Société des Missions Africaines - Province de Lyon
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né le 19 mai 1924 à Dôle dans le diocèse de Saint-Claude, France membre de la SMA le 8 octobre 1948 prêtre le 31 octobre 1948 décédé le 24 mars 2003 |
1948 - 1950 Lyon, licence en droit canonique 1950 - 1951 Cotonou, professeur au collège Aupiais, Bénin Décédé à l'hôpital de Montpellier, France, le 24 mars 2003 |
Le père Joseph MITTAINE (1924 2003)
Joseph Mittaine est né le 19 mai 1924 à Dole, dans le Jura et le diocèse de Saint-Claude. Il fait de bonnes études primaires et secondaires et obtient ses deux parties de baccalauréat avec mention. Il entre alors au grand séminaire de Lons-le-Saunier, où il suit presque toutes ses études de théologie sans recevoir aucun ordre. Il désire être missionnaire, désir qu’il manifeste à son évêque qui fait quelques difficultés pour lui accorder la permission de quitter le diocèse pour entrer aux Missions Africaines. Il devra donc patienter une année.
En septembre 1947, il entre au grand séminaire, à Lyon, pour y achever sa théologie et faire son noviciat. Le supérieur de Lons-le-Saunier le qualifie d’une intelligence au-dessus de la moyenne. Le 8 octobre 1948, dispensé du serment temporaire, il prononce son serment perpétuel. Et, dans les jours suivants, il reçoit les ordres mineurs, le sous-diaconat, le diaconat. Il est ordonné prêtre le 31 octobre de cette même année.
Durant deux années, il étudie le droit canonique à la faculté catholique de Lyon où il obtient une licence dans cette discipline, avec la mention bien. En 1950, il est nommé pour la mission du Dahomey. Il va se consacrer à l’enseignement durant 7 ans : d’abord au collège Aupiais, puis au petit séminaire Sainte-Jeanne-d’Arc et au grand séminaire Saint-Gall de Ouidah.
De 1957 à 1971, il travaille dans diverses missions du sud du pays. Il exerce d’abord son ministère à Allada, puis à Abomey. En 1959, il est nommé curé de Ouidah ; puis il deviendra curé d’Athiémé pendant neuf ans, avant de rejoindre Dogbo comme vicaire du père Louis-Marie Moreau.
En 1971, il vit une période difficile et ne se sent plus très à l’aise à Dogbo. Sans donner les raisons de son malaise, il écrit que ce n’est pas de gaieté de cœur qu’il envisage de quitter le diocèse de Lokossa : c’est seulement logique, raisonnable et très douloureux. Il s’en ouvre à son évêque qui ne lui donne pas l’impression de vouloir le retenir. Il découvre alors dans le journal La Croix une petite annonce : l’école de La Mouille, dans le Jura, cherche un aumônier. Il se propose pour ce poste qui va lui permettre, également, de retrouver son pays natal auquel il sera toujours très attaché. Signe de cet attachement, à chaque congé, il faisait une retraite spirituelle chez les trappistes de l’abbaye d’Acey.
L’aumônerie de l’école de La Mouille ne le retiendra qu’un an. En 1972, il est de retour au Dahomey et rejoint, au nord du pays, le diocèse de Natitingou. Il va exercer son ministère dans plusieurs missions : Kérou, puis Natitingou d’où il dessert Toukountouna, et Koussoukouangou. En 1980, il est nommé curé de Kotopounga. Durant toute cette période, il est particulièrement fidèle à la catéchèse des jeunes et aux visites régulières dans les villages.
Dans une lettre écrite en 1980, il révèle l’inquiétude qui l’habite, une inquiétude qui le rendra souvent critique, parce qu’il se croit incompris, et qui ne favorisera pas la paix intérieure à laquelle il aspire : Sur mes images d’ordination, j’avais fait imprimer ce texte de saint Jean : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » L’Evangile qu’on prêche, qu’on explique, qu’on fait vivre à nos ouailles, n’a-t-on pas, nous aussi, le droit d’essayer de le vivre sans provoquer des moqueries autour de nous ? Je n’ai pas du tout la prétention d’être un saint, j’avais simplement l’intention de me sanctifier. J’ai conscience d’avoir plutôt raté ce but et je ne suis pas fier de ce qu’a été ma vie. Ma foi, cette vie, je continue quand même de l’offrir à Dieu, même si elle ne vaut rien. Je continuerai de la vivre pour lui et, le jour où il voudra, de la mourir pour lui.
Après son congé en 1986, il est nommé au Togo, à Elavagnon, dans le diocèse d’Atakpamé. Il est aumônier des sœurs de la congrégation de Sainte-Elisabeth du Luxembourg qui travaillent à l’hôpital des Chevaliers de l’Ordre de Malte. Il travaille aussi auprès des malades et du personnel et rend des services à la communauté paroissiale.
En 1989, sa santé l’oblige à rentrer définitivement en France. Il devient aumônier de la communauté des sœurs nda de Pommiers. Il y restera 10 ans. En 1999, il rejoint la maison de retraite des Missions Africaines, à Montferrier-sur-Lez. En 2003, transporté dans un hôpital de Montpellier, il y meurt le 24 mars. Il repose au cimetière des Missions Africaines.
Le père Mittaine était un homme d’une grande capacité d’analyse. On disait qu’il pouvait couper un cheveu non pas en quatre, mais en cinq, tellement son esprit était pointu. Dans le diocèse de Lokossa, il était reconnu comme le confrère le plus capable de démêler et de résoudre les cas de mariage, en trouvant les vraies solutions. Son intelligence lui a aussi permis de connaître et de pratiquer plusieurs langues du Bénin et de s’intéresser, toute sa vie, aux questions scientifiques, sans jamais faire étalage de ses connaissances. Il connaissait parfaitement les constellations et savait conduire à leur découverte.
Il a lutté fort pour être missionnaire et il a pu passer 38 ans de sa vie au service du développement de l’Eglise en Afrique. Son caractère l’a souvent desservi. Il l’a porté comme un fardeau. On peut le comparer à ces vins du Jura dont il était originaire, à l’opposé d’un liquide incolore, inodore et sans saveur, mais d’une âpreté surprenante. Pourtant, derrière un extérieur un peu rude et fermé, se cachait, comme souvent, un homme sensible, capable de contempler le ciel pendant une heure de temps, le cœur dans les étoiles. Qui peut dire le combat qu’il a dû mener pour essayer de maîtriser son caractère ? C’est son secret entre lui et Dieu. Plusieurs fois, des confrères l’ont vu pleurer en cachette après une prise de bec. Quelques jours avant de s’en aller vers le Seigneur, il a eu le temps et le courage de demander pardon au personnel soignant, pour ses exigences et ses duretés, et de trouver la paix.
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