Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
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né le 9 février 1925 à Guewenheim dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 27 octobre 1947 prêtre le 12 février 1951 décédé le 22 mars 1999 |
1951-1999 missionnaire en Côte d’Ivoire décédé à l'hôpital de Mulhouse (France),le 22 mars 1999, |
Le père Henri KUENEMANN (1925 - 1999)
Célébration Eucharistique d’au revoir pour Henri KUENEMANN - Timbé 26 Mars 1999
Ce fut très dur pour Jacques NOIROT et le président du Conseil paroissial en ce lundi 21 Mars d’aller annoncer à Timbé la nouvelle du décès de notre confrère Henri KUENEMANN. André, le cuisinier et ami inséparable d’Henri, Nicodème le maître de chœur et catéchiste reçurent la nouvelle comme un choc; longtemps ils restèrent silencieux... Un de ceux qui étaient là assis sous la véranda décida d’aller sonner la cloche, celle qui annonce à l’insolite les grandes nouvelles. Les gens ont cru que « notre père est revenu »... Chaque fois qu’il revenait des congés, on venait l’accueillir avec des danses et les tam-tams... La belle église de Timbé était pleine en ce vendredi 26 Mars, pour la célébration de l’au revoir.
Une célébration a été aussi organisée le lundi 29 Mars, à 8 h 30, à l’église de Fronan, lieu où Henri avait passé onze ans, desservant surtout les villages où il avait monté plusieurs chapelles. En ce même jour, le soir à 18 h 30, on rappelait aussi son souvenir à la Cathédrale de Katiola. La paroisse de Niakaramdougou où Henri avait longtemps travaillé avant de venir à Timbé, s’apprêtait à organiser aussi une cérémonie.
Première lecture : 2 Tim 2, 8-13
Evangile : Jean 1,1-45, Lazare
Chers frères et sœurs de Timbé, mes frères prêtres,
Le plus beau des voyages
Pour nous tous, ce fut un choc lundi matin quand nous appris la nouvelle du décès du Père Henri Kunemann. Là-bas à Abidjan, à Sainte Bernadette, nous avons vu des gens pleurer et offrir des messes. Le Père Henri se sentait fatigué depuis quelque temps. Le 16 Avril dernier, il y a bientôt un an, il m’écrivait : « Monseigneur lui-même m’a suggéré d’avancer mon congé vu l’état de ma santé. Il fait trop chaud et je n’arrive pas à remonter la pente. Je supporte de moins en moins la chaleur et j’ai de la peine à assumer toutes les charges d’une paroisse. Je reviendrai cependant à Timbé... Ce n’est pas facile de quitter l’Afrique ». En Octobre dernier, il s’est fait opérer du cœur, on lui a installé plusieurs pontages, il avait très bien supporté l’opération. Il était prévu qu’il revienne plus tard pour une autre intervention, au niveau des artères fémorales, c’est pour cela qu’il a été hospitalisé il y a un peu plus d’un mois... On a dû le garder en réanimation, il y a eu des complications, finalement il est parti pour le plus grand et le plus beau de ses congés, pour le dernier, le plus grand et le plus beau de ses voyages. Son cœur usé à trop aimer n’en pouvait plus. Il a été enterré là où il est décédé, il repose auprès des siens qu’il a tant aimés, à qui il doit tant, dans son beau village d’Alsace au pied des montagnes, non loin de son ami Pierre LEVEQUE un autre vaillant missionnaire du nord de Côte d’Ivoire. Là-bas dans son village, Mgr Jean-Marie KELETEGUI a guidé la prière au jour de ses funérailles. Le Père Henri a été enterré là où il est mort. S’il était mort ici, on l’aurait très simplement enterré ici en Côte d’Ivoire, cette terre où il a passé la plus grand partie de sa vie. On me disait hier soir qu’il avait prévu sa place dans le cimetière de Timbé qu’il a fait ériger il y a quelques années. Les missionnaires, on les enterre là où ils meurent, car le village où ils sont nés et qu’ils ont quitté à cause de l’évangile n’est plus leur village. Leur village, leur terre c’est là où ils vivent, c’est là où ils témoignent, c’est là où ils travaillent. D’ailleurs peu nous importe le lieu où nous sommes enterrés, puisque « nous avons une demeure éternelle dans les cieux ». Le Père Henri pensait revenir à Timbé pour la semaine sainte et Pâques, il nous l’écrivait quelques jours avant son opération, mais, comme Jésus, il nous a précédés en ces derniers jours de Carême pour la Pâque éternelle.
Dieu nous a aimés par l’envoi de son serviteur
Frères et sœurs, si nous sommes profondément touchés, choqués par le décès de notre frère et père, s’il nous manque déjà, nous ne sommes pas ici pour pleurer. Nous sommes réunis ici pour faire mémoire et pour rendre grâce, car nous sommes chrétiens et nous ne sommes pas comme ceux qui n’ont pas d’espérance. Nous faisons mémoire « de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts »; il nous ouvre les portes de la résurrection, de la vie éternelle. En célébrant cette Eucharistie nous faisons mémoire de sa mort et de sa résurrection. A travers cette Eucharistie, en Jésus Christ, nous faisons mémoire aussi de notre frère et père Henri Kuenemann. Par le Baptême, au lendemain de sa naissance, il était entré dans la grande famille des enfants de Dieu. C’est à l’âge de 12 ans qu’il arrive au petit séminaire des Missions Africaines en vue de devenir missionnaire. La guerre de 1939-45 lui fait interrompre ses études et le fait vivre dans une position très difficile. Mais avec la force qui était déjà la sienne, il a su servir sa patrie avec courage et loyauté. Il est ordonné prêtre le 12 février 1951. Et depuis ce temps, il n’a cessé de courir villes et villages du pays Tagouana. Il a passé 15 ans à Katiola, principalement au service des écoles, onze ans à Offiakaha, une année à Ferkessedougou, et le reste de son ministère à été à Niakara et Timbé. Ici à Timbé, il a achevé cette très belle église, et il nous laisse l’orchestre des balafons et tam-tams qui depuis quelques années anime les liturgies. Dans notre Eucharistie nous rendons grâce pour tout ce temps donné à ce secteur de haute Côte d’Ivoire, secteur qu’il connaissait bien, et où il était connu et apprécié. Beaucoup d’entre nous peuvent rendre témoigne de la bonté de son cœur usé à force de générosité. Toute sa vie il a passé à faire le bien, il a cherché comment aider les gens à organiser leur vie, à cultiver, à se développer, à vivre... Toute sa vie, il a cherché à rassembler les gens, on lui doit une quinzaine de chapelles; il a cherché les meilleures méthodes d’apostolat, se lançant dans des options toutes nouvelles lorsqu’il avait compris qu’elles pouvaient améliorer la qualité de vie des chrétiens; et l’approfondissement de leur foi et de leur charité. Il a d’abord travaillé à organiser les écoles, il a orienté l’action catholique, en particulier la J.A.C. Il a vu le bienfait des communautés chrétiennes de base, celui de l’apostolat des familles... Sa tête était encore pleine de projets, « Je reviendrai à Timbé, écrivait-il encore dans sa lettre du 16 Avril 1998, au moins pour achever mes projets d’adduction d’eau. ». Il fut pendant dix ans Supérieur Régional des Confrères des Missions Africaines du Nord Côte d’Ivoire, il les a accompagnés, accueillis, défendus, encouragés. Il croyait à l’évangélisation, à la mission. Il y a cru jusqu’au bout... Nous, ses confrères, nous avons toujours admiré sa vie, sa vitalité, son humour, son enthousiasme, sa foi... Il a été pour nous tous un grand frère, un magnifique cadeau de Dieu. Il aimait aussi la paix, et travaillait pour l’unité. Il n’aimait pas les conflits dans les villages et les communautés... C’était sa grande joie, aux jours de fêtes, comme celle de Pâques, après la célébration, de rassembler tous les gens dans la cour de la mission pour le partage du dolo. Il disait que le dolo « made in Timbé » était le meilleur de toute la Côte d’Ivoire... et on dansait dans la cour. J’ai été moi-même touché par ce geste, à Pâques, il y a deux ans. Toute sa vie, comme un pontife qu’il aurait put être, il a essayé de tisser des liens, des liens à l‘intérieur des communautés, des liens entre les villages, des liens entre les chrétiens d’Alsace, de son village natal de Guevenheim et ceux de Côte d’Ivoire. Il a monté tout un réseau de générosité, car on ne pouvait pas résister à son enthousiasme... Ses congés se passaient à circuler, à visiter les bienfaiteurs, à les solliciter, il n’avait pas de repos. Lorsqu’il était là-bas en Alsace, il était très fier de parler des gens de son pays, ceux de Côte d’Ivoire, de Katiola, de Offiakaha, de Niakara, de Timbé. Ses amis qui l’écoutaient parvenaient à connaître tous les détails des différentes missions, et ils étaient convaincus que ses gens de Côte d’Ivoire étaient parfaits... car le Père Kuenemann savait aussi exagérer, c’était l’une de ses qualités...
Frères et sœurs, de tout cela, aujourd’hui nous faisons mémoire et nous rendons grâce. Nous rendons grâce au Seigneur de nous avoir donné le Père Henri, de nous avoir aimés à travers son serviteur... Nous aurions souhaité, comme Marthe et Marie dans l’évangile que nous venons de lire, celui de dimanche dernier, que Jésus soit là pour nous le rendre. Mais comme Marthe, nous croyons que Jésus est la résurrection... Et comme pour Lazare, Jésus nous dit de délier notre frère et père Henri, et de le laisser aller, de l’autre côté du fleuve, dans ce royaume de paix et de lumière que nous espérons tous et qui nous fait tous rêver... Nous savons cependant qu’il est parti trop tôt. Un être aimé, une personne qui passe en faisant le bien s’en va toujours trop tôt, mais il a passé 48 ans parmi nous.
« Tu es le Dieu des grands espaces
et des larges horizons,
des longues routes
et des cheminements vers l’infini… »
« Pour tout le bien accompli
à vous tous un grand merci
La chrétienté avec laquelle je chemine,
c’est ma grande joie de la voir grandir intérieurement et en nombre
grâce à l’engagement des laïcs.
Jésus venant parmi nous nous rappelle notre titre de noblesse
de fils et fille de Dieu qui nous unit et nous rends confiants.
Je prie Dieu pour vous, pour vos famille, qu’Il vous garde,
qu’Il exauce vos souhaits,
qu’I bénisse vos projets et vous donne la force… »
(extrait d’un message à ses amis)
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