Société des Missions Africaines – Province de Lyon
Le Père Théophile COGARD
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né le 21 février 1920 à Lizio (Morbihan) dans le diocèse de Vannes, France membre de la SMA le 11 février 1942 prêtre le 24 février 1947 décédé le 4 décembre 2005 |
1947-1950 Rezé, professeur décédé à Montferrier le 4 décembre 2005, |
Le père Théophile COGARD (1920 2005)
Théophile Cogard est né le 21 février 1920 à Tréviquet commune de Lizio (Morbihan) de Pierre Cogard et Marie-Louise Piquet. Il est baptisé le lendemain. Il grandit dans une famille nombreuse et très chrétienne. Ses parents sont cultivateurs. En 1932, il entre au petit séminaire des Missions Africaines à Pont-Rousseau près de Nantes.
Il y poursuit ses études jusqu’au bac en 1939 (avec une année scolaire, 1935-1936, à Offémont dans l’Oise). A cette date, il rentre au noviciat des Missions Africaines au Rozay, sur la commune de Saint-Didier-au-Mont-d’Or, dans le Rhône. Le 11 juin 1940, il rejoint les chantiers de jeunesse. En février 1941, il est de retour au Rozay, puis entre au 150 pour commencer sa théologie. De janvier à octobre 1945, il fait un autre séjour à la caserne. Devenu membre de la SMA le 11 février 1942, il est ordonné prêtre le 24 février 1947.
A la fin de sa formation, le père Cogard est nommé professeur au petit séminaire de Pont-Rousseau. A l’époque, beaucoup de jeunes pères commençaient leur vie missionnaire dans la formation en France. Le père Cogard accepte mais, deux ans après, il commence à écrire au Conseil provincial pour demander de partir en Afrique. Le 28 juin 1950, il reçoit une lettre : Le Conseil provincial vous a désigné pour le Vicariat de Ouidah au Dahomey. Il y continue son travail de formateur : un an au petit séminaire de Ouidah et neuf ans au collège Père Aupiais à Cotonou. Il assure un moment le poste de préfet de discipline. Un de ses anciens élève se souvient et il dira longtemps après : Il y avait un peu de désordre avec lui, car il était trop bon ; il ne voulait pas nuire aux élèves et il cherchait toujours à arranger les situations à l’amiable. Quelquefois, les jeunes en profitaient. Ce témoignage d’un ancien reflète bien ce que sera toujours Théophile Cogard : un homme bon et humain.
En mai 1960, une lettre du Conseil provincial vient arrêter le bonheur qu’il avait à vivre en Afrique : Votre expérience de l’enseignement, doublée maintenant de votre expérience missionnaire, vous a fait choisir comme supérieur du petit séminaire de Chaponost. Les élèves et les professeurs qui l’ont connu à cette époque gardent un très bon souvenir de lui. Il met dans cette maison une atmosphère fraternelle et familiale. Après 3 ans de services appréciés à la tête de la maison de Chaponost, il obtient de repartir au Dahomey. Il est nommé une nouvelle fois professeur au petit séminaire de Ouidah où il passe encore 6 ans.
L’année 1967 marque un tournant dans sa vie. Il quitte le travail d’enseignant pour commencer le travail en paroisse. Il est nommé curé de la paroisse Sainte-Cécile à Cotonou. Il n’y reste que trois mois. Il tombe gravement malade et les médecins diagnostiquent un cancer du foie. Il fait ses adieux et rentre en France, sans espoir de retour. A Lyon, des analyses complémentaires ne révèlent qu’une hépatite.
En mars 1968, il obtient de feu vert des médecins pour repartir au Dahomey. Il est nommé curé de la paroisse de Calavi. Il a, comme compagnon, le père Raymond Peyle. Dès le début de son séjour à Calavi, son cœur est conquis par les Toffinous du lac Nokoué qui font partie de la paroisse. C’est une ethnie dont les membres se sont réfugiés sur le lac depuis plusieurs siècles. Ils vivent dans des cases sur pilotis et tirent leur subsistance de la pêche. Leur situation, un peu à l’écart du monde, a fasciné le père Cogard et, avant lui, le cardinal Gantin. Dès le début de son séjour à Calavi, il propose qu’une paroisse soit créée sur le lac avec la présence permanente d’un prêtre. Cela sera fait en 1974.
A cette date, Théophile Cogard s’installe à Sô-Tchanhoué. Il y a déjà une église construite sur pilotis. Il aménage un logement entre les piliers qui soutiennent l’église. Chaque année, au moment de la crue, il mettra les meubles et son lit sur des briques pour les isoler, ou bien, il ira s’installer dans l’église au-dessus. C’est spartiate, mais il vivra là pendant 10 ans. Ce sont peut-être les plus belles années de sa vie. Il vit en profonde harmonie avec ce peuple qu’il aime. Il reçoit de nombreuses consolations à travers les nombreuses conversions dont il est le témoin. En 1977, le père Germain Flouret vient le rejoindre. Puis, soeur Placida, une religieuse béninoise, fera aussi partie de la communauté en attendant de voir la maison des sœurs se construire.
En 1984, les dures conditions de vie du lac ne conviennent plus à son âge. Il doit se retirer de ce lieu dans lequel il était comme un poisson dans l’eau. Après un an en France, il retourne au Bénin et monseigneur Adimou, archevêque de Cotonou, le nomme vicaire de la paroisse de Calavi. Avec le curé, le père Bellut, et l’autre vicaire, un jeune prêtre diocésain, l’abbé de Souza, ils forment une bonne équipe. Mais sa santé se dégrade. Les crises d’asthme se multiplient. Le 7 juillet 1988, il écrit au Conseil provincial cette lettre importante pour lui : Je viens de décider de rentrer en France… Je suis sujet à des crises d’asthme et elles deviennent plus fréquentes et plus pénibles… Ce n’est pas sans un petit serrement de cœur que je me vois forcé de renoncer au travail sur le terrain de la Mission.
Après un congé en famille, comme à chaque congé en France, il rejoint la communauté de Chamalières. Il prendra beaucoup de plaisir à rendre service dans les paroisses de la région, mais surtout à l’hôpital psychiatrique de Sainte-Marie où il est nommé à mi-temps. A son départ, l’équipe de l’aumônerie dit de lui : Il a rempli son ministère avec une grande fidélité et beaucoup de dynamisme, toujours prêt à encourager et soutenir les malades.
En 2001, ayant passé le cap des 80 ans, il sent le besoin de rejoindre ses autres confrères à Montferrier pour une retraite complète. Avec toujours son léger sourire aux lèvres et grâce à son caractère plutôt optimiste, il apporte à tous les résidents sa part de joie de vivre. Début novembre 2005, il se fracture le col du fémur. Le 4 décembre, il s’éteint dans la nuit, pendant son sommeil, sans déranger personne, aussi discrètement qu’il a vécu.
Ses funérailles sont célébrées le 6 décembre. Pour représenter le peuple toffin qu’il a tant aimé, deux de ses enfants sont venus lui présenter leur amitié et leur merci : soeur Catherine Koudjalé et l’abbé Félix Houessou, première religieuse et premier prêtre de la paroisse du lac. Lors de son homélie, ce dernier portera le témoignage suivant : Lui qui m’a tenu par la main et m’a conduit à la pépinière de Lokossa le 6 octobre 1975 n’a cessé de me soutenir jusqu’à mon ordination sacerdotale le 24 décembre 1990. J’ai beaucoup bénéficié de sa sollicitude paternelle. C’est un homme très simple et généreux, attentif aux pauvres et qui a donné le meilleur de lui-même aux Toffinous pour les évangéliser pendant dix années. Il a marqué ma vie de séminariste, puis de prêtre.
Voici une prière composée par lui et qui traduit bien son esprit missionnaire : Seigneur, je te remercie pour les dix années passées à ton service dans la paroisse du Lac Nokoué. Je te rends grâce tout particulièrement pour la naissance de la communauté de Vekky. Les premières conversions ont été difficiles, car des coutumes locales contraires à la vie chrétienne étaient fortes. Il a fallu interrompre le catéchuménat pendant plusieurs années, parce que les jeunes catéchumènes refusaient de pardonner dans des querelles du village. Mais ton Esprit-Saint a été le plus fort et, en 1982, monseigneur de Souza a pu faire les premiers baptêmes. Seigneur, continue de protéger cette jeune communauté et donne à tous ces jeunes d’être de vrais témoins de leur foi parmi leurs frères.
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