Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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né le 8 juillet 1930 à Chazelles-sur-Lyon dans le diocèse de Saint-Etienne membre de la SMA le 25 juillet 1952 prêtre le 7 décembre 1956 décédé le 22 mars 2009 |
1958-1963 Chaponost, professeur de 7ème et 6ème décédé à Montferrier-sur-Lez, le 22 mars 2009 |
Le père Louis GONON (1930 - 2009)
Pour tous, il était P'tit Louis, un confrère charmant, dévoué, joyeux, zélé, comme le définissait le père provincial en 1963 avant son premier départ en Afrique ; il ajoutait : jugement sûr, caractère enjoué et heureux, bon professeur, réussissant très bien avec les jeunes. C'est vrai que le jour où il a passé le Conseil de révision, il a été pris de justesse, car, avec 1 m. 49, il aurait été réformé, mais il faisait 1 centimètre de plus, juste ce qu'il fallait pour revêtir l'habit militaire. P'tit Louis : pour nous, il y avait comme de l'affection dans ce surnom, d'ailleurs il n'avait que des amis et sa petite taille ne l'a pas empêché d'avoir une vie missionnaire particulièrement bien remplie.
Il était originaire de Chazelles-sur-Lyon, dans la Loire, où il voit le jour le 8 juillet 1930 dans une famille très soudée, troisième enfant après une fille et un garçon décédé bien jeune ; il aura ensuite deux autres frères. Son papa était chapelier, de condition modeste, mais les vertus de la famille humaine, unité, solidarité, entente, et les vertus de la famille chrétienne seront à la base de son éducation : il y sera toujours fidèle. On peut souligner ici que plus de 40 membres de sa famille ont fait le déplacement depuis la Loire jusqu'à Montferrier pour être présents et prier lors de ses funérailles. Après avoir fréquenté l'école libre de Chazelles, il entre à Chamalières en 1943, puis à Pont-Rousseau en 1946 ; il y obtient le BEPC et la première partie du baccalauréat. Il fait son noviciat à Chanly de 1950 à 1952, au terme duquel il devient membre de la Société des Missions Africaines. A la fin de son service militaire qu'il fait à Nancy avant d'entrer au grand séminaire du 150, son aumônier le note ainsi : Louis était universellement connu au bataillon. Il était actif et dévoué. Il était estimé de ses chefs et populaire auprès de ses camarades. Il a été la cheville ouvrière du groupe d'AC. Il était très docile à l'égard de l'aumônier. Il était pieux, régulier et modeste. Il est ordonné prêtre le 7 décembre 1956, la veille du centenaire de la fondation de la Société.
Sa première nomination l'envoie à Chaponost où, pendant cinq ans, il est titulaire des classes de 7ème et de 6ème. Comme il est bon professeur, c'est tout naturellement qu'en 1963 il est envoyé à Porto-Novo, au Dahomey, au petit séminaire du diocèse, où il prend en charge les classes de 4ème et de 3ème. Sa nomination du 16 juin 1963 porte la remarque suivante : Nous savons que cette décision correspond à votre plus ardent désir, et nous sommes heureux d'avoir pu y répondre. Au bout de six ans, il pense sûrement à une nomination en paroisse, mais il est rappelé en France, à Chaponost précisément, pour l'animation missionnaire et la recherche de vocations. Il nous faut le témoignage tout chaud de missionnaires qui reviennent d'Afrique. […] Nous vous remercions d'avoir accepté de donner trois années pour assurer la relève. […] Ce ne sera pas toujours facile (dans sa lettre de nomination de mai 1969).
En fait, il y reste six ans, et en 1975 il se retrouve au Bénin, car le pays vient de changer de nom, dans la ville de Porto-Novo, mais en paroisse cette fois et il se dit tout heureux de retrouver ceux qu'il a connus jadis quand il était professeur : Certains sont à l'Université, d'autres enseignants, peu (deux seulement) au grand séminaire (septembre 1975). Je suis avec un curé africain qui est très chic avec moi. […] Je m'occupe tout spécialement des baptêmes d'enfants. […] Je tâche aussi de prendre contact avec les jeunes, les enfants et les plus grands. […] Les bons repas ne se font pas tous les jours, mais je trouve que les gens ne se plaignent pas comme en Europe. Il y a même de la joie de vivre, et cela remonte le moral (Noël 1975). Tout en restant toujours à Porto-Novo, il change deux fois de paroisse sur la demande de son évêque et accepte en 1978 la charge de directeur des œuvres du diocèse, charge qu'il gardera jusqu'à son départ du pays en 1987. En avril 1978, le Conseil provincial lui propose de venir travailler au musée du 150. Il répond sans détour : Je n'y tiens pas du tout. Je pense qu'il y a des gens plus compétents que moi. Finalement, le projet n'a pas de suite. A partir de 1981, il est nommé curé de la paroisse Saint-Hubert, à Missérété. Il réussit à faire l'unanimité autour de lui, et même le comité révolutionnaire du District lui décerne un témoignage de satisfaction pour son dévouement constant et son ardeur au travail dans la lutte que mène le peuple béninois pour l'avènement […] d'une société où il fera bon vivre (décembre 1985).
Il est prêtre depuis bientôt trente ans et, sur sa demande, il obtient de faire une année sabbatique : J'aimerais suivre des cours d'exégèse, pas un programme trop chargé, car à 56 ans, après des années de brousse, on est un peu rouillé. […] Je voudrais faire cette année au 150 pour garder contact avec ma famille (janvier 1987). Après cette année sabbatique, il est mis à la disposition du régional du Bénin pour l'archidiocèse de Cotonou. Le Régional pense à une équipe dont l'avenir est encore à définir ; nous comptons beaucoup sur cette équipe pour être un lieu de référence pour les candidats africains sma, soit pour ceux qui seront en année spirituelle à Calavi, soit pour d'autres. Ce projet est si important pour l'avenir de la mission que chacun de nous doit se sentir concerné (avril 1988). Ils sont trois prêtres sma à la paroisse : Claude Templé chargé des laïcs et des enfants de la rue, Pierre Legendre s'occupant plus spécialement des groupes de jeunes et des groupes de prière et P'tit Louis responsable. Il n'est pas bavard sur tout le travail réalisé dans cette paroisse où il reste 9 ans, jusqu'en 1997, un travail qui va devenir trop lourd pour lui. Une seule phrase dans l'unique circulaire que nous avons de lui, datée de Noël 1988, permet de se faire une idée de l'ampleur de la tâche : Chaque matin, à la messe de 7 heures, il y a 200 personnes de tous âges. Bien des curés de chez nous aimeraient pouvoir faire une telle remarque à propos des messes du dimanche…
Tous les trois ans, à la fin de son congé en France, il envoie une petite lettre au Conseil provincial pour demander qu'on lui prenne un billet de retour et il joint à la lettre un certificat médical l'autorisant à repartir. C'est à peu près tout comme nouvelles. En septembre 1996, en France, après une opération de la prostate, il a quelques problèmes d'incontinence, ce qui l'oblige à retarder son retour au Bénin jusqu'à la fin de l'année. Mais la fatigue se fait sentir. Il faut qu'il quitte la paroisse du Sacré-Cœur. On envisage un moment de le garder à Cotonou, à la maison régionale, où sa présence serait très appréciée par les confrères s'il assurait l'hôtellerie de la maison. Finalement, il rentre en France en juin 1997, fait la session "Bienvenue" de Lisieux, session réservée aux missionnaires qui rentrent définitivement au pays, puis il est nommé à Chaponost : il connaît bien la maison et il est heureux de s'y retrouver. Il participe aux activités de la maison, en particulier à l'accueil des groupes, mais il est chargé plus spécialement de l'intendance et de l'économat. Il y retrouve son frère Antoine, pensionnaire de la maison où il rend de nombreux services de tous ordres.
Il se plaît à Chaponost, et sa nomination est renouvelée plusieurs fois, mais sa santé n'est pas des meilleures. Déjà, en 2004, on signale qu'il "baisse" physiquement : des ennuis d'incontinence lui rendent la vie difficile et son diabète n'est pas là pour arranger les choses. De plus, il se réveille fatigué le matin et on découvrira plus tard, à Montferrier, qu'il a fréquemment des apnées durant son sommeil. C'est là seulement qu'il utilisera un appareil pour réguler sa respiration nocturne, ce qui lui sera très bénéfique. La perspective d'aller à Montferrier ne l'effraye pas du tout, mais il voudrait auparavant célébrer son jubilé d'or avec toute sa famille et attendre que soient terminées les festivités autour du 150e anniversaire de la Société. La fête du jubilé a lieu à Chaponost le 16 juillet 2006, et ils sont tous là, les neveux, les petits-neveux… il n'en manque pas un. Quelle famille ! quelle ambiance ! quelle entente !
Un mois après, il est à Montferrier : un changement total ; c'est un homme heureux que l'on découvre, car sa santé est bien meilleure depuis qu'il dort correctement la nuit avec un appareil. Il participe au maximum aux activités proposées par la maison, au moins autant que son état physique le lui permet. En effet, il souffre des hanches et une opération s'avère nécessaire pour lui mettre des prothèses. Pourtant, la médecine hésite. Pourra-t-il supporter une telle opération ? Après une insolation en 2007, il se sentait plus fragile, notamment pour l'équilibre. N'avait-il pas aussi quelques problèmes de circulation ? Néanmoins l'opération est décidée et Louis l'a désirée, car il avait de plus en plus de mal à marcher, et tout semble bien se passer jusqu'à un arrêt cardiaque deux jours après l'opération. Les médecins le mettent alors dans un coma artificiel dont il ne sortira pas. De nombreux membres de sa famille étaient autour de lui au moment où il nous a quittés le soir du dimanche 22 mars 2009. Il a rejoint nombre de ses confrères dans le petit cimetière de la maison de Montferrier.
On ne peut pas écrire quelques lignes sur la vie de P'tit Louis sans parler de sa passion pour le foot; il est fort probable qu'il a pratiqué ce sport dans sa jeunesse. Jeune professeur à Chaponost, il était l'entraîneur de l'équipe de foot du petit séminaire qui gagna trois années de suite la coupe interscolaire. Pendant les récréations, à l'approche des matches de coupe, les jeunes sélectionnés devaient enfiler leurs chaussures à crampons et aller sur le terrain pour une séance d'entraînement. Ah ! avec lui, c'était du sérieux. Son départ en Afrique n'a en rien affaibli cette passion. Il se faisait envoyer chaque année le calendrier complet des matches officiels du championnat de France et pointait chaque dimanche les résultats. Ardent supporter de l'équipe de Saint-Etienne, les Verts, il ne fallait pas trop le déranger quand il suivait les matches à la radio, souvent le samedi soir, et il était au comble de la joie après une victoire de son équipe préférée. Cette passion ne l'a jamais quitté.
Au revoir P'tit Louis.
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