Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
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né le 22 février 1891 à Turckheim dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 7 juin 1913 prêtre le 1er juillet 1917 décédé le 28 février 1974 |
1917-1921 missionnaire en Côte d’Or et Togo anglais 1921-1947 missionnaire au Togo décédé à Saint-Pierre, France, le 28 février 1974, |
Le père Émile RIEBSTEIN (1891 - 1974)
Émile Riebstein est né à Turckheim, au diocèse de Strasbourg, le 22 février 1891. Il commença ses études secondaires à Chanly en 1904. La maison de Chanly, fondée en 1902 par le Père Desribes, avait été ouverte en 1903. Elle fut école apostolique jusqu’en 1907, puis celle des novices venus de Lyon. Le Père Riebstein n’y resta qu’une année et il poursuivit le cours de ses études à Keer, de 1905 à 1910. Suivirent une année de noviciat, deux années de philosophie et une année de théologie au grand séminaire de Lyon. Il fit le serment d’appartenance à la Société des Missions Africaines le 7 juin 1913, à Lyon.
En d’août 1914, au début de la Première Guerre mondiale, il était en vacances dans sa famille à Turckheim. La loi allemande admettait que les clercs sous-diacres devaient être exemptés du service militaire armé. Le séminariste Riebstein n’était pas encore sous-diacre, mais, avec l’autorisation du Père Ranchin, supérieur du séminaire de Lyon, il put se présenter, en octobre, à l’Évêque de Strasbourg, Mgr Fritzen, qui accepta de lui conférer le sous-diaconat. Par suite, le conseil de révision l’exempta du service armé, mais le désigna pour le service de santé. Cependant, il pouvait, en attendant, rester dans sa famille. Cette situation se prolongeant, il demanda, en 1915, un laissez-passer pour se rendre en Hollande, afin d’y continuer sa préparation au sacerdoce. Il obtint satisfaction, arriva à Keer et le Père Mathivet, supérieur de la maison, lui confia l’instruction de quelques élèves de 5e. Il pouvait en même temps revoir sa théologie.
À la fin de l’année scolaire, il exprima le désir de retourner au séminaire. Une solution se présentait à lui. Depuis quelques années, en effet, la Province d’Irlande avait ouvert un grand séminaire à Cork pour ses futurs missionnaires. Avec un laissez-passer pour l’Irlande, notre séminariste gagna ce pays, en octobre 1915, et fut reçu au séminaire irlandais. Il y fit deux années de théologie. Il put aussi y perfectionner ses connaissances de la langue anglaise. Il fut ordonné prêtre le 1er juillet 1917 à la cathédrale de Cork, par Mgr Callaghan, évêque du diocèse. Le lendemain de son ordination, il célébra une première messe dans une Chapelle de Religieuses, cérémonie très simple, à laquelle assistèrent une dizaine de personnes seulement. Il ne pouvait être question, en cette période de guerre, de retourner en Alsace, et il fallait bien renoncer aux grandes solennités qui, à l’occasion d’une première messe, auraient été organisées dans la paroisse natale de Turckheim.
Après quelques semaines de vacances en Irlande, le nouveau prêtre, ayant reçu sa destination pour la mission de la Côte d’Or, chercha les moyens de rejoindre son champ d’apostolat. Les Supérieurs le laissaient libre d’attendre que les dangers de la guerre sous-marine s’estompent. Néanmoins, ayant obtenu un passeport pour la Côte d’Or, il prit un bateau qui quitta Liverpool le 12 octobre 1917. Le voyage s’effectua sans incidents graves jusqu’en Côte d’Or.
Son premier poste de mission fut Cape-Coast. Mais il n’y demeura que quelques semaines. Dès le début de l’année 1918, il fut nommé pour le Togo, qui allait être, pendant presque 30 ans, le pays où s’exercerait son zèle missionnaire.
Le Togo, devenu colonie allemande en 1884, était évangélisé, depuis 1892, par les Pères du Verbe Divin de Steyl. Ces Pères avaient réussi à former une chrétienté florissante. En 1914, la Mission était devenue Vicariat Apostolique. Mais en 1914 aussi, une convention provisoire entre l’Angleterre et la France avait partagé le Togo en deux zones d’influence : une zone française avec le nord et l’est avoisinant le Dahomey (Anécho, Atakpamé, Sokodé) et une zone anglaise avec Lomé et Misohœ. Les Pères allemands ne purent plus exercer leur ministère librement. Il leur fallait des laissez-passer pour circuler dans le pays et leur activité se trouvait ainsi entravée. En quelques années, la belle mission du Togo allait vers la ruine et les Pères du Verbe Divin furent expulsés. Ces derniers quittèrent le Togo le 10 janvier 1918, regrettés par une population qui les voyait partir avec consternation.
Il s’agissait maintenant d’assurer une relève et de redonner aux missions catholiques leur vitalité précédente. Mgr Hummel, Vicaire Apostolique de la Côte d’Or, nommé le 11 janvier 1918, Adminis¬trateur Apostolique de la Mission du Togo, n’avait qu’un petit nombre de missionnaires pour son Vicariat de la Côte d’Or. Il délégua Mgr Steinmetz, Vicaire Apostolique du Dahomey, pour administrer la portion française du territoire, et, pour la zone anglaise, il commença par détacher de la Côte d’Or le Père Reymann, supérieur de Kéta, et le Père Riebstein. Les deux Pères arrivèrent à Lomé le 17 janvier 1918.
Dans l’immédiat, le Père Riebstein devait, entre autres travaux, s’occuper des écoles. Une tâche délicate et difficile ! Évoquant plus tard ses souvenirs, le Père mentionnera la directive que lui avait donnée dès le début le fonctionnaire anglais chargé de l’enseignement : Père, lui avait-il dit, je veux que les écoles allemandes de la mission deviennent anglaises. Ce premier changement, qui ne s’était pas fait sans peine, fut suivi d’un autre peu de temps après. En 1919, l’accord de Londres attribua la plus grande partie du Togo à la France, la Grande-Bretagne gardant seulement quelques régions de l’ouest, proches de la Côte d’Or. Cet accord devint définitif en 1920 et les Anglais quittèrent Lomé le 1er octobre 1920. Alors le directeur français de l’enseignement donna ses consignes au Père Riebstein : Votre école anglaise, dit-il, doit devenir une école française. L’enseignement de l’anglais cependant continua dans les hautes classes jusqu’en 1924, pour conduire les élèves jusqu’aux classes terminales des écoles anglaises.
Dans le domaine ecclésiastique, il y eut aussi de rapides changements après la guerre. En janvier 1921, Mgr Cessou fut nommé Administrateur Apostolique pour le Togo français. En 1923, il devint Vicaire Apostolique. La même année, le Togo britannique, qui avait été rattaché au Vicariat Apostolique de la Côte d’Or, devint, avec Keta et Denu, le Vicariat Apostolique de la Basse-Volta et Mgr Hermann en fut le premier Vicaire Apostolique.
Au Vicariat Apostolique du Togo, qui comprenait tout le Togo sous mandat de la France, la mission reprit peu à peu sa marche en avant pour réparer les ruines de la guerre. Le Père Riebstein qui, d’abord vicaire, était depuis 1920 quasi-curé de Lomé, y aidait de tout son pouvoir, dans sa paroisse et, autant que possible, dans les stations de l’intérieur. En 1923, il put rentrer en congé en France et il vint célébrer à Turckheim, sa paroisse natale, le 10 juin 1923, sa première messe solennelle.
Le Père passa ce premier congé dans sa famille à Turckheim et dans notre maison de Vigneulles. Il put prendre quelque repos. Mais il avait un ouvrage important à réaliser : composer une grammaire et un vocabulaire de la langue éwé, deux outils indispensables aux missionnaires qui viendraient au Togo. Ce travail fut effectué en 1923-1924. Les deux livres furent imprimés en 1925. Une deuxième édition de la grammaire parut en 1947.
Le Père Riebstein retourna au Togo dans le courant de l’année 1924. Son activité principale fut de nouveau l’administration de la paroisse de Lomé. Il fut aussi, de 1926 à 1932, visiteur, c’est-à-dire supérieur des missionnaires s.m.a. du Vicariat du Togo. En 1935, lui furent décernées les Palmes Académiques pour ses travaux de linguistique éwé et pour son action remarquable à la direction des écoles. En 1942, son jubilé sacerdotal d’argent fut célébré avec un grand éclat à Lomé et à Anécho. À cette occasion, il reçut la Croix Pro Ecclesia et Pontifice. Après la mort de Mgr Cessou, en 1945, il fut nommé Administrateur Apostolique du Vicariat Apostolique de Lomé, et il remplit cette fonction avec succès, du 8 avril 1945 au 11 décembre 1946, jour où Mgr Strebler, successeur de Mgr Cessou, prit possession de sa charge de Vicaire Apostolique.
Le Père Riebstein rentra en congé en Alsace au mois d’août 1947, ayant quitté Lomé le 18 juillet 1947. Une toute nouvelle situation allait bientôt s’introduire dans sa vie. Au mois de mai 1947, se rencontrant à Rome pour l’Assemblée Générale de la Société, les Provinciaux d’Alsace et d’Amérique firent des projets pour l’établissement des Missions Africaines au Canada. En 1948, le Père Geisser, Alsacien, mais appartenant à la Province d’Amérique, fut désigné par le Supérieur Général, sur la proposition des deux Provinciaux, pour faire connaître notre œuvre au Canada français et y ouvrir une maison destinée à la formation de futurs missionnaires. La Province de l’Est, ayant pris sur elle cette fondation, devait fournir au Père Geisser le personnel nécessaire. Il fallait, pour commencer, trouver un confrère sachant l’anglais et ayant quelque expérience des missions en Afrique.
Le Père Riebstein, qui revenait de missions, se porta volontaire pour seconder le Père Geisser dans sa fondation nouvelle et la Province de l’Est accepta avec enthousiasme cette proposition généreuse, inspirée par un grand acte de zèle missionnaire. En 1948, le Père Riebstein fut donc nommé pour notre œuvre au Canada. En attendant le départ, il séjourna à Vigneulles, enseignant dans quelques petites classes de novices et postulants Frères. Pendant ce temps, le Père Geisser parcourait les diocèses du Québec dans le but de trouver la place où établir la future fondation. Au mois de mai 1949, il fit savoir au Père Riebstein que Mgr Pelletier avait accepté d’accueillir la Société des Missions Africaines dans son diocèse de Trois-Rivières.
Au mois de juin 1949, le Père Riebstein se mit en route pour rejoindre le Canada. Il se rendit à Tenafly et, vers la fin du mois d’octobre, le Père Geisser et lui partirent ensemble pour Trois-Rivières. Mgr Pelletier les reçut fort aimablement et souhaita grand succès à leur entreprise. Un terrain, en bordure de la ville de Shawinigan, avait été offert au Père Geisser. Dès le mois de novembre, on y commença la construction du noviciat. La bénédiction solennelle en fut faite par Mgr Pelletier le 10 juin 1951 et les premiers novices canadiens arrivèrent au mois de septembre 1951. En 1955, le Père Geisser ouvrit un séminaire à Montréal qui fut béni solennellement le 12 mai 1957 par S. Em. le Cardinal Léger. Le Père Riebstein travailla au Canada jusqu’en 1960. Il fut maître des novices à Shawinigan jusqu’en 1954, supérieur de Shawinigan en 1955-1956, et directeur au séminaire de Montréal de 1956 à 1960.
En 1960, le Père revint en Europe. Il fut aumônier au Foyer Notre-Dame de la rue Thénard à Mulhouse du 6 mars 1961 à 1967. Le 5 décembre 1967, il entra à la maison d’accueil de Saint-Pierre. Il y mourut sept ans plus tard, à l’âge de 83 ans, le 28 février 1974. Ses obsèques furent célébrées le 2 mars. La messe concélébrée fut présidée par Mgr Lingenheim, qui prononça l’homélie.
Les pages précédentes ne reflètent que le cadre extérieur de la vie du Père Riebstein. Pour connaître plus de son âme d’apôtre, de sa vie intérieure, il est bon d’entendre quelques passages de l’homélie de Mgr Lingenheim.
S’adressant au cher disparu et notant combien les Africains voyaient proche d’eux le Père Riebstein, Mgr Lingenheim dit : Proche des Togolais, vous l’étiez par votre simplicité, votre générosité, votre bonté. Proche d’eux, vous l’étiez par votre profonde compréhension, par votre effort constant en vue de pénétrer et saisir le sens de leurs us et coutumes, par votre effort d’assimilation des secrets de leur langue et de leurs proverbes. Par amour pour eux et aussi pour permettre aux jeunes missionnaires d’être en mesure de mieux les approcher et de mieux les comprendre, vous vous êtes attelé à la rude tâche de la composition d’un dictionnaire Ewé-Français et Français-Ewé et d’un livre d’exercices. Vous y avez ajouté un syllabaire Ewé longtemps en usage dans les écoles catholiques et même dans les écoles officielles quand l’étude de la langue éwé y fut introduite. Nombreux sont les jeunes missionnaires qui se sont servis de vos travaux...
Mgr Lingenheim rappelle aussi qu’il avait été accueilli comme jeune missionnaire en 1934 à Lomé par le Père Riebstein et qu’il avait été quelque temps son vicaire à la cathédrale et ajoute : J’ai pu apprécier vos qualités humaines, sacerdotales et missionnaires. J’ai été témoin de votre grand amour de l’Afrique, de votre zèle pastoral, de votre constant dévouement, de votre profonde piété, de votre rigoureuse régularité aussi ; le tout mis au service de la paroisse et aussi de la communauté missionnaire. Vos efforts tendaient à en faire profiter les jeunes et à les leur communiquer afin de mieux les préparer à leurs tâches et responsabilités de demain... Monseigneur termine en exprimant sa reconnaissance à celui que les Africains appelaient Fadavi, c’est-à-dire petit Père parce qu’ils le savaient petit dans le sens de simple, sans complexe de supériorité, dans le sens de se faire tout à tous pour les gagner tous à Jésus-Christ.
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