Yamoussoukro. Il profitera de son congé, en 1970, pour faire le recyclage de l'Arbresle, car, dit-il, je désire très sérieusement faire cette mise au point de mes connaissances religieuses. Quand il retourne dans son diocèse d'Afrique, c'est encore à M'Batto qu'il est nommé, car en 1970 le curé de l'époque, le père Allirand, est chargé d'ouvrir la mission de Tiémélékro.
Encore une fois, en 1974, le docteur écrit qu'il ne peut pas repartir en Afrique jusqu'à nouvel ordre. Il parle de lithiase rénale grave, évolutive et infectieuse, et conseille une opération. Auparavant, le père fait un pèlerinage à Jérusalem. Après son opération, il est nommé à la procure de Lille pour y seconder le père Devienne et pour renforcer la présence sma dans le diocèse. Pour lui, ce poste n'est pas très valorisant. Il le fait savoir avec humour : Je puis vous dire que je suis entièrement d'accord avec vous quand vous m'écrivez qu'être aide procureur n'est pas l'équivalent de cuisinier. Si j'ai accepté ce service obscur, c'est que je pensais, et le pense encore, que c'était bien la meilleure façon de servir le procureur qui avait bien moins besoin d'un aide que d'un compagnon assez humble pour entretenir sa maison, le servir à table, assez obéissant pour assurer la permanence des week-ends. Pour le reste, il me semblait prêt à le faire tout seul, comme son illustre prédécesseur l'avait fait pendant 20 ou 25 ans. Moins d'un an après cette nomination, en 1975, le Conseil le nomme à la procure de la rue Crillon, à Paris, et, quelques années plus tard, aide économe dans cette même maison. Toutefois, le Conseil vous fait remarquer que votre travail essentiel reste à la procure. (09/07/1979)
Déjà en 1979, il avait manifesté son désir de revoir l'Afrique. En 1981, il est nommé de nouveau à Bouaké, à Notre-Dame de Nazareth, puis très vite à Dimbokro. Il aura la chance de trouver là comme curé le père Pasquier qui saura le comprendre, le conseiller, lui venir en aide, voire le supporter. Tous les trois ans, il rentre en congé normalement, et chaque fois il peut repartir avec l'agrément des docteurs. En 1992, il est victime d'une agression à la mission, et les voleurs le frappent à la tête, ce qui occasionne un hématome au cerveau. Quelques jours après, il perdait l'équilibre et avait de la peine à s'exprimer et à avoir de la suite dans les idées. Conduit en urgence à Abidjan, il est opéré sur le champ; l'opération réussit au-delà de toute espérance. Bien sûr, il a besoin d'une convalescence en France, mais il a hâte de retrouver son poste en mission. Son curé, le père Pasquier, tout en louant son dévouement et son zèle, voudrait le ramener à plus de prudence et plus de modération. Il écrit : J'ai dit et redit la grande admiration que j'ai pour cet homme de bientôt 70 ans qui, jamais, ne calcule sa peine, qui dévore la piste et multiplie les visites et les contacts dans ses villages, y amenant de grands progrès spirituels. Plus loin, il ajoute : On en revient à un autre point de son caractère : son entêtement de Brestois, et là, personne ne peut le raisonner. Tout heureux, il peut repartir en 1992, puis en 1994, mais en 1995 il rentre malade et va directement à Montferrier.
Maintenant qu'il est à la maison de retraite, il écrit au Conseil provincial pour remercier des vœux qu'il reçoit et chaque fois, il ne manque pas de dire qu'il prie souvent à toutes ses intentions : J'aime cette formule, cette antienne de la messe : donne-leur, Seigneur, la claire vision de ce qu'ils doivent faire et la force nécessaire pour la réaliser. […] Plus que jamais, je pense que la lumière de l'Esprit Saint vous est nécessaire et c'est pourquoi j'aime prier. Et plus loin : Je peux vous dire que vous avez vos noms inscrits sur mon chapelet. Il va passer 13 ans à Montferrier, passant beaucoup de temps, au moins au début, à lire : il se tient très informé sur l'actualité. Peu à peu sa santé se dégrade, il marche moins, il prend du poids, il utilise de plus en plus le fauteuil roulant. Il s'est éteint tout doucement le matin du 20 février 2009. Il avait 85 ans.
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