Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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né le 20 septembre 1914 à La Bazouges-du-Désert dans le diocèse de Rennes (France) membre de la SMA le 24 juin 1934 prêtre le 25 décembre 1939 décédé le 30 mars 2013 |
1940-1941 Lyon, dernière année de théologie 1941-1943 Ouidah (Cotonou), professeur au petit séminaire décédé à Montferrier-sur-Lez, le 30 mars 2013, |
Le père Clément CADIEU 1914-2013
"Je suis né à Lattay, sur la route de Louvigné du Désert, le dimanche après-midi du 20-09-1914. L'après-midi, mes frères étaient tous à la maison. Mon papa dit aux plus grands d'aller tous aux vêpres, qu'on n'avait pas besoin d'eux à la maison. En effet, ma maman, fatiguée, allait accoucher à la maison. A leur retour, ils virent qu'un nouveau-né était arrivé. C'était moi le 8ème de la maisonnée." C'est par ces lignes que le père commence l'écriture d'un petit livret biographique qui n'ira pas plus loin que 1967, date à laquelle il quitte la paroisse d'Azovè, au Bénin. Après Clément, deux garçons viendront encore agrandir la famille. Ses parents, agriculteurs, devaient travailler dur pour élever dix enfants, et la vie n'était pas toujours facile à la maison ; l'éducation chrétienne y tenait une grande place : trois de ses sœurs seront religieuses, dont l'une au Carmel de Montpellier, et un de ses frères entrera chez les pères Eudistes.
Quand il était petit, un jour que sa maman lui demandait ce qu'il voudrait faire plus tard, il répondit qu'il voulait être prêtre ou facteur. Il fait son école primaire à La Bazouge (35) avec le vicaire de la paroisse comme instituteur, et c'est là que le père Henri Thibaud, recruteur dans l'Ouest, vient le chercher pour le faire rentrer à Pont-Rousseau en 1926. Il devait avoir une excellente mémoire, car, dans sa biographie, il cite le nom des onze pères qui étaient présents à Rezé cette année-là. Aux alentours de Noël 1926, pendant une récréation, il se précipite sur l'un des platanes de la cour, "et le choc fut si fort que je tombai brutalement, le sang coulant abondamment de l'oreille droite ; […] pendant 8 jours, je ne pus tenir debout. C'est ce jour-là, dans le choc avec l'arbre, que je perdis le tympan de l'oreille droite. Personne ne s'en aperçut. […] Un spécialiste, bien plus tard, m'ausculta et constata que le tympan était mort et qu'il n'y avait aucun recours parce que les chairs s'étaient reformées." (sa biographie) En 1929, il entre à Offémont en classe de 3ème, et à la fin de sa 1ère, il est admis au noviciat a Chanly ; il fait son premier serment en 1934. Il avouera : "Je dois dire qu'au cours de mes études, je n'ai jamais été brillant, mais plutôt médiocre. […] Je n'ai jamais non plus douté de ma vocation missionnaire. Dois-je ajouter que j'ai toujours été le plus petit de la classe." (id)
Après une année de théologie à Lyon, il commence ses deux années de service militaire à Saint-Brieuc. A cause de sa mauvaise vue et de palpitations du cœur, il est rapidement mis dans le service auxiliaire et est affecté comme secrétaire du capitaine trésorier. Libéré en 1937, il se retrouve à Lyon pour y terminer sa théologie ; mais au bout de deux ans, c'est la guerre, alors qu'il est sous-diacre et qu'il lui reste encore une année avant de terminer le grand séminaire. Alors, en septembre 1939, il est de nouveau mobilisé, cette fois comme brancardier : il est successivement à la frontière italienne, à la frontière allemande, dans l'Aisne et pour finir en Savoie. Il est cité à l'ordre du régiment et reçoit la croix de guerre 1939-1940 avec étoile de bronze : "Brancardier de bataillon d'un allant et d'un dévouement remarquables. Pendant les combats de mai-juin 1940, s'est fait remarquer par son courage et son mépris du danger en allant relever les blessés et en portant aux mourants le réconfort de son ministère en première ligne, malgré les violents bombardements." A Noël 1939, il obtient une permission de 11 jours pour venir à Lyon se faire ordonner prêtre par Mgr Hauger. Le lendemain, il va dans sa famille où il peut revoir son papa très malade et lui donner la communion (il décède à la fin de janvier 1940). Après la capitulation du 18 juin, il est démobilisé et peut revenir à Lyon pour sa dernière année de grand séminaire.
A l'automne 1941, tout comme Albert Mathieu, il est nommé chez Mgr Parisot, au vicariat apostolique du Dahomey, sans plus de précision. Mais des confrères, soi-disant bien informés, laissent entendre que le père Mathieu irait au séminaire de Ouidah, tandis que le père Cadieu irait en brousse dans le Nord (en 1941, le vicariat dépassait les limites du Bénin actuel). Pour une raison inconnue, le père Cadieu arrive à Cotonou deux semaines avant le père Mathieu, et comme Mgr Parisot avait un besoin urgent d'un professeur pour Ouidah (on est en novembre 1941 et l'année scolaire est déjà bien entamée), c'est lui qui est nommé au petit séminaire, tandis que le père Mathieu sera nommé dans le Nord. C'est ainsi que se font parfois les nominations.
A Ouidah, il est chargé de la classe de 4e, et, parmi ses élèves de cette première année, trois deviendront évêques, Robert Dosseh à Lomé, Robert Sastre à Lokossa et Chrétien Bakpessi à Sokodé. "Je ferai toujours mon possible pour être à la hauteur des postes qui me seront confiés, mais j'espère que personne n'oubliera que je suis petit." (25/12/1941) Il est de nouveau mobilisé sur place en 1943, mais sur une intervention de Mgr Parisot, il peut continuer à faire la classe au petit séminaire. C'est pour remplacer le père Deméyère qui partait en congé, et en attendant l'arrivée du père Ferlandin qu'il est nommé à la direction des Petits Clercs : c'est là que, sur deux ans, étaient préparés les enfants, une quarantaine, en vue de leur entrée à Saint-Gall, en 6e. "Je ne sais pas comment j'ai pu réussir à m'occuper de cette maison, puisqu'il fallait s'occuper des enfants du matin au soir, et aussi pendant la nuit." (ses souvenirs) Il n'y reste qu'une année, car pendant les vacances le père Poidevineau vient lui annoncer qu'il est nommé curé d'Agoué.
Il est initié à cette mission par le frère Victor Bonnand qui lui fut d'un grand secours, et se met de suite à l'étude de la langue, en se servant des écoliers. "A la sortie des classes, le soir, je partais avec deux ou trois écoliers, et j'allais visiter les gens du village, chez eux, pour leur parler en langue." (ses souvenirs) Il est à Agoué depuis un an à peine quand une lettre du provincial, en juin 1947, lui annonce qu'il est nommé recruteur à Pont-Rousseau à partir du mois d'octobre. "Cette nomination fut pour moi une catastrophe. J'étais très surpris d'avoir été choisi, moi si petit de taille, si timide, si peu enclin à conduire une voiture à cause de ma myopie très prononcée. Je m'étais toujours dit que je ne conduirais jamais une voiture, et voilà qu'on me donne une nomination qui m'impose sa conduite. Comment refuser ? A cette époque on ne consultait pas" (ses souvenirs). Il réussit à passer son permis de conduire, mais il ne devint par pour autant un champion du volant. Au cours des 4 années qu'il passa ainsi comme recruteur, il fit entrer à Pont-Rousseau environ 70 élèves et 18 sont arrivés jusqu'au sacerdoce, dont 16 sont encore vivants à ce jour.
En 1951, il est tellement heureux de repartir en Afrique qu'il n'attend même pas la rentrée scolaire à Nantes pour y accueillir ses derniers recrutés. Il est nommé à Azovè et chargé d'y créer une mission de toutes pièces. Il y arrive un jour de pluie, la nuit tombée, et personne n'est là pour l'accueillir. "Terrain de deux hectares environ, borné, recouvert de palmiers productifs, deux petites cases en banco. C'est sur ce terrain que je prévoyais de construire la maison d'habitation des pères, une église, une école et un puits. Tout était urgent. Le presbytère pourrait être construit provisoirement en banco. Mais dès le début, je voulais un puits pour ne pas avoir à chercher l'eau à 500 ou 700 mètres : le puits le plus proche étant celui du chef du village." (ses souvenirs) Visite des notables, grande fête le premier dimanche… et au bout d'une semaine, la parole de son évêque lui revient à l'esprit : "Commencez par l'école." Mais "la mission, financièrement, ne possédait rien, si ce n'est ce que j'avais apporté de France, et Monseigneur ne m'avait rien donné." Il arrive cependant, il ne sait pas comment, à bâtir une école de trois classes qui s'ouvre dès 1952. Il obtient l'aide d'un vicaire du pays, l'abbé Damase, qui s'occupera du catéchisme en ville, tandis qu'il peut commencer à parcourir le pays pour se faire connaître et commencer l'évangélisation du pays. Il fait ses tournées en vélo : "Je suis rentré hier soir après avoir fait plus de 100 kilomètres en vélo la même journée. On est sportif ou on ne l'est pas." (07/08/56). Plus tard, il aura une mobylette.
En novembre 1953, l'arrivée du père Chapeau, très doué pour tout ce qui touche le matériel, est une bénédiction pour le développement de la mission ; l'entente entre les deux pères a toujours été parfaite. Il reste 10 ans à Azovè ; c'est lui qui a construit la maison des pères qu'il agrandira plus tard, en y adjoignant des salles de réunion ; c'est lui surtout qui va "payer de sa personne jour et nuit" pour bâtir une nouvelle église. "Notre vieille chapelle est tombée ; on projette de construire une basilique, mais les fonds manquent. Il faudrait à Azovè un millionnaire doublé d'un architecte ? Hélas, quand je me regarde, je ne vois qu'un pauvre petit homme de rien du tout, prenant la poudre d'escampette au moindre bruit. […] Vous allez me croire démoralisé. Erreur, erreur profonde, j'ai un moral du tonnerre." (27/10/57). Il ajoute trois nouvelles classes aux trois construites au début : "Comme travail manuel quotidien, […] les élèves furent chargés d'aller dans la nature chercher des cailloux pour la fondation des nouvelles constructions. Il en fallait beaucoup. Petits et grands devaient apporter les cailloux le soir même, ou en revenant en classe le lendemain." (ses souvenirs)
En 1958, l'arrivée des Sœurs de la Sainte-Famille de Nantes, dites sœurs de Grillaud, est le signe que la mission se développe au mieux. Les chrétiens d'Azovè en profitent pour demander une école de filles, puis un dispensaire et l'administration se charge des constructions, tandis que c'est encore le père Chapeau qui est mis à contribution pour bâtir le logement des sœurs.
Laissons la parole au père pour expliquer sa méthode d'apostolat : "Mon souci de missionnaire, comme de tout missionnaire, est de faire rayonner le plus possible la religion chrétienne, et cela n'est possible qu'en créant dans le pays des stations secondaires. Tel a toujours été mon but, et j'ai toujours pensé que le contact personnel avec les gens, dès mon arrivée à Azovè, avait été une réussite. De même pour la Légion de Marie, dont la règle principale est d'aller visiter à deux les personnes malades ou malheureuses pour diverses raisons, pour leur montrer la sympathie des chrétiens qui n'abandonnent personne, et leur faire comprendre que Dieu est Amour. Je pourrais aussi parler des mariages, car j'ai beaucoup favorisé les foyers chrétiens pour lutter contre la polygamie. " Il ajoute un peu plus loin : "J'ai toujours eu la chance d'avoir des vicaires généreux et compréhensifs…"
On arrive en 1966 : "Je vais bientôt quitter Azovè. La paroisse va être divisée et j'ai été volontaire pour fonder le nouveau poste à Klouékanmé, situé à 19 km d'Azovè. […] Si vous trouviez un bon bienfaiteur pour la nouvelle paroisse, car pour la 2e fois je vais nager dans la pauvreté, excellente cependant pour gagner le ciel." (28/12/66). Là, il avait déjà commencé la construction de la mission, mais il n'a pas encore d'église. "Je me plais beaucoup ici. […] Cette année, je compte bien bénir une vingtaine de mariages. Matériellement, ça va être dur, car je vais très prochainement commencer l'église. Le père Moreau en sera l'architecte. […] Prochainement, nous aurons le premier prêtre adja." (24/11/68) Comme il l'avait fait à Azovè, il est pressé d'ouvrir une école et commence par trois classes en 1969. Le succès est rapide et les parents envoient volontiers leurs enfants qui peuvent recevoir ainsi les premières notions du catéchisme. Ici aussi, il lui faut un puits, mais attention : "Aujourd'hui, j'ai échappé de peu à la mort. Je suis descendu dans un puits de 50 m de profondeur avec les moyens du bord, pour me rendre compte des travaux. Pour la descente, tout a bien été, mais pour la remontée, j'ai eu le trac, et j'ai bien pensé retomber au fond. Seuls mon béret et ma sandale n'ont pas tenu le coup et ont rejoint le puisatier. Jamais de ma vie, je n'ai tenu une corde avec une telle ardeur." (08/10/69)
La mission s'agrandit rapidement : "Je vais commencer un bâtiment scolaire. […] Les catéchumènes sont nombreux, et comme un jeune de 25 ans, je me lance dans la pré-évangélisation de nouveaux villages. […] La vie à Kouékanmé est belle, très belle, comme au lendemain de mon arrivée au Dahomey le 22 novembre 1941… il y a 30 ans de cela." (26/11/70)
"Je pense dépasser les 600 communions pascales à la suite des baptêmes de juin et l'an prochain ce sera une maxi année avec plus de 100 baptêmes. Les catéchistes aussi sont très zélés et ne demandent qu'à travailler. […] Ma vie de broussard n'est donc aucunement monotone. […] Je ne sors guère de mon secteur. Je suis handicapé par le manque de voiture (Il se plaint aussi beaucoup de ses yeux). […] Par le Lien, continuez à combattre le pessimisme et le genre blasé qui font tant de mal." (25/05/71)
En août 1971, sa nouvelle église est complètement couverte, mais il reste encore beaucoup à faire. "Je sais rompre ma solitude, et ce toujours en mobylette. On me félicite partout pour ma bonne mine, c'est que je prends la vie du bon côté ! […] Je suis seul, mais je ne souffre pas de la solitude. La diversité du ministère rompt bien la monotonie des journées. La santé est toujours excellente, mais de temps en temps la tête est complètement vide." (24/11/71) Il regarde toujours la vie du bon côté, c'était un optimiste né : "Je suis favorisé par la gentillesse de la population. Il aurait fallu voir comment elle m'a accueilli à mon retour de congé. Je ne suis pas le bon Dieu, bien sûr, mais pour certains, on le dirait presque." (07/12/72)
Il a maintenant 60 ans, il a fondé deux paroisses sans un sou en poche, mais sa flamme missionnaire ne le quitte pas. Il écrit : "Avant de partir en congé, je donnerai ma démission de curé de Klouékanmé à Mgr pour lui permettre d'africaniser la paroisse, s'il le désire. Je verrai ensuite ce qu'il me proposera." (18/12/74) Il annonce en octobre 1975 que son évêque lui demande de fonder une nouvelle paroisse à Adjahonmé. "J'ai accepté de fonder une autre paroisse, trop heureux de pouvoir terminer ma carrière missionnaire en Afrique. […] C'est un joli petit coin. […] J'aurai pour commencer 250 baptisés." Mais son évêque lui laisse en même temps la responsabilité de Klouékanmé. "Pour moi, c'est une mauvaise solution, mais je ne possède pas la plénitude de l'Esprit Saint, n'étant qu'un pauvre petit missionnaire, me haussant sur les talons pour paraître toujours un peu plus grand." (28/03/76) Il doit loger désormais dans la nouvelle mission. "C'est mon 3e presbytère que je construis. Il n'y aura pas de 4e. Mais je rends grâce à Dieu de m'avoir tant aidé." (10/07/76) Finalement, le prêtre béninois qui desservait Klouékanmé est nommé ailleurs et en 1978, le père Cadieu s'y retrouve tout heureux. "Il a fallu remettre de l'ordre et de la propreté, remplacer ce qui avait disparu et réparer ce qui avait été cassé." (16/1/78)
"J'ai l'intention de stopper ma vie en Afrique. Raison d'âge, raison de fatigue physique et intellectuelle. J'en ai averti Mgr. Je me mettrai donc à votre disposition à partir de mon congé de 1981." (lettre au Conseil provincial du 09/12/79) Le 29 septembre 1979, la mission ordonne son premier prêtre : grande joie, la relève arrive, il peut partir. "J'ai passé le service de la paroisse à l'abbé Moïse Akakpo. Les adieux ont été faits au cours d'une messe concélébrée par une douzaine de prêtres et présidée par Mgr Sastre : enterrement de 1ère classe et éloge du défunt vivant. […] Jamais je n'aurais cru que l'on puisse s'attacher autant à un missionnaire si petit soit-il." (01/05/81)
Il est nommé responsable adjoint du musée : Gaby Noury est le responsable. "Votre chaleur communicative et votre optimisme apporteront un nouveau souffle à la communauté du 150." (06/04/81) Il demande plusieurs fois à être aumônier à temps complet dans un hôpital ou une maison de religieuses, mais le Conseil lui laisse sa nomination au musée et le renomme en 1984 : il sera aumônier dans une clinique à partir du 150. En 1986, il demande un congé exceptionnel pour aller passer un mois en Côte d'Ivoire, chez son ancien supérieur du musée (G. Noury), et surtout au Bénin pour l'ordination sacerdotale d'un jeune qu'il a envoyé au séminaire. Il est partout reçu comme un roi. L'abbé Akakpo lui dit publiquement : "Tous les villages fréquentés par vous autrefois veulent vous voir, vous entendre, vous toucher, et le programme de votre séjour est ainsi fait que vous irez partout." Les applaudissements saluèrent ces dernières paroles. Chaque jour, l'abbé met à sa disposition une voiture avec chauffeur. Il écrit quelques pages enthousiastes au retour de ce voyage. Sa nomination est encore prolongée jusqu'en 1989, puis jusqu'en 1991 : "Le Conseil n'a pas encore trouvé la perle rare qui puisse vous remplacer. Il a reçu favorablement votre demande de vous retirer à Montferrier et y répondra dès qu'un successeur aura été trouvé. Il vous demande de continuer votre fonction." (26/10/89) Il est toujours en même temps aumônier dans une clinique.
Après 10 années passées au musée, chargé de l'accueil des visiteurs et de l'entretien, il est nommé à Montferrier en septembre 1991. En quittant son ministère en clinique (messe quotidienne aux religieuses et aux dames pensionnaires et visite deux fois par semaine aux malades), il écrit : "Je les quitte avec regret pour le bien que j'en ai retiré moi-même et pour le bien qui a pu leur être fait par le contact avec un missionnaire des Missions Africaines." (avril 91) Il va maintenant passer plus de 21 ans dans la maison de retraite où sa bonne humeur et son optimisme lui gagneront la sympathie de tous. Toujours vif d'allure et d'esprit, il donnait l'impression qu'il ne vieillissait pas, gardant le souci des autres et essayant de partager son sourire. Toujours gêné par sa mauvaise vue, il a subi une intervention et, soigné par un nouveau procédé et un nouveau médicament, il a pu continuer de lire, d'écrire et de regarder la télévision. C'est là aussi qu'il a écrit ses souvenirs, depuis sa naissance jusqu'à la fin de son séjour à Azovè, et on peut apprécier la fidélité de sa mémoire.
Au début de son séjour à Montferrier, il était très disponible pour aller en paroisse et a été également aumônier d'une maison de retraite à Saint-Clément. Puis sa santé décline peu à peu. Déjà en 2006, il fait un léger infarctus, mais sans suite. Plus récemment, il perd peu à peu le sens des réalités et manifeste sa présence, ça et là, par des cris ressemblant aux hurlements des loups, au réfectoire, dans sa chambre, dans les couloirs. Ainsi, on avait toujours où il se trouvait. Le personnel de santé de la maison s'est occupé de lui avec une extrême délicatesse qui ne s'est jamais démentie. A force d'être en fauteuil roulant, la circulation du sang se faisait mal dans l'un de ses jambes : une plaie est apparue qui ne guérissait pas : la gangrène s'y est installée. Fallait-il couper la jambe ? La décision n'a pas été prise. Finalement la gangrène s'est généralisée et a emporté le père le soir du samedi saint, avant la veillée pascale. C'était le 30 mars 2013. Être appelé par son Seigneur la nuit où l'on célèbre sa résurrection, peut-on souhaiter une coïncidence plus heureuse ? Il est enterré le même jour que son confrère le père Jaël Isoléri et ils reposent désormais côte à côte dans le cimetière des Missions Africaines à Montferrier-sur-Lez.
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