Société des Missions Africaines - Province de Lyon
![]() |
né le 25 juin 1937 à le Mesnil-Vénéron dans le diocèse de Coutances, France membre de la SMA le 8 juillet 1962 prêtre le 29 juin 1964 décédé le 15 mars 1993 |
1965-1967 Paris, études décédé à Béoumi, Côte-d'Ivoire, le 15 mars 1993 |
Le père Adrien JEANNE (1937 - 1993)
Adrien Jeanne, 4ème d’une famille de 12 enfants, est né le 25 juin 1937 à Mesnil-Vénéron dans la Manche ; il est baptisé le 28 juin 1937. A l’âge de 4 ans, il vient à Auxais avec ses parents.
En octobre 1950, il entre au collège (Institut libre de saint-Lô) comme élève de 6ème. Il en sortira bachelier en 1956 (1ère partie : série C ; seconde partie : série philo) ; bien qu’ayant sauté la classe de 5ème, il fut toujours classé dans l’excellence de sa classe. En philosophie, il obtiendra le prix d’honneur, désigné par le vote des élèves des classes terminales pour choisir le camarade sympathique et méritant. Son supérieur dira de lui : On aimerait voir au séminaire des jeunes qui donnent autant de garanties au point de vue humain et spirituel.
Adrien passera deux ans au séminaire de Coutances, son diocèse d’origine. Le 21 janvier 1958, il écrit au père provincial des Missions Africaines : Après un an et demi passé dans le séminaire de mon diocèse, je crois que le Seigneur me destine aux Missions. Personnellement, je pense beaucoup à l’Afrique noire et, par suite, à la Société des Missions Africaines de Lyon.
Souhaitant pour des raisons familiales, faire tout de suite son service militaire, il accomplira celui-ci au 2ème RIC à Nantes, puis à Saïda, en Algérie, jusqu’à Noël 1960. C’est à cette époque que le père Antonin Bruyas, provincial, lui fait part de l’avis favorable du Conseil pour son admission aux Missions Africaines. Adrien commence donc sa théologie au "150", avant son entrée au noviciat en octobre 1961. Il prononce son premier serment temporaire, à Chanly, le 8 juillet 1962 et son serment perpétuel, à Lyon, le 5 janvier 1964. C’est l’évêque de Coutances, monseigneur Guyot, qui l’ordonne prêtre le 29 juin 1964.
Après un an à la Faculté de théologie de Lyon, Adrien obtient sa licence avec mention bien. Très bons résultats, notera le doyen, monsieur Jourjon. Il s’inscrit à l’Institut supérieur de pastorale catéchétique de Paris d’où il sortira diplômé, en juillet 1967, avec un commentaire flatteur : Excellent étudiant ; très engagé dans le catéchuménat, il y a très bien rempli ses fonctions. Méthodique, sérieux, capable de tirer parti de la moindre acquisition.
En Octobre 1967, c’est le départ pour la Côte-d’Ivoire où il va servir deux ans, au diocèse de Bouaké, dans les paroisses de Bocanda et de Daoukro. En 1969, il est rappelé, comme professeur de théologie et de catéchèse, au consortium missionnaire de Chevilly-Larue. Adrien acceptera cette nouvelle affectation, mais ce sera dur pour lui de quitter la Côte-d’Ivoire. Sa joie sera d’autant plus grande quand, en juin 1972, il sera remis à la disposition du supérieur régional de Côte-d’Ivoire pour le service du diocèse de Bouaké.
Nous sommes en octobre 1972 : c’est comme un tournant dans la vie d’Adrien. Mais il lui faudra beaucoup de persévérance pour obtenir ce à quoi il aspirait comme cadre d’apostolat. Monseigneur Duirat et le père Falcon accéderont, finalement, à son désir en le nommant à Bocanda. Dans cette paroisse, il collabore avec le père Carteron pour la catéchèse et l’étude de la langue baoulé. La mort de son papa, le 24 avril 1975, après celle de sa maman en janvier 1973, fut pour Adrien une douloureuse épreuve qu’il semble avoir assumée avec grand courage et sérénité. En 1975, il est affecté à Ouellé. Pendant les grandes vacances 1976, avec le père Jean-Pierre Michaud, il construit une maison d'habitation à Ananda, et quand elle est achevée, il en fait sa résidence, afin d'être plus proche de la population de ce secteur, moins évangélisée que celle de Ouellé.
En 1988, Adrien est affecté à Ouellé, mais avec résidence à Ananda, gros village sur la route de Bouaké, où existe un petit pied-à-terre pour le père. Modeste construction avec une chapelle toute simple, d’où Adrien pourra, plus librement, mettre en œuvre ses projets de sessions pour la formation des catéchistes baoulés. Suite à un certain nombre de difficultés, cette expérience s’arrêtera à Pâques 1990. A ce moment, Adrien rentre pour une année sabbatique. Il la fera en Allemagne, au carmel de Berlin, pour y travailler l’allemand et l’hébreu. A la fin de cette année, il écrit brièvement : Tout continue à être très bien pour moi.
A son retour au diocèse de Bouaké, monseigneur Vital Yao, son évêque, le nomme curé de Béoumi, en pays godé, région assez typée avec ses coutumes très traditionnelles et son accent très spécial, même pour des baoulés.
Et c’est là, à Béoumi, dans la nuit du 14 au 15 mars 1993, qu’Adrien sera assassiné, pendant son sommeil, de deux coups de feu tirés de la fenêtre. Rien ne fut volé, mais le salon et la chambre furent saccagés pour laisser croire à un cambriolage. Qui fut à l’origine d’un tel drame ? Une secte, Limoudin de rabbi Jésus ? Des membres d’un village très fétichiste de la région ? Des hommes de main commandités par quelque autorité ? Rien n’a pu être vraiment éclairci concernant ce drame affreux sur lequel continue de peser une omerta qui ne dit pas son nom. Pas plus la plainte contre X déposée à la brigade de gendarmerie de Béoumi que les démarches entreprises, par le consulat général de France, auprès des autorités ivoiriennes, n’ont pu, jusqu’à maintenant, aboutir.
Le 19 mars 1993, le corps d’Adrien, qui avait été déposé à la morgue de l’hôpital de Bouaké, fut transporté jusqu’à la cathédrale, au milieu d’une foule immense, marchant silencieusement, comme pour une ultime étape de chemin de Croix. Moments d’une exceptionnelle gravité ! Le soir même, Adrien retrouvait son peuple de Béoumi, pour la veillée de prières animée par le père Ranchin, qui commenta la parabole du semeur.
Puis, en ce samedi 20 juin 1993, fut célébrée la messe d’enterrement d’Adrien, présidée par monseigneur Vital Yao, évêque de Bouaké, accompagné de deux évêques , d’un grand nombre de prêtres, de religieuses et de fidèles. L’homélie du père Carteron remua le cœur de toute l’assemblée : Oui, Adrien était un frère universel ; tous ceux qui vivaient avec lui ne tardaient pas à devenir ses amis. Il avait une qualité d’écoute et d’accueil exceptionnelle. Il concluait en ces termes : C’est cet homme de Dieu qu’on nous a arraché ! C’est ce prêtre de qualité qu’on a assassiné ! Que faire ? Que dire ? Prier. Je prie ; frères, priez avec moi.
Adrien est enterré au cimetière de Béoumi. Mais plusieurs célébrations et cérémonies du souvenir furent organisées, spécialement à Auxais, à la mémoire de celui que les gens considèrent comme un martyr. Pour ceux qui l’ont connu, il reste un témoin exceptionnel de la Mission à cause du souci qui l’habitait : la formation des catéchistes et l’inculturation de l’Evangile dans les communautés baoulé pour lesquelles il a donné sa vie.
Recherchez .../ Search...