Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
![]() |
né le 27 février 1913 à Lutzelhouse dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 24 juillet 1935 prêtre le 25 décembre 1939 décédé le 2 mars 1981 |
1939-1940 mobilisé 1941-1943 Audun-le-Tiche, diocèse de Metz, vicaire décédé à Mittelbergheim, France, le 2 mars 1981, |
Le père Jean ANGST (1913 - 1981)
Jean Angst est né le 27 février 1913, à Lutzelhouse, premier village de langue française à l’entrée de la vallée de la Bruche. Il passa son enfance dans ce village et il y fit ses études primaires. En 1927, il commença ses études secondaires à l’école apostolique des Pères Blancs d’Altkirch et il les continua, de 1929 à 1933, à l’école des Missions Africaines à Haguenau. Il fit le serment s.m.a. le 24 juillet 1935, après deux ans de noviciat et de philosophie au séminaire de Chanly, en 1933-1935.
Appelé ensuite au service militaire, il fut d’abord incorporé au 170e R.I. à Remiremont, puis au 146e R.I. de forteresse, en divers endroits de la Moselle, en particulier au camp de Zimming près de Boucheporn, à proximité des casemates de la ligne Maginot : tous les Alsaciens libérables en octobre 1936 devaient passer les derniers mois de leur service dans ces ouvrages fortifiés. Libéré à l’automne 1936, le soldat Angst continua sa préparation missionnaire et devint grand séminariste au séminaire de Saint-Pierre qui, le 3 novembre 1936, ouvrait pour la première fois ses portes aux élèves de théologie de la Province de Strasbourg, pour lesquels il venait d’être fondé. Les cours commencèrent le 5 novembre régulièrement et, l’élan étant donné à la vie d’étude, de réflexion et de prière, tout alla bien pendant trois ans.
Cependant en 1938 déjà et au printemps de 1939, de sombres nuages étaient apparus dans les relations internationales. L’orage éclata en septembre 1939 et provoqua une mobilisation générale. Dès le début des hostilités, le séminariste Angst fut envoyé au front, aux environs de Wissembourg. Depuis le 9 juillet 1939, il était sous-diacre, mais maintenant il semblait devoir interrompre pour une période incertaine sa marche vers le sacerdoce. Pourtant une possibilité, indiquée par le supérieur du séminaire, se présenta bientôt pour lui. C’est ainsi que, vers la fin décembre, ayant obtenu une permission de 10 jours, il se rendit à Lyon et, sur une demande qu’il avait faite, il fut admis, avec la permission de Rome, à recevoir le diaconat et la prêtrise. C’est Mgr Hauger qui lui conféra ces ordres, les 24 et 25 décembre 1939.
Recevoir l’ordre de la prêtrise fut pour lui le bonheur de sa vie et une précieuse consolation au milieu de ces temps de grandes tribulations. Il en remerciait le Seigneur. Revenu à l’armée, il pouvait maintenant célébrer chaque dimanche la sainte messe, messe chantée avec sermon, à laquelle les soldats venaient nombreux assister. Au mois de juin 1940, la guerre finit pour lui du côté de Héricourt. Il fut fait prisonnier et, emmené ensuite au camp de Neuf-Brisach, il fut libéré le 3 août 1940.
Le 12 octobre 1940, plusieurs séminaristes, parmi lesquels le Père Angst, purent rejoindre la maison de Saint-Pierre où quelques professeurs étaient aussi présents. Cependant la situation était précaire, avec les nouvelles autorités allemandes. Sans doute, les membres de la Société des Missions Africaines devaient vivre en commun. Mais pour le Oberregierungsrat im Strassburg und Verwalter des Schulwesens im Elsass, le séminaire missionnaire de Saint-Pierre n’était pas autorisé à rouvrir sous son ancienne forme. L’enseignement de la Théologie n’y était pas permis. C’est pourquoi, se dit-on, on se contentera de tenir des Unter¬haltungsvorträge. Dans ces conditions, le Père Angst put accomplir sa 4e année de théologie.
On était à l’été 1941. Il ne fallait pas encore songer à quitter le pays annexé. C’est pourquoi, le Père Angst fut mis à la disposition du diocèse de Metz, dont beaucoup de prêtres avaient été expulsés. En 1941-1943 il fut vicaire à Audun-le-Tiche, qui s’appelait alors Deutsch-Oth, puis administrateur de Veckervillerschalbach, du mois de mai 1943 au printemps 1945. Il quitta alors le ministère paroissial, remerciant Dieu pour la bienveillance accordée pendant toute cette époque de guerre.
Au mois de juin 1945, il fut nommé pour la Mission de Sokodé. Les démarches à faire pour obtenir l’autorisation d’embarquer vers l’Afrique étaient alors assez compliquées et prenaient normalement un temps assez long. Le Père réussit à se faire accorder une place sur le Providence, qui quitta Marseille le 10 janvier 1946. La destination du Père Angst était Niamtougou. Il y arriva le 1er mars.
Niamtougou était le centre de la tribu des Naudems ou Naoudebas, forte d’environ 50 000 âmes à l’époque de l’arrivée du Père Angst. Le Père Antoine Brungard, le premier, y était venu, de Tchetchau, où il était missionnaire. En 1942, il y fonda une mission. Il en était supérieur et c’est lui qui reçut le Père Angst en 1946. Quelques mois après son arrivée, le jeune missionnaire donna ses premières impressions. Avec sympathie, il décrit le pays, les habitudes des gens, leur vie pauvre et simple, la ferveur des chrétiens. En cette année 1946, on est encore loin de ce qui peut ressembler à une modernisation. Pas de maison de commerce dans tous les environs. La gare la plus proche est à 250 km. Pour envoyer ou recevoir des lettres, il faut aller à 35 km. Il y a une église à Niamtougou, longue de 56 m, couverte en paille. Il y a quelques centaines de chrétiens. Un bon groupe assiste à la messe en semaine. Le dimanche, l’église peut à peine contenir tous les assistants.
La mission est très pauvre, équipée très sommairement et très primitivement. De Lomé à Sokodé, le Père s’était arrêté dans plusieurs stations en montant vers le nord : il n’en a vu aucune aussi pauvre que Niamtougou. Et faisant cette constatation, il s’écrie : Oh ! comme je me réjouis de cette pauvreté ! Non, ce ne sont pas des circonstances attrayantes qui l’ont conduit à être messager de la foi, mais seulement l’amour de Dieu et le zèle pour le salut des âmes. Et il se dit heureux d’être messager de la foi dans cette population de Niamtougou. Il a déjà fait de bons progrès dans la connaissance de la langue du pays. Si seulement, ajoute-t-il, nous étions plus nombreux pour travailler à répandre la foi !
Parmi les stations secondaires dépendant de Niamtougou, l’une d’elles, plus spécialement, paraissait ouverte à la foi chrétienne : Siou, à quelque 12 km de la mission principale. Au mois de novembre 1946, le Père Angst fut chargé de s’occuper plus immédiatement de cette station. Matériel¬lement, c’était encore la grande pauvreté, chez les gens et à la mission aussi, cette pauvreté dont le Père était un grand ami. Siou, à cette époque, est un village de plus de 2 000 habitants. Il est formé de cases dispersées sur plusieurs kilomètres. Le pays est calme, à l’abri des grandes circulations. Le passage d’un engin motorisé est un événement.
La contrée est pittoresque, mais le sol est peu fertile, il ne produit pas suffisamment pour assurer la nourriture et l’entretien de la population, une population exclusivement paysanne. Quand le Père Angst y arrive, il n’y a pas d’église, ni d’école, ni de maison pour le missionnaire. Pendant de longs mois, il habite la maison de passage des étrangers, à l’installation tout à fait rudimentaire. Pour la messe et les cérémonies liturgiques, un pauvre hangar couvert de paille, ouvert au vent et à la pluie.
Le Père se mit au travail, avec succès. Une école fut construite, puis une église, qui fut dédiée à l’Immaculée Conception et bénite par Mgr Lingenheim le 8 décembre 1947. Il y avait alors 110 chrétiens et plus de 500 catéchumènes. En 1952, la station fut détachée de Niamtougou et érigée en station principale. Le Père Angst, son fondateur, en devint le premier supérieur. Il désira aussi avoir dans sa mission des Religieuses, pour prendre en charge l’éducation des filles et le soin des malades. On fit appel aux Sœurs de Notre-Dame des Apôtres. Elles arrivèrent à Siou en décembre 1954. Il y avait cette année-là 1804 catholiques dans le district et 413 catéchumènes.
Ainsi donc, la mission faisait des progrès. Pourtant, les années passant, peu à peu le ministère devient plus difficile. Les gens, sous le coup d’une rapide évolution, perdent leur simplicité. Ils n’ont plus également la même foi profonde. La ferveur a un peu baissé. Les jeunes, de plus, quittent le pays. Malgré tout, le Père constate qu’il y a encore beaucoup de positif. Les chrétiens, en général, se conduisent bien. Le mouvement de christianisme s’accentue même, du moins dans la station principale où les catéchumènes sont encore nombreux, contrairement aux stations secondaires, où peu de nouveaux adultes sont attirés. De toute façon, il faut faire face à des situations nouvelles.
Le fardeau pastoral devient plus pesant, les forces du Père diminuent. Avec joie, il accueille un auxiliaire, le Père Joseph Roth, jeune missionnaire très actif. Lui-même se demande s’il retrouvera ses forces premières, car il est très fatigué. En 1958, il rentre en France pour un congé, au mois d’avril, jusqu’en février 1959. Il revient en France au mois de mai 1963 et, cette fois, avant de partir, il remet sa chère mission de Siou entre les mains d’un prêtre diocésain de Sokodé. Elle comptait alors 2 700 baptisés, 5 000 en ajoutant ceux des stations secondaires.
Le Père Angst reprit le chemin de l’Afrique le 4 janvier 1964. Il retournait au diocèse de Sokodé et il allait y rouvrir la mission de Cambolé, qui était alors sans missionnaire permanent.
Cambolé est situé à 80 km de Sokodé, sur la frontière du Bénin. Les habitants sont des Yorubas venus autrefois de la Nigeria. En 1943, Mgr Strebler y plaça un catéchiste. Il y revint plusieurs fois, faisant le trajet de Sokodé à Cambolé à bicyclette. Mgr Lingenheim, qui lui succéda en 1946, visita aussi régulièrement Cambolé. Les communications n’étaient pas faciles à cette époque et le Chef de Mission était seul motorisé après les années de guerre. Enfin le 23 octobre 1955, le secteur de Cambolé fut détaché de Sokodé et érigé en mission principale, avec résidence d’un missionnaire issu du diocèse de Besançon. Mgr Lingenheim se remit plus tard à desservir Cambolé. Lorsqu’il se rendit à Rome pour le Concile, ce fut l’Abbé Bakpessi, le futur évêque de Sokodé, qui prit la relève.
Au mois de janvier 1964, le Père Angst fut de nouveau missionnaire résident à Cambolé. En quittant ainsi Siou, c’était donc un autre peuple qu’il allait trouver, avec une autre langue, d’autres coutumes, un autre environnement. Il y montra le même zèle, le même esprit d’entreprise, le même courage. Là aussi, il demanda des Sœurs pour le soin des malades : ce furent des Sœurs de Peltre, qui arrivèrent à Pâques 1970. Le Père Angst travailla à Cambolé jusqu’en 1971.
Le 1er octobre 1971, il revenait en congé en France. Il se préparait à être de retour à Cambolé pour Pâques 1972. Il mettait à profit le temps qui lui était laissé pour prêcher dans les paroisses et rendre visite à des bienfaiteurs. Malheureusement, il tomba malade. Le cœur, fatigué, il n’arrivait plus à subvenir à tous les efforts. Cette affection cardiaque allait demander des soins réguliers et durables. Le médecin demandait au Père de ne poursuivre qu’une activité modérée. Dans ces conditions, il n’était pas prudent de retourner maintenant en Afrique. Au mois de mai 1972, le Père accepta, dans le diocèse de Strasbourg, le service de la petite paroisse de Mittelbergheim. Là aussi, il se révéla bon et fidèle serviteur de Dieu et des âmes. Il fut apprécié comme un homme de courage, dont la bonté, toute empreinte de modestie, de simplicité, d’indulgence, était remarquable.
Il servit la paroisse de Mittelbergheim tant qu’il put. En décembre 1980, il dut être hospitalisé à l’hôpital civil de Strasbourg. Mais les soins médicaux ne le guérirent pas. Il mourut à Mittelbergheim le 2 mars 1981. Les obsèques furent célébrées le 5 mars à Mittelbergheim. L’inhumation eut lieu au cimetière des Missions Africaines à Saint-Pierre. Monseigneur Lingenheim fit l’homélie à la messe, témoignant avec émotion de l’œuvre accomplie au diocèse de Sokodé par le cher Père Jean.
Recherchez .../ Search...