Société des Missions Africaines –Province de Lyon
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né le 18 décembre 1914 à Arradon dans le diocèse de Vannes, France membre de la SMA le 24 juillet 1935 prêtre le 24 février 1937 décédé le 25 février 1987 |
1947-1952 missionnaire en Côte-d'Ivoire, décédé à Montferrier, France, le 25 février 1987, |
Le père Roger JOYEAU (1914 - 1987)
Roger Joyeau naît le 18 décembre 1914 à Arradon dans le Morbihan et le diocèse de Vannes, de Louis et de Françoise Roué. Il est baptisé le jour même de sa naissance. Il fréquente l'école libre du village de Maure-de-Bretagne. Puis il suit toute la filière de formation des Missions Africaines : études secondaires à Pont-Rousseau près de Nantes, philosophie et noviciat à Offemont et à Chanly, théologie au grand séminaire de Lyon.
Il est mobilisé en 1939 : son aumônier militaire parle de lui comme d'un "infirmier dévoué et intrépide". Son courage lui vaut deux citations et la croix de guerre. Fait prisonnier, il va connaître cinq années de captivité qui laisseront en lui des traces douloureuses, en même temps qu'une grande capacité d'accueil. Quand on a passé cinq ans prisonnier, on comprend la misère humaine, aimait-il redire aux détenus de la prison de Daloa, quarante ans plus tard. Le 6 juillet 1946, il entre définitivement dans la Société des Missions Africaines. Il devient prêtre pour l'Afrique le 24 février 1947.
La même année, il a la chance d'être nommé pour le vicariat apostolique de Sassandra en Côte d'Ivoire. Il embarque à Marseille le 7 octobre. Il sert d'abord à Grand-Lahou de 1947 à 1948. Puis il devient curé fondateur de Fresco de 1949 à 1951, avant de se retrouver vicaire à Gagnoa puis à Sinfra.
Le 15 mars 1952, le conseil provincial lui demande de rentrer en France pour se reposer et le nomme, malgré ses réticences, recruteur à Chamalières, une tâche de première importance à l'époque, libérant ainsi le père Myard, au poste depuis cinq ans.
Mais, au cœur de l'Auvergne, il a la nostalgie de l'Afrique. Le 18 août 1952, dans une longue et franche lettre, il se fait le propre avocat de son retour en Côte d’Ivoire. Il développe 7 points, dont voici le plus convaincant. Il s'adresse au père provincial, ancien prisonnier de guerre comme lui : Si je n'ai que cinq ans de prêtrise, je ne suis pas jeune pour autant. J'ai passé huit ans sous l'uniforme. Il me semble que les missionnaires de ma catégorie devraient être laissés en Afrique autant qu'ils peuvent y tenir ! Il y a des années qui comptent doubles. Vous le savez bien, vous, mon révérend père.
Le 21 juin 1954, sa plaidoirie est exaucée. Il retrouve la Côte d'Ivoire et son cher Gagnoa. Pendant un an, de 1954 à 1955, il contribue à la construction du petit séminaire du diocèse. Puis, en missionnaire sans frontière, il sert à Man pendant un an, en remplacement du père Dalbin, nommé à Lyon. De 1958 à 1971, il est le curé de Séguéla où, loin de tout, il se sent un peu le parent pauvre. Il se console en disant : Il en faut bien un ! Il en est de même à Mankono où il réside de 1971 à 1977.
Heureusement, quelques visites lui remontent le moral. A Séguela, le père Joyeau marche facilement pieds-nus ; l'inspecteur primaire, qui vient lui rendre visite le soir, l'appelle amicalement le druide. Cela met du baume au cœur du breton ! En effet, dans ce secteur nord du diocèse, au climat rude et à la vie difficile, la population est en majorité musulmane, et les seuls européens sont des chercheurs de diamants. Il faut être solide pour tenir dans ce pays !
Solide, le breton d'Arradon l'est de moins en moins ! Mes yeux et mes jambes faiblissent, écrit-il. Amaigri, souvent pris de malaise, ses supérieurs lui demandent, une seconde fois, de rentrer et, cette fois définitivement, pour se soigner. Il s'embarque à contre- cœur le 10 mai 1977. Comme prévu, il va se reposer à la maison de retraite de La Croix- Valmer dans le Var. Requinqué par le bon climat de la Côte d'Azur, il demande à repartir une seconde fois. Le 13 février, le conseil provincial exauce sa demande : Vous êtes nommé à Daloa où, selon le désir de monseigneur Coty, vous aurez à assurer l'aumônerie de l'hôpital et de la prison.
Ses prisonniers seront son gros souci. Le 17 novembre 1980, il écrit à une bienfaitrice : Je dois vous avouer que mon plus gros souci pécuniaire, ce sont mes prisonniers. Quand ils sont libérés, ils n'ont aucun pécule. Comment peuvent-ils retourner chez eux sans argent, sinon en volant le prix de leur transport ? On retrouve là toute l'âme de l'ancien prisonnier de guerre, sensible à la misère humaine !
En 1980, à l'occasion de la visite du pape Jean-Paul II en Côte d'Ivoire, le président de la République amnistie quelque 300 prisonniers, rien qu’à Daloa ! Notre aumônier a quelques sueurs froides. Je me tracassais bien en pensant à tous ces gars qui allaient venir me voir, n'ayant aucun crédit spécial comme aumônier de prison. Mais voilà que, juste à point, arrive un chèque providentiel. Aux gars qui veulent me remercier, je leur dis : C'est Dieu qu'il faut remercier. C'est lui seul qui a fait. Lui saura qui remercier.
En 1981, il doit quitter ses chers prisonniers et renoncer une nouvelle fois à son pays d'adoption. Il se retire à la maison de retraite des Missions Africaines, nouvellement transférée à Montferrier, dans la proche banlieue de Montpellier.
En janvier 1986, il écrit : Je suis prêt à partir dès que le Seigneur voudra. Le Seigneur vient le chercher le 25 février 1987. Le père Joyeau fut un homme d’une grande bonté et d’une constante disponibilité, habité par une grande passion missionnaire. Une vie toute simple, en apparence bien banale, mais qui nous rappelle cependant la présence aimante du Seigneur en toute existence, et qui nous renouvelle dans la confiance (Père Michel Lamure)
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